« Cadres, banquiers, chefs d'entreprise, ils partagent la même passion pour la boxe : loin des quartiers populaires où il est historiquement pratiqué, le noble art s'est fait une place parmi les "élites", attirant des "décideurs" séduits par une pratique haut de gamme, coeur de cible d'onéreuses structures privées. Ombeline, rédactrice en chef indépendante, est adepte. "Côté physique, la boxe est un sport extrêmement complet, à chaque cours on se dépasse et mentalement ça permet vraiment de se concentrer sur quelque chose". Même son de cloche chez Julien, cadre dans une start-up informatique, qui après une séance se sent "vidé, tout simplement, à la fois intellectuellement et physiquement". "Depuis que je boxe, je mange des salades le midi et j'ai arrêté les cocktails en afterwork", confie André, rencontré alors qu'il combattait lors d'une réunion de boxe privée entre cadres travaillant pour la plupart à La Défense. "Quand on voit des supérieurs faire des AVC à cinquante ans, on se dit qu'il faut se préserver", abonde Gaëtan, un autre participant. Tous ont eu le même coup de coeur pour la boxe, qu'ils pratiquent dans des installations haut de gamme à la sortie du travail. Bien loin du cliché du boxeur de quartier, en sueur dans une salle insalubre...
Difficile de chiffrer ce phénomène du "white collar boxing", cette pratique de la boxe en "col blanc" née aux Etats-Unis et développée dans les grandes places financières du globe. Mais le Directeur technique national à la Fédération française de boxe, Patrick Wincke, y voit une conséquence du succès des boxeurs français aux JO-2016 de Rio, cette "Team Solide" aux valeurs "d'épanouissement, de solidarité, de dépassement de soi". "Ce sont aussi des valeurs recherchées dans le monde de l'entreprise", un monde jusque-là plutôt réticent à la boxe, poursuit-il. "Désormais, il y a des acteurs de cinéma, des hommes politiques, des chefs d'entreprise qui boxent. Ces publics qui ont besoin à la fois de se défouler, de se changer les idées, tout en trouvant un apport personnel, ont trouvé une réponse dans la boxe", constate le DTN. L'acteur Mathieu Kassovitz, le PDG de Kering François-Henri Pinault, l'ex-Miss France Laury Thilleman, tous s'y mettent. Même à Matignon, le Premier ministre Edouard Philippe s'entraîne à la boxe anglaise, profitant des équipements aménagés par l'un de ses prédécesseurs, Manuel Valls, adepte lui de la boxe française. "C'est un formidable sport pour des métiers qui sont particulièrement exposés au stress, comme ceux de la banque, de la finance et du conseil : tous les environnements où l'on a des responsabilités importantes", résume Cyril Durand, fondateur du concept "Temple Noble Art", un des clubs les plus en vogue de Paris. Comme cet ex-responsable d'opérations chez le géant de l'immobilier commercial Unibail-Rodamco, ils sont nombreux à avoir exploité cet engouement naissant en France pour créer leur enseigne "premium". Dans son club, bâti dans une ancienne fabrique du 18e siècle tout près de la Comédie-Française et du Palais Royal, ce diplômé de Sciences Po et HEC mise sur un cadre et des prestations en rapport avec le "haut niveau d'exigence" des "décideurs" qui viennent s'entraîner. Avocats, artistes, mannequins, députés et entrepreneurs ont été conquis par les matériaux nobles installés dans l'établissement comme le cuir des élégants punching-balls. Parmi les VIP, on retrouve par exemple Antoine de Caunes, Valérie Lemercier ou le cuisinier star Thierry Marx. »
(AFP, 21-12-18)
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