« En entendant l'arrêt de mort, Giordano Bruno prononce cette parole sublime : Vous tremblez plus en rendant votre jugement que moi en en prenant connaissance ! Lorsqu'on lui présente, sur le bûcher (lieu si conforme aux exigences de la charité chrétienne) le crucifix, il détourne la tête. » (Ernst Bloch)
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« Nous voyons dans la nature toutes les formes quitter la matière et retourner à la matière ; c'est pourquoi rien ne semble réellement constant, fixe, éternel, digne d'être tenu pour principe, si ce n'est la matière où les formes prennent naissance et où elles s'abîment, du sein de laquelle elles surgissent et au sein de laquelle elles retournent. C'est pourquoi il faut accorder à la matière, toujours semblable à elle-même et toujours féconde, le privilège important d'être reconnue pour le seul principe substantiel, et pour ce qui est et demeurera toujours tandis que l'ensemble des formes ne peut être reconnu que comme les différentes déterminations de la matière qui viennent et s'en vont, qui cessent et se renouvellent et ne peuvent, pour cette raison même, jouir de la considération d'un principe (car un principe, c'est ce qui dure). C'est pourquoi quelques-uns de ceux qui ont étudié soigneusement le rapport des formes dans la nature, pour autant qu'on ait pu le déduire d'Aristote et d'autres, ont fini par conclure que celles-ci ne sont que des accidents et des déterminations de la matière et que pour cette raison même le privilège de passer pour l'acte et l'entéléchie doit appartenir à la matière et non à des choses dont nous ne pouvons dire en vérité qu'elles ne sont ni substance ni nature mais des choses appartenant à la substance et à la nature. Seule la matière, disent-ils, peut être l'un et l'autre et c'est la matière qui, selon eux, est un principe nécessaire, éternel et divin, comme chez ce Maure Avicébron qui appelle la matière : le Dieu omniprésent. »
(Giordano Bruno, La Cause, le Principe et l'Un)
أبو أيوب سليمان بن يحيى بن جبيرول
(Salomon Ibn gabirol AKA Avicebron :
Blanc, Maure, Juif, Nous)