samedi 25 août 2018

La Nature est bien faite


Le « progressisme » libéral est en réalité un régressisme. Le libéralisme mobilise en effet par essence toutes les ressources animales de l'individu, ressources imparfaitement recouvertes d'un vernis de culture que, par ailleurs, le libéralisme revendique aussi, et prétend contradictoirement, dans le même mouvement violemment affirmatif, imposer comme norme universelle d'être et de comportement. Il suffit de subir visuellement, quelques malheureuses secondes, une publicité pour une voiture, une montre ou un pot de yaourt, pour comprendre cette mobilisation naturelle régressiste et animale propre au libéralisme. Le libéralisme fantasme un monde peuplé d'enfants et d'animaux, dont les désirs élémentaires feraient loi, et dont - en particulier - les besoins impérieux de domination violente exercée sur tout concurrent potentiel doivent être laissés libres, non-réprimés dans leur expression. C'est ainsi que le libéralisme, par cette apologie permanente de la naturalité, de la violence infantile et animale, nourrit par essence les régressions mythologiques, et notamment fascistes. L'esprit humain est ainsi fait qu'il cherche ensemble des causes ultimes et des explications à ses misères. La religion, par exemple, apaise l'esprit humain confronté à ces souffrances absurdes que constituent la vieillesse, la maladie, la mort, les catastrophes. Sans l'explication, sans la cause ultime posant en Dieu une volonté subjective projetée dans les cieux, volonté subjective déterminant, par ses caprices de pouffe, la survenue desdites catastrophes, l'assomption de ces dernières serait impossible. On doit pouvoir expliquer le mal qui nous arrive. Il doit y avoir une raison. La raison, c'est que Dieu est en colère contre toi. Parfait. Je peux m'organiser, dès lors, pour anticiper, adoucir, prévenir, contrecarrer, amadouer cette colère. Le procès est toujours le même. Une stratégie (rationnelle) se trouve édifiée sur de l'irrationnel pur. Une raison se trouve accouchée par la déraison absolue, le mythe. Les périodes de crise, de bouleversement général de valeurs sont évidemment propices à l'accélération ou l'intensification du procès en question. Or, l'anarchie de la production capitaliste, et la catastrophe humaine quotidienne qu'elle induit, pousse invinciblement l'esprit - comme indiqué plus haut - à chercher des causes et des explications satisfaisantes. C'est ainsi que les crises du capitalisme (lesquelles lui sont consubstantielles) portent en elles les solutions mythologiques et fascistes. Nous nous sommes expliqués là-dessus autrefois, en étudiant un cas particulier d'expression du racisme de masse en France. Le racisme est une pathologie socialement induite par la tendance foncièrement régressiste du progressisme libéral. Le racisme est la production irrationnelle nécessaire d'un système économique fondée en droit sur la Raison et, dans les faits, irrationnel. 

Le petit film visible ci-dessus comporte donc, dans sa vérité nue, un défaut majeur, au plan métaphorique. Il extériorise en effet Nature et Culture, Enfant et Chat. Or, Nature et Culture marchent, en réalité, ensemble, constituant le même être. La société bourgeoise mobilise en permanence, dans le psychisme des mêmes individus, des forces pulsionnelles archaïques et profondes à fin de police civilisatrice. Autrement dit, la source du sur-moi libéral des individus n'est à chercher, le plus clairement du monde, que dans le déchaînement célébré des forces du Ça, comme disaient Groddeck puis Freud. C'est ainsi que le fascisme triomphe à l'occasion du libéralisme lui-même, lequel s'efface in fine par nature devant des forces pulsionnelles simplement censées, à l'origine, étayer instrumentalement ses prétentions totales.  

Nous ne sommes ainsi ni pour l'enfant ni pour le chat. Nous sommes pour que l'enfant cesse d'être enfant, c'est-à-dire cesse dans la mesure du possible de vouloir dominer et battre le chat. Nous sommes pour que l'enfant comprenne, au fond, qu'il porte en lui, à titre d'animal rationnel, cette envie essentielle, irréductible de «vouloir détruire autour de moi tout ce qui m'empêche d'être le Maître» (Schiller, Les Brigands). Le comprendre serait déjà le suspendre. De toute façon, c'est ça ou le coup de patte dans ta gueule. 

1 commentaire:

  1. La plupart des parents pratiquent l'élevage, et c'est pourquoi tout disparaîtra, car plus on est éduqué et plus on s'approche de l'état de primevère plongée dans l'huile bouillante.

    Houbistes caracoles, Ô Vénéré.

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