mercredi 28 décembre 2016

J'ten foutrais, moi, de la structure !



« La structure est fille du pouvoir présent. Le structuralisme est la pensée garantie par l’État, qui pense les conditions présentes de la "communication" spectaculaire comme un absolu. Sa façon d’étudier le code des messages en lui-même n’est que le produit, et la reconnaissance, d’une société où la communication existe sous forme d’une cascade de signaux hiérarchiques. De sorte que ce n’est pas le structuralisme qui sert à prouver la validité transhistorique de la société du spectacle ; c’est au contraire la société du spectacle s’imposant comme réalité massive qui sert à prouver le rêve froid du structuralisme. » 

(Guy Debord, La société du spectacle)

                                        

7 commentaires:

  1. Extrait d'une lettre du même, 6 août 1990
    " J’étais content d’avoir, en 1967, et tout au contraire de ce sombre dément d’Althusser, tenté une sorte de «sauvetage par transfert» de la méthode marxiste en y remettant une grande dose de Hegel, en même temps qu’une reprise de la critique de l’économie politique qui veuille aussi tenir compte de ses développements constatables dans notre pauvre siècle, comme ils ont été prévisibles dès le précédent. "

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    1. Mais une fois de plus,vous constaterez que la normopathie guette ("sombre dément")... Dommage, tout de même, pour un admirateur prétendu des surréalistes.
      C'est aussi ce qui pose problème chez Mandosio, et - de manière plus profonde et délicate encore - chez Gabel.

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  2. On pourrait dire au contraire que la schizophrénie chez Gabel est une description de la normopathie. Et je pense que dans sa méchanceté, Debord voyait en Althusser un cas exemplaire. Un penseur révolutionnaire garanti par l'État.

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    1. Vous avez raison. Mais il manque néanmoins, dans tout cela, chez Debord, une politique concrète et différenciée (ou positive, en quelque sorte) de la folie. Les situs traitent, par exemple, quelque part, de "fous", sans autre forme de procès, des royalistes prétendant s'associer à eux au nom de la haine anti-bourgeoise. C'est à la fois trop et trop peu, au plan de l'analyse politique. Quant à la schizophrénie que vous évoquez et dont traite Gabel, convenez que la folie ne saurait se réduire à elle. Bloch oppose, par exemple, victorieusement, dans "Le Principe Espérance", la paranoïa à la schizophrénie (la paranoïa comme source cognitive supérieure) : exactement l'inverse de ce que fera Deleuze. Il lie, par ailleurs, la paranoïa au haschich, la schizophrénie aux opiacés, etc. Bref : il bosse. Rien de tout ça chez debord, qui en reste à une légitimation abstraite de la bonne vieille raison face à une folie elle aussi conçue hors-sol. La compréhension (et l'exactitude) de ce fait que le capitalisme est en effet un système de folie, détruisant toute logique, ne suffit pas à combler ce vide. Une seule fois, à notre connaissance, dans l'IS, Debord reproche à ceux qui le traitent de "mégalomane" de ne pas être plus "précis" à ce sujet. C'est maigre.

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    2. Bah, c'est maigre mais des anarcho-royalistes, ça fait quand double minded rapport à ni dieu ni maître. Que Debord soit, en définitive, maigre en la matière, cela est relatif aux attentes qu'a pu inspiré quelqu'un qui a tant parié sur les passions (et qui était très attaché à Ivan Chtechglov, malgré ce que ce crétin d'Apostolididès en dit via ce qu'il imagine de son cousin).

      La paranoïa comme autre de la schizophrénie est une idée qui m'a tenu longtemps. Mais pour avoir creusé chez Bleuler et Kraepelin, j'en fus parvenu à la conviction (symptomologique) d'Eugène Minkowski : toutes les démences relèvent de la schizo (v'la qu'j'l'appelle par son prénom !), restée encore la plus mystérieuse des toctoqueries. D'ailleurs, la paranoïa est bien souvent diagnostiquée comme épisodes schizo-paranoïdes. Les fourgues en blousent blanches donnent (enfin vendent) les mêmes médic.

      Pour ce qui est de son autogestion, à supposer un test toutes boissons égales par ailleurs, les cobayes sont divisés en deux. Comme on sait ceux qui refusent le H disent que ça les rend paranos et les autres répondent "moi pas". Une expérience cruciale consisterait à savoir si les premiers sont moins opiomanes que les seconds. Proposition de sondage informel en cette époque tellement sociologue.

      S'agissant de Debord et la mégalomanie, j'ai le vague souvenir, peut-être faux, d'une occurrence où Debord s'enorgueillissait de sa mégalomanie en reprenant un formule de Marcel Duchamp disant en substance que cette folie était la plus sociable. Mais je n'ai jamais retrouvé les sources, il se pourrait bien que je les avais rêvés perdu dans quelques volutes. Cela dit, votre avant-dernière phrase me renforce dans l'idée qu'il y avait quelque chose de vrai dans ce faux.

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    3. Schizosophe, prenez ça comme vous le voudrez, mais vous nous faites du bien.

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    4. Pouf ! Vous me faites bleuir. C'est que, dans cette nuit où nous cesserons de tourner, vous faites cingler de bien lumineuses correspondances, cher moine.

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