samedi 25 juin 2022

Budapest-Paris (1956)

Ci-dessus : Attaques documentées des représentations de divers partis staliniens ouest-européens, suite à l'écrasement de la révolte de Hongrie par les chars russes. Pour celles et ceux que l'histoire du despotisme oriental contemporain intéresse encore un tant soit peu, la fameuse ≪bataille de Paris≫ du 7 novembre 1956 se trouve relatée de manière efficace et évocatrice dans ce long article dont nous ne citons, quelques lignes plus bas, qu'un trop bref extrait. 

La version du PCF concernant ces mêmes événements, sobrement intitulée Le fascisme ne passera pas [sic], se trouve quant à elle, ci-dessous. Et tout ce qu'on peut en dire, c'est que déjà, pour l'époque, certes, elle ne manque  pas de [fabien roussel...


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***
≪À Paris, autour de la Hongrie, s'affrontent des représentations. Avec les chars soviétiques piétinant Budapest, c'est l'image et l'imaginaire de Stalingrad qui s'éloignent. Dans la rue, des fidélités aveuglées et renforcées, parfois provisoirement, dans leur conviction par l'agression physique contre les totems du parti se heurtent à des adversaires qui ne sont pas tous des "fascistes". Surtout, ce mois-là montre l'ébranlement insensible et doux du parti dans ses bases. Paris n'est plus le Paris rouge qu'il n'a jamais été que marginalement ou sporadiquement. Les débuts de la rénovation urbaine, les glissements progressifs de la pratique militante liés à la consommation et l'apparition des loisirs de masse laissent apparaître des indices de solubilité du communisme que les années 1960 vont aggraver. L'année 1956 est un passage, un entredeux. Le débat idéologique autour des valeurs du communisme confrontées avec celles du "monde libre" culmine avec le drame hongrois et va progressivement reculer jusqu'à l'intervention en Tchécoslovaquie, en 1968. Dans le même temps, le piétinement de Suez révèle l'affaiblissement de la France comme puissance. Le rôle de l'armée dans les guerres coloniales est aussi lisible, en filigrane, au cours de ce mois de novembre parisien. L'amenuisement de la politique, de l'idéologie, dans le banal et le spectaculaire est en marche. On commence à voir beaucoup d'images, ce qui cristallise et refroidit à la fois les émotions. On vérifie que la solidarité envers la Hongrie ne résiste guère aux restrictions d'essence. Novembre 1956 à Paris exprime la condensation violente d'enjeux politiques nationaux et internationaux. Novembre 1956 dévoile aussi la dissémination progressive du politique dans le culturel, le quotidien, du collectif dans l'individuel. En 1956, à Paris, l'avant-guerre et la guerre se terminent enfin. Il faudra attendre mai 1968 pour voir s'exténuer les représentations et les imaginaires sociaux hérités de la Révolution et du 19e siècle≫. 

(Jean-Pierre A. Bernard, Novembre 1956 à Paris, in Vingtième siècle, revue d'histoire

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