«Qu'est-ce que cette histoire de peuple noir, de nationalité nègre ? Je suis Français. Je suis intéressé à la culture française, à la civilisation française, au peuple français. Nous refusons de nous considérer comme "à-côté", nous sommes en plein dans le drame français. Quand des hommes, non pas fondamentalement mauvais, mais mystifiés, ont envahi la France pour l'asservir, mon métier de Français m'indiqua que ma place n'était pas à côté, mais au cœur du problème. Je suis intéressé personnellement au destin français, aux valeurs françaises, à la nation française. Qu'ai-je à faire, moi, d'un Empire noir ? Georges Mounin, Dermenghem, Howlett, Salomon ont bien voulu répondre à l'enquête sur la genèse du mythe du nègre. Tous nous ont convaincu d'une chose. C'est qu'une authentique saisie de la réalité du nègre devait se faire au détriment de la cristallisation culturelle.»
(Frantz Fanon, Peau noire, masques blancs)
Du coup la notion d'"appropriation culturelle" s'effondrerait d'elle-même ? Spéciale kasdédi à Rokhaya et ses amiEs fanonistes !
RépondreSupprimerFanon contre les fanonistes, oui. Même si le bonhomme lui-même est largement clivé. Il ne sait littéralement plus où il habite, comme on dit. Il y a là chez Fanon comme une reprise, plus ou moins consciente et déterminée, de cette "décomposition de toutes les classes" par laquelle le marxisme définit le prolétariat. En 1965, Debord utilisera un parallèle chromatique, le Noir (révolté) devant assumer d'être aussi le "négatif" du Capital, son fossoyeur immanent, irréconciliable et insoluble dans quelque identité culturelle positive que ce soit (le nationalisme noir). Tout ce que MMe Diallo défend, en effet, elle qui se présente volontiers avec fierté comme transfuge de classe ("ne reste pas à ta place"), associant dans un même fantasme libéral américanisant "réussite" raciale et économique.
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