Va falloir réviser le "volet de formation aux enjeux géopolitiques" promis par J. L. M. pour les neuf mois de conscription citoyenne, obligatoire mais mixte, salvatrice et édifiante pour les 18-25 ans, où la jeune garde aurait rencontré un para bel homme préparant son peuple aux nécessaires et justes guerres propres de l'avenir en commun.
Une bête politique ce J. L. M. !, de la real pol à Popaul, s'adresser directement à "les gens", savoir toucher les masses individuellement. Pas des trucs aseptisés de managers baignés dans les eaux glacées des calculs rénaux du vieux monde.
Merci Prh, Sergueïtsev nous donnait donc, en avril 2021, le programme, sa justification ethnique orientocentrée et simultanément anti-communiste, ainsi que les limites du rayon d'action.
Cela vaut bien la peine de les mettre en évidence. Extraits donc (malgré, si j'ai bien compris, deux probables rapidités de traduction notées entre crochets avec proposition de correction en gras) :
« Le nom "Ukraine" ne peut pas être retenu comme celui d'une formation étatique entièrement dénazifiée sur un territoire libéré du régime nazi. Les républiques populaires nouvellement créées sur les territoires libérés [(par les) plutôt des, ou alors lapsus] nazis doivent naître et naîtront de la pratique de l'autonomie économique et de la protection sociale, de la reconstruction et de la modernisation des systèmes de survie de la population. Leurs aspirations politiques ne peuvent en effet pas être neutres - la rédemption de la culpabilité envers la Russie pour l'avoir traitée comme un ennemi ne peut se réaliser que dans la dépendance de la Russie dans les processus de reconstruction, de régénération et de développement. »
« La dénazification sera inévitablement une désukrainisation - un rejet de l'inflation artificielle à grande échelle de la composante ethnique de l'auto-identification de la population des territoires de la Malorossia et de la Novorossia historiques, que les autorités soviétiques ont entamée. Outil de la superpuissance communiste, l'ethnocentrisme artificiel n'est pas resté orphelin après la chute du communisme. Dans cette capacité de service, elle a été reprise par une autre superpuissance (pouvoir sur les États) - la superpuissance de l'Occident. [(Il) plutôt Elle, ladite superpuissance occi] doit être rendu[e] à ses limites naturelles et dépouillé[e] de sa fonctionnalité politique. »
« Il est impossible de prévoir à l'avance dans quels territoires cette masse de population constituera une majorité indispensable. "La province catholique" (l'Ukraine occidentale, qui comprend cinq régions) a peu de chances de faire partie des territoires pro-russes. La ligne d'exclusion, cependant, sera trouvée expérimentalement. »
Après vérification le texte d'avril 2021 auquel se réfère Sergueïtsev lui-même — https://ria.ru/20210410/ukraina-1727604795.html — est beaucoup plus général. De la géopol victimaire classique à plus lointaine portée historique et sans précision sur les menées de l'opération dénazifiante en Ukraine. On y lit tout de même que la dénazification des pays de l'Est, "satellites allemands", n'était pas achevée du temps de l'URSS. La Russie finirait donc le travail.
Que Poutine ne veuille pas s'arrêter à l'Ukraine est une analyse partagée par de nombreux observateurs (cf. Notamment les excellentes analyses de Desk Russie, et de Françoise Thorm en particulier). Poutine s'attelle déjà à contrôler la mer noire (à l'exception pour l'instant de l'espace turc au sud). C'est ce qui explique d'ailleurs pourquoi il est intervenu si violemment en Syrie (cf. Le port de Tartous). Quelques semaines avant l'invasion de l'Ukraine, en janvier je crois, il avait menacé la Roumanie et la Bulgarie de quitter l'Otan... De toute façon, même l'ancien pote de Melenchon, du front de gauche russe, même s'il se pose en opposant de Poutine, appelle désormais à reconstruire l'UrSS... Il y a un imaginaire politique complètement délirant actuellement en Russie. Medvedev aurait fait un communiqué via Telegram hier dans lequel il parle d'un espace eurasiatique de Moscou à Lisbonne... No limit....
Allez, à suivre le délire, faisons donc des plans sur la comète.
On connaît mieux Douguine que Sergueïtsev, que vous m'avez fait découvrir. Idéologie ressentimentale comme forme dégradée des communismes et décolonialismes étatiques que cette aspiration à une centralité orientale dans une Weltanschauung multiplolaire : des aspirations émancipatrices originelles, il ne reste plus que l'étatisme, la conception praxique dénuée de toute théorie, la real pol en un mot. Ce phénomène culturel est mondial pour l'heure.
D'accord avec vous, Prh, pour envisager la menée vers leur ouest comme suite logique de leurs menées vers leur sud (Caucase pétro-gazier de la Caspienne, accès aux deux mers, Noire et Méditerranée [prometteuse en gaz entre Chypre et Israël], et prise de positions stratégiques partagées, non sans tensions, avec le ressentiment turc nostalgique de sa gradeur ottomane). Je comprends cette suite-là, en Ukraine, comme un moment du délire historico-mégalo-culturaliste : l'ambition à court terme de Poutine, Douguine and co étant de faire en sorte que les ex-pays de l'Est deviennent des zones stratégiquement neutres. Le bisounours Medvedev, tout exalté momentanément, me semble en plein coït hâtif, plus vite que la musique. C'est maladroit, Dmitri, fallait pas le dire. La volonté de puissance jure avec le sourire diplomatique.
Ces fachos-là, « ethno-culturalo-relativistes », du XXIe siècle, ont une arme : la position géographique des ressources énergétiques, dont le capitalisme, dans sa généralité, est si goulu. Mais position géographique coïncidant à des positions politiques avec lesquelles ils auront à composer, car les ressentiments islamistes armés, même concurrentiels entre eux, s'y imposent comme alliés potentiels et infidèles.
À moyen terme, ça discutera, l'Europe repose sur l'Allemagne qui repose sur le gaz. Les ricains rêvent d'une Europe moins productive, moins germano-dépendante donc, qui leur soit encore un grand marché, comme à l'époque du Plan Marshall.
L'impérialisme oriental a aussi un défaut dans sa cuirasse, le rêve eurasiatique de Douguine censément complémentaire de celui de Xi rencontrera des contradictions avec les émergences étatiques indienne, iranienne et turque, dont les ressentiments ne sont pas moindres, et les passés pas historiquement russophiles.
Le problème avec ces plans géopolitiques, c'est que la hauteur de vue qu'ils impliquent est si haute que l'individu disparaît complètement du paysage. D'ailleurs ils en meurent ou perdent leurs vies à survivre ou sont enrégimentés.
Ce qui disparait ici en effet comme Weltanschauung c'est l'individu bourgeois, déjà bien entamé, de l'autre côté, par le spectaculaire diffus puis intégré.
Froideur de l'éco-pol, section éco. Moins, s'il on ajoute gaz et pétrole ; mais plus cher : (extrait), "Les échanges avec les "27" ont représenté 44 milliards d'euros au cours des deux derniers mois, contre 140 milliards d'euros pour l'ensemble de l'année dernière (soit environ 12 milliards d'euros par mois)" X 2, et plus ciblé. (extrait) "Plusieurs pays, comme l’Inde, l’Égypte ou la Chine, ont effectivement augmenté ou commencé à importer des hydrocarbures russes."
Kazakhstan, coïncidence sans lien de cause à effet. Insurrection sociale réprimée janvier 2022 ; positionnement géopol pro-européen du nord-est de la Caspienne mars-mai 2022.
La bourgeoisie comme attribut ? Pourquoi pas comme adverbe ? Sa singularité désormais tout à fait prise dans l'intégration spectaculaire — l'individu bourgeoisement étiolé par le côté du spectaculaire diffus est, simultanément, ontologiquement ("essentialistement") désamorcé par le spectaculaire concentré. Une louche de pas assez, une louche de pas encore.
Pour donner du baume au coeur, ou du moins pour suggérer des analogies, comme en changeant de dada. « entre les gènes et l'environnement se trouve l'organisme. Et c'est sa position qu'il s'agit de définir. Est-ce celle d'une instance intermédiaire entièrement commandée par les gènes, ou celle d'un partenaire à part entière ? Nous avons tranché cette question en faveur de l'autonomie (...) Cette nouvelle position a des implications qui dépassent de loin la simple théorie de l'évolution. Les organismes ne sont pas des marionnettes des gènes. Au moins chez l'homme, la structure de l'organisme a atteint un niveau d'organisation qui lui permet d'influer directement sur les gènes. (...) Les formes qui ont survécu au fil de l'évolution ont toujours été celles qui avaient poussé le plus loin les progrès du métabolisme et du degré d'émancipation par rapport aux conditions environnementales. » (morceaux choisis, pp. 295 à 297, Joseph Reichholf, L'Émancipation de la vie, III, 5, "Une théorie intégrée de l'évolution", 1992, trad. fr. 1993)
"Je suis en campagne contre la diabolisation de Poutine"
RépondreSupprimerJ. L. Melenchon, L'Humanité, 9 mars 2015.
"Je me félicite que la Crimée soit perdue pour l'Otan"
J. L. M., Libération, 25 octobre 2014
"Les Russes sont des partenaires, pas des ennemis"
J. L. M., Le Monde, 13 octobre 2016
"La Russie ne représente aucun danger pour l'Europe"
J. L. M., Marianne, 20 janvier 2017
Fine mouche.
SupprimerVoletant dans la boucherie.
Va falloir réviser le "volet de formation aux enjeux géopolitiques" promis par J. L. M. pour les neuf mois de conscription citoyenne, obligatoire mais mixte, salvatrice et édifiante pour les 18-25 ans, où la jeune garde aurait rencontré un para bel homme préparant son peuple aux nécessaires et justes guerres propres de l'avenir en commun.
SupprimerArrête, je mouille (trop).
SupprimerUne bête politique ce J. L. M. !, de la real pol à Popaul, s'adresser directement à "les gens", savoir toucher les masses individuellement. Pas des trucs aseptisés de managers baignés dans les eaux glacées des calculs rénaux du vieux monde.
Supprimer而幸运的是,梅朗雄同志也是中国的朋友,是台湾帝国主义的敌人。
RépondreSupprimer梅朗雄同志是个混蛋
SupprimerDenazification : https://www.leshumanites.org/post/le-mein-kampf-de-poutine-d%C3%A9nazification-de-l-ukraine-l-effrayante-tribune-de-t-sergue%C3%AFtsev
RépondreSupprimerMerci Prh, Sergueïtsev nous donnait donc, en avril 2021, le programme, sa justification ethnique orientocentrée et simultanément anti-communiste, ainsi que les limites du rayon d'action.
SupprimerCela vaut bien la peine de les mettre en évidence. Extraits donc (malgré, si j'ai bien compris, deux probables rapidités de traduction notées entre crochets avec proposition de correction en gras) :
« Le nom "Ukraine" ne peut pas être retenu comme celui d'une formation étatique entièrement dénazifiée sur un territoire libéré du régime nazi. Les républiques populaires nouvellement créées sur les territoires libérés [(par les) plutôt des, ou alors lapsus] nazis doivent naître et naîtront de la pratique de l'autonomie économique et de la protection sociale, de la reconstruction et de la modernisation des systèmes de survie de la population. Leurs aspirations politiques ne peuvent en effet pas être neutres - la rédemption de la culpabilité envers la Russie pour l'avoir traitée comme un ennemi ne peut se réaliser que dans la dépendance de la Russie dans les processus de reconstruction, de régénération et de développement. »
« La dénazification sera inévitablement une désukrainisation - un rejet de l'inflation artificielle à grande échelle de la composante ethnique de l'auto-identification de la population des territoires de la Malorossia et de la Novorossia historiques, que les autorités soviétiques ont entamée. Outil de la superpuissance communiste, l'ethnocentrisme artificiel n'est pas resté orphelin après la chute du communisme. Dans cette capacité de service, elle a été reprise par une autre superpuissance (pouvoir sur les États) - la superpuissance de l'Occident. [(Il) plutôt Elle, ladite superpuissance occi] doit être rendu[e] à ses limites naturelles et dépouillé[e] de sa fonctionnalité politique. »
« Il est impossible de prévoir à l'avance dans quels territoires cette masse de population constituera une majorité indispensable. "La province catholique" (l'Ukraine occidentale, qui comprend cinq régions) a peu de chances de faire partie des territoires pro-russes. La ligne d'exclusion, cependant, sera trouvée expérimentalement. »
Après vérification le texte d'avril 2021 auquel se réfère Sergueïtsev lui-même — https://ria.ru/20210410/ukraina-1727604795.html — est beaucoup plus général. De la géopol victimaire classique à plus lointaine portée historique et sans précision sur les menées de l'opération dénazifiante en Ukraine. On y lit tout de même que la dénazification des pays de l'Est, "satellites allemands", n'était pas achevée du temps de l'URSS. La Russie finirait donc le travail.
SupprimerQue Poutine ne veuille pas s'arrêter à l'Ukraine est une analyse partagée par de nombreux observateurs (cf. Notamment les excellentes analyses de Desk Russie, et de Françoise Thorm en particulier). Poutine s'attelle déjà à contrôler la mer noire (à l'exception pour l'instant de l'espace turc au sud). C'est ce qui explique d'ailleurs pourquoi il est intervenu si violemment en Syrie (cf. Le port de Tartous). Quelques semaines avant l'invasion de l'Ukraine, en janvier je crois, il avait menacé la Roumanie et la Bulgarie de quitter l'Otan... De toute façon, même l'ancien pote de Melenchon, du front de gauche russe, même s'il se pose en opposant de Poutine, appelle désormais à reconstruire l'UrSS... Il y a un imaginaire politique complètement délirant actuellement en Russie. Medvedev aurait fait un communiqué via Telegram hier dans lequel il parle d'un espace eurasiatique de Moscou à Lisbonne... No limit....
SupprimerAllez, à suivre le délire, faisons donc des plans sur la comète.
RépondreSupprimerOn connaît mieux Douguine que Sergueïtsev, que vous m'avez fait découvrir. Idéologie ressentimentale comme forme dégradée des communismes et décolonialismes étatiques que cette aspiration à une centralité orientale dans une Weltanschauung multiplolaire : des aspirations émancipatrices originelles, il ne reste plus que l'étatisme, la conception praxique dénuée de toute théorie, la real pol en un mot. Ce phénomène culturel est mondial pour l'heure.
D'accord avec vous, Prh, pour envisager la menée vers leur ouest comme suite logique de leurs menées vers leur sud (Caucase pétro-gazier de la Caspienne, accès aux deux mers, Noire et Méditerranée [prometteuse en gaz entre Chypre et Israël], et prise de positions stratégiques partagées, non sans tensions, avec le ressentiment turc nostalgique de sa gradeur ottomane). Je comprends cette suite-là, en Ukraine, comme un moment du délire historico-mégalo-culturaliste : l'ambition à court terme de Poutine, Douguine and co étant de faire en sorte que les ex-pays de l'Est deviennent des zones stratégiquement neutres. Le bisounours Medvedev, tout exalté momentanément, me semble en plein coït hâtif, plus vite que la musique. C'est maladroit, Dmitri, fallait pas le dire. La volonté de puissance jure avec le sourire diplomatique.
Ces fachos-là, « ethno-culturalo-relativistes », du XXIe siècle, ont une arme : la position géographique des ressources énergétiques, dont le capitalisme, dans sa généralité, est si goulu. Mais position géographique coïncidant à des positions politiques avec lesquelles ils auront à composer, car les ressentiments islamistes armés, même concurrentiels entre eux, s'y imposent comme alliés potentiels et infidèles.
À moyen terme, ça discutera, l'Europe repose sur l'Allemagne qui repose sur le gaz. Les ricains rêvent d'une Europe moins productive, moins germano-dépendante donc, qui leur soit encore un grand marché, comme à l'époque du Plan Marshall.
L'impérialisme oriental a aussi un défaut dans sa cuirasse, le rêve eurasiatique de Douguine censément complémentaire de celui de Xi rencontrera des contradictions avec les émergences étatiques indienne, iranienne et turque, dont les ressentiments ne sont pas moindres, et les passés pas historiquement russophiles.
Le problème avec ces plans géopolitiques, c'est que la hauteur de vue qu'ils impliquent est si haute que l'individu disparaît complètement du paysage. D'ailleurs ils en meurent ou perdent leurs vies à survivre ou sont enrégimentés.
Ce qui disparait ici en effet comme Weltanschauung c'est l'individu bourgeois, déjà bien entamé, de l'autre côté, par le spectaculaire diffus puis intégré.
SupprimerFroideur de l'éco-pol, section éco. Moins, s'il on ajoute gaz et pétrole ; mais plus cher : (extrait), "Les échanges avec les "27" ont représenté 44 milliards d'euros au cours des deux derniers mois, contre 140 milliards d'euros pour l'ensemble de l'année dernière (soit environ 12 milliards d'euros par mois)" X 2, et plus ciblé. (extrait) "Plusieurs pays, comme l’Inde, l’Égypte ou la Chine, ont effectivement augmenté ou commencé à importer des hydrocarbures russes."
SupprimerKazakhstan, coïncidence sans lien de cause à effet. Insurrection sociale réprimée janvier 2022 ; positionnement géopol pro-européen du nord-est de la Caspienne mars-mai 2022.
SupprimerLa bourgeoisie comme attribut ? Pourquoi pas comme adverbe ? Sa singularité désormais tout à fait prise dans l'intégration spectaculaire — l'individu bourgeoisement étiolé par le côté du spectaculaire diffus est, simultanément, ontologiquement ("essentialistement") désamorcé par le spectaculaire concentré. Une louche de pas assez, une louche de pas encore.
RépondreSupprimerPour donner du baume au coeur, ou du moins pour suggérer des analogies, comme en changeant de dada. « entre les gènes et l'environnement se trouve l'organisme. Et c'est sa position qu'il s'agit de définir. Est-ce celle d'une instance intermédiaire entièrement commandée par les gènes, ou celle d'un partenaire à part entière ? Nous avons tranché cette question en faveur de l'autonomie (...) Cette nouvelle position a des implications qui dépassent de loin la simple théorie de l'évolution. Les organismes ne sont pas des marionnettes des gènes. Au moins chez l'homme, la structure de l'organisme a atteint un niveau d'organisation qui lui permet d'influer directement sur les gènes. (...) Les formes qui ont survécu au fil de l'évolution ont toujours été celles qui avaient poussé le plus loin les progrès du métabolisme et du degré d'émancipation par rapport aux conditions environnementales. » (morceaux choisis, pp. 295 à 297, Joseph Reichholf, L'Émancipation de la vie, III, 5, "Une théorie intégrée de l'évolution", 1992, trad. fr. 1993)