mercredi 2 septembre 2020

Gabola Gabola Hey !

«Fondée en 2017 par Tsietsi Makiti pour attirer ceux qui auraient de toute façon été rejetés par les églises catholiques et évangéliques opposées à une trop forte consommation d'alcool, l'église Gabola célèbre généralement ses messes dans des pubs ou des restaurants." Jésus nous a enseigné à pêcher là où il y a du poisson. Ce sont dans les tavernes, les shebeens (bars), qu'on trouve des enfants de Dieu rejetés des autres églises à cause de leur amour pour l'alcool", explique à l'AFP M. Makiti, 54 ans. "Nous accueillons tous ceux qui aiment l'alcool", ajoute-t-il, affirmant que l'église a trouvé des fidèles à l'étranger, au Canada, en Suisse, en Allemagne ou encore au Brésil. Dans la pièce qui tient lieu d'église, les chaises sont espacées d'un mètre, conformément aux protocoles imposés par l'épidémie. Et les fidèles sirotent leur boisson en écoutant le sermon. La chaire improvisée est décorée de bouteilles de gin et de bière. La mitre noire et or du fondateur du mouvement est ornée de deux bouteilles miniatures de whisky et d'Amarula, une liqueur populaire en Afrique du Sud. "Maintenant que l'interdiction de la vente d'alcool est levée, tout est si joyeux. Nous faisons la fête!", lance Tsietsi Makiti, "pape" autoproclamé. "L'alcool est la seule chose qui nous relie à Dieu, car si je suis sous l'influence de l'alcool, je suis sous l'influence du Saint-Esprit", explique-t-il avec le plus grand sérieux. L'interdiction de la vente d'alcool a été une "pilule amère à avaler pour l'église Gabola", qui n'est pas membre du Conseil sud-africain des églises (SACC). "Nous ne reconnaissons pas Gabola comme une église de Jésus-Christ dans l'Esprit Saint. Il existe de nombreuses organisations qui se proclament elles-mêmes églises", relève Mgr Malusi Mpumlwana, secrétaire général du SACC. À Gabola, qui veut dire "boire" en tswana, une des langues officielles en Afrique du Sud, on ne lit pas la Bible. Le fondateur de cette église affirme être en cours d'écriture de sa propre bible. Il n'y a pas non plus d'offrande, ni de quête pendant les offices, les fidèles doivent simplement apporter de quoi boire.
Portia Nzimande a quitté sans regret l'église orthodoxe pour rejoindre la communauté Gabola. "Seul Dieu peut nous juger. Ce que nous faisons ici, c'est notre vie. Nous ne devons aucune explication à personne", assure-t-elle. "Nous nous amusons parce que nous prions et buvons en même temps". Pour certains, ces rassemblements sont juste un prétexte pour boire. Mais "nous avons des membres ici qui ne boivent pas", souligne Siphiwe Mafunisa, 42 ans, "archevêque" de l'église Gabola. "C'est juste une église, une église normale, mais nous l'appelons Gabola parce que la plupart d'entre nous boivent", explique-t-elle. Et pour Ephraim Seliane, restaurateur de 37 ans, "rien ne vaut Gabola, parce que vous êtes parmi des gens qui vous permettent d'être vous-mêmes."»
(source : L'Obs, 2 septembre 2020)

10 commentaires:

  1. Notre bière qui êtes aux cieux... etc.
    Au nom de la bière, du gin et du Saint Pourcain, amen !

    Le chanoine Kir

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Le vin de masse, M. le Chanoine, plutôt que le vin de messe : tel serait notre credo. Sinon, ça va aux Grésilles ?

      Supprimer
  2. Les Grésilles sont mitoyennes avec saint Apollinaire …
    Comment n'y point vouloir y rallumer les étoiles ?
    Confusion identitaire, défense armée du petit commerce, crétinerie communautaire,
    le kir est gâché, dommage !

    RépondreSupprimer
  3. Aussi, cher Moine bleu, j'aime bien :
    " Il n'y a pas non plus d'offrande, ni de quête pendant les offices, les fidèles doivent simplement apporter de quoi boire. "
    cela me rappelle avec tendresse l' " atelier beuverie " sis en notre squat du 21 de la rue des Envierges en l'an 1977.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Oui, ça ne le rajeunit pas ! ni moi aussi, du coup !

      Supprimer
    2. Sinon c'était aussi en 5738,
      mais seulement quand j'étais en déplacement dans ma famille

      Supprimer
    3. Vous avez raison : la famille, c'est fondamental, en ces temps de perte totale de repère. C'est ce qui peut nous rassembler, en termes de valeurs, au-delà de nos différences, pour faire société. On en parlait justement hier soir avec l'imam Chalghoumi, qui était passé boire un verre à la maison.

      Supprimer
  4. Adolphe au ph toujours neutre2 septembre 2020 à 19:55

    Franchement séduit par le concept de non-mixité alcoolique. Mais c'est rudement con, je commençais juste à apprécier le lait d'avoine intersectionnel éthique ! Me voilà encore une fois en plein doute spirituel.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. " Jésus nous a enseigné à pêcher là où il y a du poisson" : peut-être une allusion au wokefishing. Rassurez-vous, des passerelles sont possibles, vers le salut universel. Gabola vous aime et se moque de vos passions antérieures. Pourvu que vous veniez comme vous êtes (comme on dit chez Mc Do), et avec une boutanche. Fraiche.

      Supprimer