dimanche 21 octobre 2018

Le pro-situ situe pas


« Mais où le situer ce Après il fut trop tard, le " C'est là qu'on s'est trompé et que ça tourne mal ", si déjà la machine à vapeur inaugurant l'âge thermo-industriel et son accumulation du capital et du matériel humain venait en résultante de la conversion des mentalités à ce rationalisme pour lequel la nature n'est qu'un assemblage de matériaux et de fonctions où il n'y avait qu'à se servir en procédés industriels, et l'homme lui-même un phénomène décomposable et utilisable en ses parties, en éléments simples qu'on peut étudier et reproduire en laboratoire ; à cette époque des prédations expansionnistes du Nouveau Monde et le sac qui en fut fait à se gaver d'or, fort expédient à résoudre les contradictions de l'époque, d'être en manne aux souhaits d'amélioration, d'aisance matérielle et de manger du sucre, en déversoir ensuite à l'engorgement populatif ? Ou faudrait-il en chercher le germe pernicieux, le sinistre principe actif, dans une empreinte psychique qu'aura laissée la "paix romaine" et son empire d'exterminations massives, de terreur en onde de forme monumentale dans la succession des siècles ? Ou dans ce fléchage temporel qu'imposa aux esprits la croyance apocalyptique et de salut, si véhémente à désirer la fin de tout, d'en hâter la venue ; ou chez ces théocraties originelles à prendre en monopole le commerce avec l'invisible, cet inquiétant dehors, aimant à cette lisière s'y baigner de sang, à susciter l'angoisse et le respect craintif abolissant la pensée ; ou par la sédentarité néolithique et ses premiers arpentages et dénombrements consignés en début d'écriture, inventant les chefs divinisés et leur prolétariat, qui fit le boom démographique enclenchant la suite conséquente et croissante, la grande transformation jusqu'à nous ? »

(Baudouin de Bodinat, En attendant la fin du monde)

12 commentaires:

  1. Certes, l'époque n'est pas à la joie, mais pourquoi s'en repaître ? Il y a tout de même quelque chose de très apocalyptique à s'enquérir rétrospectivement du moment initial de la chute. Et bien peu de dialectique, voire aucune, dans cet exercice de désabusement, comme on dit “exercice d'admiration”. Quête inversée de la synchronie décisive eût égard au rêve, peut-être eschatologique, révolutionnaire. Et peut-être une schadenfreude quant à la déception des années 1970. Encore dans la théologie, pas de diachronie.

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    1. Pas mieux. D'où notre renvoi à Adorno.
      Car il y a aussi (encore et toujours, dans les deux cas) un désaveu marqué (outré) vis-à-vis de la raison elle-même, la raison en soi, qui nous agace à l'heure des néo-obscurantismes triomphants.

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    2. En parlant de néo-obscurantisme, admirez cette très belle pièce. On commence à se frotter les yeux dès le début, mais le plein éblouissement a lieu à 28:24.

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    3. Du "féminisme spirituel" (sic)...
      hum.

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    4. Le plus (tragi-)comique étant d'entendre qu'on est en retard en France parce qu'on travaille trop du carafon. Quand on sait que ce genre d'ânerie a été dézingué dans les règles, il y a 40 ans déjà, par Annie Le Brun dans Lâchez tout, c'en est presque touchant. Car si on peut reprocher des choses à Mme Le Brun, son rapprochement avec les fâcheux dont il est ici question, par exemple, faire l'impasse sur le corps n'en fait certainement pas partie.

      Mais bon, si je veux les elfes existent, la Terre est plate, et le Soleil tourne autour. Du moment qu'il peut mettre de travers les méquéquettérossaucisglands, le mensonge est une vérité qui dérange.

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    5. Pas mal, le coup du méquéquettérossaucisglands. Faudra qu'on pense à s'en rappeler. Ainsi que de nos privilèges afférents, bien entendu.

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    6. C'est de l'humour lacacanien. En parlant de déception des années 70, spéciale dédicace à Boudin de Boidunoir.

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    7. Génération Irrécupérable28 octobre 2018 à 17:46

      Vous êtes beaux à vous moquer de Camille Ducellier du haut de vos privilèges d'HSBC ! Heureusement que nous avons fait un résumé des temps forts de son intervention : https://www.facebook.com/GenerationIrrecuperable/videos/2097260486984657/.

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    8. @Génération Irrécupérable

      Pas mal le montage, avec ce bémol que du coup on perd l'extraordinaire complaisance des autres intervenantes. Soit une bonne illustration du problème actuel : des gens à qui il ne viendrait jamais l'idée de croire au Père Noël trouvent que ça reste très bien pour les autres, qu'il convient donc de consoler comme des enfants de 4 ans. Il s'agit là d'une faillite intellectuelle, morale et, si on admet que rien ne se bâtit sur un mensonge, pratique.

      NB. L'interface Tronchelivre est vraiment une abomination. C'est lourd, c'est lent, ça vous tanne pour vous inscrire dès que vous cliquez sur un truc. Je vais de ce pas lancer un sort d'hémorroïdes foudroyants sur M. Sucremontagne.

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  2. Et quand on aura découvert que c'est le jour où dans la vallée du grand rift Krök Gros-Cailloux a repris deux fois de la viande avariée alors qu'il n'en pouvait mais, mais, mais le rire de Kimi Pépette-de-Feu à chacune de ses flatulences, comme on sera bien avancé.

    On ne sait pas depuis quand il est trop tard, parce qu'il n'est jamais trop tard. Toutes les grandes ruptures historiques ne sont par là même explicables et donc possiblement évidentes qu'a posteriori. Pourquoi Clausewitz, pourquoi Machiavel chez Debord, sinon ? Parce que ce qui sera histoire est toujours improvisé, précisément.

    Si encore ce genre littéraire (à lire à la bougie de suif, parce que toute cette électricité, ma pov' dame, c'est pas clair, ou bien trop, enfin on s'comprend, halalala !), était drôle. Mais non, il n'y a aucune politesse dans ce pompeux désespoir, c'est juste un fil d'actu avec une couverture autour, rien qu'une compulsion d'info insensible, digne en cela de la plus sinistre modernité du réseausocialisme triomphant. Ça tient même du pathologique, cet acharnement logorrhéique à démontrer comme deux et deux font quinze balles que tout est foutu. Quand t'en es là, tu le dis une fois, à la limite extrême, puis tu fais comme Grothendieck.

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    1. Pas mieux. D'où notre renvoi à Debord.
      Car il y a aussi (encore et toujours, dans les deux cas) un désaveu marqué (outré) vis-à-vis de la politique elle-même, la politique en soi, qui nous agace à l'heure des néo-libéraux-techno hégémoniques.

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