«Lundi 31 janvier 1977 - (...). En ce moment, Loose Heart est complètement branché sur Talking Heads et ça s'entend dans leur musique. Mais je ne peux pas assister au concert, d'autres mondanités m'attendent : c'est en effet aujourd'hui que Valéry Giscard d'Estaing inaugure le Centre Georges-Pompidou. Une date importante de l'année culturelle.
On est lundi soir, je rêvasse dans le taxi qui me conduit à Beaubourg. Pour cette occasion, j'ai mis ma veste Renoma et un nœud papillon tout ce qu'il y a de plus chic. "Vous allez à la raffinerie de pétrole ?" me demande le chauffeur de taxi. "Oui, c'est à peu près ça." Dès l'arrivée, des flics partout, et il faut jouer des coudes pour arriver à la hauteur du président de la République. M. Giscard d'Estaing porte un veston de bonne coupe en tergal laine et cravate stricte. Il est accompagné de Mme Georges Pompidou en manteau de lainage clair, qui a ressorti pour l'occasion toute sa quincaillerie de chez Cartier. Le président est allé chercher Madame à son domicile du quai de Béthune. Autour d'eux, une cour bruyante et chamarrée : Beaudoin et Fabiola, le grand-duc et la duchesse de Luxembourg, Rainier et Grace de Monaco, le président du Zaïre, le général Mobutu, le président du Sénégal, Senghor, le président de la Côte d'Ivoire, Houphouët-Boigny, Raymond Barre en blazer croisé, Olivier Guichard, Michel Poniatowski, Jean Lecanuet, Jacques Chirac, des généraux inconnus, le torse couvert de décorations, Mme Françoise Giroud un peu pompette, Mme Claustre, Vivienne de chez "Sex", Johnny Rotten, Dave Vanian et Barrie Masters, les architectes italiens et britanniques, Piano, Rogers, Franchini et Sir Ove Arup.
Le service d'ordre est considérable : les gardes républicains, sabres au clair et casques dorés, surmontés d'un plumet rouge flamboyant, une vingtaine de motards qui font vroom vroom sur leurs engins comme des Hell's Angels, et des barbouzes dans tous les coins.
Maxime et Loulou de la Falaise sont en robes longues et boas de couleur vive. Joël Le Bon est très chic, en Saint Laurent comme d'habitude, Olivier Mosset pour une fois n'a pas mis son blouson de cuir mais une veste en velours, Robert Cordier est très sport. Les quatre mille invités se croisent dans les escalators, s'emmêlent les pieds dans les fils électriques qui traînent un peu partout et passent devant des travailleurs immigrés qui n'en finissent plus de faire rugir leurs aspirateurs.»
(Alain Pacadis, Un jeune homme chic)
... Très chic les repas clan d'Estaing !
RépondreSupprimerExcellente reprise de cette balle au bond.
SupprimerPierre