vendredi 31 juillet 2020

G comme...

Gymnaste !

«Comme son G l'indique le gymnaste porte le bouc et la moustache que rejoint presque une grosse mèche en accroche-coeur sur un front bas.
Moulé dans un maillot qui fait deux plis sur l'aine il porte aussi, comme son Y, la queue à gauche.
Tous les coeurs il dévaste mais se doit d'être chaste et son juron est BASTE !
Plus rose que nature et moins adroit qu'un singe il bondit aux agrès saisi d'un zèle pur. Puis du chef de son corps pris dans la corde à noeuds il interroge l'air comme un ver de sa motte.
Pour finir il choit parfois des cintres comme une chemise, mais rebondit sur ses pieds, et c'est alors le parangon adulé de la bêtise humaine qui vous salue».

(Francis Ponge, Le gymnaste)

jeudi 30 juillet 2020

Sciences


«Une récente étude révèle que les personnes pessimistes prennent le risque de mourir deux ans avant les autres. Une nouvelle bonne raison de voir la vie du bon côté !

Vous voyez toujours le verre à moitié vide ? Vous imaginez toujours le pire ? Selon une nouvelle étude du QIMR Berghofer Medical Research Institute, les personnes pessimistes ont davantage de risque de mourir plus tôt que les autres. Les chercheurs ont évalué le niveau de pessimisme des participants grâce à un questionnaire. Les résultats de l'étude ont été publiés dans la revue Scientific Reports. Les scientifiques ont ainsi constaté que ceux qui avaient obtenu des scores plus élevés étaient susceptibles de mourir, en moyenne, deux ans plus tôt que ceux dont les scores étaient plus faibles. "Nous avons constaté que les personnes très pessimistes quant à l'avenir étaient plus susceptibles de mourir plus tôt de maladies cardiovasculaires et d'autres causes de décès mais pas du cancer", a déclaré le Dr Whitfield, auteur principal de l’étude. Et d’ajouter : "Les scores d'optimisme en revanche n'ont pas montré de relation significative avec la mort, qu'elle soit positive ou négative (...), ceux qui obtenaient de bons résultats sur l'échelle d'optimisme n'avaient pas une espérance de vie supérieure à la moyenne ", résume l’auteur.

Le Dr John Whitfield

Adopter des pensées positives 

Grâce à cette étude, le scientifique aimerait que chaque personne comprenne que sa santé peut être influencée par son caractère. "Nous pensons qu'il est peu probable que la maladie ait causé le pessimisme parce que nous n'avons pas trouvé que les personnes décédées d'un cancer avaient enregistré un score de pessimisme élevé dans leurs tests. Si la maladie entraînait des scores de pessimisme plus élevés, elle aurait dû s'appliquer aux cancers et aux maladies cardiovasculaires", conclut le chercheur". »

(Yahoo Actualités, 29 juillet 2020)

5 fruits et légumes par jour !

mercredi 29 juillet 2020

Jonas, Job, Prométhée



«Ce n'est pas ici un insensé téméraire qui t'affronte. Je reconnais ta puissance sans demeure et sans voix, mais jusqu'au dernier souffle de ma vie catastrophée, je contesterai en moi ta domination absolue et universelle. Au centre de cette personnification d'une force impersonnelle, une personnalité ici se dresse. Aussi d'où que je vienne, où que j'aille, tandis que je vis ici-bas, une personnalité royale est en moi sensible à ses droits royaux».
(Herman Melville, Moby Dick)

«Jamais, sois-en certain, je n'échangerai mon sort misérable contre ton esclavage.
Car je préfère être enchaîné à ce rocher plutôt que de servir Zeus le Père en fidèle messager».
(Eschyle, Prométhée)

mardi 28 juillet 2020

lundi 27 juillet 2020

C'est Goethe qui l'a dit !

Into the Googoldfish


«L'homme parle du poisson rouge sur l'écran géant. De cet animal stupide, qui tourne sans fin dans son bocal. Les humains l'ont mis là, et se rassurent comme ils peuvent : la mémoire de l'animal est si peu développée, son attention si réduite, qu'il découvre un monde nouveau à chaque tour de bocal. La mémoire de poisson rouge, loin d'être une malédiction, est, pour lui, une grâce, qui transforme la répétition en nouveauté et la petitesse d'une prison en l'infini d'un monde. Cette fameuse "mémoire du poisson rouge" est-elle une légende ? Beaucoup d'entre nous ne se sont jamais posé la question, simplement heureux d'avoir une expression à utiliser lorsque nous voulons nous excuser d'un moment d'inattention.
Mais Google ne connaît pas de limite à l'extension du domaine de son calcul numérique. Et l'homme, donc, annonce que son entreprise a réussi à calculer le temps d'attention réel du poisson. Le fameux attention span. Et celui-ci est effectivement dérisoire. L'animal est incapable de fixer son attention au-delà d'un délai de 8 secondes. Après ces 8 petites secondes, il passe à autre chose et remet à zéro son univers mental.
Reste que l'homme n'en a pas fini de ses annonces. Les ordinateurs de Google ont également réussi à estimer le temps d'attention de la génération des Millenials. Ceux qui sont nés avec la connexion permanente et ont grandi avec un écran tactile au bout des doigts. Ceux qui, comme nous, ne peuvent s'empêcher de sentir une vibration au fond de leur poche ; ceux qui, dans les transports en commun, avancent l'œil rivé sur le smartphone, concentrés dans l'espace-temps de leur écran. Le temps d'attention, la capacité de concentration de cette génération, annonce l'homme, est de 9 secondes. Au-delà, son cerveau, notre cerveau, décroche. Il lui faut un nouveau stimulus, un nouveau signal, une nouvelle alerte, une autre recommandation. Dès la dixième seconde. Soit à peine une seconde de plus que le poisson rouge.
Pour Google, ces 9 secondes représentent un défi à la mesure de l'entreprise californienne : comment faire pour continuer à capter les regards d'une génération "distraite de la distraction par la distraction", pour reprendre les mots de T.S. Eliot. Quels outils, quelles formules mathématiques, quelles propositions construire pour nourrir, en permanence, l'esprit d'utilisateurs qui passent à autre chose avant même d'avoir commencé à faire quelque chose. Google ne s'affole pas : la firme californienne sait parfaitement répondre à cette évolution, dont elle est en partie responsable. Grâce à nos données personnelles, elle saura nous fournir notre dose avant que le manque ne se fasse sentir.
Nos rêves numériques se brisent sur cette durée dérisoire. L'infini nous était promis. Il était entendu que le cyberespace ne connaîtrait de limites que celles du génie humain. Au lieu de quoi, nous sommes devenus des poissons rouges, enfermés dans le bocal de nos écrans, soumis au manège de nos alertes et de nos messages instantanés. Notre esprit tourne sur lui-même, de tweets en vidéos YouTube, de snaps en mails, de lives en pushs, d'applications en newsfeeds, de messages outranciers poussés par un robot aux images filtrées par les algorithmes, d'informations manifestement fausses en buzz affligeants. Tel le poisson, nous pensons découvrir un univers à chaque moment, sans nous rendre compte de l'infernale répétition dans laquelle nous enferment les interfaces numériques auxquelles nous avons confié notre ressource la plus précieuse : notre temps»
   (Bruno Patino, La civilisation du poisson rouge, Petit traité sur le marché de l'attention, p. 13-15)

«Selon l'Association française du poisson rouge (elle existe), le poisson rouge est fait pour vivre "en bande", entre vingt et trente ans, et peut atteindre 20 centimètres. Le bocal a atrophié l'espèce et détruit la sociabilité.»
(Id., p. 149)

dimanche 26 juillet 2020

Sibeth Ndiaye à la CNT


«L'ancienne secrétaire d'État [Sibeth Ndiaye] a été nommée membre de la commission nationale des talents (CNT), une nouvelle instance du parti présidentiel dirigée par Jean-Marc Borello, membre du bureau exécutif de LREM, et Justine Henry, référente du parti dans le 18e arrondissement de Paris. La CNT sera composée de 11 membres titulaires et 8 suppléants, dont le nouveau ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, ou encore Julien Denormandie, récemment nommé ministre de l'Agriculture. L'objectif de la CNT sera, entre autres, de désigner les futurs référents de LREM dans les territoires».
(source : Le Point, 25/07/20)

jeudi 23 juillet 2020

mardi 21 juillet 2020

Actualités


dimanche 19 juillet 2020

vendredi 17 juillet 2020

The Tortilla Flat sessions (1) I'll trade you money for wine !



Corn in the crib won't turn your dollar green
A dollar won't get you high
Some days a drop is all a body needs
Some days the bottle drains dry...

Pockets of change don't drive my worry down
Diamonds don't make me shine
It's a short life (and a long time underground)
I'll trade you money for wine !

I've seen this town from a long black Lincoln, boys
Back when copper was king
Ten years I stood on the same street corner, boys
I never want for a thing

Pockets of change don't drive my worry down
Diamonds don't make me shine
It's a short life (and a long time underground)
I'll trade you money for wine !

Wild were the nights when I was rolling, boys
No hunger unsatisfied
Feared was my name in Elko County, boys
Now they just walk on by

And the banker, he spares a quarter for my cup
His trouble's deeper than mine !
That way of life, boys, there ain't gold enough
I'll trade you money for wine !

See how the rain washes the sulfur dust
Off to the wide blue sea
Freed from the rock, the copper flies to where
No miner ever may see

Shallow your cares, in vain your industry !
So says the wide blue sea
I never burden God on your account
Don't waste your prayers on me !

I've seen a man of wealth and family
Scrimp till his hair's gone grey
Laid in the ground just like I'm gonna be
He might have drunk it away

Pockets of change don't drive my worry down
Diamonds don't make me shine,
It's a short life (and a long time underground)
I'll trade you money for wine !

Vous n'aurez pas l'Alsace et la Lorraine !


Novembre 1918 : en Alsace-Lorraine, les conseils ouvriers et de soldats prennent le pouvoir. Le drapeau rouge flotte sur la cathédrale de Strasbourg.

Présentation de l'éditeur

«Novembre 1918 : la guerre s’achève, l’empire allemand s’effondre et la révolution éclate en Allemagne avec ses conseils ouvriers et de soldats, en écho aux soviets au pouvoir en Russie. En Alsace-Lorraine, la France et l’Allemagne entendent organiser en bon ordre l’évacuation des troupes allemandes et l’arrivée des troupes françaises. Cependant, le vent de la révolution souffle en Alsace-Lorraine comme dans toute l’Allemagne. Les soldats arrachent leurs insignes aux officiers, des grèves éclatent, en particulier chez les cheminots. Le drapeau rouge flotte sur la cathédrale de Strasbourg. Les conseils d’ouvriers et de soldats s’emparent du pouvoir dans toutes les casernes comme dans les principales villes de la région. Ils organisent la vie quotidienne : transports, finances, ravitaillement, mais se divisent profondément tant sur la question du socialisme que sur la question nationale. Affolé par le cours des évènements, le gouvernement français précipite, en accord avec les autorités allemandes, l’arrivée de ses troupes ce qui signe la fin du mouvement révolutionnaire et les espoirs d’un monde meilleur. L’agitation sociale cependant perdure à un haut niveau d’intensité dans les deux années (1919-1920) qui suivent, au-delà de l’accueil triomphal, mais non partagé par tous, réservé aux troupes françaises. Une révolution qui ne s’étend que sur une quinzaine de jours, mais constitue en France une expérience historique unique. Jean-Claude Richez nous propose avec cet ouvrage le récit détaillé de cet épisode méconnu de la fin de la Première Guerre Mondiale. Il discute notamment de la question nationale alsacienne et lorraine au prisme de ces événements. Il revient sur le déroulement du mouvement et le destin de ses acteurs, soldats, ouvriers et élus. 
Un épisode méconnu de la fin de Première guerre mondiale».

Aux éditions Syllepse. 
20 balles.

dimanche 12 juillet 2020

lundi 6 juillet 2020

干杯 ! Kanpei ! (Freedom to Honk Hong & all China !)

Blessés dans leur chair

«Les collègues ont été blessés dans leur chair. On a stigmatisé le policier en disant qu'il est raciste, qu'il est violent...» 
(Ludovic Bonnet, Unité SGP Police 93, BFM-TV, 12/06/20)


dimanche 5 juillet 2020

Une manière de voler (Ren Hang)


«Ren Hang, auteur de photos de nus démantibulés et de poèmes mélancoliques, a mis fin à ses jours vendredi 24 février 2017 à l’âge de 29 ans (...). Né le 30 mars 1987 à Changchun, province de Jilin, au nord-est du pays, d’un père cheminot et d’une mère ouvrière, Ren Hang n’a pas étudié la photographie mais le marketing à l’université. Trouvant ses études ennuyeuses, il s’est mis à photographier ses amis de dortoir dans des mises en scène improvisées (...) En Chine, la nudité et l’absence de pudeur de ses images jugées pornographiques lui valent très vite des ennuis. Il se fait arrêter lors des séances de shooting, on l’empêche d’exposer certaines images – il répond en accrochant des cadres vides –, on ferme son exposition au bout de quelques heures ou quelques jours, on clôt son profil Weibo (un mélange de Facebook et Twitter chinois). Pourtant, les images de Ren Hang ne se veulent pas provocantes ou subversives. "Les idées politiques exprimées dans mes images n’ont rien à voir avec la Chine, expliquait-il dans la monographie publiée chez Taschen. C’est la politique chinoise qui veut s’introduire dans mon art. Une de mes expositions a déjà été annulée par le gouvernement chinois pour "suspicion de sexe"(...) le photographe chinois n’a pas l’art léger. "Je fais cela parce que j’y trouve encore un sentiment de nouveauté, déclare-t-il dans un entretien à la chaîne CNN. Et cela remplit le vide de mon cœur." La dépression, dont il souffre depuis des années, occupe une section à part entière de son site Internet, où il consigne des poèmes et des notes personnelles. Sa maladie a même donné le titre à un de ses livres, en 2013. "Depuis tant d’années, j’ai essayé de me soigner, partageant mon moi entre les rôles de médecin et de malade, écrit-il sur son site Web en 2016. Si la vie est un abîme sans fond, lorsque je sauterai, la chute sans fin sera aussi une manière de voler».

(Le Monde, 28 février 2017)

vendredi 3 juillet 2020

La forme-valeur est abolie, wesh !


Kékçaracave ?
Prologue en angliche :

«Un jour, la longue lutte opposant l'humanité aux forces de l'avarice et de la division trouvera sa conclusion. Et ce jour-là, enfin libres, on lancera une de ces putain de grosses fêtes de fils de pute !»
(Un proverbe très ancien...
... enfin euh... je crois...) 

«Il me faut une bouteille de Moët... Garçon !»
(Killer Mike, membre de Run The Jewels)

Leur écologie et la nôtre


À paraître (octobre 2020)

«Évoquer l’écologie, c’est comme parler du suffrage universel et du repos du dimanche : dans un premier temps, tous les bourgeois et tous les partisans de l’ordre vous disent que vous voulez leur ruine, le triomphe de l’anarchie et de l’obscurantisme. Puis, dans un deuxième temps, quand la force des choses et la pression populaire deviennent irrésistibles, on vous accorde ce qu’on vous refusait hier et, fondamentalement, rien ne change. 
La prise en compte des exigences écologiques conserve beaucoup d’adversaires dans le patronat. Mais elle a déjà assez de partisans capitalistes pour que son acceptation par les puissances d’argent devienne une probabilité sérieuse. Alors mieux vaut, dès à présent, ne pas jouer à cache-cache : la lutte écologique n’est pas une fin en soi, c’est une étape. Elle peut créer des difficultés au capitalisme et l’obliger à changer ; mais quand, après avoir longtemps résisté par la force et la ruse, il cédera finalement parce que l’impasse écologique sera devenue inéluctable, il intégrera cette contrainte comme il a intégré toutes les autres. 
C’est pourquoi il faut d’emblée poser la question franchement : que voulons-nous ? Un capitalisme qui s’accommode des contraintes écologiques ou une révolution économique, sociale et culturelle qui abolit les contraintes du capitalisme et, par là même, instaure un nouveau rapport des hommes à la collectivité, à leur environnement et à la nature ? Réforme ou révolution ? 
Ne répondez surtout pas que cette question est secondaire et que l’important, c’est de ne pas saloper la planète au point qu’elle devienne inhabitable. Car la survie non plus n’est pas une fin en soi : vaut-il la peine de survivre [comme se le demande Ivan Illich], dans "un monde transformé en hôpital planétaire, en école planétaire, en prison planétaire et où la tâche principale des ingénieurs de l’âme sera de fabriquer des hommes adaptés à cette condition" ? (…) Il vaut mieux tenter de définir, dès le départ, pour quoi on lutte et pas seulement contre quoi. Et il vaut mieux essayer de prévoir comment le capitalisme sera affecté et changé par les contraintes écologiques, que de croire que celles-ci provoqueront sa disparition, sans plus. 
Mais d’abord, qu’est-ce, en termes économiques, qu’une contrainte écologique ? Prenez par exemple les gigantesques complexes chimiques de la vallée du Rhin, à Ludwigshafen (Basf), à Leverkusen (Bayer) ou Rotterdam (Akzo). Chaque complexe combine les facteurs suivants : 

— des ressources naturelles (air, eau, minéraux) qui passaient jusqu’ici pour gratuites parce qu’elles n’avaient pas à être reproduites (remplacées) ; 
— des moyens de production (machines, bâtiments), qui sont du capital immobilisé, qui s’usent et dont il faut donc assurer le remplacement (la reproduction), de préférence par des moyens plus puissants et plus efficaces, donnant à la firme un avantage sur ses concurrents ; 
— de la force de travail humaine qui, elle aussi, demande à être reproduite (il faut nourrir, soigner, loger, éduquer les travailleurs). 

En économie capitaliste, la combinaison de ces facteurs, au sein du processus de production, a pour but dominant le maximum de profit possible (ce qui, pour une firme soucieuse de son avenir, signifie aussi : le maximum de puissance, donc d’investissements, de présence sur le marché mondial). La recherche de ce but retentit profondément sur la façon dont les différents facteurs sont combinés et sur l’importance relative qui est donnée à chacun d’eux. 
La firme, par exemple, ne se demande jamais comment faire pour que le travail soit le plus plaisant, pour que l’usine ménage au mieux les équilibres naturels et l’espace de vie des gens, pour que ses produits servent les fins que se donnent les communautés humaines. (…) 
Mais voici que, dans la vallée du Rhin notamment, l’entassement humain, la pollution de l’air et de l’eau ont atteint un degré tel que l’industrie chimique, pour continuer de croître ou même seulement de fonctionner, se voit obligée de filtrer ses fumées et ses effluents, c’est-à-dire de reproduire des conditions et des ressources qui, jusqu’ici, passaient pour "naturelles" et gratuites. Cette nécessité de reproduire l’environnement va avoir des incidences évidentes : il faut investir dans la dépollution, donc accroître la masse des capitaux immobilisés ; il faut ensuite assurer l’amortissement (la reproduction) des installations d’épuration ; et le produit de celles-ci (la propreté relative de l’air et de l’eau) ne peut être vendu avec profit. 
Il y a, en somme, augmentation simultanée du poids du capital investi (de la "composition organique"), du coût de reproduction de celui-ci et des coûts de production, sans augmentation correspondante des ventes. Par conséquent, de deux choses l’une : ou bien le taux de profit baisse, ou bien le prix des produits augmente. La firme cherchera évidemment à relever ses prix de vente. Mais elle ne s’en tirera pas aussi facilement : toutes les autres firmes polluantes (cimenteries, métallurgie, sidérurgie, etc.) chercheront, elles aussi, à faire payer leurs produits plus cher par le consommateur final. La prise en compte des exigences écologiques aura finalement cette conséquence : les prix tendront à augmenter plus vite que les salaires réels, le pouvoir d’achat populaire sera donc comprimé et tout se passera comme si le coût de la dépollution était prélevé sur les ressources dont disposent les gens pour acheter des marchandises. 
La production de celles-ci tendra donc à stagner ou à baisser ; les tendances à la récession ou à la crise s’en trouveront aggravées. Et ce recul de la croissance et de la production qui, dans un autre système, aurait pu être un bien (moins de voitures, moins de bruit, plus d’air, des journées de travail plus courtes, etc.), aura des effets entièrement négatifs : les productions polluantes deviendront des biens de luxe, inaccessibles à la masse, sans cesser d’être à la portée des privilégiés ; les inégalités se creuseront ; les pauvres deviendront relativement plus pauvres et les riches plus riches. 
La prise en compte des coûts écologiques aura, en somme, les mêmes effets sociaux et économiques que la crise pétrolière. Et le capitalisme, loin de succomber à la crise, la gérera comme il l’a toujours fait : des groupes financiers bien placés profiteront des difficultés de groupes rivaux pour les absorber à bas prix et étendre leur mainmise sur l’économie. Le pouvoir central renforcera son contrôle sur la société : des technocrates calculeront des normes "optimales" de dépollution et de production, édicteront des réglementations, étendront les domaines de "vie programmée" et le champ d’activité des appareils de répression. (…) 
Direz-vous que rien de tout cela n’est inévitable ? Sans doute. Mais c’est bien ainsi que les choses risquent de se passer si le capitalisme est contraint de prendre en compte les coûts écologiques sans qu’une attaque politique, lancée à tous les niveaux, lui arrache la maîtrise des opérations et lui oppose un tout autre projet de société et de civilisation. Car les partisans de la croissance ont raison sur un point au moins : dans le cadre de l’actuelle société et de l’actuel modèle de consommation, fondés sur l’inégalité, le privilège et la recherche du profit, la non-croissance ou la croissance négative peuvent seulement signifier stagnation, chômage, accroissement de l’écart qui sépare riches et pauvres. Dans le cadre de l’actuel mode de production, il n’est pas possible de limiter ou de bloquer la croissance tout en répartissant plus équitablement les biens disponibles. 
Tant qu’on raisonnera dans les limites de cette civilisation inégalitaire, la croissance apparaîtra à la masse des gens comme la promesse — pourtant entièrement illusoire — qu’ils cesseront un jour d’être "sous-privilégiés", et la non-croissance comme leur condamnation à la médiocrité sans espoir. Aussi n’est-ce pas tant à la croissance qu’il faut s’attaquer qu’à la mystification qu’elle entretient, à la dynamique des besoins croissants et toujours frustrés sur laquelle elle repose, à la compétition qu’elle organise en incitant les individus à vouloir, chacun, se hisser "au-dessus" des autres. La devise de cette société pourrait être : Ce qui est bon pour tous ne vaut rien. Tu ne seras respectable que si tu as "mieux" que les autres. 
Or c’est l’inverse qu’il faut affirmer pour rompre avec l’idéologie de la croissance : Seul est digne de toi ce qui est bon pour tous. Seul mérite d’être produit ce qui ne privilégie ni n’abaisse personne. Nous pouvons être plus heureux avec moins d’opulence, car dans une société sans privilège, il n’y a pas de pauvres».

     (André Gorz, 1974, texte paru initialement dans le mensuel Le Sauvage)

La fête est finie ! (Serguei Chilikov ✝️ 1953-2020)


jeudi 2 juillet 2020

Sociologie


2 policiers en exercice sur 3 auraient voté Front national aux dernières élections régionales. 
(source : Slate, 12-01-16)

mercredi 1 juillet 2020

En mixité carcérale choisie

Never trust a NaziE

(«Miss Hitler», with make-up)

Ces NaziEs sont vraiment des gens pas fiables. Comment prétendre restaurer un Reich de mille ans et protéger avec un minimum de crédibilité la race aryenne menacée par le Grand Remplacement sub-saharien, quand on n'est pas foutuE de manier les bases de Photoshop ou Illustrator afin d'embrouiller le chaland, et d'appâter efficacement en lui le futur fantassin de la néo-SS ? Karl Lagerfeld lui-même n'a-t-il pas suffisamment rappelé qu'on était responsable de son image 24 heures sur 24, fût-ce en dehors des podiums et de la vie trépidante des défilés ? Mentir pour son racket politique, passe encore (tout le monde le fait). Mais ignorer les codes élémentaires de la retouche-photo ou cosmétique casual, par les temps de guerre ethnique qui courent, voilà qui s'avère absolument impardonnable ! Prenez l'exemple de cette jeune incapable de 23 ans, Alice Cutter (voir photo ci-dessus), habitante des Midlands et membre, avec son crétin de boy-friend prénommé Mark Jones, de la soi-disant «Action Nationale», basée à Birmingham. Un coup d'oeil averti aura tôt fait (une fois la donzelle démaquillée et sortie de scène) de repérer sur cette face d'ailleurs étrangement suspecte (voir ci-dessous) nombre d'éléments au moins contre-productifs en termes de propagande, voire carrément rédhibitoires pour ceux-là mêmes que le Parti entendait justement séduire par la pureté du génome ! NaziEs d'aujourd'hui, vous êtes encore très loin du compte. Et on vous le dit comme on le pense, ce grand blond toujours impeccablement télégénique et tiré à quatre épingles qu'était Joseph Goebbels, votre maître, doit s'en retourner dans ses cendres.

(«Miss Hitler», no make-up)

White Brains Matter

Périgore...

«La ville va être maintenant aux mains du PS, des gilets jaunes et des anarchistes de gauche !»

     (Antoine Audi, maire sorti de Périgueux, 28 juin 2020)

Petits métiers d'autrefois. Aujourd'hui : ferrailleur à la Mairie de Saint-Denis (93)