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dimanche 15 mars 2015

Éthique étique de l'équipe (à Robert)

 
« Son équipe. Une bonne équipe. Voilà ce qu'il lui fallait, à Robert, pour se dire que la vie n'est pas si pourrie, finalement, fût-ce au milieu des pires coups du destin. »
(Alassane Fingerweig, Petites insécurités).

vendredi 5 septembre 2014

Dix ans déjà (et toutes ses dents !)

 

« Certes, les données scientifiques (psychiatriques) concernant l'antisocialisme obsessionnel (ASO) sont encore rares et parcellaires.
La meilleure preuve en est qu'on ne connaît pas encore à ce jour d'antisocialiste obsessionnel qui ait été guéri de son mal ! 
Néanmoins, la façon dont les ASO s'associent, se regroupent souvent en d'éphémères structures de solidarité destinées à faire face ensemble, ne peut laisser de nous interroger et de nous faire espérer.
Car, c'est un fait.
La communauté ASO existe.
Les ASO ont leurs clubs, leurs hôpitaux, leur presse.
Ils s'échangent fréquemment femmes et maris, favorisent activement leurs carrières respectives, ne lisent souvent, mangent et boivent qu'antisocialiste obsessionnel.
Ils constituent pour ainsi dire une minorité souffrante devenue agissante, et s'efforcent habituellement d'influencer la politique de l'État par l'entremise de sympathisants placés à des postes stratégiques - que ces derniers soient eux-mêmes ou non atteints du même mal.
Je puis pour ma part certifier qu'on trouve, à l'heure où j'écris cela, des groupes d'ASO oeuvrant dans toutes les classes et tous les partis de France, noyautant ceux-ci à des fins souvent mystérieuses, voire troubles.
Autant dire que si l'on n'y prenait garde, le risque serait important de se trouver très vite devant un énorme problème de santé publique, pouvant consister - concrètement - en une phase d'insécurité généralisée, inédite et donc difficilement maîtrisable par les autorités. »

(Alassane Fingerweig, L'offensive du Traître, Éditions de L'insomniaque, 2004).

mardi 20 août 2013

Todessprung (bonjour maman !)



  « Ainsi qu’il l’a déjà fait deux fois, dans ce lieu où son insécurité se donne libre cours depuis maintenant plus de deux heures (il est venu très tôt) Cavesouin se douche, procède à la toilette de ses oreilles et de sa virilité.
Il sort en grelottant de la salle de bains, sans poser les talons au sol, s’allonge derechef sur le lit, paré de sa seule serviette de coton immaculée.
L’hôtel est silencieux.
Bien qu’effrayé, Cavesouin sourit.
Il sait que désormais, personne n’a plus la capacité de lui voler les deux heures qui s’avancent, celles par lesquelles, de plain-pied, il s’apprête à entrer dans l’état de libertin.
Sa première femme, depuis Martine.
Mais, surtout, la première de son existence à n’attendre de lui qu’une seule certaine chose.
Qu’il la souille tout-à-fait.
Qu’il lui soit pleinement supérieur, sans contrepartie.
C’est entendu comme cela, entre eux, depuis leurs premiers échanges.
Il fera d’elle ce qu’il voudra, elle fera comme il ordonnera.
Cavesouin est le plus fort, le plus grand, le restera tout du long.
C’est l’heure, exactement l’heure.
Cavesouin n’est plus que cette pointe douloureuse dont il se sent devoir les éventrer tous les deux, elle et lui, dans l’action sauvage.
Il sait la violence que ce sera quand les pas, ceux-là même qui lui parviennent déjà du bout du couloir, quand ce claquement de semelle qu’il entend s’éloigner - timide - de la cage d’ascenseur, et hésiter, puis se rapprocher de lui, enfin, quand tout cela se sera changé en silence et en femme aux aguets, derrière la porte.
La sienne.
Cette porte que Cavesouin ouvre à la volée sitôt qu’il l’entend frapper.
Et il la voit, et elle voit son sexe tendu.
Ils sont anéantis.
Ils restent d’abord tous deux incapables de la moindre parole, du moindre mouvement. Seule - entre eux - cette ligne de chair barbare, qui les sépare encore.
Peut-être n’en pleurera-t-il jamais ?
Va savoir.
Elle ne s’appelle pas Blandine, bien sûr.
Pas plus qu’il n’est ancien militaire. 
Y a-t-il plus menteur que les femmes …
- Bonjour, dit-elle tout de même la première - il fallait s’y attendre - Bonjour, mon grand …
Il la voit, impuissant, glissée dans sa petite robe noire, tentant de remettre un semblant d’ordre, et de pudeur, parmi ce décolleté plongeant.
- Bonjour, parvient-il à répondre, du fond de son enfer, bonjour maman… »

Alassane Fingerweig, Petites insécurités.

vendredi 11 janvier 2013

L'Enfer rose (2)



« Je suis ce qu’on appelle un antisocialiste obsessionnel (ASO).
Certains sont antisémites, anti-vin rouge avec la salade, anti-Pedro Almodovar.
Moi je suis antisocialiste obsessionnel.
C’est comme ça.
Quand j’étais petit, pour m’effrayer et me faire tenir sage, on s’en venait me raconter au lit l’histoire du grand méchant Fabius assoiffé de sang, ou encore d’un monstre au long nez, à la voix mortifère et n’ayant de l’or que le nom, celle – encore – d’un gros licencieur, ennemi des ouvriers noirs et arabes (les fameux ayatollahs) de chez Talbot, à la fois mou et roi, et puis l’histoire de leur chef, à tous, leur chef : un gnome aux dents et au passé de travers, ayant trouvé jadis son plaisir à se parer d’une francisque, à faire couper en deux l’Algérien insurgé, à couvrir un génocide africain, à refuser des armes aux Bosniaques, et puis qui, finalement, de ces forfaits, était parvenu à se dégager, à s’absoudre, à se blanchir.
À vaincre.
Le chef historique des traîtres.
Bien sûr, avec le temps, les lectures et l’expérience aidant, je m’étais sorti de tous ces enfantillages.
J’avais changé.
D’antisocialiste primaire, j’étais devenu antisocialiste obsessionnel. »

Alassane Fingerweig, L’offensive du Traître, 2004 (épuisé en librairie mais en principe toujours disponible auprès des éditions de l'Insomniaque).