Nous ne sommes pas d'accord sur tout avec Florent Gabarron-Garcia : c'est le moins qu'on puisse dire. Dans le cas contraire, il est bien évident que son ouvrage ne serait pas publié aux éditions de la Fabrique. Marcuse, par exemple, est tellement préférable à Reich, ce virilo-génitaliste de gauche, significativement fort apprécié du courant deleuzo-guattariste, auquel l'auteur appartient. Or, le premier n'est évidemment point étudié ici comme il le mériterait. De même : Adorno ou les autres saucisses de Francfort. Quoi de plus normal ! Pour l'essentiel des saucisses en question (Fromm excepté), la fidélité à Freud passe en effet par l'assomption d'un certain pessimisme de civilisation, désespérant de la pratique, mais constituant comme la dernière hygiène intellectuelle (et, peut-être, morale) possible, sur un mode forcément utopique au sein d'un monde déchu, pourri jusqu'à la moelle par la rationalité instrumentale capitaliste. Or, Florent Gabarron-Garcia reste (au moins en esprit) un militant contemporain.
mercredi 29 décembre 2021
Histoire populaire de la psychanalyse
Nous ne sommes pas d'accord sur tout avec Florent Gabarron-Garcia : c'est le moins qu'on puisse dire. Dans le cas contraire, il est bien évident que son ouvrage ne serait pas publié aux éditions de la Fabrique. Marcuse, par exemple, est tellement préférable à Reich, ce virilo-génitaliste de gauche, significativement fort apprécié du courant deleuzo-guattariste, auquel l'auteur appartient. Or, le premier n'est évidemment point étudié ici comme il le mériterait. De même : Adorno ou les autres saucisses de Francfort. Quoi de plus normal ! Pour l'essentiel des saucisses en question (Fromm excepté), la fidélité à Freud passe en effet par l'assomption d'un certain pessimisme de civilisation, désespérant de la pratique, mais constituant comme la dernière hygiène intellectuelle (et, peut-être, morale) possible, sur un mode forcément utopique au sein d'un monde déchu, pourri jusqu'à la moelle par la rationalité instrumentale capitaliste. Or, Florent Gabarron-Garcia reste (au moins en esprit) un militant contemporain.
lundi 27 décembre 2021
À la pipe du Nord (≪antifasciste≫)
Ciao Mensi !
samedi 25 décembre 2021
lundi 20 décembre 2021
La vérité est-elle un «effet de pouvoir» ?
«Pour un réaliste comme Frege, ce qui fait de la vérité une vérité est aussi ce qui fait que la vérité ne peut pas être "l'effet" de quoi que ce soit, et surtout pas du discours. Il peut certes y avoir une histoire de la croyance ou de la connaissance de la vérité, mais sûrement pas de la production de la vérité et pour finir de la vérité elle-même. Et il peut aussi, bien entendu, y avoir une politique de la recherche et de l'utilisation de la vérité, mais sûrement pas ce que Foucault appelle une "politique de la vérité", une expression à laquelle j'ai toujours été, je l'avoue, incapable de donner un sens quelconque. Il ne serait sans doute pas difficile de montrer que la plupart des expressions foucaldiennes typiques dans lesquelles le mot "vérité" intervient comme complément de nom ─ "production de la vérité", "histoire de la vérité", "politique de la vérité", "jeux de vérité", etc ─ reposent sur une confusion peut-être délibérée entre deux choses que Frege considérait comme essentiel de distinguer : l'être-vrai (das Wahrsein) et l'assentiment donné à une proposition considérée comme vraie (das Fürwahrhalten), une distinction qui entraîne celle des lois de l'être-vrai et des lois de l'assentiment. Ce qu'un philosophe comme Frege reprocherait à Foucault est probablement de n'avoir jamais traité que des mécanismes, des lois et des conditions historiques et sociales de production de l'assentiment et de la croyance, et d'avoir tiré de cela abusivement des conclusions concernant la vérité elle-même.»
(Jacques Bouveresse, Nietzsche contre Foucault ; sur la vérité, la connaissance et le pouvoir)
Imperial College of London (ça sent le sapin !)
(source anglaise : Imperial ac.uk, 17 décembre 2021)
Misère et décadence du généalogisme
mardi 14 décembre 2021
Esprit du Temps
≪La nature est une femme publique. Nous devons la mater, pénétrer ses secrets et l'enchaîner selon nos désirs≫.
(Francis Bacon, New Atlantis, 1627)
De la vie «vraie» à la vie «bonne»
vendredi 10 décembre 2021
Cinquième vague
mercredi 8 décembre 2021
«Réfléchir l'existant singulier» (ou : de la «subsomption immanente» de ce dernier)
«Cette idée est modulée en 1965 où le passage de la pensée philosophique à l'herméneutique, qu'Adorno prétend précisément "accomplir" est d'abord attribué au déclin des systèmes : le sens ne peut plus être totalisé dans un système et c'est pourquoi il faut réfléchir l'existant singulier.
"Et c'est là ce qui renvoie la connaissance du singulier comme connaissance philosophique à l'unique chose qui reste face à ce qui est ainsi singulier et dispersé, - à savoir son interprétation, à l'art de son interprétation"(Zur Lehre von der Geschichte und von der Freiheit, Suhrkamp, 2006, p. 182).
Il faut alors préciser ce qu'il convient d'entendre par interprétation. Le jugement de connaissance classique consiste à saisir les phénomènes à l'aide de concepts ou d'une théorie dont on dispose et qui rend possible une subsomption. En cela, il identifie par subsomption. Or l'interprétation procède autrement dans l'identification de ce qui est, dans la mesure où elle inclut une réflexion sur le moment de l'identification. Il y a en effet deux formes d'identification : d'une part on peut assimiler une chose avec une autre, ce qui est comme une subsomption assimilatrice, d'autre part on peut identifier quelque chose comme ce qu'il est. D'un côté, il s'agit d'une identification du non-identique par le travail de subsomption, de l'autre il s'agit de l'interprétation proprement dite, qui signifie séjourner auprès du singulier :
"La connaissance ne peut apporter un élargissement des perspectives que là où elle s'attache à l'individuel avec une telle insistance qu'elle finit par le dégager de son isolement. Certes, cela suppose aussi un certain rapport à l'universel, toutefois ce n'est pas celui de la subsomption mais presque le contraire"(Minima Moralia, § 46).
En termes plus kantiens, il s'agit d'un jugement réfléchissant, qui n'est évidemment pas entièrement le contraire du jugement déterminant, mais seulement "presque le contraire" de la subsomption dans la mesure où c'est une subsomption immanente, ou une autoréflexion de la subsomption qui est interprétation ou Deutung. Cette double forme de l'identification est précisée dans la Dialectique négative :
"De façon latente, la non-identité est le telos de l'identification, ce qu'il faut sauver en elle ; l'erreur du penser traditionnel est de considérer l'identité comme son but. La puissance qui rompt l'apparence d'identité est celle du penser lui-même : l'application de son "ceci est" ébranle sa forme pourtant nécessaire. Dialectique, la connaissance du non-identique l'est aussi en ce que c'est justement elle qui identifie davantage et autrement que le penser de l'identité. Elle veut dire ce que quelque chose est, alors que le penser de l'identité dit ce sous quoi quelque chose tombe, de quoi il constitue un exemplaire ou un représentant, donc ce qu'il n'est pas lui-même (Dialectique négative, traduction française, p. 184).»
(Christian Berner, Adorno, la philosophie comme interprétation et critique, 2019)