lundi 20 mars 2023
NO LOGO (but this one)
Du coup, je reprendrais bien une tranche de
Achevons-les !,
Art martial du futur,
Le Moine Bleu overseas,
sport = concept
dimanche 19 mars 2023
≪Beaucoup plus Borne que la plus Borne de tes copines≫
Du coup, je reprendrais bien une tranche de
Achevons-les !,
Larbins du Pouvoir
Comme un 18 dans le 13
(Paris 13th arrondissement, 18th of March.
Macron's police, and its ennemies, both working hard)
Des fois, il s'en faut d'un cheveu. Une rue bloquée des deux côtés (BRAV-M à un bout, gendarmes mobiles à l'autre). Toute sortie n'est pas définitive, comme on dit chez les videurs de boîtes de nuit, mais plutôt impossible, à moins de se changer, soudain, en testeur de conformité de matraques téléscopiques ou de bouclier en plexiglas : ce que l'organisme humain, désireux par principe de persévérer dans son être, refuse. Donc on hésite. Et puis, le miracle, pas si extraordinaire que ça, survient, sous forme du restaurant de poche branché dans lequel, au moment où la pince se referme, dans un nuage de gaz opaque, on entre à deux ou trois avant de s'attabler avec l'autorité naturelle du mec qui sait, et depuis une bonne semaine, ce qu'il veut manger ici au juste. Le temps que la situation se calme un peu dehors, on a partagé une bière avec un camarade parfaitement inconnu, qu'on retrouvera plus tard, ou jamais. Sans compter que le gars nous invite, en plus. La prochaine, ce sera pour nous. Et à la sortie, la voie est libre. La rue est vide. Normal, la manif sauvage est déjà partie voir ailleurs ce qu'elle pourrait brûler, perturber, réveiller, suivie (avec difficulté) par les flics de Macron, lesquels n'ont pas fini de courir après toutes celles qui suivront, d'ici leur soixante-quatrième anniversaire. Il risque d'y en avoir un paquet. On est là !
Du coup, je reprendrais bien une tranche de
Achevons-les !,
Anti-Monde vaincra !,
Le Moine Bleu overseas
vendredi 17 mars 2023
Ville-lumière
Paris, yesterday night.
Seems like Summer of Love's coming.
Earlier than expected.
Du coup, je reprendrais bien une tranche de
Achevons-les !,
Bonne nouvelle,
Le Moine Bleu overseas,
Violence du négatif
Pavé luisant, charrette, corbeille...
Paris, yesterday night. On the very spot where last king and queen of France got some pretty bad (and final) moments.
But that was long time ago.
Wasn't it ?
Du coup, je reprendrais bien une tranche de
Achevons-les !,
Le Moine Bleu overseas,
Violence du négatif
Croisade des Albigeois
Dédicace à Dame Guiraude de Lavaur !
Et aux «pires des hérétiques», de manière générale.
Du coup, je reprendrais bien une tranche de
Anti-Monde vaincra !
Au-dessus des normales saisonnières (49, 3° à Dijon)
Dijon, Bourgogne, France,
these very days.
Burn, baby, burn !
Du coup, je reprendrais bien une tranche de
Achevons-les !,
Le banquier idéal,
Violence du négatif
jeudi 16 mars 2023
mercredi 15 mars 2023
Aux poubelles de l'histoire
Du coup, je reprendrais bien une tranche de
Achevons-les !,
Anti-Monde vaincra !,
Citoyen-flic,
Larbins du Pouvoir,
Violence du négatif
dimanche 12 mars 2023
Modèle scandinave
Du coup, je reprendrais bien une tranche de
Larbins du Pouvoir,
Michel Sapin,
Socialistes immondes
jeudi 9 mars 2023
À faire pleurer dans les chômeurs !
Du coup, je reprendrais bien une tranche de
Choses vues et témoignages bouleversants,
L'économie,
Larbins du Pouvoir
mercredi 8 mars 2023
Mona Lisa en reconductible !
Du coup, je reprendrais bien une tranche de
Anti-Monde vaincra !,
Recréer du lien social
mardi 7 mars 2023
La bagatelle sur de beaux draps
À Paris, quelque part dans le 19ème arrondissement, le 1er mars dernier, surgissait la chose ci-dessus. Deux jours plus tard étaient intervenues, sur la scène de crime, quelques légères modifications (voir la photographie ci-dessous). On a notre petite idée du sens et de l'origine de ces dernières. Des camarades penchent pour d'autres hypothèses, à caractère plus pessimistes (pour nous). Chacun se fera donc son opinion quant à la nature ─ idéologique ou critique ─ du sabotage en question.
À tout à l'heure dans la rue !
Du coup, je reprendrais bien une tranche de
Anti-Monde vaincra !,
r,
Recréer du lien social
lundi 6 mars 2023
La paix, dites-vous !
Que ce soit en Grèce, en Russie ou en France, l'irrationalité d'État contemporaine expose incontestablement à tous types de risques, dont la variété s'étend bien au-delà du simple assassinat par privatisation ferroviaire, mitraillage extra-judiciaire précédé de torture et de viol ou recul autoritaire de l'âge légal de la retraite. On notera que lesdits risques en viennent accessoirement, et inévitablement, à concerner les sujets étatiques eux-mêmes.
***
≪La paix, dites-vous ! Ou plutôt ce qu'on appelle paix aujourd'hui. J'affirme au contraire que jamais les oppositions n'ont été aussi aiguës que de nos jours, et que l'éternelle opposition (qui est la même dans toutes les époques, sauf qu'au cours de l'Histoire, elle s'accroît et se développe toujours davantage) : l'opposition de la liberté et de la non-liberté a été portée à son ultime et plus haut sommet dans notre présent qui ressemble tant à la période de dissolution du monde païen !≫
(Bakounine, La réaction en Allemagne, 1842)
Du coup, je reprendrais bien une tranche de
Anti-Monde vaincra !,
Il faut être raisonnable !,
Violence du négatif
vendredi 3 mars 2023
jeudi 2 mars 2023
Hadji-Lazaro (1956-2023)
On avait la quinzaine. Et l'on n'oublie rien de ce temps. Rien de la musique de ce temps, qui n'était que musique, et dont chaque seconde d'ambiance, pour notre tristesse et notre mélancolie, reste, à nous seuls, transparente. On pourrait en graver le texte et le jeu, de ces secondes, chacune d'entre elles : reconstituer, à cet effet, tous ces endroits, ces salles, ces bars, ces rues, ces maisons qui n'existent plus, et les nuits, le profond de la nuit où tout cela se donnait, grouillant de désir et chavirant d'ivresse. On pourrait le reconstituer. Avec la plus grande précision. Tout est désespérément là. Le reste, ma foi, soit : le présent, et puis ce qu'on a fait hier, ce qu'on fera dans les vingt prochaines semaines. Bof. Aucune importance, en vérité. On attend autre chose, et depuis bien longtemps. Depuis l'éternité. Renaître. On avait la quinzaine.
Du coup, je reprendrais bien une tranche de
c'est la vie,
Punk'n oï !,
Stone dead forever
mardi 28 février 2023
lundi 27 février 2023
Cahier des charges (NF)
1°) Mépriser la ≪morale bourgeoise≫. Le plus obsessionnel sera le mieux. Ne faire, bien entendu, aucun cas de toute assertion pouvant risquer d'assimiler l'intelligence à une catégorie morale (ainsi que le disait quelqu'un, jadis : probablement un Juif de droite) ;
2°) Poser au ≪barbare≫ en tous points (plus qu'au ≪beauf≫). Surjouer, notamment, l'arrogance et l'insolence lettrée, et pressée. Éviter, à ce titre, de développer sérieusement aucun concept simplement balancé gratuitement, à la volée. Ce qui serait céder aux exigences de la morale bourgeoise (voir point n°1) ;
3°) Vanter la ≪dialectique≫ de manière d'autant plus convaincue qu'on n'y connaît rien, tout en la combattant comme on respire, étant donné la conception du monde dont on procède, en tant que misérable exemplaire, historiquement situé, d'une idéologie post-moderne radicalement anti-dialectique (et accessoirement contre-révolutionnaire) ;
4°) Brasser du vent et de la merde, dans l'équivalence parfaite des matières : sur un strict ≪plan d'immanence≫ ou d'≪univocité de l'être≫, comme disait Gilles Deleuze (philosophe français de la fin du vingtième siècle, peu connu de nos services, mais sans aucun doute ≪éminemment marxiste≫, dialecticien et décolonial) ;
5°) Défendre un maximum de racistes possibles au nom de l'anticolonialisme et du marxisme éminent, pourvu, bien entendu, qu'iels soient publiéEs aux éditions de la Fabrique (Paris, France). Ne pas oublier, à cet effet, de citer Friedrich Nietzsche, célèbre penseur éminemment marxiste et anti-colonialiste allemand de la fin du dix-neuvième siècle ;
6°) Ne pas oublier, pour conclure et avant de faire route vers tout autre blog de gauche anticapitaliste raisonnable, d'insulter la résistance ukrainienne à la barbarie colonialiste russe en cours, au nom de l'anticolonialisme et du marxisme éminent, lesquels (rappelons-le tout de même pour les étourdiEs qui nous liraient) ne sont nullement compatibles avec la morale bourgeoise (derechef, voir point n°1) ;
7°) Se coiffer de la manière la plus ridicule possible, étant donné les touffes éparses pouvant encore parsemer le crâne d'un barbare blanc de plus de cinquante ans (voir point n°2).
Du coup, je reprendrais bien une tranche de
Éditions de la Fibrose,
Gauchistes ridicules,
Pends ton propriétaire surtout s'il est de gauche
dimanche 26 février 2023
Oh les beaux jours
Les mauvais jours finiront, paraît-il. Mais c'est encore trop peu dire. Ce qui semble devoir finir, assurément, ce sont les très beaux jours des très mauvaises gens. En sorte que nous devrions nous estimer heureux. Nous aurons, les uns et les autres, mangé notre pain blanc.
Du coup, je reprendrais bien une tranche de
Anti-Monde vaincra !,
c'est la vie
samedi 25 février 2023
Contre le Principe Espérance
C'est parti, Horkiki...
Moult passages du Concept de nature chez Marx, de Alfred Schmidt, rédigé à la fin des années 1950, et publié en 1962, prennent pour cible Ernst Bloch et sa conception métaphysique de la matière, laquelle se trouve toujours associée chez ce dernier, comme on le sait, à la catégorie philosophique de ≪possibilité≫ (dynamei ôn). Reprenant Aristote, et dépassant le statut pis que problématique : aporétique, indissociablement associé par le Stagirite à la matière (cette matière qui est sans être, pour ainsi dire, en tant que pure indétermination), Bloch, fidèle à une certaine tradition souterraine filant du Moyen Âge judéo-arabe (Avicébron et sa Fontaine de vie, en particulier) jusqu'à Marx (chez qui la matière, rarement étudiée pour elle-même, est néanmoins, en de très rares occasions, dite ≪faim ou pulsion≫), considère la matière comme tendance réelle exigeant réalisation sans devoir pourtant jamais obtenir satisfaction adéquate, comme mouvement d'appel érotique déposant successivement, comme autant de vêtements dont on se lasserait, les formes qui l'expriment. Sa position, pour le dire simplement, est celle d'un ontologue en quête d'"un fondement du monde, un principe de l'être s'engendrant lui-même" (Schmidt, op. cit., p. 213). La position ≪matérialiste≫ contemporaine (songeons, par exemple, à ce que signifie aujourd'hui l'expression ≪féminisme matérialiste≫ !) se trouve bien entendu à mille lieues d'une telle tendance ontologique (ou métaphysique) se rapprochant, à bien des égards, de la nôtre ; exerçant, du moins, incontestablement sur nous une fascination maintenue. Corrélativement, le lien entre être et devoir-être, nature et normes, nous apparaît également nécessaire. En cela encore, nous pencherions spontanément du côté de l'aristotélisme de Bloch, de son ≪être humain, animal politique≫, d'un principe premier (la vie, ou l'âme, ou la matière vivante) s'appliquant ensuite, de manière différenciée, à chacun de ses genres et de ses espèces. Ce qui définit bel et bien une tendance métaphysique.
D'où vient alors que les passages qui suivent (voir ci-dessous), tirés de Matérialisme et métaphysique, article de Horkheimer publié en 1933, nous plaisent à peu près autant, eux qui tirent franchement du côté opposé ? Un tel plaisir, typiquement critique, serait-il lié à la légèreté ironique et inquiète (que nous sentons bien) avec laquelle Horkheimer ou Adorno accueillent toujours, de manière immanente, la contradiction au sein même de leur propre pensée ? La critique de la métaphysique s'accompagne, en effet, immanquablement chez eux d'une volonté explicite de la sauver, ou disons : de préserver en elle le dépassement émancipateur idéaliste du donné, du factuel (de l'existant), qu'elle incarne. De même, le découplage ici prétendu absolu entre ≪matérialisme≫ et ≪valeurs≫ devrait lui-même se voir critiqué, et médiatisé. Très peu de temps auparavant, dans son extraordinaire Crépuscule (1932), le même Horkheimer défendait par exemple (contre l'espèce largement répandue des ≪professeurs d'université marxistes≫, boursouflés de leurs explications ≪scientifiques≫ définitives, à dominante économiste, proto-structuraliste ou ≪anti-humaniste≫ du monde) la thèse d'une pleine légitimité d'un début éthique scandalisé (les choses n'étant pas ce qu'elles devraient être) de la révolte de classe, aux résultats par ailleurs tout sauf garantis (pas d'automatisme scientifique de la révolution, ni de son triomphe) du point de vue du prolétaire révolté. Matérialisme métaphysique, d'un côté, donc (Bloch) ; Matérialisme anti-métaphysique, de l'autre (Hokheimer), sans, étrangement, que toutes passerelles se trouvent intuitivement rompues entre les deux. Mais où trouver précisément le point de contact ? Mystère. Sans doute dans le rôle joué, chez Horkheimer, par l'Histoire, rebattant dans un mouvement matériel ininterrompu (substantiel), la définition des choses et des valeurs, mais pas la tendance invariablement (naturellement) humaine à la constatation théorique puis à la suppression pratique de la douleur, à tous les âges, sous toutes ses formes. Cette tendance est célébrée comme hautement rationnelle. Le pessimisme horkheimérien se distingue ainsi des autres pessimismes en ce qu'il ne juge jamais valable quelque défense conservatrice que ce soit de la résignation, au nom d'un fatalisme transcendant à l'Histoire. Les Hommes pourraient, il y insiste, mettre à bas ce monde injuste, ignoble, laid et irrationnel : ce serait en leur pouvoir, ils en auraient les moyens et y trouveraient tout leur intérêt et bonheur possibles, loin de ce qu'un Schopenhauer trouverait à y redire. Mais ils ne le font pas, voilà tout ! ou plutôt, ne l'ont pas encore fait. Et, cela ayant été rappelé, impossible de tirer de ce néant passé d'émancipation quelque leçon future, épistémologique ou politique, que ce soit (en un sens optimiste ou pessimiste). L'espérance, contrairement à ce que soutiendra toujours Ernst Bloch, ne saurait être présentée comme une force. Elle doit demeurer une utopie, non-figurable aux termes de l'ancienne proscription juive des images. ≪L'espérance≫, dira Adorno, ne peut être un ≪Principe≫. On aurait bien du mal à ne pas l'entendre. Mais on a beaucoup de mal à l'encaisser.
***
1
≪En s'occupant de l'"énigme de l'existence", de la "totalité" du monde, de la "vie", de "l'en-soi", ou d'autre chose encore, et de quelque façon qu'elle formule sa problématique, la métaphysique espère pouvoir tirer des conséquences précises concernant l'action. L'être jusqu'auquel elle s'efforce de parvenir doit avoir, certainement, une organisation, une nature dont la connaissance est d'une importance décisive pour la conduite de la vie humaine ; il doit nécessairement exister une attitude pratique qui correspond à cet être. Ce qui caractérise le métaphysicien, c'est l'effort pour subordonner sa vie personnelle, dans tous les domaines, à la perception qu'il a des premiers principes et des fins dernières, - que ce qu'il perçoit ainsi le mène à la plus intense activité dans le monde, à l'ataraxie ou à l'ascétisme, peu importe, et peu importe également qu'il se représente l'exigence ainsi reconnue comme identique pour tous les temps et tous les humains ou au contraire comme différenciée et sujette à changement≫.
2
≪De par sa nature propre, la thèse matérialiste exclut de telles conséquences. Le principe qu'elle pose comme étant la réalité ne se prête pas à la déduction d'une norme quelconque. En elle-même la matière n'a pas de sens, et on ne peut faire découler de ses propriétés aucune règle de vie, ni sous la forme d'un commandement ni sous celle d'un exemple à suivre. Ce n'est pas que sa connaissance précise n'ait pas d'avantage pour l'homme qui agit : le matérialiste s'efforcera, en fonction des différents objectifs qu'il peut se fixer, d'acquérir la certitude la plus approfondie concernant la structure de la matière ; mais bien que la connaissance scientifique du réel contribue à tout moment en fonction de son développement - de même que, d'une façon plus générale, le niveau atteint par les forces productives - à orienter, à l'intérieur du processus global de l'activité sociale, la définition de ces objectifs, ceux-ci ne sont pas fixés par la science elle-même≫.
3
≪Quoi qu'il en soit, le matérialisme essaie de substituer à la justification des actes la compréhension historique de l'homme agissant, et ne voit jamais qu'une illusion dans les tentatives pour le justifier. Si la plupart des hommes éprouvent aujourd'hui encore un très fort besoin de se justifier ainsi, s'il ne leur suffit pas, lorsqu'ils ont à prendre des décisions importantes, d'invoquer des sentiments comme l'indignation, la pitié, l'amour, la solidarité, et s'ils cherchent à justifier leurs impulsions en se référant à un ordre du monde fondé dans l'absolu, en les qualifiant de "morales", cela ne suffit nullement à prouver que ce besoin puisse être satisfait de façon conforme à la raison. La vie du plus grand nombre est fait d'une telle misère, de tant de privations et d'humiliations, les efforts et les résultats sont, la plupart du temps, si radicalement disproportionnés, que l'on comprend trop bien l'espoir que l'ordre terrestre ne soit pas peut-être la seule réalité. En ne présentant pas cet espoir comme ce qu'il est, mais en s'efforçant de le rationaliser, l'idéalisme devient un moyen de transfigurer un renoncement aux satisfactions instinctives imposé par la nature et par l'organisation sociale. Aucun philosophe n'a vu plus profondément que Kant que l'espérance était le seul fondement possible pour l'hypothèse d'un ordre transcendant≫.
4
≪Le matérialisme considère notamment toute philosophie qui entreprend de justifier cette espérance à laquelle on ne peut donner un fondement, ou même qui entreprend simplement de masquer cette impossibilité, comme une imposture commise au détriment de l'homme. Quel que soit son optimisme quant aux possibilités de transformer l'ordre établi, quelque valeur qu'il accorde au bonheur que procurent la solidarité et la part prise à l'oeuvre de transformation, le matérialisme comporte donc une composante pessimiste. L'injustice passée ne sera jamais réparée. Rien ne compensera jamais les souffrances des générations disparues. Mais tandis que les philosophes idéalistes d'aujourd'hui, sous les espèces du fatalisme et de la philosophie de la décadence, tournent leur pessimisme vers l'existence terrestre, présente et future, et affirment qu'il est impossible d'assurer à l'avenir le bonheur de tous, la tristesse inhérente au matérialisme porte sur les événements du passé≫.
(Max Horkheimer, Matérialisme et métaphysique)
Du coup, je reprendrais bien une tranche de
Adorno,
Aristote,
Ernst Bloch,
Frankfurter Allgemeine
mercredi 22 février 2023
Tout ça, c'est la faute à l'OTAN ! (épisode 666)
(«Et d'ailleurs, selon nos services de renseignements, Pierre Palmade en personne s'apprêtait à rejoindre ces jours-ci les parachutistes du régime néo-nazi de Kiev, équipés d'armes biologiques et nucléaires. Heureusement, le GRU, le FSB, ainsi que le SGUEG ont fait le nécessaire...»)
«Les occidentaux ne cessent d’attaquer notre culture, l’Eglise orthodoxe russe et les autres organisations religieuses traditionnelles de notre pays. Regardez ce qu’ils font à leurs propres peuples : la destruction de l’identité culturelle et nationale de la famille, l’abus d’enfants jusqu’à la pédophilie sont déclarés la norme, la norme de leur vie. Mais j’aimerais leur dire, eh bien ! regardez, excusez-moi... [sic] : les Saintes Ecritures ! Et les livres principaux de toutes les autres religions du monde ! Elles disent tout, ces Saintes écritures, y compris que la famille est une union entre un homme et une femme ! (...). Des millions de gens en Occident comprennent néanmoins qu’on les mène à cette catastrophe spirituelle. Les élites deviennent folles et ça devient un problème intraitable en termes de médecine. Mais nous devons protéger nos enfants.»
(Vladimir Poutine, «discours à la nation russe», 21-02-23)
Du coup, je reprendrais bien une tranche de
Anti-Monde vaincra !,
Familles je vous kiffe !,
Fascisme généralisé,
Gauchistes ridicules,
Nouveau Sujet Révolutionnaire,
Pends ton propriétaire surtout s'il est de gauche,
Penser comme une quenelle
dimanche 22 janvier 2023
Jünger par Müller
≪ Heiner Müller : J'avais déjà lu Jünger avant la guerre. Mon père m'avait donné Sur les falaises de marbre, et me l'avait présenté comme un livre secret de résistance. J'avais 13 ou 14 ans. Je ne dirais pas aujourd'hui que Sur les falaises... fait partie des meilleurs textes de Jünger, mais l'allégorie marmoréenne était tout à fait transparente à cette période-là. Le Grand Forestier, avec sa cabane de torture dans la forêt, pour nous, c'était Hitler. Dès 1933, en Saxe, on appelait Hitler le Grand Forestier. Plus tard, le nom a été donné à Göring. On parlait aussi d'Hitler comme du caporal bohémien. Après la guerre, j'ai lu Feuilles et pierres, un recueil d'essais qui comprenait entre autres : "La mobilisation totale", "Sur la douleur", "Lettre sicilienne à un habitant de la Lune", et "Éloge des voyelles". Les textes de Jünger et de Nietzsche ont été la première chose que j'ai lue après la guerre.
- Qu'est-ce qui t'a amené à rendre visite pour la première fois à Ernst Jünger en 1988 ?
HM : J'avais toujours eu envie de le rencontrer. C'est ensuite une connaissance, Manfred Giesler, qui tenait un café dans une galerie à Berlin, qui a arrangé ça. J'ai écrit une lettre à Jünger en faisant allusion à mes premières impressions de lecture, et en particulier à Feuilles et pierres, et nous avons été invités à Wilflingen, où il habite la maison de l'ancien administrateur de biens des Stauffenberg. Jünger s'est informé ou s'est arrangé pour avoir des informations. Il a d'abord parlé de l'impression que son éditeur Klett avait eu de Alceste, le spectacle de Wilson à Stuttgart. Dans Alceste, Wilson a utilisé un texte de moi. Ensuite, nous avons parlé de Wolfgang Harisch, un ennemi commun. Il m'a montré l'édition de E.T.A Hoffmann faite par le père de Harisch, qui était pour lui un trésor, quelque chose de très important. Je l'ai trouvé peu de temps après chez un bouquiniste. Une belle édition avec de belles introductions, des commentaires. Jünger a raconté que cela l'avait particulièrement affecté que ce soit justement le fils de l'homme qu'il estimait à cause de cette édition, qui ait été le premier après la guerre à avoir polémiqué contre lui dans la revue Aufbau. C'était le premier essai d'une certaine ampleur contre Jünger, le présentant comme précurseur et compagnon de route du fascisme. Harisch citait à titre de preuve particulière de la barbarie de Jünger un aphorisme tiré de Feuilles et pierres : "Dans un mécanisme comme la bataille de la Somme, l'attaque était quelque chose comme un ressaisissement, un acte de sociabilité." C'est une phrase qui, déjà à l'époque, m'avait paru tout à fait évidente ; Jünger décrit une expérience de la bataille de matériel que l'on ne peut pas comprendre en partant du pacifisme, d'une position morale. La bataille de la Somme a été la première des grandes batailles d'armement.
- Quel effet produisait-il sur toi en tant que personne ?
HM : Jünger est un vieil homme très gracile. Il se déplace avec beaucoup de légèreté. Il a bu énormément de champagne. Je ne supporte pas le champagne. C'était très difficile pour moi de tenir le rythme, verre après verre. Il y avait un petit déjeuner avec. Les places étaient désignées par des papiers ; Giesler passait pour mon chauffeur. Mais il pouvait aussi se présenter comme un connaisseur de Jünger parce qu'il venait de vivre quelque chose de désagréable aux frontières allemande et italienne. Il avait Approches, drogues et ivresse de Jünger à côté de lui dans la voiture. Le douanier italien l'a vu et a dit : "Vous lisez Jünger, intéressant." Le douanier allemand a vu le livre et a dit : "Ouvrez votre coffre et videz vos sacs." Jünger était ravi de l'histoire. Ça lui procurait une joie très juvénile, presque enfantine, d'être un mauvais garçon. Il a raconté que - après la parution du livre - il a reçu une lettre d'un député chrétien-démocrate au Bundestag. Cet homme l'avait informé qu'après cette oeuvre qui corrompait la jeunesse, il ne prendrait plus jamais en main un livre de Jünger, et interviendrait personnellement pour que Jünger ne reçoive plus jamais un prix en Allemagne fédérale. Jünger était ravi de déranger encore, d'être encore un méchant. Il m'a dit : "Savez-vous qui était assis avant vous sur cette chaise ? Mitterrand." Il avait une édition de Saint-Simon et a raconté que depuis quatre ou cinq ans, il lisait Saint Simon, quarante pages tous les soirs. Il ne lisait d'ailleurs plus que de la littérature du dix-huitième siècle, ou de la littérature antérieure au dix-huitième siècle. La période postérieure ne l'intéressait en fait plus beaucoup. Et Mitterrand, qui avait été assis sur cette chaise, avait dit quelque chose de dépréciatif sur Saint-Simon et s'était donc disqualifié. Sa femme, une archiviste de Marbach, le soignait comme un monument aimé. Et lorsqu'elle nous a amenés dans la pièce aux reliques, elle a dit : "Maintenant, nous allons voir le musée." Jünger n'a peur de rien si ce n'est des femmes. C'est l'impression que j'ai eue. Je lui ai demandé s'il n'avait pas rencontré Brecht pendant sa période berlinoise, avant 1933. Jünger a dit très vite : "Non, jamais." Puis sa femme est intervenue, elle a dit : "Mais tu as quand même raconté cette histoire avec Rudolf Schlichter." - Ah oui, environ douze fois", a-t-il dit tout aussi vite. Et puis il a raconté l'histoire : Brecht était devant le portrait de Jünger par Schichting, une huile - bien entendu ils se sont rencontrés assez souvent : Carl Schmitt, Jünger, Brecht, Bronnen, Benn aussi, je crois, dans un café à Berlin Au porcelet noir - en tout cas, Brecht était devant le tableau et a dit : "Du kitsch allemand..." C'est peut-être la raison pour laquelle Jünger, quand je lui ai parlé de Brecht, a dit très vite : "Non, jamais".
- Qu'est ce que Jünger savait de toi ?
HM : Qu'il ait su quelque chose de moi, je ne le crois pas, non. Elle s'était informée, bien entendu, et il était au courant de la polémique de Harisch contre Macbeth. Et c'était notre point d'entente, l'ennemi commun. Il était vraiment agréable à tout moment, et il avait aussi de l'humour, il était aussi capable de se considérer lui-même avec ironie. Je lui ai posé une question sur un passage de Jardins et routes dans lequel il décrit la façon dont il file à cheval vers une bataille à la tête de sa compagnie, en France, pendant la Seconde Guerre Mondiale. On entend et on voit que c'est une bataille atroce, mais pendant tout ce temps, il ne pense absolument pas à la bataille mais à un article du Völkischer Beobachter où il y a quelque chose de négatif sur lui, une attaque. Et il enchaîne sur une remarque au sujet de la différence entre courage pendant la guerre et courage pendant une guerre civile. Le courage pendant la guerre est une question de formation, il y a peu de gens qui ne soient pas courageux pendant la guerre. Mais, dans une guerre civile, on est seul, le courage dans une guerre civile est quelque chose de rare. Son modèle était Ernst Niekisch, membre du Comité Central de la SED après la guerre, avec qui il était ami. Jünger décrit la façon dont il a commencé, après l'arrestation de Niekisch, dans son appartement à Charlottenburg, à trier tout ce qui pouvait l'accabler. Il a tout brûlé et a vidé les cendres dans une poubelle de l'arrière-cour. Je lui ai donc posé des questions sur cette histoire et il s'est tu, légèrement gêné. Sa femme a parlé pour lui : "Les jeunes gens ne savent pas sous quelle pression on était à l'époque." Cela m'a plu, qu'il n'ait rien dit là-dessus. Ensuite, sa femme nous a conduit dans le musée. Là, il y avait un buste de lui par Breker. Nous sommes passés devant, et il a dit en passant : "Un homme méconnu." Et puis nous sommes passés devant une autre étagère devant laquelle il y avait quelque chose de Carl Schmitt, et je lui ai posé une question sur Carl Schmitt. Là non plus, il n'a rien dit. Il y avait surement là un contentieux. Schmitt a écrit quelque chose d'ironique sur un texte de Jünger, une lettre sur le texte de Jünger : Passage de la ligne.
Ils avaient commandé un repas dans une auberge du village et aussi une chambre pour nous, nous sommes sortis, elle est allée chercher sa Toyota au garage et a démarré brusquement, il avait donc un quart d'heure de libre, il venait avec nous. Nous lui avons demandé si nous pouvions fumer, si ça le dérangeait. Il a dit qu'il avait toujours fumé avec plaisir ses Dunhill, le matin dans le jardin, mais que sa femme disait que ce n'était pas bon pour ses bronches. Bien entendu, nous avons profité de l'occasion pour lui poser des questions sur son expérience des drogues. Sur le sujet, il était loquace, nous n'avons presque pas parlé de sujets politiques. On voyait qu'il n'était pas riche, les livres ne rapportent pas grand-chose. Il ressent certainement aussi très fortement son isolement, le fait que les jeunes gens ne veuillent pas parler avec lui, parce qu'il est suspect pour beaucoup. Nous avons encore effleuré un sujet. Dans le Spiegel, il venait juste de paraître un scénario catastrophe, une vision sombre des catastrophes à venir. Nous avons eu un vrai contact en tant qu'amateurs de catastrophes, plus tard aussi, pendant le repas. J'ai raconté une blague, qui pour sa femme était à la limite du supportable, mais qui lui a beaucoup plu. Puis il a encore bu au minimum deux ou trois chopes de bière sans effet perceptible.
- Que penses-tu des protestations contre Jünger, par exemple contre l'attribution du prix Goethe en 1982 ?
Pour moi, Jünger n'a jamais été un héros, je n'ai donc pas considéré les protestations contre lui lors de l'attribution du prix Goethe à Francfort comme une humiliation du héros, je les ai simplement trouvé superflues. Ce qui m'intéressait, c'était son oeuvre littéraire. Je ne suis pas capable de lire moralement, tout aussi peu que je suis capable d'écrire moralement. Il y a d'autres problèmes, chaque chose a son prix : quand il veut écrire qu'il est allé en vélo au village voisin, pour acheter des graines de plantes, il y a chez lui : "Pour des trajets de cette espèce, je recours à l'utilisation de la bicyclette". Je connais le problème, mais comme je laisse tout simplement tomber l'achat de graines, je ne suis pas embêté. Il y a une autre différence, qui est simplement que j'écris à la machine à écrire, et Jünger à la plume. Je ne peux plus écrire à la main. Sauf des notes. Cela se répercute bien entendu sur la forme, sur la façon d'écrire, la technologie.
Le problème de Jünger est un problème de ce siècle. Avant que les femmes aient pu être une expérience pour lui, ç'a été la guerre.≫
(Heiner Müller, Guerre sans bataille, vie sous deux dictatures)
Du coup, je reprendrais bien une tranche de
Ernst Jünger,
Heiner Müller,
Littérature du temps que ça existait
vendredi 20 janvier 2023
Claude Guillon, anarchiste.
Claude Guillon est mort hier, dans l'après-midi, au moment précis où éclatait dans Paris une réjouissante séquence émeutière parmi la manifestation hostile à la réforme macronienne des retraites. La chose, évidemment, lui aurait beaucoup plu. Nous sommes, quant à nous, extrêmement tristes, extrêmement affectés de cette disparition, laquelle s'ajoute à beaucoup d'autres récentes nous ayant sévèrement touchés. Nous n'oublierons rien de ce beau travail de toute une vie ; de ces efforts intellectuels prolongés, notamment historiens ; de cette anarchie délicate, cultivée, sophistiquée, demeurée jusqu'au bout d'une farouche intransigeance et indépendance. Une anarchie largement passée de mode, en vérité : incorruptible, jamais coupable d'avoir versé dans cette foultitude d'errements opportunistes habituels faisant désormais la pluie et le beau temps, ou plutôt la loi et l'ordre, au sein d'un certain milieu ≪radical≫, ≪libertaire≫, etc, en voie de stalinisation accélérée. Nous n'oublierons, à ce titre, aucun des procès odieux, ridicules et mesquins lui ayant été intentés, de loin en loin ces dernières années, par toutes sortes de gens provenus d'horizons divers, mais communiant dans l'amour de vertus qui ne seront jamais les nôtres.
À bientôt, camarade !
Du coup, je reprendrais bien une tranche de
Anti-Monde vaincra !,
c'est la vie
lundi 9 janvier 2023
2023 : année de l'Urbanisme Unitaire ?
(La Croix, 9-01-2022)
Lorsque des abrutis de fascistes brésiliens dévastent le grand œuvre de M. Oscar Niemeyer, il nous vient, mesquins que nous sommes et en ce glacial début d'année, comment dire ? un certain sentiment de plénitude calorifère, vengeresse et cynique qui ne serait, certes, pas à la portée du premier démocrate venu. Mais bon ! on ne prétend pas (et on n'a jamais prétendu) faire école en matière de ressentiment. On garde ça pour nous et on attend juste, maintenant, avec impatience utopique, que vienne, de l'autre côté de l'Atlantique, le tour d'un certain édifice du même ordre (et du même auteur) à caractère festif-citoyen, exactement sis place du Colonel-Fabien (Paris 10ème). Un endroit ≪surdéterminé≫, comme on disait à une certaine époque, et où, assurément, de très longue date, une certaine réhabilitation s'impose, ainsi que s'expriment toujours, d'ordinaire, les grands propriétaires de gauche, à fin de justifier leurs beaux projets de progrès et d'investissement social, via la destruction méthodique de tout ce qui survivait là.
Du coup, je reprendrais bien une tranche de
Achevons-les !,
Bonne nouvelle,
Fascisme généralisé,
Pends ton propriétaire surtout s'il est de gauche
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