dimanche 18 janvier 2015

Mensonge de tous les saints


« Toutes les icônes le montrent, tu vas me tuer. C'est l'après-midi, mes écailles brillent. Je ne mange que l'herbe de la lune. Le sang m'est inconnu. Je réchauffe les oeufs de la cité, les habitants font des cauchemars. C'est tout ce que je fais - le reste est mensonge. Quant à la jeune fille, quant aux eaux que je tiens prisonnières, vois : ceci est un jardin avec des pommiers nains et des fraises que je n'ai pas goûtées. À présent seuls et face à face. C'est vendredi, les porcelaines de nos visages sombrent dans la nuit soudain. Je vois ma pensée : une épine dans le ciel. Je vois encore ta noire pèlerine s'ouvrir et me recouvrir, tandis que se lève ta main tenant l'épieu. Dans d'autres circonstances, j'aurais pu être un chien dans ta cour. Sur les tableaux j'ai des ailes aux membranes vertes. Je n'ai jamais volé. Je traîne mon ventre enflé sur le sol en déplaçant la mer vers la montagne. À ce moment-là le verre de ta voix s'est brisé plantant l'épieu dans mes poumons, jusqu'au coeur. Un sang épais a jailli, teignant les chaussures d'argent des anges derrière toi sur deux rangs qui riaient. J'ai lancé le dernier sifflement - fil de nickel de la terreur. Les pommes du jardin ont mûri, sont tombées à mes pieds. Levant les yeux au ciel tu es devenu saint. Mes griffes plantées dans le sol répandent musique et parfum. J'ai fermé les yeux et j'ai vu.  »

(Yànnis Kondos, Le dragon parle à Saint-Georges in D'un moine anonyme).

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