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dimanche 2 mars 2025

Après Brigitte, Melania !

 
Halte au complotisme transphobe !

vendredi 28 février 2025

Un communiqué des éditions PLON !


Au beau milieu de cette actualité géopolitique troublée et inquiétante, il subsiste néanmoins quelques sérieux motifs de se réjouir. Non : tout n'est décidément pas perdu, ni au plan économique ni au plan culturel, lesquels sont par définition étroitement liés. L'édition française, en particulier, donne quotidiennement la mesure de son dynamisme et de son niveau d'exigence. Et les rodomontades de M. Trump, là-bas, de l'autre côté de l'Atlantique, n'y changeront rien. Certes, des taxes injustes, contraires à l'esprit même du commerce libre et non-faussé, risquent bientôt de s'abattre, par exemple, sur les lecteurices francophones et universitaire locales du dernier ouvrage de Mme Rokhaya Diallo, consacré au féminisme et publié par nos soins. Mais il en faudra plus pour décourager le public américain cultivé de découvrir et redécouvir encore cette pensée novatrice ayant toujours fait l'âme de la vieille Europe bien autant, sinon plus, que le vin, le fromage ou la maroquinerie de pointe !


Et il n'y a pas que le féminisme (traité par l'une de ses spécialistes incontestées même) qui soit concerné : dans tous les domaines de l'intellect, les éditions PLON feront ainsi leur juste place à l'émancipation, et au rêve jamais vaincu d'une lecture ouverte et tolérante, pour aller demain, ensemble, vers un meilleur avenir inclusif et solidaire ! Mr Trump, essayez donc de taxer les ouvrages ci-dessous si cela vous chante ! Ce sera peine perdue ! Le message doit passer, et le message passera ! 





mercredi 3 juillet 2024

Quand j'entends le mot ≪culture≫...

Ci-dessus : le splendide Combat pour les valeurs du clip ≪antifasciste≫ 
No Pasaran !France, juin 2024 (détail) 

***

≪ Nous n'attendons pas de miracles de la classe ouvrière... ≫
(Des situationnistes, à l'ancienne)

≪ C'est la théorie en tant qu'intelligence de la pratique humaine qui doit être reconnue et vécue par les masses. Elle exige que les ouvriers deviennent dialecticiens et inscrivent leur pensée dans la pratique : ainsi elle demande aux hommes sans qualité bien plus que la révolution bourgeoise ne demandait aux hommes qualifiés qu'elle déléguait à sa mise en œuvre... 
(Guy Debord, La Société du Spectacle)


Il s'agit donc, ces jours-ci, d'aller voter, évidemment ! mais surtout de faire voter certaines foules ordinairement éloignées de tout comportement civique normal, à savoir les ≪jeunes de quartier populaire≫ ― suivant l'expression convenue ― considérés par la gauche mélenchoniste comme un formidable bétail citoyen abstrait, un gigantesque et miraculeux réservoir de voix (c'est ainsi que ces gens s'expriment) susceptible de faire la différence avec le reste du pays, de toute évidence largement acquis, lui, au fascisme. Car le péril fasciste rôde, ce dont nous ne disconvenons pas. Or, pour traîner (il n'est pas d'autre mot) ces potentiels ≪primo-électeurs≫ jusqu'à l'isoloir, il n'existe pas trente-six façons de faire, dès lors qu'on désespère que, dans un espace de temps aussi court, les jeunes-de-quartier-populaire prennent soudain par eux-mêmes conscience dudit péril fasciste, sur la base de quelque indignation spontanée, quelque sentiment de révolte autonome, nés d'un mouvement moral et d'intelligence libertairelui-même dicté par une très saine et atavique haine de classe. Non, ça, désolé ! mais on n'a pas le temps d'attendre, sans parler d'y travailler ni de l'encourager. Ça fait des décennies, en vérité, qu'on n'a pas le temps de prendre ce temps-là, et que, de fait, un tel mouvement ne surgit pas, jamais. Mais bref. À qui la faute, au fond ! Aucune importance. On fera plutôt feu de tout bois. On mobilisera plutôt la culture. Ce sera plus rapide que l'intelligence, la culture. Et, avec un peu de chance, bien plus efficace ce dimanche. Que cette culture relève d'une certaine  industrie, conçue, comme toute industrie, pour produire puis proposer une certaine marchandise bien calibrée, auprès d'un certain coeur de cible soigneusement identifié, consommateur heureux des stéréotypes qu'on aura pris soin de lui fabriquer sur mesure : tout cela ne pose aucune espèce de souci. Que cette culture, en d'autres termes, se détruise tendanciellement comme culture, c'est-à-dire comme mouvement critique permettant d'abandonner ce qu'on était (l'identité figée qu'on assumait) l'instant d'avant, cela n'est plus guère interrogé par personne, et certainement pas par la gauche ≪radicale≫ d'aujourd'hui. Celle-ci a mieux et plus urgent à faire que de s'occuper de toutes ces vieilles questions creuses d'industrie culturelle ou de stéréotypes infusant depuis des lustres dans l'esprit des jeunes-de-quartiers-populaires. Car ce qui compte, vous comprenez ! c'est de lutter contre le fascisme deux ou trois jours d'élection par an et, pour cela, d'aller faire voter by any means necessary des gens qui, autrement, se moqueraient comme d'une guigne du fait que le fascisme est au bord d'accéder au pouvoir parlementaire. Or, loin encore de tout Parlement, de toute Assemblée positive, le fascisme commence par triompher dans les têtes, dans les ≪idées≫ et les valeurs≫ s'imposant aux foules comme légitimes. Certains professionnels reconnus de la culture populaire contemporaine, dont le rap constitue l'avant-garde incontestée, prétendent avoir compris cela. Et c'est pour cette raison, et dans cette perspective, que le clip désormais célèbre intitulé No Pasaran ! (sic) a été très récemment conçu puis réalisé, regroupant l'élite, reconnue par ses consommateurs même,  du hip-hop français d'aujourd'hui, mais également d'hier, puisque Akhénaton (pilier du groupe marseillais IAM) y participe avec fougue. Et comme il le dit lui-même, au beau milieu de ce morceau choral No Pasaran !, il s'agit de combattre les ≪idées≫ du fascisme
On rappellera ici opportunément que, voilà quelques décennies, Akhénaton se présentait comme adversaire résolu du ≪rap de droite≫, comme nous l'évoquions dans un ancien article. Nous renvoyons à la sagacité de notre lectorat le soin de trancher si le ≪rap de droite≫ d'antan a bien été ou non définitivement supplanté par le ≪rap antifasciste≫ d'aujourd'hui. Auprès des jeunes-de-quartier-populaire, s'entend (naturellement). 


Voilà qui s'avère décidément prometteur. La culture sauvera le monde, c'est sûr. Surtout la populaire. Mais venons-en au fait. Ces idées fascistes qu'il s'agit de combattre, quelles sont-elles, au juste ? Nous les montrera-t-on enfin ? Et quelles idées antifascistes leur opposer, à en croire les cadors du rap français ? En vérité, comme vous allez le constater, les choses sont assez simples. Voici un petit florilège, établi par nos soins, de la meilleure culture anti-RN ≪de rue≫ du moment. Mettez-vous ça dans le crâne d'ici dimanche, et le tour est joué. Ils ne passeront pas ! 

(Bon, ça, c'est la base. C'est connu. Un peu comme la terre plate, si tu veux)

(Là aussi, banalité antifasciste de base. Mais ça peut ramener des voix, dimanche.)

(De la merde dans le cerveau, passe encore, mais une puce dans le sang ! Là, mon antifascisme culturel ne fait qu'un tour...)

(Faut dire qu'y en a, ils abusent aussi, de boire du sang de bébé ou de vierge pour augmenter leur puissance. Et puis, se nourrir d'un truc qu'on consomme, c'est indécent, de base. )

(Ça sent la dénazification antifasciste à la russe. Ils l'auront bien cherché, au nom de Dieu...)

(Ça, c'est pour la mère Le Pen et sa nièce ! Qu'elles arrêtent immédiatement ou je ne réponds pas du féministe radical qui sommeille en moi...)


On a décidé de s'arrêter là pour aujourd'hui. Que celles et ceux désireux d'aller au bout en profitent jusqu'à la (jeune) garde. Non que ce morceau de rap, clairement inspiré en tous points de l'anarchisme espagnol des années 1936, ne soit pas autrement passionnant (il regorge, par exemple, de beaux moments de mysticité et de rappels réguliers à une pratique religieuse monothéiste rigoureuse, saine et exigeante) mais, le truc, là, c'est qu'on a encore beaucoup de travail. Il nous reste en effet à convaincre (en usant, notamment, de ce genre d'outils de propagande admirable) une multitude de jeunes-des-quartiers-populaires d'aller faire le bon choix ce week-end. Le fascisme menace. En France comme en Ukraine. Et là-bas comme ici, pour conjurer le péril, n'oubliez jamais, o estimés camarades, que tous les moyens sont bons. Et les mauvais aussi...

Vive la Culture, 
Mort au Fascisme !  

samedi 9 mars 2024

Pas mieux.

(Paris, Place de la République, 8 mars 2024)

jeudi 24 novembre 2022

samedi 24 septembre 2022

Liberté


Il semble qu'en Iran, les flics islamistes perdent progressivement le contrôle des rues un peu partout. À Mashbad, ville natale du Guide Suprême Khameneï, la statue de ce dernier vient d'être incendiée par la foule (voir ci-dessous). Des armureries sont, paraît-il, prises d'assaut et pillées. On s'achemine donc vers un bain de sang (l'armée et les Pasdaran fourbissant vraisemblablement à cette heure leur machine de mort) et une insurrection, dont nous souhaitons évidemment qu'elle triomphe, mais dont on se souviendra, en tous les cas, qu'elle aura démarré par une révolte de femmes contre des Religieux virilistes prétendant les asservir au nom d'un Dieu inexistant. Alain Soral, Zemmour et leurs amis doivent avoir bien mal au cul ces jours-ci, leurs idoles fascistes à gros bras vacillant, de manière inédite, sous la poussée démocratique ≪bourgeoise≫ des fragiles coalisés. Du coup, le stalinisme s'enraye. Il ne comprend plus ce qui se passe : il n'imprime plus, comme disent les journalistes. C'est que, dans le processus révolutionnaire authentique, les libertés, ≪formelles≫ ou ≪matérielles≫, ne sont aucunement ce détail négligeable que nos crétins marxistes occidentaux imaginent d'ordinaire, obsédés qu'ils se trouvent par l'Économie et ses froids mécanismes de structure objective. Dans la définition de tout objet, en l'occurrence, forme et matière sont en effet indissociables, ainsi que le répétait déjà inlassablement un vénérable métaphysicien des temps jadis. Et l'ensemble pousse uniment, tendanciellement, dynamiquement vers une certaine fin toujours ouverte, un certain achèvement toujours reporté, une certaine mystérieuse réalisation.  

mercredi 21 septembre 2022

Danse du feu

 
En Iran, ces jours-ci. 
Mort aux tyrans !

mercredi 24 août 2022

lundi 7 février 2022

Working-Class Éros


Il est notable que Shiva, représentant dans l'Hindouisme le Dieu de la destruction du voile de l'ignorance, désigne plutôt, dans le petit cosmos du capitalisme français, une entreprise de ménage et repassage à domicile donnant, à en croire certaines affiches placardées ces jours-ci dans le métro parisien, ≪toute satisfaction à ses clients depuis plus de 20 ans≫. Shiva a donc décidé récemment de magnifier le prolétariat qu'il emploie, dont on ignore s'il pratique, quant à lui, le Yoga après le travail. Shiva étant en effet aussi le dieu du Yoga, cette activité d'épanouissement martial semble surtout renvoyer ici, dans le monde bien contemporain du Spectacle, à une certaine capacité de souplesse et d'énergie productive appréciable, matérialisée, comme chacun sait, chez son sujet divin, par la possession de quatre bras, ce qui s'avère ma foi extrêmement utile pour nettoyer de fond en comble un duplex bourgeois en un temps record, afin que ses propriétaires puissent s'adonner, eux, en toute sérénité, sitôt la journée de labeur numérique abattue et les enfants enfin extraits de l'école, catholique ou Montessori, au Yoga, précisément, à moins que ce ne soit au Taï Chi Chuan, au Feng Shui ou à la méditation pleine conscience, entre deux séances Netflix. 

Tout dépend donc, dans la vie, de quel côté du Yoga et de la sérénité l'on se place. Question de karma, sans aucun doute. Cela méritait bien un petit ≪dépoussiérage≫ symbolique du métier de femme de ménage, associé traditionnellement, va savoir pourquoi, dans l'inconscient collectif (comme dirait Carl Jung, grand spécialiste de l'Inde mythologique, lui aussi) à l'exploitation la plus éhontée et méprisante qui soit de la force de travail. Ce toilettage bourgeois du Prolétariat montre cependant assez vite ses limites. Dans le métro, passe encore ! Le voyageur pressé aura, certes, tout loisir d'y méditer la bonté d'âme du groupe Shiva, capable d'offrir, grand seigneur, à ses employées, un sublime portrait des célèbres studios Harcourt. Il est vrai qu'il en faut si peu pour satisfaire une femme. Faites-lui croire qu'elle est une star, une princesse, une vedette de cinéma et le tour est joué. Las ! Le spectateur désabusé, néanmoins, volontiers amer et ressassant un vieux fond de mauvais esprit critique, aura tôt fait de constater, s'étant préalablement renseigné plus avant sur les conditions de travail régnant chez Shiva, que la magnificence se paie là, comme toujours, au prix fort. Femme de ménage, cela semble bien vouloir dire, encore et toujours, soumission extrême à des exigences très prosaïques de ≪productivité, rapidité, souplesse, flexibilité, etc≫, tous concepts n'évoquant rien moins que réalisation ou développement personnels, selon le lexique en vigueur chez les clients réguliers (et satisfaits) du groupe Shiva, lesquels possèdent, par exemple, le pouvoir permanent de contrôler, via une ≪appli≫ bien pratique l'activité en temps réel de leur employée de maison préférée. 

(source : site internet Shiva)

On notera aussi, sur le site de l'entreprise, une représentation graphique de l'employée plus conforme à ce que l'on attendait, c'est-à-dire qu'elle apparaît là interchangeable, impersonnelle (quoique, évidemment, majoritairement féminine), simple exemplaire sans visage d'une force de travail en vérité très classiquement conçue.

En ce qui nous concerne, donc, les prolétaires peuvent bien, à l'occasion, arborer un beau regard transfiguré sur les affiches noir et blanc de propagande métropolitaine, ≪dépoussiérer le statut antédiluvien sous lequel on les fait survivre quotidiennement en toute hypocrisie risque de s'avérer plus compliqué que prévu. On a toujours tort d'être fier de son métier. Il n'y a pas de beau métier en ce monde-là. C'est notre petit doigt qui nous le dit et cela vaut, entre autres, pour les employées de chez Shiva. Nous réserverons d'ailleurs, dans la foulée, un certain autre de nos dix doigts, prolongeant chacun de nos deux pauvres bras (n'étant hélas ! pas, quant à nous, des divinités multibrachiales respirant la félicité cosmique) aux très heureux propriétaires et clients (voir ci-dessous) de l'officine susmentionnée. Afin de leur faire passer ici même un chaleureux message de bienveillance et d'amitié transcendantale.   

dimanche 5 septembre 2021

mardi 24 août 2021

Ambiance conviviale

«L'histoire de la guerre démontre qu'une armée conviviale de cyclistes et de piétons peut retourner à son profit le déferlement de la puissance anonyme de l'ennemi. Pourtant, maintenant que la guerre est "finie", nombreux sont les Américains qui pensent qu'avec l'argent dépensé annuellement à se faire vaincre par les Vietnamiens, il serait possible de vaincre plutôt la pauvreté intérieure. D'autres veulent affecter les vingt milliards de dollars du budget de guerre au renforcement de la coopération internationale [sic], ce qui en multiplierait par dix les ressources actuelles. Ni les uns ni les autres ne comprennent que la même structure institutionnelle sous-tend la guerre pacifique contre la pauvreté et la guerre sanglante contre la dissidence. Tous haussent encore d'un degré l'escalade qu'ils entendent éliminer».

(Ivan Illich, La convivialité)

vendredi 18 juin 2021

Le virilisme, cet art de vie

Ci-dessus : Mélancolie Française (détail)

vendredi 23 avril 2021

Afghanistan

Ci-dessus : Jeune femme fouettée en public pour avoir parlé au téléphone avec un garçon, conformément aux normes en vigueur (district de Hérat, Afghanistan, fin 2020). 

mercredi 14 avril 2021

mercredi 24 février 2021

Des nymphes, des femmes et des philosophes

«Dans son petit texte intitulé Nymphes, Giorgio Agamben dévoile la nature véritable de la nymphe : elle est image (...). Chez Boccace, la nymphe "est la figure par excellence de l'objet d'amour" parce qu'elle est précisément image. L'aimée que l'amant emporte partout avec lui, dissimulée dans un bijou ou une bourse, représentée dans un portrait ou cachée dans un poème ou un blason, est désirable pour avoir perdu son corps. L'amant peut ainsi l'intérioriser, la garder en pensée. La nymphe est la femme devenue idée. D'une telle idée, la nymphe florentine est pour Boccace la quintessence. La nymphe abrite ainsi une ambiguïté fondamentale, l'union et et la désunion à la fois du fantasme de la femme et de la femme elle-même. Comme l'insecte en formation, elle se tient à mi-chemin entre la larve et la pleine vie (...). Ainsi les nymphes doivent-elles consommer la relation amoureuse pour s'éveiller à la vie et sortir de l'image.
Mais cette consommation reste à jamais impossible. Comment faire l'amour à une image ? Les nymphes "sont femmes, écrit Boccace, elles leur ressemblent à première vue". Elles leur ressemblent mais il leur manque quelque chose... Boccace a recours à une nouvelle image. "Il est vrai que toutes sont femmes, mais les nymphes, quant à elles, ne pissent pas".
La Muse-nymphe, étant privée d'âme et de corps réel, est aussi privée... mais de quoi ? L'anatomie défaillante de l'époque ne permettant pas de distinguer véritablement entre clitoris, lèvres, vagin et urètre, Boccace réduit la vulve à la miction. Les nymphes sont des femmes "qui ne pissent pas". Agamben considère que Boccace, en s'exprimant ainsi, fait preuve d'un "réalisme brut".
Réalisme vraiment ? S'il est vrai que les nymphes ne reprennent vie qu'à s'unir sexuellement à un homme, la copulation les animera donc en les faisant uriner ? Réalisme, cette confusion entre pisser et jouir ? C'est bien cela, en effet, que signifie "les nymphes ne pissent pas" : les nymphes ne jouissent pas. Elles n'ont pas de sexe, avant que l'homme ne les approche. Et ce sexe, dans l'imaginaire masculin, est doté d'une anatomie fantaisiste. On ne sera pas étonné d'apprendre que Boccace développe une "critique féroce des femmes" et leur préfère les nymphes, privées d'humeurs, moins menaçantes. 
Qu'en est-il quelques siècles plus tard ? Qu'en est-il pour Agamben lui-même, par exemple ? Le clitoris et la vulve sont-ils remis à leur place ? La femme réelle reprend-elle ses droits ?
Le philosophe n'évoque q'une seule fois le sens anatomique des nymphes, dans une brève parenthèse qui mentionne furtivement la nymphomanie. Revenant à Paracelse, Agamben écrit : "Paracelse se rattache ici à une autre tradition, plus ancienne, qui liait indissolublement les nymphes au règne de Vénus et à la passion amoureuse (tradition qui est à l'origine tant du terme psychiatrique de "nymphomanie" que, peut-être, de l'emploi anatomique désignant comme nymphae les petites lèvres du vagin)".
Les nymphae désignaient aussi le clitoris. De cela, Agamben ne dit rien lui non plus. La nymphe se confond ainsi avec l'absence de clitoris qui n'est jamais nommé ni rendu à sa réalité, à l'exactitude morphologique du sexe de la femme. "Le mont de Vénus", si cher à Paracelse, abrite l'énigme d'une éclipse (...). En appelant "nymphe" le clitoris, les anatomistes avaient-ils une idée précise de ce qu'ils désignaient ainsi ? La vulve n'était-elle pas pour eux ce qu'elle demeure encore, très certainement, pour beaucoup de contemporains — philosophes en particulier —, à savoir l'origine indistincte du plaisir, de la reproduction et de la miction tous ensemble ? Sans doute la vie n'est-elle pas le privilège des seuls corps biologiques. Encore faudrait-il, pour l'affirmer, ne pas les priver de vie».

(Catherine Malabou, Le plaisir effacé, Clitoris et pensée, 2020) 

vendredi 11 septembre 2020

Culture


«Une jeune femme a adressé une lettre ouverte au musée d'Orsay dans laquelle elle explique qu'on lui a refusé l'entrée, mardi après-midi, à cause de sa robe. Le motif avancé par les agents du musée parisien ? Un décolleté trop plongeant. Selon son témoignage, un agent de sécurité lui explique que "les règles sont les règles"». 

(La Dépêche, 10 septembre 2020 après leur origine du monde)

jeudi 20 août 2020

Sponsorisé par Virginie Despentes, Les Inrocks, etc

(source : Le Monde, 20-08-20)


Dieu ne serait 
donc pas...
une fille ?

vendredi 31 juillet 2020

G comme...

Gymnaste !

«Comme son G l'indique le gymnaste porte le bouc et la moustache que rejoint presque une grosse mèche en accroche-coeur sur un front bas.
Moulé dans un maillot qui fait deux plis sur l'aine il porte aussi, comme son Y, la queue à gauche.
Tous les coeurs il dévaste mais se doit d'être chaste et son juron est BASTE !
Plus rose que nature et moins adroit qu'un singe il bondit aux agrès saisi d'un zèle pur. Puis du chef de son corps pris dans la corde à noeuds il interroge l'air comme un ver de sa motte.
Pour finir il choit parfois des cintres comme une chemise, mais rebondit sur ses pieds, et c'est alors le parangon adulé de la bêtise humaine qui vous salue».

(Francis Ponge, Le gymnaste)

lundi 11 mai 2020

Déconfinement, mon cul !


«La campagne pour la "deuxième phase de la révolution agraire" mobilisa les jeunes et les étudiants dans les "chantiers du Volontariat", que le pouvoir, dans un de ses tours de passe-passe, avait confié de la main gauche aux partis groupusculaires marxistes et trotskistes qu'il interdisait de la main droite. Qu'importait, pourvu qu'il y eût l'ivresse. Les chantiers du Volontariat furent le creuset de beaucoup d'espoir. Pour plus d'une étudiante, c'était l'occasion de découcher et d'échapper au contrôle des hommes de la famille sur leur vie sexuelle, un droit que la révolution socialiste n'avait pas remis en question. Quand nous rentrions à la maison après les meetings pour la libération des peuples opprimés, nous, le peuple des femmes, retrouvions nos oppresseurs familiers et bien-aimés, nos pères, nos frères et, le matin, à l'université et au bureau, nos oppresseurs patentés, les petits fonctionnaires socialistes tristes et moralistes qui tenaient les affaires courantes du pays. Les chambres des filles à la Cité universitaire étaient strictement interdites aux garçons. La tribu archaïque s'enfonçait dans sa nuit derrière un écran de mots, une lente dérive, mais la révolution agraire allait balayer tout et libérer les femmes. Hier par la guerre de libération, maintenant par la révolution agraire, nous (les femmes) forgions nos discours à la pointe du sacrifice et de la bonne conduite. Nous étions à fond dans la campagne, oubliant l'ambiguïté du pouvoir à notre égard. Nous espérions y trouver l'occasion de faire entendre nos revendications. Cela faisait dix ans que nous attendions de voir reconnaître nos droits ; nous touchions au but. La "deuxième phase" donnait du grain à moudre à nos idées utopiques. La liberté balbutiante des corps et des esprits était bien là. Petit poisson deviendra grand pourvu que Dieu lui prête vie. C'était le cas de le dire.»

(Wassyla Tamzali, Une éducation algérienne)