Iran 1919, dans le sillage de la révolution constitutionnelle persane de 1905-1911, une insurrection victorieuse au nord du pays (région de Rasht, dite du Gilân) instituait les principes universels qui suivent : "... Liberté et égalité véritables sans distinction de race, ni de religion..." – "Les représentants de la nation (Méllat) doivent pouvoir contrôler le gouvernement démocratique et les instances suprêmes du pays" [Là ça pue, c'est qui ces représentants si c'est pas les individus ?] – "Tous les individus sans distinction de race ou de religion jouiront de manière égale des droits civiques" – "Abolition de tous les privilèges et de toutes les distinctions" (...) [Le programme de Djangal proclame aussi] "La liberté de pensée, d'opinion, de presse, de travail [donc d'en refuser ?] et d'expression" et "L'égalité de l'homme et la femme devant les lois civiques et sociales" – "La constitution des monopoles (...) la réquisition des vivres et des capitaux sont interdites" – "La séparation du clergé, des affaires politiques et temporelles". Citations de Chahrokh Vaziri, pp. 71-72 et 76 (les 90 pages très bien écrites de cet épisode méconnu si riche de potentiels historiques contradictoires valent le détour).
Très étonnamment les Djangali ("ceux de la forêt") émirent (ah ah !) ces principes au nom de leur Union de l'Islam, censée dépasser le clivage sunnites/chi'ites. Ils pactisèrent très brièvement avec les bolchos qui allaient très vite les trahir, leurs trois vedettes aux premiers rangs : Lénine, Trotsky et Staline. Et ils pactisèrent au point de changer le nom de leur comité "pour l'Union de l'Islam" en "comité de la Révolution rouge de l'Iran" (déjà un réconciliant compromis théologico-tiers-mondiste ou bien un glissement progressif vers la liberté ?), 22 ans avant la création du chimiquement stalinien pur parti Tudeh. Dès 1921, les Anglais laissaient le nord caucasien aux Russes pour exploiter le sud-ouest pétrolier, sous l'arbitrage de Réza shah, père de l'autre imperial dictator.
Décidément, 1919, eut-ce eût pu à plusieurs endroits ?
Rigolo. On discutait l'autre jour du statut de la couleur rouge avec un copain kabyle. On se la jouait Bettelheim (dans les contes de fée, le rouge de blanche-neige ou du petit chaperon est plutôt typée), mais lui jouait du Pastoureau. Bref : l'association : rouge et sex and violence and revolution, fallait voir, askip : fallait réviser. Révisons révisons, qu'on lui a juré, façon Aigle noir. Mais on y croit toujours pas, au coup de la révision. Ni là ni nulle part. Car si l'islam l'a dure, alors le rouge, c'est bien ce qu'il lui faut. L'union de l'islam et les bolchos, ça le fait, transcendantalement, wesh. Le quart de rouge ? La boisson du garde (rouge) de la révolution, qu'on vous dit. En somme.
Pour ce qui est de Djanghala, là, le paradoxe nous a toujours scié. Mais vous devez le savoir, schizo, sans doute. Que chez les indiens, la "jungle", c'est en fait, étymologiquement : le désert. Djanghala. Car si vous grattez la couche de terre racinable, au bled (Asie du nord, sud et sud-est), au bout de quelque deux mètres, en réalité, fini : du sable ! Sous la forêt, la plage. La "jungle" se développe donc essentiellement à l'horizontale : les racines des figuiers, banyans, etc, courent parallèlement au sol, ne pouvant s'enfoncer trop profond, tel les chênes de la vielle Europe (qui ne font, au passage, que des glands, comme disait l'autre). Raison, notamment, de la prégnance, en zone tropicale (ou : "à jungle", témoins les Ceiba au Mexique, par exemple), des troncs à contreforts, "triangulaires" ou deltaïques, formant par ailleurs de véritables cathédrales végétales (l'écorce se trouvant bientôt ajourée, après décomposition de l'arbre-support cible de ces parasites figuiers étrangleurs) : sans ce renforcement, les arbres en question ne tiendraient pas au sol, trop faiblement enracinés. La jungle, donc, c'est le désert. Et, de même, l'efflorescence de l'exotisme colonial, la misère triviale réelle.
Votre conversation me fait penser à ça, je ne me souvenais plus des couleurs : rouge , comme le gilet d'Ahmad, l'autre, celui de son ami, est vert. Je n'en tirerais pas de conclusions politiques symboliques, si ce n'est que la quête d'Ahmad n'est pas sans rappeler le petit chaperon.
Quant à la Djangala du Gilân, c'est plutôt ça que du rhizome caché.
Iran 1919, dans le sillage de la révolution constitutionnelle persane de 1905-1911, une insurrection victorieuse au nord du pays (région de Rasht, dite du Gilân) instituait les principes universels qui suivent : "... Liberté et égalité véritables sans distinction de race, ni de religion..." – "Les représentants de la nation (Méllat) doivent pouvoir contrôler le gouvernement démocratique et les instances suprêmes du pays" [Là ça pue, c'est qui ces représentants si c'est pas les individus ?] – "Tous les individus sans distinction de race ou de religion jouiront de manière égale des droits civiques" – "Abolition de tous les privilèges et de toutes les distinctions" (...) [Le programme de Djangal proclame aussi] "La liberté de pensée, d'opinion, de presse, de travail [donc d'en refuser ?] et d'expression" et "L'égalité de l'homme et la femme devant les lois civiques et sociales" – "La constitution des monopoles (...) la réquisition des vivres et des capitaux sont interdites" – "La séparation du clergé, des affaires politiques et temporelles". Citations de Chahrokh Vaziri, pp. 71-72 et 76 (les 90 pages très bien écrites de cet épisode méconnu si riche de potentiels historiques contradictoires valent le détour).
RépondreSupprimerTrès étonnamment les Djangali ("ceux de la forêt") émirent (ah ah !) ces principes au nom de leur Union de l'Islam, censée dépasser le clivage sunnites/chi'ites. Ils pactisèrent très brièvement avec les bolchos qui allaient très vite les trahir, leurs trois vedettes aux premiers rangs : Lénine, Trotsky et Staline. Et ils pactisèrent au point de changer le nom de leur comité "pour l'Union de l'Islam" en "comité de la Révolution rouge de l'Iran" (déjà un réconciliant compromis théologico-tiers-mondiste ou bien un glissement progressif vers la liberté ?), 22 ans avant la création du chimiquement stalinien pur parti Tudeh. Dès 1921, les Anglais laissaient le nord caucasien aux Russes pour exploiter le sud-ouest pétrolier, sous l'arbitrage de Réza shah, père de l'autre imperial dictator.
Décidément, 1919, eut-ce eût pu à plusieurs endroits ?
Rigolo. On discutait l'autre jour du statut de la couleur rouge avec un copain kabyle. On se la jouait Bettelheim (dans les contes de fée, le rouge de blanche-neige ou du petit chaperon est plutôt typée), mais lui jouait du Pastoureau. Bref : l'association : rouge et sex and violence and revolution, fallait voir, askip : fallait réviser. Révisons révisons, qu'on lui a juré, façon Aigle noir. Mais on y croit toujours pas, au coup de la révision. Ni là ni nulle part. Car si l'islam l'a dure, alors le rouge, c'est bien ce qu'il lui faut. L'union de l'islam et les bolchos, ça le fait, transcendantalement, wesh. Le quart de rouge ? La boisson du garde (rouge) de la révolution, qu'on vous dit. En somme.
SupprimerPour ce qui est de Djanghala, là, le paradoxe nous a toujours scié. Mais vous devez le savoir, schizo, sans doute. Que chez les indiens, la "jungle", c'est en fait, étymologiquement : le désert. Djanghala. Car si vous grattez la couche de terre racinable, au bled (Asie du nord, sud et sud-est), au bout de quelque deux mètres, en réalité, fini : du sable ! Sous la forêt, la plage. La "jungle" se développe donc essentiellement à l'horizontale : les racines des figuiers, banyans, etc, courent parallèlement au sol, ne pouvant s'enfoncer trop profond, tel les chênes de la vielle Europe (qui ne font, au passage, que des glands, comme disait l'autre). Raison, notamment, de la prégnance, en zone tropicale (ou : "à jungle", témoins les Ceiba au Mexique, par exemple), des troncs à contreforts, "triangulaires" ou deltaïques, formant par ailleurs de véritables cathédrales végétales (l'écorce se trouvant bientôt ajourée, après décomposition de l'arbre-support cible de ces parasites figuiers étrangleurs) : sans ce renforcement, les arbres en question ne tiendraient pas au sol, trop faiblement enracinés. La jungle, donc, c'est le désert. Et, de même, l'efflorescence de l'exotisme colonial, la misère triviale réelle.
Votre conversation me fait penser à ça, je ne me souvenais plus des couleurs : rouge , comme le gilet d'Ahmad, l'autre, celui de son ami, est vert. Je n'en tirerais pas de conclusions politiques symboliques, si ce n'est que la quête d'Ahmad n'est pas sans rappeler le petit chaperon.
SupprimerQuant à la Djangala du Gilân, c'est plutôt ça que du rhizome caché.
Panthera pardus tulliana : sublime !
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