mercredi 1 mai 2013

Dans le ventre des mères (les diables de Ledun)


AVERTISSEMENT AUX ÉCOLIERS, LYCÉENS ET AUTRES LECTEURS HABITUELS DU MOINE BLEU :
   
Il était prévu, à l’origine et de longue date, que l’article qui suit paraisse en premier lieu dans la revue virtuelle K-Libre, soi-disant spécialisée dans le polar. Il est à soupçonner que les critiques, parfois vigoureuses, apportées ci-dessous à l’ouvrage de M. Marin Ledun – étoile montante du roman noir francophone – n’aient pas été complètement étrangères au choix délibéré de retarder, voire saborder purement et simplement une telle publication. En tous les cas, notre patience aura fini par s'éroder. À nos lectrices et lecteurs de se faire leur propre idée. Nous croyons, pour nous, n’avoir ici rien proféré d’outrancier. 




Le dernier roman de Marin Ledun, Dans le ventre des mères, n’est pas très bon.
Les défauts qu’il accuse sont de deux ordres : formels d’abord, conceptuels ensuite, ce qui est  hélas ! bien plus dommageable, vu l’urgence pertinente des thèmes qu’il aborde. Le noyau des monstruosités présentées ici existe bel et bien. La litanie de fantasmes horrifiques que le livre déploie, en tout sens, se nourrit à des sources parfaitement authentiques. Ce dont nous parlons ici, l’ambitieux sujet choisi par Ledun, n’est en effet autre que l’emprise, sur la société contemporaine, d’une clique d’apprentis sorciers nano-bio-techniciens, ainsi que de leurs relais criminels, politiques, militaires et industriels à l’échelle du monde. Une telle emprise (ou disons une telle influence, les choses n’étant pas pliées) est absolument indéniable. Il suffira pour s’en convaincre de s’intéresser quelques instants, sur Internet ou ailleurs, aux excellents travaux du collectif militant Pièces et Main d’œuvre, par exemple, basé comme de juste à Grenoble, cité constituant désormais le cœur – hideux – du terrifiant dispositif bio-technologique dans notre beau pays de France.

Grenoble : une ville qui bouge !

La faiblesse de l’ouvrage de Ledun tient justement à son caractère mutant, à son indétermination génétique, pour ainsi dire. Le livre oscille entre deux genres ne répondant pas aux mêmes exigences, et qu’il ne parvient donc jamais à satisfaire.
Comme roman noir, en premier lieu, il est truffé d’invraisemblances, pèche très souvent par un irréalisme outrancier, témoigne d’une assez large incompréhension politique d’un monde dans lequel les diverses crapuleries technologiques obsédant – à juste titre – son auteur ne triomphent jamais en réalité que par le libre choix, la libre soumission, le libre consentement « démocratique » de sujets simplement débilités plutôt que modifiés génétiquement, à toute force.
Comme fable d’anticipation, en revanche, reprenant certains codes tout à fait fonctionnels de la science-fiction moderne (l’irruption du monstrueux, l’anticipation de sociétés totalitaro-marchandes équipées de mystiques officielles adéquates), Dans le ventre des mères se révèle par contraste beaucoup trop timoré, insuffisamment délirant et inquiétant. Des sur-femmes continuent banalement, durant leurs loisirs, d’y acheter des marchandises. Des surhommes revenus de tout persistent à y invoquer, aux moments critiques, le pouvoir dérisoire des lois de la cinquième République. De sorte qu’ainsi équipé de mauvaises armes, et souffrant de mal délimiter les contours de sa cible, il n’est pas étonnant que Marin Ledun en vienne à manquer complètement celle-ci. 



Tâchons de tracer, à grands traits, l’intrigue de ce livre imposant (463 pages).
Dans un coin extrêmement reculé de l’Ardèche, un petit hameau se voit, malheureusement pour lui, rayé de la carte du fait d’une explosion gigantesque d’origine inconnue, causant la bagatelle d’une centaine de victimes (quatre-vingt-neuf, selon notre propre comptage final, certainement défaillant). Bigre. Quatre-vingt-neuf morts, ce n’est pas rien. Un genre de péripétie proprement rarissime, qui vous constituerait bien en France, et cela durant quelques semestres, l’ouverture idéale des journaux de vingt heures, vu le cas traditionnellement fait, dans l’Hexagone, d’événements aussi considérables que les embouteillages d’été, les derniers soucis cochonnesques de M. Strauss-Kahn ou les ruptures d’électricité consécutives – dans les trous les plus reculés, du type de ceux dont il est justement question plus haut – aux premières chutes de neige, l’hiver. Dans notre ouvrage, cependant, cette explosion ne passionne pas les foules, lesquelles n’en auront d’ailleurs, pour faire bonne mesure, toujours pas connaissance des mois plus tard. Et là, bien sûr, déjà (c’est à dire dès le départ), nous tiquons, féroces et infâmes procureurs que nous sommes. Car aujourd’hui que les activités de police se voient largement sous-traitées auprès du dernier de nos citoyens-journalistes simplement équipé d’un téléphone portable à compétence photographique, et que les explosions nucléaires nord-coréennes elles-mêmes éprouvent parfois les plus grandes difficultés à camoufler leur existence aux yeux du monde, il faut que ce soit d’Ardèche que s’impose à nouveau la nécessité vintage très « guerre froide » du black-out roswellien (vous savez, cette histoire de conspiration du silence internationale, à base extra-terrestre).
Bon. Ce n’est pas grave. Admettons. Suivons plutôt le déroulement de la procédure qui maintenant du moins – n’en doutons pas – ne pourra manquer de mobiliser, face à notre angoisse croissante de lecteur, les milliers d’enquêteurs d’élite requis par son exceptionnelle gravité (quatre-vingt-neuf morts, rappelons-le), et à plein temps, encore !
Mais en réalité, les choses ne se passent pas vraiment comme cela. Le deuxième chapitre de Dans le ventre des mères ne voit finalement, au total, débarquer qu’un type, un seul, un commandant de police, certes, nommé Vincent Augey, auquel le légiste présent commence par dresser, si l’on peut dire à brûle-pourpoint, un premier topo tandis qu’une escouade de pandores locale ramasse et collecte à grand-peine l’ensemble du charnier sus-mentionné, constitué comme on s’en doute de cadavres hautement carbonisés et/ou grandement dégueulasses à reluquer. Or, en matière de topo, on n’est pas déçu du voyage. Car, certains des corps étudiés par le légiste ont subi rien moins que des modifications génétiques (« De quel genre ? » demande, en toute innocence, le policier venant de débarquer. « Du genre inexplicable » lui explique froidement le légiste).
Nous sommes à la page 43 de l’ouvrage.
Et les choses, de notre point de vue sévère, se trouvent fort mal engagées.
Davantage encore que pour notre flicaillon, auquel un médecin-légistaillon de même farine vient donc de révéler – avec une tranquillité somme toute assez remarquable, et déconcertante – des faits relevant à la fois de la science-fiction la plus débridée et du secret d’État le plus ravageur. En sorte que le flicaillon, lui ou un autre, le légiste, n’importe lequel des humains présents en ayant pris connaissance serait pour nous tenté illico soit de se retirer dans quelque couvent pour y méditer sur l’apocalypse prochaine, soit – ce qui est plus probable – de tout balancer aussi sec au premier chroniqueur disponible, dans le but de soulager sa conscience, à moins que ce ne soit un compte en banque à sec, voire – pourquoi pas ! – une maîtresse trop exigeante. C’est la crise, nom de Dieu ! En tous les cas, il nous semble improbable, pour ne pas dire plus, à nous autres indécrottables naïfs, que de telles choses demeurent inconnues, dans la contrée où elles se produisent, au-delà de vingt-quatre heures. Telle est la première invraisemblance, le péché originel d’un livre, qui va ensuite se dérouler ainsi sur le même mode, au long de quelque 500 pages.

Reprenons.
Et tâchons de vous la faire, malgré tout, la plus courte possible.
Ces cohortes de morts (il en tombera bientôt des dizaines d’autres, semblablement, un peu partout en Europe) ont, bien entendu, une cause et une origine, non moins que les infâmes modifications génétiques qu’ils ont subies. On découvre assez rapidement que ces dernières leur furent imposées par un savant dégénéré (encore qu’à strictement parler, en l’occurrence, ce terme soit inapproprié) nommé Peter Dahan, n’ayant a priori aucun rapport familial avec l’ancien chroniqueur bien connu de la night à Libération, mais lié en revanche à un terrible complexe militaro-industriel trans-national, au profit duquel Dahan teste depuis des décennies, dans des laboratoires clandestins ultra secrets couverts par l’État, et sur de malheureux disparus que personne ne viendra jamais réclamer, toutes sortes d’expériences horribles, dont on ne comprend pas grand-chose sinon qu’elles auraient notamment pour but de lier pulsion sexuelle et pulsion d’achat, par le biais d’une introduction sous-cutanée de puces nanométriques délivrant un virus finissant d’ordinaire par tuer son hôte. Certes, on s’interroge alors bien un peu, au passage, sur l’intérêt objectif de l’entreprise, attendu que l’hôte en question devait plutôt, dans le cahier des charges, se muer en un consommateur parfaitement viable et soumis, destiné par exemple à aller déguster de délicieuses tartes au chocolat en famille, le dimanche, chez IKEA, mais peu importe, au fond, car, vous comprenez, il s’agit d’un complot mondial, dont le vaillant policier Vincent Augey finira d’ailleurs patiemment par dérouler la trame sinistre.
Il sera aidé dans cette mission par la propre fille du savant fou : Laure Dahan, décidée à se venger de la pire manière possible de son géniteur, lequel l’a en effet soumise depuis sa plus tendre enfance 1°) à l’enfermement psychiatrique entre les USA, la France et la RDA, où le savant fou s’est précipité – une belle intuition géo-stratégique de sa part ! – juste avant la chute du Mur de Berlin, 2°) à des séances interminables de viol collectif « scientifique » (pour étudier la libération expérimentale – accélérée par le génie génétique – d’obscurs mécanismes de désinhibition consumériste), 3°) à l’inceste systématique, 4°) à moult horreurs annexes culminant dans l’inoculation de ce fameux virus censé contrôler, chez tout un chacun, les subtilités chromosomiques de la pulsion d’achat (voir plus haut). Cette inoculation, par une sorte de méchant miracle (sans lequel, évidemment, le livre n’eût pu être écrit) la petite martyre, entre des dizaines d’autres, fut la seule à en réchapper, certes momentanément : il est répété (très) souvent qu’elle doit mourir (très) bientôt, et Laure Dahan se hâte donc d’exercer sa vengeance, de retrouver son père, qui fuit devant elle à travers le monde entier, où il dispose d’une multitude sidérante de bases arrières (le complot est universel, il faut y insister, et redoutablement homogène) tout en tâchant de récupérer des souches actives de virus planquées çà et là par sa fille, comme monnaie d’échange, dans quelque montagne reculée.
Une monnaie d’échange, dites-vous ? Mais contre quoi ?
C’est que Laure a elle-même accouché d’une fille, naguère, durant son calvaire : une petite fille ayant elle-même subi clonage(s), inoculation(s) de virus et tutti quanti, bref destinée par le charmant grand-papa (décidément un prodige de caractère nuancé) à suivre le même parcours de cobaye – infernal – que sa mère, laquelle entend plutôt, on la comprend, lui rendre cette liberté dont elle n’a jamais joui, et l’arracher aux griffes de ses bourreaux.Y parviendra-t-elle ?




Nous passons au lecteur, injustes que nous sommes, bien des maladresses qui lui eussent peut-être tiré des cris d’horreur ou - va savoir ! - des larmes de rire. Les bourdes de l’auteur, cependant, concernant les « crosses » de pistolet, les « uppercuts » douteux « dans les côtes », les « industriels sans scrupules » (en existe-t-il d’autres ?) ou encore les demandes officielles « d’extradition de cadavres » ne sont que fort peu de choses en regard de cette incompréhension récurrente du mécanisme policier moderne, dans son ensemble, qui se donne à savourer sous sa plume.
Il est ainsi incroyable de pouvoir lire dans un roman noir, aujourd’hui, que l’assassinat sauvage, accompagné de tortures, d’un bureaucrate influent du Conseil Économique et Social (le « Denis Héritier » du roman : une victime dont s’occupait notre enquêteur avant de descendre observer sans broncher des modifications génétiques sur quatre-vingt-neuf cadavres ardéchois), que l’assassinat, donc, d’une huile à qui l’on a tout de même coupé les burnes, avant ou après avoir agi de même à l’encontre d’autres organes d’utilité comparable, se trouve « classé sans suites » au bout de quelques mois ! Et que dire de ce massacre d’un couple de jeunes chercheurs sans histoires, pourtant bien vite niaisement expliqué par un bête différend à caractère toxicomaniaque, une hypothèse officielle à laquelle même un phénix du genre de Jean-Louis Bruguière ou du procureur Marin aurait beaucoup de mal à souscrire ? M. Marin Ledun n’aurait-t-il donc jamais entendu parler de la mort du petit Grégory (1984), qui berça notre enfance, de la disparition d’Estelle, à Guermantes, de dix mille autres affaires antédiluviennes ne pouvant cependant assurément se voir « classées sans suite » qu’en l’absence prolongée de tout nouvel indice propre à permettre la poursuite de l’enquête ? 
Il faut avouer que la façon même dont les fonctionnaires de police s’expriment, dans son roman, ne peut être jugée crédible, les uns et les autres se livrant intégralement à quiconque accepte un tant soit peu de les écouter brasser. Le commandant Augey va jusqu’à raconter son enquête, par le menu, à sa pauvre femme dépressive, au vague motif qu’il rencontrerait avec elle des problèmes de couple. Il expose, toutes les trente secondes environ, le résultat de ses cogitations ultimes à des collaborateurs de second ou de troisième ordre, lesquels brandissent pourtant en retour, depuis cette impuissance statutaire avérée, des théories de complot grandiloquentes, sans parler de prétentions à les résoudre, simplement aberrantes. On ne dit pas toujours ce qu’on pense, dans la vie. Et cette règle de prudence, élémentaire, s’applique évidemment avec plus de nécessité encore aux policiers, aux militaires, à tous ceux qui firent un jour le choix, par la préservation organisée, qu’ils assument, des divers mensonges et intérêts de l’État, de mieux bouffer que les autres. C’est la base du polar, cela. La conscience de l’injustice du monde et de sa crapulerie principielle ne saurait venir soudain illuminer de bons bougres ayant autrefois justement choisi en conscience de servir l’une et l’autre. La conscience n’a jamais déserté l’esprit des flics en exercice, en se réservant éventuellement le droit d’y revenir faire un petit tour, plus tard. Elle s’est simplement définitivement muée en autre chose, en ce mécanisme particulier dont Huxley disait qu’il formait le lien entre les intelligences animale et humaine  :  un mécanisme garantissant précisément l’efficacité, amorale et désincarnée, du flic au travail. C’est pour cela que le roman noir américain traditionnel met en scène des Privés, dont Jean-Patrick Manchette a suffisamment montré à quel point ils étaient systématiquement désespérés, et alcooliques, et surtout absolument seuls dans leur connaissance – impuissante – du Bien et du Mal.
Alors, vous comprenez, un commandant de police qui nous fait le coup de l’indignation, ou de la révolte de basse intensité, parce qu’il se fait (tant bien que mal : on a failli attendre) finalement débarquer d’une affaire trop sensible pour lui, cela ne passe pas. Cela ne peut passer. Telle est l’incompréhension, profonde, de notre monde révélée par ce livre. 


Est-ce encore un monde qu’il décrit, au fait ? Un monde avec ses régions, ses dernières différences, tout au moins ses nuances ? À dire vrai, quoique Dans le ventre des mères emprunte parfois l’allure d’un road movie à travers une Europe dévastée par le néo-libéralisme (présenté grossièrement, une fois de plus, comme l’abdication intéressée – voire la défaite – du gentil État anciennement plein de sens désormais acculé par l’endettement, vis-à-vis du grand méchant Marché Privé que l’État laisse en conséquence fourbir ses machinations, afin qu’elles le renflouent), ces aventures ne fourmillent ni de routes ni d’images singulièrement dépaysantes.
De la ville de Zagreb, on n’apprendra ainsi guère plus – ô stupéfaction ! – que les taxis peuvent y être « poussiéreux, sentant le chien mouillé et le tabac froid » (p. 374).
Berlin, quant à elle, ressemble à s’y méprendre à Sarregemines, Loches, ou toute autre ville de l’univers dotée, cependant, d’un aéroport international. Dans un français impeccable (un Polizeirat hurlant tout de même « Scheisse ! » à la page 384, car il est énervé, et puis aussi un petit peu Allemand et il entend faire valoir ces deux qualités), les flics s’y épanchent en confidences suprêmement intimes sur des enquêtes ultra secrètes en cours, auprès du premier venu, cela va sans dire : notre flic français, en l’occurrence, lequel bouclera carrément son enquête en free-lance hors tout cadre légal, tuant ainsi extrêmement placidement un Russe très cruel – c’est souvent le cas des Russes – sans que ce statut illégal ne semble d’une façon quelconque le gêner, ni dans sa quête d’indices ni dans sa capacité impressionnante à extorquer des informations décisives à toutes sortes d’autorités officielles. Quant aux Croates, à ce propos, et aux Italiens, nous apprenons très vite qu’ils sont aisément achetables, fussent-ils policiers, agents de douane ou simple secrétaire d’entreprises de déménagement, et qu’il suffira juste, pour que le road-movie puisse se poursuivre dans les meilleures conditions, de leur proposer des billets de vingt euros en quantité suffisante, afin qu’ils crachent le morceau sur toutes sortes de sujets intéressants, ou laissent entrer n’importe qui sur n’importe quelle scène de crime ne relevant en principe (eussions-nous cru, béatement) que du confidentiel défense le plus absolu. Cela dit, convenons maintenant que toutes ces victimes, là, sur leur table d’autopsie, avec leurs inénarrables modifications génétiques, finissent par ne plus impressionner grand monde, à force, vous comprenez ? À force qu’elles s’empilent comme ça, depuis le début, un peu partout, on s’y fait.


Électeur socialiste, transgénique et phosphorescent, Uruguay, 2013.

En dernière analyse, M. Marin Ledun lui-même semble avoir perçu le vague fond d’incohérence émanant de ce fascinant complexe géo-politique, par ses soins édifié. Et c’est ainsi comme une sorte d’aveu embarrassé que nous interprétons l’étonnant passage, très proche du dénouement, au cours duquel Vincent Augey et Laure Dahan s’étant enfin rencontrés, les voilà qui mettent en commun, dans une voiture qui les emporte ensemble, furieusement, vers un affrontement final de légende, l’état de leurs connaissances, relativement à cette épouvantable affaire.
Le lecteur aura sans doute trouvé jusqu’ici que nos explications personnelles, quant à ce fameux virus consumériste activé bio-technologiquement et censé conquérir la terre, étaient insuffisamment claires. Nous le lui accordons. Mais nous lui adressons cette ultime requête. Qu’il lise attentivement le passage suivant, tiré de la page 442 de Dans le ventre des mères, puis nous adresse à son tour, s’il l’ose et par tout moyen qu’il jugera utile, ses propres explications. L’incompréhension, de même que l’ignorance, comme disait Spinoza, ne saurait être un argument.
Tout de même.
Voici l’extrait :
« - Tu parles d’organisation scientifique, d’un virus capable de contrôler les esprits, mais…
Laure sourit faiblement.
- Mais ça ne peut pas marcher. Je veux dire, j’ai vu le résultat des expériences de Thines, c’est… c’est un massacre. Les corps que nous avons retrouvés étaient ceux de monstres !
- Parce que vous ne voyez que ce qu’il y a sous vos yeux !
Elle inspire longuement avant de poursuivre.
- Les expériences eugéniques menées pendant la Seconde Guerre mondiale relevaient de la même folie. Le sort réservé aux femmes pendant chaque guerre aussi. Les tentatives de reproduction avec les animaux, les manipulations scientifiques, les bactéries… Toute cette merde n’a jamais fonctionné concrètement, mais vous croyez que c’était l’objectif ? Non, bien sûr que non. Le but n’était pas scientifique. Jamais. C’est du vent, de la poudre aux yeux pour les crédules. La réalité, c’était que le système économique qui était supposé avoir souffert de cette guerre – ou des autres – n’en était que renforcé !
- Quel est le but, dans ce cas ?
- Dominer les plus faibles, à commencer par les femmes, et faire du fric, toujours plus de fric. Vendre et acheter, vous avez oublié ?
- Mais vendre quoi, puisque ce virus est un fiasco du point de vue scientifique ?
- Une vision du monde, commandant Augey. L’explication ultime à tout ça ! À la vie, à la mort, à la souffrance, au péché. Une nouvelle utopie, à laquelle ceux qui réclament toujours plus de bénéfices auraient adhéré parce qu’à court terme, elle aurait fait leur fortune. Jusqu’à la destruction finale (…)
- Mais les gens refuseront ! C’est une question de logique.
- Ne parlez pas de logique et ouvrez les yeux, bon sang ! La moitié de cette planète crève de faim et de soif, les peuples démocratiques dont vous croyez défendre les droits exploitent cette misère pour s’engraisser, et ce qu’ils ne détruisent pas, ils le volent. Pourquoi ne pas aller jusqu’au bout ? Pourquoi ne pas pousser cette logique jusqu’à son extrême. Peter Dahan l’a très bien compris, et c’est pour ça qu’il bénéficiait de tant d’appuis en haut lieu. Je peux vous assurer qu’ils avaient tous parfaitement compris les bénéfices à retirer de ses expériences.
- Mais puisque ça ne marche pas…
- Merde, je m’excuse, mais il faut vraiment être borné pour ne pas voir que la validité scientifique d’une quelconque recherche importe moins que son bénéfice symbolique ! Peter Dahan vendait de l’illusion pour relancer une machine économique en pleine crise.
- Ca n’aurait pas pris, les gens ne sont pas si cons !
- Ca a déjà pris mille fois ! Depuis toujours ! Ils ont tout gobé, ils ont tout perdu et ils en ont redemandé quand même. »

La technologie rôde, nom de Dieu !

Nous pensons, quant à nous, que l’offensive actuelle des bio-technologies a pour but l’asservissement effectif de l’humanité la plus large possible. Nous pensons que la manière de faire accepter à l’humanité en question de basculer enfin dans l’orbite de telles prétentions scientistes passe par la preuve indéniable que pas de problèmes, tout fonctionne parfaitement. Car s’extasier devant le fait que tout fonctionne parfaitement permet à merveille d’oublier (de faire oublier) à quoi et à qui au juste tout cela finit par servir. Modifier le génome d’un type de semence pour gérer le paysan, « pucer » les moutons d’un éleveur dans le but de lui imposer, plus invinciblement que jamais, la soumission aux lois d’airain de la propriété intellectuelle agro-alimentaire, cela doit être aussi opératoire, effectif et visiblement réalisable qu’introduire sous la peau de cancéreux quelque dispositif électronique nanométrique soi-disant destiné à leur venir en aide et – comme on le murmure avec émotion – à sauver des vies. Qui peut le plus (sauver le cancéreux) ne peut vouloir le moins (brimer l’agriculteur). Il restera seulement, alors, à expliquer les choses, avec patience, et pédagogie, au Peuple. À lui faire prendre des vessies pour des lanternes, et des moutons pucés pour des cancéreux (et non l’inverse) méritant toute notre aide, et toute l’affection de la Science. 

Client pucé, client comblé !

La bio-technologie, si elle entend vaincre, doit ainsi conquérir le plein assentiment des peuples. Il est bien évident que la seule violence pure serait incapable d’accomplir cette tâche. Le Capital ne saurait sans absurdité se présenter devant le grand public, réparti en classes, du Spectacle mondial avec ces chimères inabouties, semant l’épouvante et l’horreur autant que notoirement ruineuses en fonds, ces fœtus sanguinolents et cobayes non-viables du type de ceux que décrit M. Marin Ledun, rongés de virus et de tumeurs horribles. Outre que la capacité de scandale populaire, certes émoussée par les temps qui courent, s’en trouverait malgré tout ragaillardie, ce serait prendre les riches du monde pour de complets imbéciles (ce qu’ils cessent d’être quand leurs investissements se trouvent menacés) que de croire qu’on parviendra, après une poignée de scandales de semblable importance, à leur fourguer indéfiniment la même camelote qui ne marche pas. Nous avouons donc humblement comprendre les doutes de ce brave, quoique certainement « borné », commandant Augey, exposés dans l’extrait cité plus haut. Et nous pensons qu’à l’instar de la logique policière, la logique capitaliste contemporaine aura en son essence même quelque peu échappé dans son dernier ouvrage à M. Marin Ledun.

Tous ensemble ! Tous ensemble ! Ouais !

Un dernier détail.
Nous avons longuement réfléchi au titre de cette œuvre : Dans le ventre des mères.
Et pour tout dire, sans que notre avis soit exactement fixé sur ce qu’il convient d’en penser, une impression désagréable s’en dégage néanmoins, irrésistible. Il se jouerait en tout cas « dans le ventre des mères » quelque chose de décisif. L’attaque de l’humanité par la barbarie nano ou bio-technologique, bref par le progrès sans âme, y serait portée à son paroxysme, à moins qu’elle n’y puisse fonder son propre paradigme. En retour, la solution, la réplique, la riposte radicales à cette barbarie résideraient elles aussi « dans le ventre des mères ». Mais alors sous quelle forme ? Un instinct, une pulsion de liberté irréductibles ? Un devoir s’imposant envers et contre tout à la propre conscience des femmes d’accomplir une quelconque mission, de réaliser une quelconque nature féminine ? Significativement, le terme fort dépréciatif de « contre-nature » apparaît d’ailleurs à diverses reprises dans l’ouvrage, notamment à la page 318, où se voit également stigmatisée l’horreur, semble-t-il absolue, d’expériences pratiquées sur des fœtus mâles dont on essaierait « de développer la transsexualité (…) ».
Diable.
L’horreur absolue, en effet.
Quant à la brave femme du héros, qui ne peut plus avoir d’enfants, suite à une grossesse tragiquement interrompue, c’est bien là tout son drame. Son ventre lui monte littéralement au cerveau. Pour cette raison, l’irruption à la fin du livre, au sein du couple Augey, de la fille de Laure Dahan constitue du point de vue de ce couple une véritable rédemption, qu’il se prépare à poursuivre dans la fuite, loin de ces apprentis sorciers qui la menacent toujours. Serait-ce alors cette capacité d’enfantement ou comme le montre ce dernier exemple cette capacité familiale idéale, « à l’ancienne », conforme à quelque mystérieuse pureté originelle, qui représenterait dorénavant, en face de l’Antéchrist technologique, le dernier stade possible de la résistance, sinon de la subversion authentique ? Un singulier renversement de valeurs, auquel nous ne pouvons croire que l’auteur ait sérieusement songé. Il est d’abord des femmes qui ne seront – pour l’avoir fermement décidé – jamais des mères et qui, du fait de ce choix, jamais ne souffriront la moindre peine, ni le moindre regret. Mais parmi celles-ci, encore, il en est des myriades chez qui la répugnance instinctive envers les diktats infâmes du Progrès ne le cèdera jamais en intensité à celle de toutes les autres. Puisse cette répugnance dans le ventre des non-mères demeurer, pour l’éternité, si tripale et féconde.

15 commentaires:

  1. J'ai grandement apprécié cet article, avant tout par son humour !

    Vous me connaissez un peu maintenant, je vous soumets également ce sur quoi mon oeil a achoppé durant sa lecture :


    - Au paragr : "Nous passons au lecteur, injustes que nous sommes, bien des maladresse qui..." manque un 's' à 'maladresses'.

    - Au paragr. "Il faut avouer que la façon même dont les fonctionnaires..." : "...entre les intelligence animale et humaines..." manque au moins un 's' à 'intelligence' ( et il y en a peut-être un en trop à 'humaine' )

    Ah oui et puis je me demandais en quoi l'auteur avait fait une bourde en parlant de "crosse de pistolet", je vois bien pour "uppercut dans les côtes", mais après ma petite recherche, le mot "crosse" est utilisé aussi bien pour les armes d'épaule que pour les armes de poing. Mais peut-être la bourde ne se situe-t-elle pas là ? Bref, je suis curieux de savoir car je n'ai pas compris l'éventuelle bourde.

    Quoi qu'il en soit : au plaisir !

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  2. Merci à vous, Cédric. Bien vu, une fois de plus.
    Il est piquant - et drôle - de s'être planté précisément sur " maladresse ".
    Quant à la partie dont on se sert pour EMPOIGNER un pistolet, le mot destiné à la désigner adéquatement serait - justement - celui de " poignée " plutôt que " crosse ", ce dernier terme se voyant réservé - par les intégristes de la chose, et en ce qui concerne les armes de poing - au seul revolver. Ladite crosse évoque d'ailleurs clairement, par sa forme incurvée, au choix, celle du pélerin ou de la fougère. On pourra éventuellement garnir (d'un chargeur de munitions) telle poignée de pistolet, lors qu'une crosse de bois se suffit en principe à elle-même, et reste impénétrable. Manchette reconnaissait cependant, avec humour (nous avons oublié où) qu'il serait, certes, un peu moins glorieux, pour un écrivain attaché au grand style, d'écrire : " Untel l'assomma d'un coup de poignée " plutôt que : " Il lui brisa le nez d'un coup de crosse ". Raison pour laquelle, dans son infinie mansuétude, il passait volontiers l'éponge - tout en les recensant férocement - sur ce type de confusions et peccadilles. Comme vous avec les fautes d'orthographe, en somme.
    Au plaisir.

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    1. "Il est piquant - et drôle - de s'être planté précisément sur " maladresse ". " Oui, c'est la réflexion que je m'étais faite. ;-)

      Concernant la "crosse du pistolet", merci de ces explications. Quant à moi, cela me semble être tellement entré dans le langage courant (et dans les dictionnaires) que ça n'est à mes yeux pas une "bourde" même si en effet ce mot est employé assez loin de son étymologie d'origine... ( mais combien de mots ne sont-ils pas dans ce cas-là ? )

      Et puis je vous soumets un paragraphe que je viens de lire ici :

      "Fixé dans un type, le personnage est également fixé dans son caractère. Manchette commençant son roman par une brève présentation de l’acteur principal, va au fil de l’histoire confirmer les traits de caractère. La première page de l’Affaire N’Gustro évoque Henri Butron comme un individu “ pitoyable quand il essayait de jouer les durs, mais dur quand on s’apitoyait ” ou comme “ un sale petit chacal (...), un vrai nazi ”. Face à cette fiche signalétique, Manchette va donner à son personnage la possibilité d’illustrer cette personnalité. Par exemple, lors de la tentative d’assassinat sur N’Gustro, Butron, embauché alors comme garde du corps, est complètement inefficace : “ je suis paralysé de le voir sortir de son veston un couteau de cuisine (...). Le colt 45 automatique est comme je vous ai dit très lourd et je mets un temps fou à le sortir tandis que je cours à mon tour, en braillant je ne sais pas quoi ni pourquoi. J’arrive sur l’objectif mais tout est terminé. (...). Il faut tout de même que je me rende utile. Je me pointe sur le mec et je lui écrase la crosse de mon flingue au milieu de la figure, sans passion. Les cartilages du nez pètent ” (p165-166). Cette aventure révèle un Butron lamentable qui exerce sa férocité gratuitement, quand celle-ci n’est plus nécessaire."

      Vous avez lu comme moi, Manchette écrit bien "la crosse de son flingue" qui est un "colt 45 automatique." donc bien, la crosse d'un pistolet...

      Bref, quoi qu'il en soit, pour moi, ça n'est pas une bourde.

      Mais je le répète, seulement ce point précis, le "extradition d'un cadavre", par exemple, en est bien une (et des plus amusantes) !! :-)

      Et je redis le plaisir que j'ai eu à vous lire.









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  3. Cher Cédric,

    Vous avez bien raison de ne pas vous laisser faire, de ne jamais vous en laisser conter, de n'accepter, par exemple, de reconnaître qu'une chose est une bourde seulement quand bon vous semble, et pas avant. La même indépendance farouche témoignée au pouvoir des " dictionnaires " ou du " langage courant " (suivant vos propres termes) pourrait d'ailleurs çà et là se révéler fort utile. Mais revenons à nos moutons, si vous le voulez bien, et à nos armes de poing.
    Il ne vous aura pas échappé, d'abord, que dans l'extrait que vous citez, J-P Manchette fait s'exprimer un PERSONNAGE susceptible - comme tous les personnages - de s'exprimer faussement, de se tromper si vous préférez. Le personnage en question se trompe même sur des questions fondamentales puisque son parcours l'aura mené du fascisme juvénile à la barbouzerie d'état, ce qui - vous en conviendrez - représente une errance autrement plus grave de conséquences que de confondre une crosse et une poignée. Se perdre dans les questions générales, nous direz-vous, n'implique pas de se planter dans les questions particulières. Certes. Nous vous l'accordons. Nous insistons néanmoins sur le fait qu'ici, le personnage que vous citez se plante malgré tout.
    Que Manchette lui-même, d'ailleurs (autre hypothèse) se soit ici, ponctuellement, égaré en la matière ne changerait rien, hélas ! à la validité de cette malheureuse distinction poignée/crosse et donc au caractère (pardonnez-nous mille fois) BOURDESQUE de l'absence au coeur même d'un polar, c'est-à-dire d'un ouvrage en principe spécialisé dans ce genre de détail (qu'il serait loisible à un boucher, une fleuriste, un économiste ou vous-même de trouver insignifiant) de ladite distinction.
    Manchette avoue lui-même, dans une de ses chroniques, datée de mai 1995, avoir commis une erreur importante à propos de balistique, dans l'un de ses livres, et il relève aussi couramment ce genre de faute chez une multitude d'autres, comptant parmi les grands noms du polar (Ellroy, pour ne citer que lui). Nous ne suivons d'ailleurs nous-mêmes pas Manchette aveuglément sur ces questions d'armement et de balistique : par exemple, quand il prétend que les armes de poing, quelles qu'elles soient, ne peuvent avoir de crosse (que la chose serait réservée aux fusils ou aux carabines), cela nous paraît excessif. En revanche, nous ne pouvons que souscrire entièrement à ce qu'il écrit dans le passage suivant, que vous nous pardonnerez de citer un peu longuement :

    « Rappelons, mais vite, qu'un revolver et un pistolet automatique, c'est pas pareil. (Semi-automatique ! crient de nouveau les puristes). (…) Le revolver, c'est le machin avec un barillet, comme dans les westerns. Le pistolet à répétition semi-automatique (…), c'est le truc qui n'a pas de barillet. Le chargeur est dans la poignée. (…) Si vous dérouillez quelqu'un à coups de crosse de pistolet, c'est une faute de français, mais elle est tolérable : le mieux est tout de même de taper avec le canon, parce que « Je l'assommai d'un coup de poignée » fait un peu bizarre.) »
    J.-P. Manchette, Polar n°15, mai 1995.

    Au fond, tout cela n'est pas très important. Et nous vous conservons, bien évidemment, pour l'éternité la plus longue possible, la liberté totale de définir, armé de toutes les nuances, tous les dictionnaires ou langages courants que vous jugerez opportuns, le sens indéniablement idéal du mot " bourde ".
    Nous vous réclamerons seulement, à notre tour, cette même liberté.
    Avant de vous souhaiter, cher Cédric, une excellente fin d'après-midi.

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    1. Cher Moine bleu, je vous retourne votre première phrase en y ajoutant une négation :

      "Vous avez bien raison de ne pas vous laisser faire, de ne jamais vous en laisser conter, de n'accepter, par exemple, de reconnaître qu'une chose n'est pas une bourde seulement quand bon vous semble, et pas avant." ;-)

      Cette discussion fut un plaisir !

      Pour l'heure, je laisse cette question dans le flou. Et si j'avais à écrire "crosse de pistolet" j'hésiterai à cause de vous ! Et il se pourrait même que j'écrive "poignée de pistolet" pour être certain de ne pas faire de bourde. ;-)

      La seule chose qui pourrait, en ce qui me concerne, régler cette question, c'est une immersion dans le monde de la police, des armes, des armuriers, des stands de tir, etc. qui me permettrait d'écouter les échanges, le vocabulaire, les éventuels "la crosse de mon pistolet est parfaite", auquel cas, il n'y aurait plus de doute : "même ceux pour qui c'est le métier parlent majoritairement (ou pas) de la "crosse de leur pistolet" ". Or pour l'heure, je n'ai consulté que quelques sites internet (comme celui-ci par exemple) et c'est insuffisant pour prétendre que vous avez "tort" de parler de "bourde".

      Je vous souhaite une excellent fin de soirée en vous remerciant encore pour cet échange pointu.

      Et je vous laisse admirer le travail de mains expertes. (pour le coup, un Glock véritablement muni d'une crosse ! ;-) )

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  4. Chers amis, en cas de doute mieux vaut s'abstenir ou se munir d'un révolver, car le pistolet peut s'enrayer, me dit-on dans l'oreillette.

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  5. Il y a, Marquis, les veaux qui votent, les vaillants qui les volent, enfin les revolvers. Autant d’allitérations desquelles nulle ne s’enraye jamais, en effet, et ne saurait même disparaître, à la vérité, de la surface de cette belle planète avant les deux autres.

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  6. Pour ma part, plutôt que de pistes aux laids, je rêve aux lèvres, je rêve d'ovaires, je rêve aux vers, ma révolte erre même rue Voltaire.

    Mais j'aime bien quand les crosses rôdent

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  7. Une sacrée réCOLT, mon cher George.
    Bon, on se voit rue des Boulets ?

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  8. Sans plus avant débagouler, vous déboulez quand vous voulez, cher Moine !

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  9. Quand Marin Ledun, alors chercheur pour le compte de France Telecom R&D (et adepte du copier-coller de grande ampleur d'un article à l'autre - voir "Entre rationalité
    technique et logiques
    marketing : le cas du
    vote électronique en
    France", puis "Le développement du
    vote électronique en
    France :
    normes
    sociotechniques,
    logiques commerciales
    et enjeux industriels", puis "La colonisation de
    l’expérience politique", et enfin "Le vote électronique
    en France: des
    préconisations aux
    usages de la e-democracy") défendait les nanotechnologies dans
    « Le vote électronique en France: des préconisations aux usages de la e-democracy » M.Ledun/P.Paniez, 2005

    « Enfin, l'apparition récente des nanotechnologies, même si leur utilisation est envisagée dans une ou plusieurs décennies - ce qui est peu à l'aune des temporalités démocratiques – devraient apporter de nouvelles solutions techniques et continuer l'amélioration toujours espérée d'une démocratie en voie d'achèvement permanente. Leur contribution devraient faire progresser certains points qui restent en question telles que la confidentialité, le cryptage, l'authentification ».

    C'est peut-être parce qu'il n'est pas très convaincu par ce qu'il dit aujourd'hui qu'il n'est pas très convaincant.

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  10. Merci, Anonyme, pour cette information précieuse. Toute cette confusion est en effet gênante, chez le personnage. Elle dégage un parfum trouble dans le texte même de M. Ledun. Revenez-nous voir, à l'occasion (mais pourquoi ne pas arborer, alors, un nom, fût-ce le plus délirant des pseudonymes : ce serait tout de même plus agréable). Cordialement.

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  11. crème à récurer26 mai 2013 à 16:34

    Merci, cher Moine, pour cette invitation. Je ne suis désormais plus anonyme.
    Marin Ledun me laisse aussi une drôle d'impression, et pas seulement parce que le discours qu'il tient sur les nanotechnologies est ... déconcertant, disons. Je trouve par exemple curieuse la palette de titres ou casquettes dont il se prévaut en fonction de son interlocuteur et du contexte et qui me paraissent opportunes quand elles ne deviennent pas franchement douteuses. Ainsi, le bonhomme dit en 2007 qu'il est l'auteur d'une "thèse de doctorat en sciences humaines et sociales sur le thème des nouvelles technologies dans la vie politique (le vote électronique) et leur lot de marchandisation et de marketisation des activités humaines" (thèse soutenue en 2003, info vérifiable) et qu'il occupe "en 2000, un poste de chercheur dans un gros centre de Recherche & Développement dans l'agglomération grenobloise, autour de la thématique du contrôle social et des nouvelles technologies, cette fois-ci plus centrée sur la communication organisationnelle et la sociologie du travail".. (http://www.polarnoir.fr/auteur.php?auteur=l19). Au-delà du grand écart entre les sujets "vote électronique" et communication organisationnelle/sociologie du travail", étant donné qu'on ne trouve nulle part d'article de lui en lien proche ou lointain avec "la sociologie du travail", l'affirmation est étonnante. Elle l'est d'autant plus lorsqu'on la compare à une autre affirmation de l'auteur concernant son activité au sein de France Télécom à la même époque, cette fois-ci dans un document de tout autre nature puisqu'il s'agit d'un CV : "Ingénieur expert de recherche en Prospective de services et Sociologie des usages" (http://www.lecreis.org/Prix%20du%20CREIS/Bibliographie%20Marin%20Ledun%202006.pdf). Sauf erreur de ma part, le rapport qu'entretiennent la sociologie du travail et la sociologie des usages et "prospective de services" est comparable au décalage existant entre la recherche critique et la recherche appliquée...
    Oui, cet auteur n'est pas très clair, et au passage, pas très sérieux sur des sujets qui, eux, le sont. Les trois articles qu'il revendique par exemple autour du thème de la souffrance au travail et qui ne datent pas de l'époque où il prétend aujourd'hui avoir effectué des recherches sur la question du "néomanagement", recèlent à l'instar des articles sur le vote électronique que je vous ai signalés d'importants copier-coller. C'est comme si Ledun avait redécouvert en 2009 l'un de ses propres articles de 2005, alors co-signé avec son ami Floris (qui, lui, a vraisemblablement de longue date travaillé sur le management et la communication organisationnelle): "Le marketing, technologie politique et forme symbolique du contrôle social". Il reprend alors jusqu'à en épuiser la substance une partie du contenu de cet article dans une nouvelle série apparemment ad hoc d'articles "grand public" co-signés... avec une autre personne : « La nouvelle organisation du travail, source de souffrance », Brigitte Font le Bret et Marin Ledun, Rue 89, 22 février 2009; « France Télécom : l'évaluation individuelle à l'origine du mal-être », Marin Ledun et Brigitte Font le Bret, Le Monde, 26 septembre 2009; « L’évaluation individuelle annuelle à 360 degrés : un virage dangereux pour les salariés », Brigitte Font le Bret et Marin Ledun, La Revue lacanienne n°4 2009/2. Les trois articles s'empruntent ensuite successivement l'essentiel de leur contenu. Je trouve tout cela assez rigolo pour quelqu'un qui apparaît souvent auréolé du crédit qu'octroie l'ex-statut de chercheur ...
    Allez, au plaisir!

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  12. Tout cela est terrifiant. Rassurez-nous : M. Ledun a tout de même son baccalauréat ?

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  13. C'est bien le moment d'en causer ! Avec cette foule de neos-aliéné qui débarquent sur le marché !

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