samedi 16 mars 2024

Refus d'obtempérer. Peine de mort.

 
Tu roules sans casque, donc on te poursuit.
On te rentre dedans, donc tu meurs.
Car tu n'as pas de casque, 
ce pour quoi on te poursuivait.

dimanche 10 mars 2024

samedi 9 mars 2024

Pas mieux.

(Paris, Place de la République, 8 mars 2024)

vendredi 8 mars 2024

Socialisme ou Barbarie (ou les éditions de la fabrique)

(Précision utile : 
Ceci n'est pas une publicité airb'n'b 
pour un loft très lumineux, avec jardin,
 du côté de Belleville)

dimanche 3 mars 2024

Encore un agent d'Elon Musk, au service indécent du patriarcat cis-blanc antipopulaire et s'abaissant volontiers, par transphobie manifeste, au niveau théorico-pratique du café du commerce (publicité)


Note du Moine Bleu : Nous souscrivons entièrement au point de vue exprimé ci-dessous, extrait d'une recension du livre de la camarade Vanina, désormais fameux, voire infamous, dans certains milieux stalino-militants de la gôche contemporaine. 
Signalons en complément utile, concernant le même texte, les réflexions de Freddy Gomez, qui s'égare bien trop souvent sur la question de l'Ukraine mais dont nous partageons, à part cela (ce n'est pas rien), l'essentiel des analyses, des contentements et des haines, la plupart du temps, sur tout. C'est ICI ! 

***  

≪Ce livre est rédigé par une militante communiste libertaire. Il a pour axe principal une critique de la «théorie queer» et des analyses intersectionnelles, à la mode dans les courants militants d’extrême gauche et même libertaires. Actuellement, toute critique du «queer» tend à y être volontairement assimilée à l’extrême droite, justifiant les actes de violence contre qui la porte. Vanina sait donc qu’elle risque d’en subir «des désagréments». Et c’est donc un livre militant salutaire d’une camarade inscrite dans le courant anarchiste depuis le milieu des années 1970. Elle n’a pas la prétention de développer des aspects théoriques mais plutôt, posant un point de vue matérialiste militant, de développer son regard personnel sur différents axes associés à la «théorie queer» afin d’inciter à la réflexion dans l’objectif de mieux lutter contre «le système capitaliste et patriarcal».

Pour Vanina, le capitalisme et le patriarcat sont deux systèmes différents, mais le premier s’appuie sur le second et ils sont donc à combattre ensemble. Sur cette base, elle revient sur le mouvement dit féministe actuellement dominant, ses cadres théoriques, son vocabulaire. Les chapitres du livre sont thématiques. Il se lit très facilement car le discours tenu rappelle, de façon claire, en ligne de fond l’évolution des rapports politiques et sociaux. Par ailleurs, le texte est agrémenté d’une multitude de citations qui, analysées de façon lucide et intelligible, donnent de la chair à des raisonnements souvent trop abstraits dans d’autres ouvrages. 

Le premier chapitre revient sur l’histoire du mouvement féministe avec ses différents courants. Vanina rappelle qu’au début des années 1970, «les hommes et les femmes sont [considérés comme] deux catégories qui composent la société humaine et qui se distinguent par leurs organes sexuels. C’est à partir de cette différence physiologique que le système d’oppression patriarcal a assis la domination des hommes sur les femmes». 
Le chapitre 2 revient sur le postmodernisme, courant de pensée où c’est le discours qui forge la réalité, et donc il faudrait déconstruire les discours pour redéfinir le réel. Par une lecture historique et politique, Vanina montre la convergence de vues entre le postmodernisme et le néolibéralisme  : le courant postmoderniste critique tout projet politique d’envergure, sacrifiant la classe sociale à l’individu, les raisonnements se centrent dès lors sur la personne et ses émotions, oubliant les structures sociales et les classes sociales ; en conséquence, l’objectif devient d’améliorer l’existant plutôt que de le chambouler. Le troisième chapitre pose une critique de l’intersectionnalité telle que pratiquée aujourd’hui. Si l’intersectionnalité a raison de considérer que dans la société coexistent de multiples rapports d’oppression, ce cadre théorique renforce dans sa pratique militante l’atomisation qui empêche une conscience collective de contestation contre les structures sociales capitalistes. Le quatrième revient sur les développements théoriques de Butler pour qui le genre construit le sexe. L’objectif de Butler est de brouiller les identités de genre et de sexe, théorie fondatrice de ce qui deviendra la «pensée queer». Vanina expose avec nuance et de façon intelligible une critique de ce que Butler expose. 
Les deux chapitres suivants questionnent donc la «théorie queer». Pour cette dernière, l’ennemi devient l’hétéronormativité. Le «queer», qu’il est difficile de définir tellement ce terme est approprié de différentes ma- nières, renvoie en quelque sorte à un réformisme citoyenniste sous prétexte d’un nouvel insurrectionnalisme. En effet, les transgressions, affirmées radica- les, impulsées par le «queer» au travers de la déconstruction du genre se veulent le levier d’une transformation radicale de la société, mais sont en définitive bien inoffensives pour modifier les rapports sociaux. Ce courant, essentiellement composé d’intellectuel·les ou de personnes issues des classes moyennes, tend à ignorer l’importance de la sexualité et de la procréation dans l’oppression des femmes. Tout le vocabulaire est modifié car aujourd’hui, même au niveau institutionnel, un homme devient par simple ressenti et déclaration «femme» («transfemme»). Il n’y a plus bipolarité sexuelle, nous sommes sur un «continuum» sexuel et chacun·e peut se définir selon son envie sur ce continuum : homme, femme, agenre, non-binaire, pansexuel… Les questions sociales sont ramenées à des reconnaissances d’identité individuelles. Vanina pose dès lors une critique de cette dilution du social dans un ensemble composite, fluide et extensible à l’infini. 
De là, les chapitres 7 et 8 font une synthèse de ce qu’est la «transidentité» dans le monde, permettant un regard large et clair. Sont évoqués ensuite le courant «woke» et la «cancel culture» avec tout le regard critique que l’on doit y porter. 
Le livre prend alors un tournant : le chapitre 9 développe le concret de la GPA (gestation pour autrui) dans le monde actuel et la marchandisation des utérus de femmes pauvres ; le chapitre 10 est une synthèse actualisée et bienvenue de la réalité de l’oppression et l’exploitation des femmes sur le terrain socio-économique ; le chapitre 11 offre un panorama des mouvements féministes dans le monde, avec toutes leurs disparités sociales et politiques. L’autrice questionne, dans le dernier chapitre, les limites des tentatives de convergence entre matérialisme et intersectionnalité, marxisme et «queer».

La conclusion est un appel à dépasser les théories postmodernes en vogue aujourd’hui. Il faut noter que le regard est toujours social et politique, ainsi Vanina ne pose pas de critique sur le choix individuel d’une personne qui décide de «transitionner» vers une autre «identité de genre», mais questionne les dynamiques sociales et politiques derrière ces actes individuels. La régression idéologique que marque le postmodernisme s’inscrit dans une régression sociale depuis les années 1980. Les analyses intersectionnelles ont mis au second plan la lutte des classes. La «théorie queer» «a recyclé la notion de genre en un formidable instrument contre les femmes» car elle «n’analyse rien en termes de rapports sociaux. Elle pointe à raison l’invisibilisation de la norme hétérosexuelle, mais sans se préoccuper des structures sociales hiérarchisées qui imposent cette norme». Or, «le combat contre le patriarcat oblige à identifier les rapports existant entre l’Etat, l’économie et des structures de pouvoir matérielles (la famille, l’école, l’entreprise, la médecine […]) et idéologiques». L’atomisation des individus favorise la recherche des identités individuelles et permet ainsi de ne pas questionner les problèmes de fond de notre société, qui sont structuraux. Aujourd’hui, «être “révolutionnaire” paraît consister à additionner les «anti» (on est antiraciste + antisexiste + antifasciste + anticolonialiste, etc.) sans forcément chercher à avoir une vue d’ensemble». Toutes ces théories postmodernes «reflètent en grande partie les aspirations et modes de fonctionnement autocentrés et consuméristes chers aux «classes moyennes». Vanina rappelle que «c’est en raison de leur sexe biologique que la plupart des femmes sont opprimées et doublement exploitées dans les sphères privée et publique ; et c’est au «sexe social», rebaptisé un temps : «genre» qu’il faut se réattaquer». Catégoriser «femmes» des hommes qui se sentent «femmes» parce que s’assimilant aux codes féminins ne sert en rien la cause des femmes, bien au contraire, car une telle approche réinscrit les femmes dans le carcan normatif du «sexe social». S’il faut combattre l’oppression subie par des hommes qui ne se conforment pas aux normes masculines, cela ne doit pas nous amener à nier le sexe biologique à la source de l’oppression sexiste. «Le problème, avec les postmodernes, est qu’ils/elles brandissent les libertés individuelles pour «régler» des questions sociales, ne veulent voir ces questions qu’au prisme de ces libertés, et prétendent trop souvent «silencier» qui ne cède pas à leurs volontés ».

En conclusion, Vanina estime qu’«on ne réglera pas la question de l’oppression féminine en évacuant celle de l’exploitation économique. La lutte contre le capitalisme ne peut, à elle seule, venir à bout du patriarcat ; mais, sans elle, le féminisme restera dans l’impasse des leurres postmodernes ».

(RV, Organisation Communiste Libertaire, 7-11-2023)