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lundi 8 avril 2024

Vous avez un (nouveau) message !

Ci-dessus : Le second message, 
par Mahmûd Muhammad Taha (publié en 1981)

≪Le livre de Taha tranche d'une manière radicale entre la part vive ─ encore valide ─ et la part périssable ─ obsolète ─ du Coran. Les révélations mecquoises, signalant la dimension métaphysique, ethnique, eschatologique (le versant "mont des Oliviers, en somme) peuvent encore nourrir et structurer les âmes, tandis que l'organisation médinoise, plus juridique, politique, militaire, constitue la part conjoncturelle, archaïque, adaptée aux mentalités d'une époque révolue, dépassée par l'évolution humaine. Cette distinction rend caduques les légitimations de l'esclavage, de la polygamie, du voile, du droit de succession différent selon les sexes, de l'interdit de l'adoption, du vin ; exit la loi du talion ainsi que les hudûd, ces châtiments corporels assimilés aux peines pénales (appelant à couper la main du voleur, à lapider à mort l'adultère, etc) ; exit le jihâd, la guerre sainte, la jizya, l'impôt humiliant qui enferme le minoritaire, le dhimmi, le "protégé", dans un statut inférieur. Et de demander qu'on adopte, à la place de ces lois archaïques, les acquis de l'habeas corpus, préalable à l'adaptation aux avancées du droit positif occidental. 
En somme, l'auteur renverse le procédé technique de l'abrogé et de l'abrogeant utilisé dans l'exégèse traditionnelle, laquelle résout, comme nous l'avons vu, les contradictions coraniques en donnant aux versets postérieurs ─ médinois ─ la capacité d'abroger les versets antérieurs ─ mecquois ─, qui sont plus doux, moins exclusifs, parce qu'ils n'ont pas été inspirés dans une position de pouvoir. Par l'effet de cette inversion, les dispositions scripturaires qui symbolisent les revendications polémiques des intégristes sont situés par Mahmûd Muhammad Taha dans la part caduque du Coran. Là où nos intégristes radicalisent et systématisent le procédé de l'abrogeant et de l'abrogé, il le déconstruit en le retournant.

(Mahmûd Muhammad Taha, 1909-1985)

Voici un exemple illustrant ces deux manières opposées. Les intégristes estiment que le verset qui affirme : Pas de contrainte en religion (Coran II, 256) est abrogé par un autre verset qui appelle à combattre les infidèles (en incluant parmi ces derniers les monothéistes et les païens) : Combattez ceux qui ne croient pas en Dieu ni au Jour dernier, ceux qui ne déclarent pas illicite ce que Dieu et son Apôtre ont déclaré illicite, ceux qui ne pratiquent pas la religion vraie, parmi ceux qui ont reçu l'Écriture ! Combattez-les jusqu'à ce qu'ils paient la jizya d'une main et qu'ils soient ainsi humiliés (Coran, IX, 29). N'établissant pas de distinction entre monothéistes et idolâtres, ce verset est censé abroger toutes les dispositions antérieures autorisant une attitude patiente et tolérante à l'égard des adeptes des autres religions ─ polythéistes, chrétiens, juifs, sabéens, zoroastriens. Dans la logique de Taha, le verset antérieur et tolérant (II, 256) a la permanence pour lui et abroge le verset postérieur et militant (IX, 29), rendu au contexte médinois et à sa conjoncture politique sédimentée par le temps, ramenée au circonstanciel, au révolu. De tels renversements ne peuvent qu'aider à distinguer entre le principe universel et le principe conjoncturel, afin de sauver l'Islam en éliminant ses archaïsmes. Il me paraît utile de transmettre le message de Mahmûd Muhammad Taha et de le réhabiliter, lui qui fut un homme religieux formé dans le soufisme ainsi qu'un opposant politique encombrant. Pour se débarrasser de lui, l'autorité officielle invoqua en effet ses positions théologiques "hérétiques" ; excommunié, accusé d'apostasie, il fut conduit au gibet par le pouvoir militaire allié aux Frères musulmans. Il se présenta alors courageux et digne devant ses juges, leur déniant toute autorité en matière d'excommunication ─ en raison d'absence d'Église en Islam ─, toute légitimité pour son arrestation ─ en raison de l'absence d'instances démocratiques ─, comme toute légalité pour son procès et sa condamnation ─ faute d'indépendance des juges... 

(Abdelwahab Meddeb, Contre-prêches, 2003-2006) 

Précision du Moine Bleu : Nous sommes parfaitement conscients tant de la complaisance de Abdelwahab Meddeb, décédé en 2014, à l'égard de la junte post-bourguibiste tunisienne ayant régné de 1987 à 2011, que de la raison sociale et politique bien particulière des attaques encore dirigées contre lui à ce sujet, et émanant, pour l'essentiel, des mêmes inévitables raclures tiers-mondistes genre Monde diplomatique, transcendantalement acoquinées avec le frérisme ≪anti-impérialiste≫. Meddeb fut, d'ailleurs, lui-même, assez clair et honnête en définitive, au moment (après la Révolution tunisienne) de faire retour sur ses propres attitude et parcours. Il reconnut, notamment dans un entretien fameux donné au Courrier de l'Atlas, avoir toujours, en effet, privilégié dans sa détestation et sa haine l'ennemi mortel islamiste, le bénalisme dictatorial (jumeau du sarkozysme dans sa vulgarité autoritaire ploutocrate, précisait-il dans la foulée) ne mobilisant guère chez lui que son mépris de conservateur cultivé, issu d'une vieille lignée patricienne de théologiens et artistes, et certes pas son engagement militant. La chose est néanmoins quelque peu embêtante, lorsqu'on en appelle, à raison d'ailleurs, comme Meddeb le fait dans l'extrait que nous citons plus haut, au respect inconditionnel de l'état de droit devant être associé à celui de la liberté de conscience. Oserons-nous rappeler que Meddeb ne fait hélas ! ici que prolonger une tradition ancienne, et fâcheuse, propre au rationalisme musulman, remontant aux mu'tazilites, puis à Averroès lui-même et tant d'autres encore : la passion philosophique et leur défense non seulement de la Raison mais aussi de la beauté et de la culture, se superposant volontiers chez eux à des positions de classe conservatrices, tendant souvent au despotisme oriental éclairé, dont le néo-destourisme offrit une triste et parfaite illustration. Mais le retour de bâton littéraliste (hanbalite et salafiste) semble donc compris de manière immanente, impliqué par l'expression dominante conjoncturelle même d'un tel rationalisme, ce dont témoigne, à vrai dire, selon tant d'autres modalités historiques, tout libéralisme bourgeois dont ≪l'ouverture sociétale≫ tous azimuts prélude, semble-t-il désormais invariablement, au clap de fin fasciste, signant la fin de l'orgie indécente des classes supérieures. En somme, le moment historique d'une alliance entre liberté, Raison et justice sociale est définitivement passé : les anarchistes, entre autres, les communistes anti-autoritaires les plus intransigeants, et donc sophistiqués, incarnaient ce moment, aujourd'hui évanoui. Gageons que de telles opportunités reviendront. Mais, pour nous autres, il est à craindre que nous mangions alors les pissenlits par la racine, et de longue date. Ce qui n'est pas trop grave. D'ici là, nous aurons relu, avec plaisir et intérêt, moult des écrits, chroniques ou poèmes de l'élégant soufi Abdelwahab Meddeb.                

samedi 16 mars 2024

Refus d'obtempérer. Peine de mort.

 
Tu roules sans casque, donc on te poursuit.
On te rentre dedans, donc tu meurs.
Car tu n'as pas de casque, 
ce pour quoi on te poursuivait.

mercredi 21 septembre 2022

Danse du feu

 
En Iran, ces jours-ci. 
Mort aux tyrans !

vendredi 8 avril 2022

Vie et mort de l'Individu

Dans les ruines d'Irpin, Ukraine (2 avril 2022). 
La main est celle d'une jeune femme, tout juste tuée par un obus russe 
alors qu'elle fuyait sa maison bombardée. 
Le porte-clés qui gît à côté est aussi le sien. 
Il est aux couleurs de l'Union Européenne.

≪Fonction historique de la culture bourgeoise : transmettre aux humains, après leur emprisonnement aveugle dans les collectivités et les hiérarchies du passé, une conscience de soi individuelle, les éduquer à l'idée que la pensée habite en chacun, que sa dignité se communique à chacun, que la liberté de l'individu est universelle. Limite de la culture bourgeoise : se durcir dans l'isolement et la singularité, et par là même tourner au mensonge. La conscience de soi est conscience de la vie, des capacités, des émotions, des expériences, qui se construisent aussi bien à partir des structures sociales, de la nature agissant avec et contre elles, de l'histoire et du présent, qu'à partir de l'énergie subjective encore indéterminée et apparemment libre, à partir de l'élan de l'individu. (...) 

La bourgeoisie n'ayant pas su rendre possible la négation autonome rationnelle de l'individu vers une société qui fût sa propre société, réellement codéterminée par lui, voici maintenant que s'avance, après le terrible prélude du fascisme, la caricature de la négation de l'individu, le collectivisme à l'Est. Le fascisme a exprimé l'impuissance de la bourgeoisie à surmonter l'inauthentique absolu du sujet individuel, il était une fin, l'État autoritaire russo-chinois est un début, qui n'a pas en lui la conscience de soi bourgeoise. En face de l'Ouest, qui a échoué, il ne peut apparaître que comme le fascisme, comme le déni aveugle de l'autonomie individuelle. Pourra-t-il de lui-même produire la forme supérieure, pourra-t-il rendre universelle la subjectivité particulière sans que périsse l'organisation universelle qu'il se prépare maintenant à réaliser dans l'épouvante, à la mesure de la technique nouvelle ? L'histoire à venir le dira. Mais les individus, dans le monde bourgeois, doivent apprendre que la formule : je suis autonome, je suis libre, je suis ma propre fin, n'est pas moins abstraite et fausse que l'affirmation des Russes, d'après laquelle leur société est la réalité vraie, ou que le réalisme abstrait de la scolastique, d'après lequel seul existe l'universel - id est l'Église -, tandis qu'à côté se maintenait la doctrine de l'âme individuelle immortelle, jusqu'à ce que le nominalisme, l'avant-garde de la bourgeoisie, vienne renverser le rapport. La croyance en soi de l'individu est alors devenue stérile. Elle fut un facteur du processus d'émancipation de la bourgeoisie et en tant que tel un facteur de vérité ; aujourd'hui, la doctrine exige comme réponse que l'individu doit mourir sans avoir la possibilité de se fondre activement dans un tout significatif, mourir commandé, dans les guerres modernes qu'il fait comme si c'étaient les siennes, par lavage de cerveau ou par contrainte physique ; il doit vivre et mourir entraîné dans les circonstances qu'il a inconsciemment contribué à créer. 

Tant que la mort ne sera pas maîtrisée, il mourra toujours comme un animal, dans la mesure où la fin vient de l'extérieur, opaque, absurde, même dans le sacrifice conscient. Mais la mort et la vie seront d'autant plus absurdes que le monde que se sont créé les humains est lui-même chaotique et absurde, lui-même non identique à l'homme, purement extérieur à lui. La culture bourgeoise — tout en elle — se falsifie exactement à proportion et à mesure qu'elle dépasse le moment où il lui était encore possible de devenir plus qu'elle-même.≫ 

(Max Horkheimer, Notes critiques, 1959-1960)   

mardi 29 mars 2022

NLAW

NLAW : Acronyme de Next generation Light Antitank Weapon, désignant un type de missile antichar portable contemporain, de conception et réalisation suédoise. 

Jättebra ! 

dimanche 27 mars 2022

La goutte de poison (Anna Colin Lebedev)

(Ci-dessus : Anna Colin Lebedev, 
maîtresse de conférences en sciences politiques, 
à l'Université de Paris-Nanterre)

≪J’avoue être épuisée de devoir encore et encore, pour la millième fois depuis 2014, faire le point sur l’extrême-droite et les "néonazis" en Ukraine. Des dizaines d’articles et d’interventions de multiples chercheurs. Et il faut recommencer. Le régime russe excelle dans la tâche de susciter notre indignation et notre doute. Son arme la plus puissante est de nous emmener sur son terrain, de nous imposer son agenda et ses grilles de lecture. La récente affaire «BHL à Mariupol» a ravivé la flamme. Back to basics. Le discours russe sur les «néonazis ukrainiens» se développe à partir de 2014. Il tombe sur le terreau fertile de nos stéréotypes sur les Ukrainiens qui seraient intrinséquement antisémites, qui auraient collaboré avec les nazis.
Même Boris Cyrulnik s’y colle hier sur France Inter, en parlant des Ukrainiens : «Pourtant, pendant la guerre, ils n’étaient pas très bien engagés, mais leurs enfants ne sont pas responsables des crimes de leurs parents». Entendre ça est désespérant (https://www.franceinter.fr/emissions/l-invite-de-8h20-le-grand-entretien/l-invite-de-8h20-le-grand-entretien-du-jeudi-17-mars-2022)
Rappelons les faits. La très grande majorité des soldats ukrainiens ont combattu les nazis au sein de l’Armée rouge (plus de 4 millions). Environ 200 000 ont combattu aux côtés de l’Allemagne nazie. Ça fait maximum 5% de pro-nazis parmi les combattants. La collaboration arrive dans le contexte particulier des politiques répressives de Moscou sur les territoires ukrainiens. Il s’agit pour beaucoup d’Ukrainiens de choisir le moins pire des deux maux : l’URSS et l’Allemagne. Leurs motivations sont diverses (https://www.jstor.org/stable/26624533)
Je ne cherche pas à justifier. Je constate simplement que notre raisonnement suit la logique de la goutte de poison qui contamine tout le liquide où elle est versée. 5% des hommes en armes ukrainiens ont combattu aux côtés des nazis, donc l’Ukraine était toute entière collabo. Oui, lorsque l’Ukraine indépendante se constitue, il y a parmi ses symboles les personnages ambigus que sont les nationalistes du milieu du XXe. Côté pile, ils luttaient pour l’indépendance de l’Ukraine. Côté face, beaucoup ont collaboré. Le récit historique est porteur de cette mémoire complexe. On commémore à la fois la participation des Ukrainiens à la lutte contre le nazisme et le combat nationaliste contre l’URSS. Mais le débat intellectuel est ouvert en Ukraine, la société travaille sur son passé. À l’inverse, en Russie, la question de la collaboration avec les nazis est un sujet tabou. On réduit la collaboration à quelques personnages diabolisés (Vlasov), mais sans quantifier et surtout sans s’interroger sur les motivations et le lien avec les répressions staliniennes.
La logique de la goutte de poison revient dans le récit russe, puis dans le nôtre, dès 2014. Les médias russes poussent l’idée que la révolution du Maïdan est ultra-nationaliste, en donnant pour preuve des portraits du nationaliste Stepan Bandera présents sur la place. Or, le Maïdan est une mobilisation inclusive, autour d’un objectif commun : le départ du président en place et le rejet du projet de société qu’il incarne. Des citoyens idéologiquement très divers se retrouvent dans ce mot d’ordre. Oui, les nationalistes sont aussi là. La logique de la goutte de poison fait que puisqu’on a repéré l’extrême droite dans la foule, la manifestation entière est contaminée. Comme si l’on disait : puisque Marine Le Pen était dans les manifestations «Je suis Charlie», ces manifestations sont d’extrême droite [et que dire des Gilets Jaunes, en ce cas ? note du Moine Bleu]. Or, le Maïdan est divers, multilingue (et plutôt russophone d’ailleurs), valorisant cette pluralité. Les portraits de Bandera ne plaisent pas à tout le monde, mais on laisse faire, au nom de l’inclusion de tous et de la lutte commune. La logique de la goutte de poison atteint son paroxysme lorsqu’on parle des bataillons qui se sont formés à partir de 2014. Deux sont sur toutes les lèvres : Azov et Pravy Sektor. «Bataillon ultranationaliste», ça fait frémir. Le pouvoir russe utilise notre frémissement. Oui, le bataillon Azov et le bataillon Pravy Sektor (deux sur une trentaine) ont été formés par des groupes politiquement ultranationalistes. Mais même dans ceux-là, de nombreux combattants ne partageaient pas l’ancrage politique du bataillon. J’ai fait des entretiens en 2016-2017 avec plusieurs combattants de Pravy Sektor. Un bataillon très décentralisé, où chaque groupe vit un peu sa vie. Je n’ai pas détecté d’idéologie particulière ; les gens s’y engagent parce que ce bataillon est non affilié à l’Etat. Azov est plus idéologisé et porteur d’idées ultranationalistes, mais en 2014-2015, beaucoup de combattants se retrouvent dans Azov sans motivation idéologique. Chacun de ces bataillons compte quelques centaines de personnes. Voir mon rapport ici : https://t.co/R30AHj9Nel
Aidar (récemment revenu dans nos radars grâce à BHL) est un bataillon sans idéologie autre que l’engagement patriotique. Un bataillon ouvert qui a accueilli des combattants sans faire trop de tri ( voir https://connexion.liberation.fr/autorefresh?referer=https%3a%2f%2fwww.liberation.fr%2fchecknews)... Oui, Aidar a pu compter des membres porteurs d’idées nationalistes, conséquence logique d’un recrutement ouvert. Mais aucune idée extrémiste n’y était officiellement promue. Plusieurs Aidar ont été auteurs de crimes, mais pas de crimes motivés par la langue ou l’ethnie. Il est logique qu’un conflit armé attire entre autres des personnes idéologiquement radicales. Ce qu’il faut regarder, c’est le bilan. Amnesty, l’OSCE, l’OFPRA ont relevé (des deux côtés) des crimes de guerre. Mais pas d’exactions de masse ou de nettoyages ethniques.
La logique de la goutte de poison nous fait dire que l’armée ukrainienne entière aurait été contaminée par le néo-nazisme promu par quelques membres. Que doit-on dire alors de nos propres forces de l’ordre qui votent volontiers pour l’extrême droite ? (https://www.ouest-france.fr/politique/marine-le-pen/presidentielle-44-des-policiers-et-militaires-prets-a-voter-pour-marine). 
Il n’est pas impossible d’ailleurs que je sois en train de donner une idée au Kremlin. Dans un prochain discours, Poutine pourra dire, chiffres à l’appui, que l’armée française est néo-nazie. Et par extension, que le pouvoir français est néo-nazi. Une seule goutte suffit.
Lorsque l’État a intégré les bataillons volontaires (sauf Pravy Sektor, marginalisé), cela a été fait dans une logique de reprise de contrôle. Plus facile de gérer les trublions dedans que dehors. Ça n’a pas très bien marché pour Azov qui a continué à se développer. Mais les forces politiques ultra-nationalistes sont en constante diminution en Ukraine depuis 2014. Il n’y a pas de parlementaires d’extrême droite dans le parlement ukrainien. C’est aussi parce que le nationalisme soft, nourri par l’agression russe, est devenu mainstream. Ce nationalisme civique contient un fort attachement à une identité ukrainienne, plutôt européenne, et l’idée que cette identité est en permanence menacée un ennemi extérieur, l’Etat russe. Je ne vois pas comment cette vision pourrait faiblir dans un proche avenir. Il y a une chose qu’on ne trouve pas dans le nationalisme soft ukrainien : c’est l’antisémitisme. Ni dans la population en général, ni dans le pouvoir, ni même dans les groupes d’extrême droite. L’ennemi, c’est aujourd’hui l’envahisseur russe (https://www.jpost.com/diaspora/article-692443). L’Ukraine qui a longtemps négligé l’histoire de l’Holocauste sur son territoire, a changé depuis 10-15 ans. Baby Yar, site de la Shoah par balles, est visité annuellement par chaque président ukrainien. L’Holocauste est enseignée. Les questions douloureuses sont posées. La Russie a bien plus de chemin à faire dans ce domaine (j’en parlais dans un billet de blog en 2012) , même si je pense que la population russe n’est pas aujourd’hui particulièrement antisémite (https://blogs.mediapart.fr/anna-colin-lebedev/blog/030412/regards-sur-la-russie-contemporaine-l-holocauste-une-colle). Mais une seule goutte de poison nous a suffi pour que le soupçon pèse sur l’Ukraine. Je ne le répéterai jamais assez : les blindés russes s’embourbent sur le terrain, mais le pouvoir russe sait très bien venir nous chercher, appuyer et désinformé là où ça nous fait mal.≫

(Anna Colin Lebedev, Twitter, 21 mars 2022) 

Gastronomie occidentale et Rousselisation des esprits

(Des huîtres, de la Côte d'Azur, des soi-disant libertés de genre et d'autres problèmes actuels. 
Discours du 16 mars 2022 de Vladimir Poutine, à retrouver en intégralité ici)

Décidément, avec M. Fabien Roussel, ces temps-ci, c'est bien à une forme de coming-out progressif (disons plutôt rampant) qu'on assiste : celui d'un militant de la liberté occidentalisée, oligarchique et décadente tombant le masque, et manifestement assoiffé, pêle-mêle : de sang, bien évidemment (rappelons que M. Roussel est le chef du Parti Communiste Français) mais également de ≪bon vin, de bonne viande, de bon fromage : c'est ça la gastronomie française≫ (9-01-22). Notons alors le glissement apocalyptique suivant, témoignant d'une cohérence catastrophique mais certaine : ≪Je n'ai aucun problème pour déclarer que Poutine est un dictateur≫ (27-03-22). Une vraie question subsistait : qu'en était-il d'un certain goût éventuel de M. Roussel pour les villas situées à Miami ou sur la Côte d'Azur, et surtout pour les huîtres ? Il semble que, pour ce qui est de ces dernières, la question soit réglée. Quant aux villas sur la Côte d'Azur, on sait depuis deux jours que M. Roussel souffla originairement à Mme Pécresse le projet démoniaque suivant, évoquant les conspirations satanico-pédophiles inspirées chaque jour, par milliers, par les officines secrètes de l'OTAN à travers l'univers : réquisitionner, à l'instant même, les propriétés françaises luxueuses des oligarques russes pour y loger des familles d'exilés ukrainiennes. À l'heure où MM. Macron et Mélenchon, certes bien plus raisonnables, condamnent, eux, au nom d'une stratégie bienvenue de ≪désescalade≫, l'emploi de termes tels que ≪boucher≫, ≪assassin≫ ou ≪dictateur≫ pour qualifier M. Poutine, on regrettera cette radicalisation expresse de M. Roussel, signe chez lui comme chez tant d'autres d'un néonazisme imprégnant de plus en plus dangereusement l'Occident efféminé. Et n'étant pas sans nous rappeler les heures les plus sombres de notre histoire conchylicole.       

vendredi 11 février 2022

Un point de vue de curé sur les anarchistes et la science

Ci-dessus : un scientiste grossier (détail)

≪ On doute de tout en France, on ne respecte rien, il y a des gens qui méprisent la religion, la patrie, l'État, les tribunaux, la propriété, l'art, enfin toutes choses ; mais leur mépris s'arrête devant la science. Le scientisme le plus grossier n'a pas d'adeptes plus fervents que les anarchistes. Le Dantec est leur grand homme. Les "bandits tragiques" de Bonnot y puisaient leur inspiration, et celui d'entre eux qui était plus que les autres un héros aux yeux de ses camarades était surnommé Raymond la Science.≫

(Simone Weil, L'enracinement)

lundi 31 janvier 2022

Spinozisme (hétérodoxe)


≪L'homme ne doit jamais tomber dans l'erreur de croire qu'il est seigneur et maître de la nature... Il sentira dès lors que dans un monde où les planètes et les soleils suivent des trajectoires circulaires, où des lunes tournent autour des planètes, où la force règne partout et seule en maîtresse de la faiblesse, qu'elle contraint à la servir docilement ou qu'elle brise, l'homme ne peut pas relever de lois spéciales. ≫

(Adolf Hitler, Mein Kampf)

vendredi 28 janvier 2022

Émergentisme et effet de Seuil

                                    (Au Seuil, sortie : janvier 21, 384 pages, 17 euros) 

«Pendant des millénaires, avant que la biologie ne vienne tout embrouiller [sic], ce que l’on appelle à présent “le vivant” était plutôt l’animé — ce qui est doté d’une âme. En latin, en grec, en hébreu et dans tant d’autres langues, la notion d’âme —anima, psyché, rouakh— renvoie au souffle, au vent, à la respiration. Ce qui est vivant est donc ce qui est traversé, traversé d’un souffle. Vivre, ce n’est pas être un centre organique autogène, ni même une volonté de puissance ou une forme d’organisation — c’est participer de ce qui nous entoure. C’est être en état de participation cosmique.»

                                (Manifeste conspirationniste)

                  ***
Quoi qu'il puisse se trouver des dialecticiens stupides, il ne saurait exister de réductionnisme intelligent. La célèbre et pathétique sentence d'un Changeux le prouve assez, lequel assimilait purement et simplement, au début de la contre-révolution libérale des années mil neuf cent quatre-vingt (dans son Homme neuronal), émergentisme et vitalisme, promettant au premier (du haut de sa suffisance neuroscientiste) le sort que la biologie moléculaire avait, selon lui, déjà réservé au second, à savoir le coup de massue définitif, suivi de l'extinction rapide. Or, l'émergentisme (il sera possible de nommer autrement, à volonté, une telle tendance foncièrement dialectique) reste incontestablement bien vivant, à proportion, précisons-le, de la charge critique et rationnelle qui lui sera associée. Notre émergentisme spontané pourrait ainsi, par exemple, se définir comme suit : toute habitude intellectuelle consistant à rechercher, derrière des choses ou des faits présentés comme semblables, une vérité de rapports complexes émergents permettant à la fois, dans le même mouvement, d'amalgamer ces faits et choses, et de les distinguer radicalement. C'est cette complexité qui fatigue le réductionnisme, le décourage et le dépasse. Le réductionnisme n'apprécie rien moins que les discours compliqués susceptibles de venir lui casser sa petite planète substantialiste, son joujou-clé du monde simpliste capable, seul, de lui ouvrir enfin les portes de la grande Authenticité mystique, éprouvée sans paroles. Le stalinien, le nazi, le monothéiste à l'ancienne ou le libéral d'avant-garde jouissent également de ce bonheur du grand Principe unique (le ≪Matérialisme≫, le Peuple, Dieu, le Marché) auquel on sacrifie tout, ce grand Principe transcendant toute nuance, toute explication, toute réflexion déjà menaçante. L'extrait du texte contemporain ci-dessus représente une illustration canonique du genre, saupoudrage resucé, et laidement rhapsodique, de tout ce qui se fit de pire et de plus efficace, hélas ! en matière d'irrationalisme au siècle dernier, qui continue grave d'empester l'atmosphère. Une colère monstre, donc, se trouve déployée là contre le discours ≪qui embrouille tout≫ — la biologie, en l'espèce, mais de manière générale : tout jugement d'entendement tenté de distinguer, de morceler quelque peu l'intuition suprême. Symétriquement, la mobilisation générale est proclamée, en défense d'une soi-disant ≪participation cosmique≫ sentant fort sa vieille bergerie de l'Aître mais dont la niaiserie alpestre signifierait (donc) suffisamment... la vie. La vie en soi, la vie seule, la vie unique tout entière réduite à un même souffle embrassant, d'un sublime baiser absolu (rappelez-vous ce Monologue du Virus d'un autre moment délirant récent) les singes, les algues, le SRARS-Cov2, les pierres ou les membres humains, par exemple, des éditions de la Fabrique. Il était dit, à l'époque (et la chose est encore rappelée dans l'extrait ci-dessus du Manifeste conspirationniste) que l'adversaire épistémologique, c'était le sujet. Le sujet, le pôle d'unité  (ou ≪centre organique autogène≫ ; ou ≪forme d'organisation≫, etc), pour ces gens abreuvés dès leur plus jeune âge du lait foucaldien et heidegerrien, nourris au ressentiment antidialectique universitaire de production typiquement française, le sujet, donc, c'est le mal. Car tout sujet renvoie au sujet logique, à l'organisation de la phrase, seule capable de faire émerger un sens. En résumé, le sujet renvoie par principe à toute une philosophie de la syntaxe dont l'ontologie d'Aristote, en particulier, fournit le suprême exemple, certes aporétique. À ce mal subjectif (donc rationnel) s'opposerait un bien : la prolifération anarchique de ≪formes≫ de vie acéphales, dont la forme n'est au fond rien qu'une pauvre blague, puisqu'elle ne décide de rien quant à sa matière, et que cette dernière, en revanche, sans cristalliser jamais, ne manque, quant à elle, ni de projet ni de capacités stratégiques. On comprend la détestation portée à la biologie qui embrouille tout par ces sectateurs vitalistes de l'ontologie modale décentralisée. La moindre cellule du moindre animal n'est-elle cependant point porteuse d'un certain projet central ? La forme d'un tel projet n'en impose-t-elle pas de manière génétiquement évidente à sa matière ? Le Logos de Hegel et Aristote n'ont-ils pas eu raison contre Bergson, comme le rappelait Canguilhem ? Nul besoin d'être un sujet, rétorquent nos conspirationnistes du jour, pour élaborer des buts, des stratégies, des pensées, pourquoi pas ! mais qui n'auraient alors rien de distingué à opposer à cette matière, cette grande vie indifférenciée fournissant l'énorme principe bien commode de tout. Mais ≪la vie≫, n'en déplaise à ces messieurs-dames qui la cherchent partout sans fin, n'existe ni comme souffle archaïque, ni comme aucun autre principe isolable. Ce qui existe, c'est précisément la différence vitale, laquelle n'est accessible qu'à l'esprit. Cet esprit proprement humain qui, seul, par l'entremise de son sujet logique, se trouve apte à comprendre qu'il n'existe lui-même qu'en tant qu'extrémité de processus matériel (ou naturel) s'étant tragiquement oublié comme tel. Le paradoxe pénible restant que nos vitalistes, prétendant gagner sur tous les tableaux de la confusion, demeurent en guerre (officielle) ouverte contre de prétendus ennemis bio-politiciens prétendant, à les croire, entretenir, gérer, voire parfois même produire si besoin cette fameuse vie nue qu'ils prétendent eux-mêmes avoir découvert et percé à jour comme souffle transcendantal. Mais bref : au-delà de cette ineptie reconnue, encore et encore, à ce concept foireux de bio-politique dans tous ses variants possibles (plus ou moins virulents et agressifs pour les poumons et le cerveau), le conflit reste donc le même entre partisans, d'un côté, de l'immédiateté, de l'irréflexion, de l'irrationalisme, et ceux de la médiation (ennemis reconduits de l'enthousiasme absolutiste). Les premiers ont toujours pour eux la séduction, à caractère largement juvénile (qui dure, ou prétend durer) et la prétention perpétuelle à l'espérance, le plus souvent très mal comprise, c'est-à-dire théologiquement (d'où leur fascination récurrente pour le kabbalisme, dont on leur Segré, ou toute autre mysticité archaïque et/ou gnostique produite en quantité suffisante sur le marché actuel conjoint de la dépression et du développement personnel). Les amis de la médiation, de leur côté, sont - il est vrai ! souvent grandement ennuyeux, rabat-joie, pessimistes. Ils ne voient pas la rose dans la croix du présent, certes. C'est déjà ça. Et ce monde les dégoûte bel et bien, principalement dans le dévoiement qu'il incarne de la raison. Mais on les trouve bien indécis au moment de l'attaque, saturés d'un doute paralysant préjudiciable à l'entertainment, à la sacro-sainte ≪Praxis≫ jugée par eux, pour l'heure, largement corrompue dans l'oeuf (sauf le jaune, parfois, pour peu qu'il porte gilet) et impossible. En attendant mieux, il leur reste néanmoins le corpus imposant, et renouvelé par roulement semestriel, des textes à visée conspirationniste-blanquiste-vitaliste, à lire et relire au lit, au matin, histoire de rigoler un peu. En constatant que, décidément, rien ne change au pays du Bloom. 

mardi 25 janvier 2022

Du mouvement dans la volaille

«La CFDT a choisi un autre mode d'action : les mobilisations sectorielles. On a eu des mouvements dans la volaille, dans telle ou telle entreprise, c'est comme ça qu'on obtient des résultats !» 
(Laurent Berger, poule jaune, 
annonçant aujourd'hui sa non-participation 
à la journée de grève unitaire du 27 janvier 2022)


                            

mardi 11 janvier 2022

Misanthropie, Misologie et Dialectique

Le misanthrope (Brueghel l'Ancien, 1568)

≪Mais avant tout mettons-nous en garde contre un danger.
─ Lequel ? dis-je.
─ C'est, dit-il, de devenir misologues, comme on devient misanthrope ; car il ne peut rien arriver de pire à un homme que de prendre un haine les raisonnements. Et la misologie vient de la même source que la misanthropie. Or la misanthropie se glisse dans l'âme quand, faute de connaissance, on a mis une confiance excessive en quelqu'un que l'on croyait vrai, sain et digne de foi, et que, peu de temps après, on découvre qu'il est méchant et faux, et qu'on fait ensuite la même expérience sur un autre. Quand cette expérience s'est renouvelée souvent, en particulier sur ceux qu'on regardait comme ses plus intimes amis et ses meilleurs camarades, on finit, à force d'être choqué, par prendre tout le monde en aversion et par croire qu'il n'y a absolument rien de sain chez personne. N'as-tu pas remarqué toi-même que c'est ce qui arrive ?
─ Si, dis-je.
─ N'est-ce pas une honte ? reprit-il. N'est-il pas clair que, lorsqu'un tel homme entre en rapport avec les hommes, il n'a aucune connaissance de l'humanité ; car s'il en avait eu quelque connaissance, en traitant avec eux, il aurait jugé les choses comme elles sont, c'est-à-dire que les gens tout à fait bons et les gens tout à fait méchants sont en petit nombre les uns et les autres, et ceux qui tiennent le milieu en très grand nombre.
─ Comment l'entends-tu ? demandai-je.
─ Comme on l'entend, dit-il, des hommes extrêmement petits et des hommes extrêmement grands. Crois-tu qu'il y ait quelque chose de plus rare que de trouver un homme extrêmement grand ou petit, et de même chez un chien ou en toute autre chose ? ou encore un homme extrêmement lent ou rapide, beau ou laid, blanc ou noir ? N'as-tu pas remarqué qu'en tout cela les extrêmes sont rares et peu nombreux et que les entre-deux abondent et sont en grand nombre ?
─ Si, dis-je.
─ Ne crois-tu pas, ajouta-t-il, que, si l'on proposait un concours de méchanceté, ici encore on verrait que les premiers seraient en fort petit nombre ?
─ C'est vraisemblable, dis-je.
─ Oui, c'est vraisemblable, reprit Socrate ; mais ce n'est pas en cela que les raisonnements ressemblent aux hommes - c'est toi qui tout à l'heure m'as jeté sur ce sujet et je t'ai suivi - ; mais voici où est la ressemblance. Quand on a cru, sans connaître l'art de raisonner, qu'un raisonnement est vrai, il peut se faire que peu après on le trouve faux, alors qu'il l'est parfois et parfois ne l'est pas, et l'expérience peut se renouveler sur un autre et un autre encore. Il arrive notamment, tu le sais, que ceux qui ont passé leur temps à controverser finissent par s'imaginer qu'ils sont devenus très sages et que, seuls, ils ont découvert qu'il n'y a rien de sain ni de sûr ni dans aucune chose ni dans aucun raisonnement, mais que tout est dans un flux et un reflux continuels, absolument comme dans le détroit de l'Euripe, et que rien ne demeure un seul moment dans le même état.
─ C'est parfaitement vrai, dis-je. 
─ Alors, Phédon, reprit-il, s'il est vrai qu'il y ait des raisonnements vrais, solides et susceptibles d'être compris, ne serait-ce pas une triste chose de voir un homme qui, pour avoir entendu des raisonnements qui, tout en restant les mêmes, paraissent tantôt vrais, tantôt faux, au lieu de s'accuser lui-même et son incapacité, en viendrait par dépit à rejeter la faute sur les raisonnements plutôt que de s'en prendre à lui-même, et dès lors continuerait toute sa vie à haïr et rabaisser la Raison, se voyant ainsi privé de la vérité et de la connaissance de la réalité ?
─ Oui, par Zeus, dis-je, ce serait une triste chose. ≫

(Platon, Phédon, 89a)

lundi 27 décembre 2021

Ciao Mensi !


Mensi, des Angelic Upstarts, est mort voilà quelques semaines du COVID-19. Nous ne l'apprenons qu'aujourd'hui. On les avait vus pour la dernière fois au Gibus, en février 2019. C'est le deuxième membre du groupe que cette saloperie emporte en un an. On ignore si Mensi était vacciné ou non, pro-vax ou anti-vax. On s'en fout un peu, sans que la chose (paradoxe) nous soit néanmoins complètement indifférente. Vous suivez ? Peu importe : nous non plus. Ce qu'on n'encaisse pas des masses, en revanche, c'est que, ces derniers temps, certains discours fleurissent chez nos amis, au terme desquels, après tout, il appert qu'il faut bien mourir de quelque chose, n'est-ce-pas ? D'une injection de vaccin foireux (donc), par exemple ? Bref, en ce qui concerne Mensi, et beaucoup d'autres que nous appréciions bien aussi, c'est fait, et vérifié : il faut bien crever de quelque chose. Être pragmatique (disons : à l'anglaise), serait-ce vraiment trop demander en cette fin 2021 ?  

mardi 14 décembre 2021

Esprit du Temps

≪La nature est une femme publique. Nous devons la mater, pénétrer ses secrets et l'enchaîner selon nos désirs≫.

                     (Francis Bacon, New Atlantis, 1627)