samedi 10 octobre 2015

Submergés par la haine


La haine est-elle mauvaise conseillère ? La haine amoindrit-elle la pensée ? La haine affaiblit-elle son sujet ? Serait-elle l'antichambre maladive de la mort, de la disparition inéluctable des deux séries vivantes, parallèles, de l'esprit et de la matière ?
Nous ne le pensons pas.
La prudence, cependant, constituant sans doute la vertu intermédiaire la plus indiscutable dans l'ordre double de la pratique et de la théorie, à compter d'aujourd'hui, et durant quelque temps, nous allons nous abstenir ici de toute expression.
Telle sera notre prudence. 
Telle est déjà notre fatigue, et notre angoisse.
Nous allons, quelque temps, ici, conserver le silence.
Nous sommes submergés par la haine.

3 commentaires:

  1. Selon notre propre expérience de la haine, même parfaitement légitime, elle fait partie des diables à éliminer de son mieux.

    C'est un truc entre soi et soi, qui fabrique des boutons, des furoncles, des ulcères, des cancers en soi-même.

    La haine, c'est brûlant, c'est dévorant.
    Et même les batailles gagnées, sous le régime de la haine, ne sont pas jouissives.

    C'est à froid qu'on trouve la force de combattre, avec les armes qu'on a.
    Et quand on gagne, c'est à froid qu'on considère que tout est en ordre et qu'on peut se reposer, un moment.

    Ceci est valable pour les individus, comme pour les groupes, comme pour les peuples.

    De plus, si vous vous taisez, Moine bleu, par exemple, notre ami de la ZAD de Nantes qui vous aime, se sentira bien seul, le soir en rentrant.

    Pire : il croira que vous êtes retourné en vacances en Grèce, et il sera jaloux (autre diable).

    Un peu de fraternité, s'il vous plaît, pour nos haines à nous.

    JC

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  2. Cher moine, vous m'inquiétez, et j'aimerais trouver les mots, si ce n'est pour vous consoler (car consoler de quoi ?), ou pour vous apaiser (car quel apaisement chercher ?), tout au moins pour ouvrir un autre espace à la vie.
    Quant à la haine, l'horreur du présent est inséparable de son déploiement tout azimut, de son utilisation idéologique aux manipulations qu'elle permet en passant par la révolte désarmée : il semble bien qu'il lui manque encore la crédibilité d'un autre possible qui la rendrait libératrice.

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  3. Allons, le Moine, vous le savez : tirer à l'arc avec haine vous fait manquer la cible. Par contre, une colère bien froide, bien mesurée, et bing ! voilà le trait en plein centre du potiron !
    Parole d'archer.

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