Il y a plein de belles choses en ce monde. Les Gilets Jaunes, par exemple, sont ce genre de choses. Pas parce que ce sont les Gilets Jaunes en particulier, de même que Spartacus ou Thomas Münzer étaient, en leur moment, ce qu'ils étaient, mais parce qu'ils sont l'espoir éternel. Il y a toujours de l'espoir en ce monde : c'est le principe de la matière, dont nous sommes faits. La matière est espoir et puissance, et énergie, irréductible énergie. Tout cela, c'est de la physique. Et nous en sommes faits, nous sommes la matière à son meilleur, nous sommes le vivant à son meilleur, non que nous soyons meilleurs que les autres vivants, les autres animaux, comme disait le grand Aristote, mais parce que nous avons un cerveau et une conscience faits de telle sorte, par hasard, que nous parlons pour les autres animaux, qui sont nos frères, que nous pouvons parler pour eux, et les représenter. Nous sommes la matière vivante à son meilleur, à son point culminant, son point subjectif.
Il y a plein de belles choses, mais aussi plein de vilaines choses en ce monde, beaucoup de souffrance, d'injustice et de laideur. Ce monde n'est pas comme il devrait être, c'est-à-dire n'est pas encore ce qu'il est : il est ce qu'il sera. L'homme est ce qu'il sera. L'homme devra changer et nouer avec la nature, qui est belle, un pacte reconnaissant simplement qu'il en est issu et partie intégrante, quoique consciente. L'espoir est matière. L'espérance est principe : ontologique et épistémologique. La morale ne peut être première. La matière, qui est puissance objective, qui est énergie, n'est pas d'abord et avant tout morale : elle le devient, assurément.
Ces derniers temps, chez nous, en nous, l'équilibre n'est plus atteint. Nous sommes frappés de beaucoup trop de douleur et d'injustice pour pouvoir apprécier comme ils le mériteraient les signes de beauté de ce monde, signes de puissance matérielle se déployant sans aucun doute, partout, en tous sens, mais ne nous atteignant pas comme ils le mériteraient car nous sommes tristes, et nous avons mal, et nous souffrons d'une série de choses différentes. La balance n'est plus faite, si vous voulez.
Bref. Nous nous arrêtons ici. Nous disons à nos amis, à nos grands amis de partout, aux garçons et aux filles, à nos camarades, que pour le moment ça ira bien et que nous n'avons désormais plus qu'une très faible envie de partager ici nos sentiments, lourds-légers. Qu'ils trouvent ailleurs ce qui les mène, de temps à autre, ici. Ils n'auront aucune difficulté à trouver cela. Le monde regorge de belles choses, et de gens pleins de haine talentueuse, ce que nous nous flattons d'être lorsque nous sommes en forme. Ne l'étant plus des masses ces temps-ci, étant bien tristes, nous saluons nos amis et leur disons à bientôt, ici ou ailleurs. À plus tard, les gars.