mercredi 28 décembre 2022
Beau comme une colonne de chars fascistes désintégrée par l'arrière !
dimanche 25 décembre 2022
Amour vaincra !
Ci-dessus, un couple de vieux s'apprête à fêter Noël quelque part sous les bombes, dans la banlieue de Bakhmut, Ukraine, en cette terrible fin 2022. C'est l'amour magnifique que l'être humain se porte à lui-même dans les pires circonstances ─ sans oser l'admettre encore : sous la forme aliénée d'un Dieu simplement éveillé à la chair pour souffrir ─ qui devrait pourtant, in fine, prévaloir et triompher. Du moins, d'après nos calculs. Qui datent un peu, certes. Mais dont le sérieux ne laisse pas de faire autorité.
jeudi 22 décembre 2022
mardi 20 décembre 2022
Inimitié contre Dieu
mercredi 14 décembre 2022
Croire en ses rêves...
mardi 6 décembre 2022
≪Telle est la question que pose la philosophie≫
jeudi 1 décembre 2022
mercredi 30 novembre 2022
En direct du CNRS
jeudi 24 novembre 2022
La faute à l'OTAN (épisode 666)
lundi 21 novembre 2022
dimanche 20 novembre 2022
Fin de partie
samedi 19 novembre 2022
Tiens ! si je me faisais casser la gueule pour pas un rond ?
vendredi 18 novembre 2022
L'hiver du siècle
lundi 14 novembre 2022
La clé des succès russes en Ukraine : la ≪coordination inter-armées≫
samedi 12 novembre 2022
Ne jamais dire toujours
mardi 8 novembre 2022
Il est pas beau, mon sac à viande anti-impérialiste ?
lundi 7 novembre 2022
≪Tout se déroule suivant le plan≫
dimanche 6 novembre 2022
C'est pas le Pérou ! (c'est Jésus...)
Des métiers dangereux (aujourd'hui : Juge pro-russe en Ukraine)
samedi 5 novembre 2022
De la résistance anarchiste pro-ukrainienne
(source : Militant Wire)
mardi 1 novembre 2022
Automne-Hiver
dimanche 30 octobre 2022
Les yeux grand ouverts sur le mystère
samedi 29 octobre 2022
Balle soi-disant perdue et meilleure nouvelle de la semaine
Carré noir sur fond énergétique
mardi 25 octobre 2022
Ça va pas le faire, Vlad...
lundi 24 octobre 2022
Tiergarten
lundi 17 octobre 2022
≪La malédiction, c'est la vérité≫
≪Sur l'amour à venir tombe une ombre, la malédiction que rien ne demeure, la malédiction du bannissement. L'amour qui pâlit pour cette raison ne mérite pas son nom. Quant à l'amour qui s'insurge là contre, il est vain. La malédiction, c'est la vérité≫.
(Max Horkheimer, 1961)
dimanche 16 octobre 2022
Petit précis de logique formelle anti-impérialiste
≪Toutes nos félicitations au frère président de la Russie, Vladimir Poutine, pour son anniversaire. Les peuples dignes, libres et anti-impérialistes accompagnent leur combat contre l’interventionnisme armé des USA et de l’OTAN. Le monde trouvera la paix lorsque les États-Unis cesseront d’attenter à la vie≫.
(Evo Morales, ancien président de Bolivie, sur Twitter, 7 octobre 2022)
***
Rappel : le 12 janvier 2019, M. Morales livrait, via sa police, déjà généralement anti-impérialiste, mais cette-fois-ci de manière spécifiquement extrêmement anti-impérialiste, l'ancien militant anti-impérialiste Cesare Battisti (alors exilé dans son pays) aux soins du président brésilien, notoirement anti-impérialiste, du moment M. Bolsonaro (rival, rappelons-le tout de même, du très anti-impérialiste M. Luiz Inácio Lula da Silva, dit ≪Lula≫). M. Bolsonaro l'expédiait enfin, à son tour, quelques jours après, par réflexe et avion spécial anti-impérialistes, au très anti-impérialiste M. Salvini, chef de l'État italien (évidemment substantiellement anti-impérialiste, mais par ailleurs très libre et digne, pour reprendre les mots également employés par M. Morales dans le message d'affection évoqué au début de ce billet). En sorte que le point commun entre tous les individus précédemment nommés, à l'exception notable de M. Battisti, apparaît désormais évident : tous soutiennent en effet passionnément la politique ordinaire de M. Vladimir Poutine, président anti-impérialiste actuel de la Fédération de Russie, que ce soit dans ce dernier pays ou partout ailleurs. Ce que l'on appelle aujourd'hui, précisément, être ≪anti-impérialiste≫.
Beau comme une prison iranienne qui brûle !
La tristement célèbre prison d'État de Evin, en Iran, est, à cette heure, en feu. S'y trouvent détenus des centaines de prisonniers ≪politiques≫, dont de nombreux émeutiers ayant pris part aux troubles révolutionnaires de ces dernières semaines. Des révoltes semblent avoir éclaté à l'intérieur. Il est à craindre que ces événements débouchent sur un massacre, et à souhaiter qu'ils constituent plutôt le tournant victorieux de l'insurrection. Mort aux tyrans islamistes ! Vive la liberté !
samedi 15 octobre 2022
Irina Tsybaneva (Ирина Цыбанева)
Ci-dessus : Irina Tsybaneva, 60 ans, Russe, condamnée hier par le tribunal d'instance de Saint-Pétersbourg aux arrêts domiciliaires, pour avoir inscrit le 8 octobre dernier, sur la tombe des parents de Vladimir Poutine, les mots suivants :
≪Hé, les parents du serial killer : venez le récupérer ! nous endurons, par sa faute, tellement de misère et de souffrance. Le monde entier prie pour sa mort. Mort à Poutine, ce tueur et ce fou que vous avez élevé !≫.
vendredi 14 octobre 2022
Où ? Où ? Où ?
mardi 11 octobre 2022
Sarina Esmailzadeh
lundi 10 octobre 2022
De la torture à visage humain
«J’ai fait torturer environ 1 500 pers... euh... Arabes, mais je donnais comme condition à mes officiers que l’intégrité, physique et morale, de l’individu ne soit pas touchée.»
Nika Shakarami
samedi 8 octobre 2022
Happy Birthday, Mr President !
mardi 4 octobre 2022
A message to you, Poutine !
lundi 3 octobre 2022
Lettre ouverte à des crétins anti-impérialistes
Collectif 98 ≫
L'arme fatale (Lethal Weapon)
dimanche 2 octobre 2022
"La guerre de la liberté doit être faite avec colère" (qu'ils disaient...)
Du bon usage impérial de l'islamisme (3)
Celles et ceux, quant à eux, qui ne nous lisent que depuis peu iront lire, si l'envie les en prend, nos précédentes considérations sur ce sujet de l'alliance islamo-fasciste gangstérisée que le poutinisme symbolise horriblement. Il va de soi que la question que nous nous posons de longue date, relative au type de fascisme tenant davantage la corde à notre époque (Xi Jinping ? La Charia ? L'Eurasisme ?) face au libéralisme occidental soi-disant décadent, reste ouverte. Et que l'évolution actuelle du conflit ukrainien, sans parler de son issue, modifie encore la donne. En sorte que chacun fera ses pronostics, risqués. Pour nous, nous avons notre idée, mais on n'est pas Madame Soleil. On se contente d'espérer, d'attendre, et de goûter les bonnes nouvelles comme elles méritent d'être goûtées. C'est ainsi que l'apéro fut savoureux en fin de journée, comme nous venions d'apprendre la chute de Lyman et la dislocation massacrante d'un nouveau corps d'armée russe. Nous guettons déjà, avec impatience, la suivante, et puis celle d'après. Nos jours ne sont faits que de cela, depuis le 24 février dernier. De quoi d'autre, de plus important, voudriez-vous qu'ils fussent faits, au juste ?
Ci-dessus : Une poignée d'islamistes poutiniens (issus des fameux bataillons Tik-Tok de Kadyrov) passent visiblement une très sale après-midi sous le feu d'Ukrainiens embusqués déguisés en arbres, du côté de Lyman. Il est sûr que violer puis égorger, à fin de ≪dénazification≫, des femmes, des enfants ou tout autre personne vulnérable et désarmée dans des zones conquises, est autrement aisé.
jeudi 29 septembre 2022
Change pas de main...
mercredi 28 septembre 2022
Taras Kobzar, anarcho-syndicaliste ukrainien de base, en guerre.
Entretien trouvé sur le site Lundi-Matin (Hé ouais ! faut bien qu'ils servent à quelque chose, une fois sur mille, entre deux clips de propagande décoloniale)...
Le 24 février 2022, une invasion à grande échelle de l’Ukraine par les troupes russes a commencé, nommée par Poutine «opération militaire spéciale». Elle est dans la continuité de la guerre lancée en 2014 avec l’annexion de la Crimée, l’invasion des régions de Donetsk et de Louhansk et l’établissement de «républiques populaires» dans ces régions de l’est du pays, et que la propagande du Kremlin a fait passer pour une «guerre civile en Ukraine» et une «autodétermination de la population russophone». Depuis le 24 février, l’invasion a concerné trois fronts : un au Nord (oblasts de Tchernihiv, Soumy dans l’oblast de Kyïv, et une incursion près de Kyïv), un à l’Est (Oblast de Kharkiv, et progression vers l’ouest dans les Oblasts de Donetsk et de Louhansk) et un au Sud (depuis la Crimée occupée vers la région de Kherson, Odessa, Berdiansk et Marioupol). Poutine prévoyait d’occuper tout le territoire à l’est de la rivière Dniepr, qui sépare l’Ukraine en deux, et de capturer Kyïv. L’armée russe a rencontré une forte résistance de la part de l’armée et de la population ukrainienne, qui s’est engagée en masse dans la défense du territoire. En avril, elle a été repoussée de Kyïv et a quitté la zone nord. De mai à août, au prix de violents combats, elle s’est lentement retirée en direction de l’est, prenant entre autres les villes de Roubijné, Lissitchansk, Sievierodonetsk, s’emparant du nord de l’oblast de Louhansk et continuant à attaquer Kramatorsk, Bakhmout et Avdiivka dans l’oblast de Donetsk. Puis elle a pris Marioupol en été après une destruction presque totale de la ville. En septembre, une contre-offensive de l’armée ukrainienne a commencé en direction du sud vers Kherson et en direction de l’est dans la région de Kharkiv, forçant les forces russes à battre en retraite. À l’heure d’aujourd’hui, l’armée russe continue de contrôler plus de 100 000 km2 du territoire ukrainien, soit environ 20 % de celui-ci.
Quel regard portes-tu sur l’armée ukrainienne ?
En 2022, l’armée ukrainienne est à bien des égards mieux lotie qu’en 2014. Il ne s’agit pas seulement de l’équipement et de l’armement, de sa structure et du commandement, mais surtout de son expérience et de sa motivation. L’armée et la société ukrainienne ont un niveau de conscience plus élevé et plus qualitatif qu’en 2013-2014. Bien sûr, la situation en matière d’armement et d’approvisionnement n’est pas aussi bonne que nous le souhaiterions, mais cela est compensé par l’activité intense de la société civile. Avec un groupe de vieux camarades anarchistes, nous avons par exemple créé un Comité de soldats au sein de notre unité pour approvisionner les soldats, les défendre juridiquement et constituer des espaces de discussion et de construction concernant l’avenir de notre pays.
Sur les réseaux sociaux, de nombreuses vidéos montrent la libération de villages à l’est par l’armée ukrainienne et la joie des habitants. Qu’ont vécu ces derniers pendant ces mois d’occupation russe ?
La guerre et l’occupation sont toujours un lourd fardeau et une souffrance pour les civils. L’occupant réprime les personnes réfractaires, la situation économique s’effondre, les gens risquent constamment de mourir sous les tirs d’artillerie ou d’être tué par des soldats, comme nous l’avons vu à Bucha et ailleurs. J’ai été un témoin direct de ces horreurs. Je suis moi-même originaire de Donetsk, que j’ai été contraint de quitter avec ma famille en 2014, lorsque les séparatistes pro-russes et les groupes militaires agissant pour la Russie ont commencé à détruire tout ce qui avait trait à l’Ukraine, à persécuter les Ukrainiens et à tuer les contestataires de ma ville. J’ai vu ce à quoi ressemblait le «monde russe» et j’ai pu suivre l’évolution de la situation dans ma ville pendant huit ans. Donetsk était avant une ville riche, avec des infrastructures et une vie culturelle développées, elle était le centre économique de l’Ukraine orientale. Elle est aujourd’hui réduite à néant. Avant 2014, plus d’un million de personnes y vivaient. Près de la moitié de la population a été contrainte de la fuir à partir de 2014, perdant leurs maisons, leurs emplois et tous leurs liens sociaux. Donetsk a été pillée : de nombreuses entreprises ont été détruites ou transférées en Russie et les occupants n’ont pas hésité à voler des biens personnels, des voitures, à s’installer dans des appartements et des maisons vidés de leurs habitants. Sur le plan politique, un régime autoritaire a été instauré, rendant impossible toute activité politique et sociale libre. Les personnes peuvent, par exemple, être arrêtées dans la rue et envoyées au front. On connaît l’histoire d’un groupe de musiciens de l’orchestre philharmonique de Donetsk qui a été mobilisé de force et envoyé au combat à Marioupol, directement après une répétition. La plupart de ces musiciens sont morts. L’ordre russe domine toutes les sphères de la vie. Il s’infiltre dans les écoles, empoisonnant l’esprit des enfants, les abreuvant de propagande chauvine. Les plus hideuses «organisations d’enfants» militarisées ont été instaurées dans les territoires occupés : elles rappellent les «jeunesses hitlériennes», mais à la manière stalinienne soviétique. Depuis septembre, de nombreuses vidéos réalisées par des soldats ukrainiens dans l’oblast de Kharkiv libéré montrent des civils qui acclament l’armée ukrainienne. J’en suis le témoin direct, comme soldat. Après avoir souffert de l’occupation et des bombardements, les Ukrainiens ordinaires accueillent avec joie les libérateurs, leurs compatriotes, les soldats de l’armée ukrainienne. C’est la réaction normale de personnes qui se respectent et aiment leur terre, des personnes qui ont vu dans la pratique que la «paix russe» est un véritable «fascisme russe», qui n’apporte que mort, destruction et chagrin.
L’idée du côté ukrainien est-elle de libérer les territoires occupés ou d’aller plus loin ? Comment peut-on vivre avec un voisin comme la Russie, notamment dans l’est du pays ? Imagines-tu retourner vivre avec ta famille à Donetsk ?
Notre tâche est d’arrêter cette guerre en libérant les territoires saisis par la Russie depuis 2014. Cet objectif ne peut être atteint qu’en triomphant de l’armée d’occupation russe, ce qui entraînera la chute du régime politique autoritaire de Poutine. Seul l’établissement d’un ordre véritablement démocratique en Russie peut garantir la paix avec la Russie à l’avenir. Et le repentir de tous ceux qui soutiennent cette guerre, comme ce fut le cas après la chute du régime nazi en Allemagne. De notre part, nous devons construire une Ukraine forte, indépendante et libre, capable de défendre ses frontières. Et oui, je suis sûr que nous allons libérer non seulement le Donbass, Donetsk, mais toute l’Ukraine. Et je pourrai revoir ma ville, ma maison, que je ne vois plus que dans mes rêves douloureux.
Après sept mois de guerre, que penses-tu de l’armée russe, la «deuxième armée du monde» ?
Je pense que la perception des capacités de l’armée russe a changé depuis février 2022, non seulement en Ukraine, mais aussi pour de nombreuses personnes dans le monde. Poutine avait promis de prendre le contrôle de l’Ukraine en trois jours. Mais de nombreuses villes et même de petits villages ont été pris par l’armée russe qu’après un long combat et avec beaucoup de sang. Il était impossible de prendre le contrôle du territoire en trois jours. Poutine a échoué. La principale faiblesse de l’armée russe est la nature criminelle de ses objectifs, de ses méthodes et des personnes qui la composent. Ajoutez à cela la force d’esprit du peuple ukrainien, la grandeur morale du peuple qui défend sa terre et ses proches.
Poutine a annoncé ces derniers jours une mobilisation partielle en Russie. De quoi s’agit-il ?
Les réservistes qui ont déjà servi dans l’armée et qui ont des compétences militaires doivent être enrôlés. Il est prévu de mobiliser 300 000 personnes. La rhétorique du dictateur du Kremlin est aujourd’hui la suivante : «Nous ne pouvons pas quitter les territoires que nous avons libérés, leurs habitants ont besoin de notre protection» et «notre patrie est en danger». Derrière ces mots, on doit comprendre que leur plan visant à prendre rapidement le contrôle de l’Ukraine a échoué, que la guerre est au point mort et que le régime du Kremlin est en danger. Poutine comprend qu’en perdant cette guerre, en perdant les territoires précédemment occupés de l’Ukraine, il perdra son pouvoir en Russie. Une guerre perdue signifie l’effondrement du régime de Poutine. Les pertes de l’armée russe sont élevées, les chiffres cités étant de 50 à 60000 pertes irrécupérables. Les Russes manquent cruellement de force pour tenir la position sur un immense front s’étendant sur des centaines de kilomètres. Après six mois de combats, l’armée d’occupation russe a un besoin urgent de renforts.
Et quelle est la stratégie de Poutine à court terme ?
Comme manœuvre politique, Poutine a utilisé la vieille ruse consistant à organiser des soi-disant "référendums" dans les territoires occupés pour soutenir la poursuite de la guerre. On s’attend à ce que la population des régions ukrainiennes prises sous la menace d’une arme à feu "demande", comme on pouvait s’y attendre, d’être incorporée à la Fédération de Russie. Ainsi, du point de vue de la propagande russe, les nouvelles opérations de combat de l’armée ukrainienne seront menées sur le "territoire russe". Après tout, la région de Kherson et la région de Zaporijjia sont déjà déclarées russes. Et en cas de «violation» des frontières russes, Poutine promet d’utiliser des armes nucléaires.
On voit un vent de panique sur les réseaux sociaux russes. Comment voyez-vous ça en Ukraine ? Et qu’est-ce que ça va changer sur le front ?
Dès les premières 24 heures qui ont suivi l’annonce de la mobilisation en Russie, un exode massif de conscrits potentiels a commencé. Aux frontières, il y a de longues files d’attente de citoyens russes souhaitant quitter le pays. Pour la société ukrainienne, la mobilisation en Russie n’était pas une nouvelle inattendue. Les propagandistes du Kremlin et les analystes militaires indépendants en ont déjà beaucoup parlé. Il faudra jusqu’à trois mois pour que les mobilisés commencent à arriver sur le front, pour reconstituer les unités de l’occupant qui sont vidées de leur sang depuis six mois. Cependant, le temps travaille maintenant pour l’Ukraine. Trois mois, c’est très long dans un environnement qui évolue rapidement. La situation politique dans le monde et en Russie même peut changer, mais pas au profit de Poutine. La situation militaire sur le front ukrainien pourrait également évoluer. Les événements des deux dernières semaines : la libération par l’armée ukrainienne de la région de Kharkiv et son entrée dans le nord de la région de Louhansk, où les troupes russes étaient encore très récemment présentes, et l’offensive de l’armée ukrainienne dans la direction de Kherson ont fait basculer l’équilibre des forces dans la guerre fortement en faveur de l’Ukraine.
Cette déclaration de mobilisation de Poutine n’est-elle pas un aveu d’impuissance ?
Nous voyons un Poutine très différent. Le dictateur perd sa position d’acteur confiant dans la politique mondiale, il semble moins serein et calme dans ses discours publics. L’homme moyen russe est également inquiet. Un coup d’œil aux réseaux sociaux russes montre que le ton normalement hautain et le militarisme enthousiaste des patriotes de Poutine ont laissé place à la confusion et à l’égarement. Les critiques à l’égard des autorités du Kremlin émanent de plus en plus de ceux qui, hier encore, les soutenaient avec ferveur. Malheureusement, cette critique émane encore de personnes infectées par le chauvinisme impérial et n’est pas inspirée par des remords pour les crimes du régime de Poutine, ni à une prise de conscience de ses erreurs. Ils ont peur d’une défaite dans la guerre et à la possibilité d’être capturé sur le front. Mais cette panique introduit de la désorganisation dans les rangs de l’ennemi, et même ce début de changement dans la conscience de la société russe peut être évalué comme positif. En Russie, la mobilisation a déclenché une panique générale et des protestations encore timides et à petite échelle. Les Russes ne veulent pas se battre. En Ukraine, au contraire, la mobilisation de Poutine a provoqué le rire. Pour la société ukrainienne, elle est devenue un sujet de plaisanterie, de satire et de moquerie. Les Ukrainiens veulent se battre et se battront, car nous sommes dans notre propre pays, nous nous défendons, et nous défendons nos maisons et nos familles, notre droit à la liberté et à l’indépendance≫.
(Entretien mené par Perrine Poupin)