C'est tellement beau. Le mec (Wotan) est un dieu, certes, garant des lois et traités, et de tout ce que vous voudrez d'autre qui fait marcher l'ordre du monde, mais il s'est reconnu pourtant, à quelques scènes de là, comme la plus impuissante des victimes impuissantes. Et il le dit, d'ailleurs, tel quel. Il aime cette part de lui, sa volonté, féminine (la Walkyrie Brünehilde, sa fille), qui le dépasserait enfin dans le sens de ce qu'il désirerait et aimerait, contre la nécessité du monde : sa faiblesse, son amour, réalisés ou non. Il faudrait pour cela qu'un Siegfried valable se pointe, un humain fragile désignant, par cette fragilité et cette innocence même, une nouveauté, un enjeu nouveau. Accessoirement, ce qui est politique, Wotan reconnaît qu'il n'est de ≪droit≫ qui ne naisse de violence, d'usurpation, d'exception : il n'est point de droit qui ne naisse et ne procède d'un en-dehors barbare du droit. Et alors ? Serait-ce une raison de ne pas en souffrir, de ne pas souffrir de cette situation de fait/de droit, d'injustice native, aux termes des exigences contraires et tout aussi impérieuses d'un certain droit naturel qui nous ressemble tous, posant l'égalité entre toutes souffrances et dignités ? MacIntyre, sur ce coup-là, décidément, et à jamais (voyez sa face ruisselante, jouissez-en). Macintyre/Wotan, donc, cédant le triomphe divin au seul dieu éternel qui vaille, celui des vainqueurs libéraux éternels : le Feu, toujours jeune, en son ironie triomphante. Loge. Le personnage principal de la Tétralogie. Celui qui se fout bien (explicitement) de tous les autres cons et connes. Mais a-t-il bien raison, ce feu ? Et existe-t-il (tellement) ?
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