mercredi 29 avril 2020

Nous sommes en guerre ensemble à la maison.

12 commentaires:

  1. E: un moment d'égarement qui nous éloigne d'un corps ne demandant qu'à trembler.

    RépondreSupprimer
  2. Prosopopée de la dialectique : Je sais n'être qu'un corps devenant esprit à force de trembler.

    RépondreSupprimer
  3. Le chauve homonyme pas joueur, mauvais joueur et petit joueur :
    Michel Foucault : « Je n'accepte pas ce mot, dialectique. Non et non ! Il faut que les choses soient bien claires. Dès que l'on prononce le mot "dialectique" on commence à accepter, même si on ne le dit pas, le schéma hégélien de la thèse et de l'antithèse, et avec lui une forme de logique qui me paraît inadéquate, si l'on veut donner de ces problèmes une description vraiment concrète. »

    Claude Thérien, patronyme inclinant vers le "concret", bon joueur :

    « Selon Hegel, même si Kant a le mérite d'avoir reconnu la contradiction immanente de la raison avec elle-même, le statut de la dialectique est réduit dans le criticisme kantien à une figure sophistique sur des figures sophistiques de la raison. (...) Il est un paradoxe très singulier de la pensée dialectique, qui réside en ceci que tout en prétendant viser ou révéler quelque vérité absolue ou démasquer et dénoncer quelque fausseté totale, celle-ci s'avère en fait plus productive et significative par le travail de la médiation critique qu'elle effectue entre les termes antithétiques, c'est-à-dire ceux qui sont extrêmement opposés, du moins apparemment, les uns aux autres. Je dis "apparemment" en prenant soin de souligner ce mot parce que (...) »

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. C'est tiré de quoi exactement, la première référence ?

      Supprimer
    2. Dits et écrits Tome III je n'ai plus les volumes, passés dans les poubelles de mon histoire. Mais j'ai retrouvé une occurrence ici : http://1libertaire.free.fr/MFoucault303.html

      Supprimer
    3. " - Un étudiant : C'est quelque chose que nous faisons.
      - M. Foucault : Quoi donc ?
      -L'étudiant : Travailler !
      -M. Foucault : Parfois. "

      Supprimer
  4. Erratum Thérien, "à une leçon de rhétorique sur des figures sophistiques"

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. C'est d'ailleurs très faux. La "dialectique transcendantale" est la partie proprement utopique de l'oeuvre de Kant. Reconnaître à la Raison un besoin natif (fût-il contrarié par principe) de dépasser l'entendement, vers l'unification systématique du Savoir n'a rien d'une simple "leçon de rhétorique".

      Supprimer
    2. Vous avez raison, Moine. Même chez Kant la dialectique n’est pas une « leçon de rhétorique », c’est ce qu’il m’importait de désigner (avec un lapsus calami par répétition) en recourant à Thérien. Ce en rapport avec d’autres discussions, ailleurs que chez le Moine.

      Pour enrichir le jeu proposé par Foucault Jean-Pierre, on peut trouver des indices philologiques, que je viens de découvrir, ici chez Jeffrey Reid où les cartes de l’entendement (Verstand) et de la raison (Vernunft)kantiens seraient rebattues par Hegel en reconfigurant tout autrement la raison spéculative : « Il est remarquable que le discours de la raison spéculative, ce qui va définir le verbe hégélien dans toute sa spécificité, va également se dessiner (c’est-à-dire comme le fait le discours de l’entendement jugeant) à partir de considérations kantiennes. Mais alors que le discours jugeant de l’entendement s’inspire du Verstand kantien, le discours de la raison va s’inspirer de la notion kantienne de la raison dans son activité dialectique. »

      Et puisque vous m’avez remis mon nez dans la Cripure, cet extrait prudent ne se risquant pas au saut téléologique :
      « Comme nous n’avons proprement à nous occuper que de la partie synthétique de notre connaissance, nous aurons soin sans doute de n’aller jamais contre [l]’inviolable principe [de contradiction], mais nous n’avons aucun éclaircissement à attendre relativement à cette espèce de connaissances [analytiques]. Il y a pourtant de ce principe célèbre, mais dépourvu de tout contenu et purement formel, une formule renfermant une synthèse qui s’y est glissée par mégarde et sans aucune nécessité. Cette formule, la voici : il est impossible qu’une chose soit et ne soit pas en même temps. » (in Critique de la raison pure. Partie II. Logique transcendantale. Livre II. Analytique des principes. Ch. II Système de tous les principes de l’entendement pur. 1re section. Du principe suprême de tous les jugements analytiques, trad. Barni)
      Et cet autre, concernant cette fois la synthèse, où l’impureté logique ne peut pas être menaçante :
      « L’explication de la possibilité des jugements synthétiques est un problème où la logique générale n’a absolument rien à voir, et dont elle n’a même pas besoin de connaître le nom. » (idem. II, II, II, 2e section. Du principe suprême de tous les jugements synthétiques)

      Y voit-on plus clair ?

      Supprimer
    3. Kant fait oeuvre de système, c'est-à-dire que, chez lui, la possibilité de la connaissance est tenue par les postulats de la Raison pratique, autrement dit par ce qui n'est pas elle : par l'au-delà (utopique) de la connaissance. La Nature et ses lois (mécanisme newtonien) est tenue par la Liberté (chez lui : la morale, d'origine religieuse). La logique analytique n'a donc en effet aucune valeur ni intérêt autonome. La synthèse est sortie de soi du concept, et là commence en effet l'intérêt de la connaissance.
      Dans notre petit article "Lumières des positivistes", de manière évidemment provocatrice (et dialectique) nous avions cependant rappelé que Hegel reste un rationaliste, et un kantien, en rendant justice à la nécessité absolue de l'entendement (Verstand) dans le procès de Savoir (rationnel). L'entendement, c'est la distinction, la médiation. Ce n'est pas parce qu'on ne peut en rester là qu'il ne faut pas en passer par là, et respecter, notamment (ça, c'est nous qui le disons), les axiomes classiques (depuis Aristote) de la logique (et de toute la pensée), à savoir, notamment, le principe de (non-)contradiction.
      C'est ici que Heidegger et les crapules irrationalistes de son école philo(il)logique interviennent : ils cherchent toujours à montrer que l'essentiel n'est pas dans la médiation, dans la logique d'entendement : ils tirent Kant et Aristote soit du côté, pour le premier, du "schématisme de l'imagination" (pour ne considérer que la POÉSIE comme accès à (leur) vérité ; soit, pour ce qui est d'Aristote, du côté de "l'Être" antéprédicatif (sans prédication, sans catégories logiques, et discursives, pouvant qualifier celui-ci). Un Être nu, qui serait le seul vrai, hors logique, hors médiation, accessible à la seule "intuition". L'escroquerie consiste à dire, à chaque fois, que "effrayés par leur découverte" Kant ou Aristote auraient ensuite renoncé, et se seraient rangés : coup des changements d'une 1ère Critique de la RP à la seconde, ou atermoiements d'Aristote sur l'Être d'un livre à l'autre de la Métaphysique... Comment croire à ces foutaises heideggériennes... Philologisme absurde, et ridicule, tordant les phrases pour leur faire cracher ce qu'on veut...
      Bref, c'est Schelling prolongeant, une fois de plus, Kant en un sens bien spécial. Contre le "rationalisme" hégélien, donc. L'histoire philosophique est un éternel recommencement.

      Supprimer
    4. Je kiffe votre formulation à propos de l'entendement : "ce n'est pas parce qu'on ne peut en rester là qu'il ne faut pas en passer par là" J'ose même pousser le bouchon prudentiel concernant le saut téléologique avec un jeu de mot qui, certes, fonctionne surtout en français : une raison sourde est hallucinée.

      Supprimer
    5. Hegel est un Kant radicalisé, un Kant qui tiendrait ses promesses critiques de validation des formes de savoir possibles. Ce qui est insuffisant chez Kant, c'est qu'il n'y a qu'une forme de savoir, et d'expérience, validée par les mêmes catégories. Le schéma "thèse-antithèse-synthèse" que Foucault "critique" avec tant d'ignorance (en pensant atteindre ici la dialectique hégélienne), c'est précisément ce que Hegel congédiait chez Kant : l'idée d'un formalisme de méthode à appliquer de force à l'expérience (la structure ternaire des concepts de l'entendement chez Kant : voir la table des catégories). Hegel invente (cf Phéno) une "science de l'expérience de la conscience". Cela veut dire qu'il y a plusieurs expériences (contrairement à l'expérience de Kant, toujours la même, chargée des mêmes catégories, fonctionnant pareil). Il y a chez Hegel de la pensée partout : dès la sensation, la représentation, puis l'entendement. La pensée est ainsi particularisée, singularisée (ce que l'entendement, abstrait par principe, ne peut atteindre comme résultat). Cette pensée (sensible, en quelque sorte) doit juste se réaliser, s'élever à la conscience de soi-même.
      Cependant, Hegel vante souvent le savoir d'entendement (kantien), et sa conception de la vérité comme "adéquation". Il ne rejette pas la logique formelle, ni la vérité en soi (comme le ferait un sceptique). Reste à définir : une adéquation entre quoi et quoi. Le premier sens de cette adéquation "du mot et de la chose" : la simple "exactitude" (factuelle) ne convient pas, car tout donné "immédiat" est en réalité déjà médiatisé, tant du côté du sujet (idéologiquement, par exemple) que du côté de l'objet (fondamentalement mobile, historique) ; le 2ème type d'adéquation est difficile à saisir (accord du contenu et de son concept), mais c'est le 3è sens ("spéculatif") que retient Hegel : accord du "contenu et de la forme". Pour lui, ça signifie que le "Tout est le vrai". Autrement dit, qu'à un seul objet correspond une vérité "concrète" d'une multitude d'éléments unifiés. L'objet a plusieurs "moments". La logique d'entendement, qui ne connaît qu'une vérité unilatérale, n'est donc pas à rejeter radicalement : mais on doit lui faire honneur en la dépassant (aufheben) vers un Tout de déterminations. Ce qui implique de remettre l'objet en mouvement, tant du côté du sujet connaissant que de l'objet. Il n'y a pas que de la nécessité dans la nature, il y a aussi de la contingence. Tous les objets ne se valent pas (factuels, conceptuels). Mais il y a des objets nécessairement contradictoires auxquels correspondra une "méthode" contradictoire. Cette méthode est plutôt un effacement de la méthode devant le mouvement de la chose même. C'est cela, la "logique" dialectique. Pas une "dialectique dans la Nature", façon Lyssenko, comme le pérorait l'autre, stalinien mal dégrossi élevé au Hegel degôche des années 1950...

      Supprimer