mercredi 18 novembre 2015

Rien à ajouter

                             
« Un groupe de croyants des soldats du Califat (…) a pris pour cible la capitale des abominations et de la perversion, celle qui porte la bannière de la croix en Europe, Paris (...) et le bataclan où étaient rassemblés des centaines d’idolâtres dans une fête de perversité (...). Puis ils ont déclenché leurs ceintures d’explosifs au milieu de ces mécréants après avoir épuisé leurs munitions.  » 

(extraits du communiqué de l'État Islamique, 
14 novembre 2015)

À l'heure sinistre où se profile parmi la gauche politicarde, et spécialement gauchiste, l'ignoble et ahurissant distinguo moraliste opposant, pour la faire courte, d'un côté les blasphémateurs racistes de Charlie-Hebdo, l'ayant au fond bien cherché, ce qui leur arrive, à-dessiner-comme-ça-le-prophète, et puis, de l'autre, les victimes 100 % correctes des massacres cette fois injustifiables du vendredi 13 novembre 2015 à Paris, le texte ci-dessous a l'immense mérite de remettre les pendules à l'heure, des pendules anarchistes, en l'occurrence, denrée semble-t-il devenue exceptionnelle par les temps qui courent, jetées ici sans façon dans la gueule pestilentielle des loufiats innombrables de la vermine cléricale. Nous partageons, de ce texte, l'essentiel. Nous remercions les camarades l'ayant élaboré. Nous leur adressons notre salut le plus fraternel. Vivez, nom de dieu !

                      ***

 COMME TOMBÉS DU CIEL

Qu’ils soient « modérés » ou « extrémistes » : 
Contre tous les dieux, contre tous les maîtres !

(trouvé sur le site NON FIDES
mardi 17 novembre 2015)


13 novembre, 2015, quelques fous de dieu descendent de leur ciel sur Paris pour tirer dans des foules et massacrent environ 130 personnes. Quelques jours auparavant, deux d’entre eux se sont fait sauter dans un quartier chiite de Beyrouth, tuant plus de 40 autres. Quelques semaines plus tôt ils explosent dans une manifestation à Ankara, provoquant 102 morts. C’est de la terreur. Même les plus endurcis se sentent poussés à avouer que, en fait, ils ont peur. Peur d’être au mauvais endroit au mauvais moment la prochaine fois que ça arrivera. Peur de perdre un proche pour une mort si fortuite. Même si on a du mal à l’avouer, l’État n’est pas le seul terroriste qu’il y ait. Il y en a d’autres.

Après les attentats de Paris, tout l’éventail des déclarations politiques s’est fait jour. C’est la guerre, les représailles seront impitoyables, l’état d’urgence, nouvelles mesures sécuritaires, l’union nationale. Tout cela est déjà devenu banal. Il en va de même pour les indignations, les protestations et les communiqués issus des milieux libertaires et gauchistes qui sont maintenant indissociables d’un tel genre de tragédie. Solidarité, crainte des pogroms anti-musulmans et anti-arabes, montée de l’extrême droite… Il y a une part de vérité dans tout cela, même si la tonalité et le niveau de réflexion ne font que ressembler à ceux du pouvoir. Chaque petit groupuscule, chaque organisation se pressant en vautours à sortir une déclaration. Comme si ça importait de balancer leurs sigles dans nos gueules, comme si ça importait de dire tout ce qu’on a entendu plusieurs milliers de fois. Comme s’il s’agissait d’autre chose que d’un geste politicien et opportuniste, pour rameuter des adeptes grâce à une tragédie, peu importe si c’est fait consciemment ou non. Les compagnons nous poussent, nous encouragent chaque fois à garder notre sang froid, à prendre le temps de réfléchir, de ne pas se hâter à tirer des conclusions. Bon, donnons nous du temps pour réfléchir, pour nous poser la question d’où viennent ces événements horribles, quelles sont leurs causes, comment est-ce qu’on pourrait les combattre.
Et à quoi bon alors ? Qu’est-ce qu’on a à raconter après ces moments de réflexion ?

La CGA de la région parisienne, par exemple, nous dit que « [l]es massacres de Paris commis par les fascistes religieux de Daesh sont la conséquence des politiques guerrières et impérialistes des grandes puissances politiques du monde au Proche-Orient depuis une bonne dizaine d’années ». La CNT aussi nous explique pourquoi les malheureux ont été tués : parce qu’ils se trouvaient « sur le chemin des assassins de Daesh qui a décidé d’étendre le conflit du Moyen-Orient sur le sol français, cette guerre à laquelle l’Etat français participe activement ». C’est tout pour la réflexion, merci pour votre attention, on peut passer aux pétitions de principes.
 
Bref, les attentats ont eu lieu pour des raisons géopolitiques. Bref, pour des affaires d’hommes en cravates. Rien à voir avec ces mecs misérables qui sont petit à petit devenus des fous d’Allah prêts à massacrer ceux et celles qui ne les supportent pas. Rien à voir avec les individus qui ont pris la décision de porter des armes, de les utiliser contre n’importe qui et de se faire sauter pour envoyer en enfer autant de gens que possible, assurant leur passage au paradis. Eux, les fous de dieu, ils sont tombés du ciel.
Mais l’histoire n’est elle qu’une affaire de « processus », de conditions objectives ? Mais les individus n’ont-ils aucune place dans tout cela ? Mais les individus, munis d’armes de guerre et de ceintures explosives, qui ont tués tous ceux et toutes celles qu’ils ont pu tuer ces derniers jours, n’ont-ils vraiment rien à voir dans tout ça ?

Si la question vous paraît trop complexe, vous n’avez qu’à relativiser, nous expliquer que Daesh et la république sont de même nature et de même fonction, que c’est la guerre, et qu’« on » l’avait bien cherché, que l’État est le seul terroriste, que l’employé de la CAF qui vous a coupé le RSA provoque la même terreur que quelques Amoks transits par leurs kalachnikovs. Que la religion n’a rien à voir dans tout ça ou presque. Puis nous sortir vos analyses automatiques, déjà « valables » en 1871, probablement toujours valables en 2071. Puis continuez comme ça, de toute manière la vérité est de votre coté, vos idéologies confinent à la science.

Il paraît que Daesh est d’une autre opinion. C’est vrai, les frappes en Syrie étaient invoquées par ses soldats, et dans le communiqué qui est sorti. Tout cela on le sait. Mais cela n’explique pas pourquoi et comment ces individus se sont justifiés, pour eux-mêmes, une telle violence contre des gens qui ne donnent pas d’ordres à des militaires, qui ne pilotent pas des avions de guerre, qui ne savent même pas tirer, mais qui sont tout simplement allés boire un coup avec des amis, voir un concert d’un groupe de rock, un match de foot, ou même qui ne faisaient que passer par hasard. Et bah Daesh nous explique ce que la CGA-RP et la CNT (et tant d’autres) n’expliquent pas : Paris, c’est-à-dire ses simples habitants, étaient pris pour cible parce que c’est « la capitale des abominations et de la perversion ». Voila pour vos analyses géopolitiques, les amis.
Daesh est une organisation dégueulasse dont l’existence, ou au moins l’émergence, dépend largement de la situation géopolitique au Moyen-Orient : le vide de pouvoir provoqué par des guerres civiles en Syrie et en Irak, l’arsenal des armes américaines dont ces forces de dieu pouvaient s’emparer, le régime discriminatoire contre les sunnites après l’occupation de l’Irak en 2003, et autant d’autres raisons qui étaient invoqués par beaucoup d’autres et qu’on peut consulter sans difficulté. Tout cela est valide, on est d’accord que les pays occidentaux ont joué leur part. Mais on ignore encore pourquoi s’attaquer aux gens qui n’ont rien à voir avec tout ça. Ce sont des fous, des « malades », des « barbares » ? Ah oui, peut-être, mais même les prétendus « fous » ont leurs raisons. Des raisons qu’on passe sous silence.

Disons-le finalement : les gens dans différents lieux de Paris ce 13 novembre étaient visés parce qu’ils ont mené une vie abominable et perverse ; ceux et celles qui étaient massacrés à Beyrouth quelques jours auparavant étaient pris pour cible parce qu’ils étaient des mécréants, des chiites en l’occurrence ; les jeunes d’Ankara en octobre ont été massacrés parce qu’ils étaient « athées ». Nous, les anarchistes, disons tout le temps que les moyens déterminent les fins, et il faut l’affirmer encore une fois : même si ces gens pathétiques visent la France pour ses guerres au Moyen-Orient, le Hezbollah pour ses positions stratégiques, les forces kurdes à cause de prétentions géopolitiques dans la région, ils justifient les tueries de gens qui ne sont qu’indirectement impliqués, ou pas impliqués du tout, parce que ces gens sont des pêcheurs, des mécréants, des sodomites, des apostats, des profanes, tout simplement. Tout comme tous ceux et toutes celles qui se sont fait décapiter, torturer, fusiller ou arrêter dans les régions sous contrôle des forces islamistes. Comment peut on se perdre dans des analyses géopolitiques d’étudiants en première année de sciences politiques et passer à coté de ces quelques faits têtus ?

Ces mecs, ces chiens de garde du sacré dont la responsabilité est souvent silencieusement diminuée par des analystes froids, ont joué leur part aussi – tout comme leurs imams, leurs mosquées et leur « communauté » des croyants. Avant de crier pour ne pas qu’il y ait d’amalgame entre les « modérés » et les « radicaux », posons nous les questions suivantes : combien d’entre ces « modérés » se sont inclinés lorsqu’on leur disait qu’aller boire un coup dans un bar de Paris est une abomination ? Combien étaient d’accord qu’écouter de la musique dans une salle de concert est une perversion ? Que l’homosexualité est le pire des péchés ? Combien d’entre eux ont osé protester à voix haute pour affirmer que ce n’est pas le cas ? Et que croire ou pas, comme nous l’expliquent tant d’âmes bienveillantes, n’est qu’une affaire personnelle  ? Une conviction personnelle parmi d’autres dans le supermarché des convictions personnelles ? À quoi bon répéter sans cesse qu’ils sont terribles, les moyens, si on est d’accord avec les fins, et notamment que les pécheurs doivent finalement être punis, sur terre ou ailleurs ?

Qu’ils soient chrétiens, juifs ou musulmans, les croyants dits « modérés » et ceux dits « extrémistes » ne divergent que sur un point, certes important : les moyens, les pratiques, les degrés. Entre le chrétien, le juif et le musulman « modéré » qui manifeste en 2013 parce que l’homosexualité est une abominable perversion, et le chrétien « extrémiste » qui, dans les rues américaines chasse l’abomination avec son fusil à pompe. Entre le juif « modéré » qui pense que les femmes n’ont rien à faire aux cotés des hommes pour cause d’impureté, et le juif « extrémiste », qui, dans les rues de Jérusalem, plante sa lame dans le cœur d’une adolescente trop « libérée » à son goût. Y a-t-il une différence fondamentale entre ces « modérés » et ces « extrémistes » ? Si vous pensez que les moyens sont sans importance, alors probablement que non… Mais ce n’est pas notre cas.

Notre problème n’est pas tant les « extrémistes » religieux ou les « modérés », notre problème n’est pas tant l’islam, le judaïsme ou le christianisme, mais bien LA RELIGION. Et quiconque n’analysera les événements en cours qu’en fonction de raisonnements géopolitiques, historiques, sociologiques ou même psychologiques, quiconque refusera d’analyser le caractère religieux de ces événements devra être accusé et questionné sur sa complaisance avec les religions, sa démagogie envers les « croyants » et son rapport populiste et politicien au monde.
Rappelons-nous que la religion, quelle qu’elle soit, est un système moralisateur qui justifie les massacres. Elle n’est pas seulement un archaïsme du passé, une duperie qui cache les véritables conditions de l’existence matérielle ou un manque d’intelligence rationnelle. Non, elle est un système de pensée qui condamne des gens à l’enfer, et il n’y a qu’à attendre que certains représentants du ciel ne prennent la justice en leurs propres mains. Et avant de faire état que la croyance est une affaire personnelle de chacun, il faudrait demander s’il en va de même pour le croyant.
Ceci n’est pas un appel à la violence inter-communautaire. Ceci n’est qu’un petit rappel du fait que la religion, toutes les religions, sont une des causes principales de la misère sur cette terre. Qu’elle n’est pas réductible aux explications économiques ou géopolitiques. Que, s’il y a des attentats qui sont aujourd’hui perpétrés au nom du sacré, c’est parce qu’il y a ceux qui passent à l’acte pour le garder sur terre, quel que soit le contexte politique, économique, climatique, géographique ou diable sait quoi d’autre.
La misère sur cette terre pousse des gens à faire confiance aux cieux des dieux, au mysticisme, au scientisme, au nationalisme et à ses unités nationales. Cieux de tous qui font oublier que lorsqu’on vend son temps en travail, lorsqu’on pourrit dans la rue ou en taule, lorsqu’on périt aux frontières, lorsqu’on tombe d’une balle dont on ne connaît même plus l’origine, que tout glisse entre nos mains sans même avoir eu la chance de vivre. Cieux qui ne font que nous faire accepter d’attendre la mort, ou des fois, de faire mourir les autres.
Pour vivre enfin, crachons donc sur le sacré et sur tous les dieux. Partons à l’assaut des cieux et encourageons les autres à faire pareil. Parce que les fous de dieu ne tombent pas du ciel, mails ils ne tarderont pas à le faire tomber sur nos têtes.

Il n’y a pas de religion des opprimés, seulement des religions qui oppriment.
Qu’ils soient « modérés » ou « extrémistes » : Contre tous les dieux, contre tous les maîtres.
Le 17 novembre 2015,
Des anarchistes d'ici et d'ailleurs.
 

31 commentaires:

  1. Trop tard ce soir pour entreprendre une exégèse de ce texte inégal, qui mérite de l'attention.

    Il manque à ce noir un peu de rouge.

    Les opiums ne sont que des vecteurs et des fumées.

    Les religions ne sont pas les églises.

    Les pré-textes ne sont pas les textes, ni les causes.

    Ces humains-là ont un taux de liberté plutôt faible et l'anarchie ça se mérite.

    Mais c'est vrai que, au delà du géopolitique, on ne lit rien qui nous convienne.

    À suivre.

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  2. C'est vrai qu'il se fait tard, vous avez raison.
    Minuit dans le siècle.

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    1. Hélas non, pas encore minuit dans ce nouveau siècle.
      Les symétries et les références sont toujours apaisantes mais dans ce cas, ça donnerait 1915.
      Et cette année-là Lev Davidovitch était sur un autre front.

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    2. Rectification : c'est Victor Serge en 1939 et pas LD.

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    3. Ben oui. Évidemment. " Minuit dans le siècle ", c'est juste l'autre nom du désespoir historique, écrasé entre terreurs concurrentes...
      Mais bon, on voulait pas vous contrarier.
      On n'est pas profs d'histoire, non plus.

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    4. "Mais bon, on voulait pas vous contrarier.
      On n'est pas profs d'histoire, non plus."

      Pas très amical votre réponse, Moine bleu.

      Qui est contrarié ?
      Qui est prof ?

      Nous, on polémique pas, on joue.
      Enfin, on jouait.

      Nuance.
      De taille.
      Et de civilisation.

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    5. "Mais bon, on voulait pas vous contrarier. 

      On n'est pas profs d'histoire, non plus."

      Pas très amicale votre réponse, Moine bleu.

      Qui est contrarié ?
      Qui est prof ?

      On polémiquait pas, on voulait juste jouer.
      Question de civilisation : le "jeu" n'est pas à portée de tous.

      Dommage car nous vous pensons tant d'humour.

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    6. Vous avez tort là-dessus, et raison sur le reste.
      Ne sous-estimez pas la puissance débilitante, ponctuelle (nous l'espérons) de l'extrême colère, la nôtre en l'occurrence.
      Pardon.

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    7. Never apologize, Moine bleu !
      On n'a qu'à se démerder dans ce putain de monde.
      Mot juste : colère.
      Mais cela, depuis tant d'années, tout le temps. Avec personne à qui se raccrocher vraiment. À en tomber malade. Pas de dieu, pas de maître, pas de père. Et pratiquement pas de potes. Alors, là, on sait pas si c'est pire. L'expiation, c'est parfois un soulagement.

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  3. Des bonnes choses dans ce texte, mais quelques grosses conneries, quand même. Allez dire aux réfugiés moyen-orientaux qu'il n'y a absolument aucune dimension géopolitique dans les violences qu'ils subissent, je pense que vous ne vous ferez pas comprendre. Tout le monde sait là-bas (et quelques uns ici) que l'Arabie Saoudite, le Turquie et les monarchies du golfe tirent beaucoup de ficelles. Daesh ne serait rien sans eux et leur soutien. Quant à assimiler le sacré au religieux, le mec qui a écrit ce texte n'a sans doute jamais lu Pierre Clastre. La copie vaut 9/20. Peut mieux faire

    Professeur Choron

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    1. Hé le petit prof, d'où tenez-vous qu'on ne pourrait pas à la fois reconnaître " une dimension géopolitique " à des " violences " subies par qui que ce soit et critiquer la religion pour ce qu'elle est ? On en revient toujours au même : c'est la faute à l'impérialisme international si les mecs se sont fait trouer la paillasse aux terrasses de bistrot... Vachement intelligent, le mec ! Allez : 18 !

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    2. Hé petit âne bâté, d'où tenez-vous que je prétende qu'il n'y aurait dans ces attentats QU'UNE dimension géopolitique ? La critique de la religion est bien sûr nécessaire, mais pas de cette manière confusionniste qui mélange sacré, religion et église. Décidément il vous manque quelques lectures et la réflexion est bâclée. 9/20 est une note vraiment généreuse pour vous encourager à progresser.

      Professeur Choron

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    3. Symétriquement : à notre avis, très chaleureux accueil garanti à tout interprète géopolitique de pointe du carnage, de la part des massacré.e.s du Bataclan.
      Ou de ce qu'il en reste.

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  4. Pourquoi : « …vos idéologies confinent à la science. » et « …au scientisme… » ? J’y vois une contradiction ou pire un gros vers sournois dans le fruit.

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  5. Le pathétique, ces derniers temps, c'est de voir que ce sont les mêmes gauchistes qui, à l'époque des crimes de Merah puis des attentats de janvier, faisaient de la sociologie à deux francs et qui, aujourd'hui, se mettent à faire de la géopolitique de comptoir. Il faudra m'expliquer pourquoi ces branleurs passent si facilement de la sociologie à la géopolitique alors qu'ils pourraient juste se taire.
    Pour ma part, deux textes seulement m'ont semblé relever quelque peu le niveau de la décence au milieu de ce concert de charognards. L'un venant de France :
    https://bataillesocialiste.wordpress.com/2015/11/16/pas-une-deuxieme-fois-en-se-taisant/
    L'autre d'Iran :
    http://www.siawi.org/article10142.html
    Les auteurs de ces deux textes appartenant à des groupes avec lesquels je n'ai que peu d'accointances habituellement. Mais bon, que voulez-vous...

    Pour Non-fides, je me souviens surtout de l'empressement (8 janvier) avec lequel ils avaient publié le subtil « Je ne suis pas Charlie... et je t'emmerde » (à ne pas confondre tout de même avec le titre d'un livret publié par la bande à Soral) et dans lequel on pouvait lire déjà cette évocation géopolitique brillante : « Ces prédateurs qui nous exhortent aujourd’hui à pleurer en chœur avec eux, à déclarer « Je suis Charlie », ces mêmes prédateurs en costards qui sont responsables de l’essor de groupes et de mouvances horrifiantes comme Al-Qaeda ou Daesh, anciens alliés des démocraties occidentales contre les périls précédents avant de prendre une place de choix sur le podium des périls géostratégiques d’aujourd’hui. »

    prh

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  6. Vous savez : chez NON FIDES, l'article qui précédait immédiatement celui que nous avons ici reproduit était d'une tonalité complètement inverse. Il arborait, en gros, la misère triviale de ce point de vue idéologique même (" Je ne suis pas Charlie ") que le billet " COMME TOMBÉS DU CIEL " nous semble, lui, critiquer (au double sens d'étudier et de fustiger) avec tant de pertinence. Et de semblables exemples abondent. Autrement dit : le sectarisme ne paraît point, chez ces camarades-là, de la dernière rigueur. Il n'y a plus guère que là, à dire vrai, parmi tout ce " courant de pensée " soi-disant anarchiste ou libertaire, que des textes aussi clairement anti-religieux, anti-bureaucratiques et anti-racialistes, tellement rares aujourd'hui, se trouvent disponibles semaine après semaine. Sans vouloir nullement les défendre (ils n'ont besoin de personne pour cela), ajoutons qu'ils publient bon nombre de papiers commis par des personnes, ou des groupes, extrêmement différents, juste également susceptibles de faire réfléchir. Pour ce qui est des tueries à Charlie-Hebdo, nous ne sommes toujours hélas ! que très peu, pour ne pas dire une poignée, à saisir qu'il s'est décidément passé, là, quelque chose de terriblement funeste et fondateur, signant la véritable fin (par delà le bien et le mal ou les jugements moraux et politiques, etc) du gauchisme ancienne époque : celui de Mai 68, en gros, et de la décennie suivante, dont nous sommes tous issus, en termes de valeurs et de conception générale de l'univers. Le fait, donc, qu'il ait été possible, à Paris, en 2014, de rafaler à la kalach des libertaires de centre-gauche bien embourgeoisés, coupables d'avoir seulement DESSINÉ DIEU n'a toujours pas été aperçu dans ses dernières conséquences et sa réalité politique substantielle (l'état de la conscience de classe du prolétariat de ce pays), par un gauchisme français destiné fatalement, lui aussi, et pour cette raison même, à crever sous peu de jours, bien inutile qu'il sera désormais devenu dans ce cadre de fascisme généralisé, accepté par tous.

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  7. Je ne disserterai pas sur Non fides, dont je ne lis les textes qu'aléatoirement, et qui m'ont le plus souvent laissé songeur. Je suis donc obligé de vous croire sur parole, cher moine.

    Pour ce qui est du gauchisme et de sa mort annoncée, je suis assez d'accord avec vous. Je pense même que, face à ces « islamo-fascistes » (je n'arrive pas à trouver de dénomination satisfaisante), le gauchisme découvre soudainement qu'il est - littéralement - désarmé (intellectuellement, matériellement, etc.) et sans défense. Plutôt que de reconnaître son impuissance et son insignifiance profonde (qui ne date pas d'hier, mais il serait trop long ici d'en faire une généalogie), le gauchiste préfère, dans un réflexe quasi pavlovien se trouver, comme tout le monde, un bouc émissaire (kasdédi au curé Girard) inconsistant (la faute à la société, la faute à l'impérialisme, la faute aux méchants, etc.).

    La question syrienne est, je trouve, ici éloquente. Car que nous disent éhontément aujourd'hui ces gauchistes donneurs de leçons qui, depuis 4 ans, se contrefoutent de la situation des rebelles syriens ? Etant donné qu'à leurs yeux de taupe, le Mal ne peut venir que de l'Occident, ils s'en vont nous expliquer que la politique guerrière de l'Etat français en Syrie est une des causes du bordel actuel... Loin de moi l'intention de vouloir dédouaner l’État français, et sans être un spécialiste de la question, il me semble néanmoins que l'interventionnisme français en Syrie a plus la gueule, depuis 4 ans, d'un non-interventionnisme que d'une offensive impérialiste (et c'est pas le boucher Assad qui viendrait me contredire).
    Un autre truc éloquent : Cqfd, il y a quelques semaines, publie un dossier (ma foi, très bien fait, que je conseille) à la révolution syrienne. Ce dossier paraît en 2015... Après 250 000 morts et 4 ans de lutte (dans un monde qui nous impose de vivre en « temps réel » ça fait sourire (ou chialer)). Je n'accuse pas Cqfd qui, depuis ces derniers temps, je trouve, produit des trucs intéressants. Mais cela montre, encore une fois, que le gauchisme est, dans une large mesure, à côté de la plaque (je n'échappe pas, je pense, à cette misère et cette impasse gauchiste, mais j'ai toutefois un principe, qui se renforce avec l'âge et qui me sépare de nombreux roquets de la contestation et de la critique sociale : quand je ne sais pas, je ferme ma gueule). Le gauchiste actuel, plaintif, bavard et arrogant, qui accuse, dans un prêt-à-penser de niveau collégien, l'impérialisme et le néo-colonialisme, devrait se cacher sous la table, de honte, plutôt que de donner des leçons de café du commerce (il y aurait aussi des choses à dire sur le Mali. On dénonce aujourd'hui l'intervention de l'Etat français dans ce pays comme une autre raison justifiant la montée du « ressentiment » des islamistes à l'égard de « la france » : je me souviens être allé, au moment où allait se décider l'intervention militaire au mali, à une rencontre avec des membres de l'association Survie (qui bosse sur la Françafrique depuis 30 ans) qui reconnaissaient que, pour une fois, ils avaient du mal à se prononcer franchement sur l'illlégitimité de cette intervention (sur demande des autorités maliennes) et ce, même si tout le monde sait qu'il y a toujours des intérêts géostratégiques, de part et d'autres, dans ces histoires). Tout ça pour dire qu'il faut sortir des réflexes binaires, bordel de merde de nom de dieu de nique sa race !

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  8. Le gauchiste occidental, à l'instar du stalinien qui commence à de plus en plus lui ressembler, préfère falsifier le réel, le tordre pour le faire rentrer dans ses petites cases, plutôt que de prendre le réel tel qu'il est et, s'il est nécessaire, d'adapter son système de pensée. Les spécialistes en sociologie cognitive appellent ça le « biais de confirmation » (c'est un mode psychologique qui, au demeurant, concerne tout le monde) à savoir : un individu ou un groupe d'individus, sur une problématique donnée, a tendance à ne percevoir, à ne lire que ce qui vient confirmer ses préjugés et son système de pensée et à refuser, à rejeter, à ne pas interroger, plus ou moins inconsciemment, tous les faits, toutes les idées qui viennent contredire ses présupposés. Avec le gauchisme, on est en plein là-dedans – et ça confirme ce que tu dis, sur ce changement de paradigme, car ce n'est plus anecdotique (« quelque chose de terriblement funeste et fondateur, signant la véritable fin (par delà le bien et le mal ou les jugements moraux et politiques, etc) du gauchisme ancienne époque : celui de Mai 68, en gros, et de la décennie suivante, dont nous sommes tous issus, en termes de valeurs et de conception générale de l'univers. »).

    Il fut un temps pas si lointain où le gauchisme, dans ses marges, produisait encore de la pensée. Certains textes de la Bibliothèque des émeutes, en particulier ceux sur l'insurrection irakienne de 1991, me sont, le week end dernier, revenus en mémoire. Et je me disais finalement que c'est ça qui manque cruellement à notre époque, submergée par les discours-slogans désincarnés : de la pensée.

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  9. Je me sens assez proche de l'attitude de Prh. On eut aussi penser à Wittengestein, dans le Tractatus, quand il dit que ce dont on ne peut parler, il faut le taire.

    Pour contribuer au débat, il y a aussi cet article, parut dans le Monde du 17 novembre intitulé : "L'Etat islamique est aussi la créature du bassiste".

    http://www.lemonde.fr/attaques-a-paris/article/2015/11/17/l-etat-islamique-est-aussi-la-creature-du-baasisme_4811911_4809495.html

    Cela, pour qu'on ne demeure pas seulement au niveau des seuls dégâts causés par les politiques néo-impérialistes de tous bords.

    Comme beaucoup d'évènements, la lecture de celui-ci, sa compréhension et, par là-même, les possibilités que nous aurons d'agir à partir de lui ne pourra être que polysémique.

    Bon courage.

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  10. La disparition conceptuelle la plus préjudiciable au champ d'analyse gauchiste est sans nul doute celle de la DIALECTIQUE.
    Regardez autour de vous, vous vous apercevrez facilement que les conceptions du monde majoritaires, les tendances philosophiques dominantes, dans ce milieu, évacuent massivement ce qui fait aujourd'hui plus que jamais tout l'intérêt de l'ultra-gauchisme théorique des années 1920 : dialectique, négation, aliénation, réification, conscience de classe et autres instruments irremplaçables.
    Le structuralisme, l'althussérisme, le deleuzisme, la biologisation systématique, crypto-spinoziste, de la politique, et la haine de l'histoire qui va avec : voilà notre ennemi. Succès posthume des " répugnantes années 70 ". L'université française, celle où émargent les fonctionnaires Indigènes de la république et consorts, donne ainsi le la de cette pourriture idéologique fixant les règles, et fournissant les grilles (de lecture, entre autres).
    La dialectique, avec ses médiations, permet cependant de dégager les impératifs politiques les plus élémentaires, notamment celui de HIÉRARCHISER les périls. Bloch défendit jusqu'au bout les acquis universels de la révolution bourgeoise de 1789. Va t'en faire comprendre ça à un gauchiste d'aujourd'hui, il te répétera comme un mantra : ni État ni Abaaoud ! Or, la question est de comprendre pourquoi l'État demeure si puissant et si légitime auprès des millions de gens - qu'il écrase et réécrase pourtant comme des merdes quotidiennement - et de dégager la rationalité indéniablement RASSURANTE dont il procède en face de la barbarie religieuse, qui est, répétons-le, incommensurablement pire que lui, parce qu'elle interdit purement et simplement la vie, et les petits réconforts qu'elle permet, malgré tout, sous tous les régimes d'oppression (l'amour, le jeu, la drogue et autres " perversions " nous permettant de tenir ici-bas). Un autre exemple concret : quand les Vietnamiens staliniens intervinrent au Cambodge en 1979, il est évident qu'il s'agissait là d'une offensive impérialiste (comme les Français au Mali). Et alors ? Ne fallait-il pas, ici autant que là, se RÉJOUIR d'une telle intervention, permettant concrètement d'éviter massacres ou/et oppressions bien pires ? Comprendre ainsi pragmatiquement (les prolos sont toujours pragmatiques, et par certains aspects, ce pragmatisme est critique, voire subversif) la nécessité de hiérarchiser les périls, plutôt que poser des égalités abstraites du type A = A, État français = État islamique, Vos guerres = Nos morts, etc, c'est de cela que beaucoup de gens, sans doute très bien intentionnés, sont désormais purement incapables.
    Or, il s'agit à terme de remplacer l'État, d'y substituer une communauté humaine : plus effective, plus opératoire, libérée de l'irrationalité qui est la sienne, laquelle doit, en attendant, inlassablement être révélée, démasquée. Mais force est de reconnaître que cette communauté, aujourd'hui (étant donné l'absence totale de conscience de classe, la prégnance du religieux, du racial, et de l'esprit petit-commerçant castrateurs allant avec) complètement impossible. C'est donc, sur le TRÈS long terme (ce qui implique, le cas échéant, la fin de l'activisme pour l'activisme), d'abord à la reconstruction de l'autonomie prolétarienne qu'il faut travailler. L'autonomie du prolétariat comme développement et reconstruction, sur des bases claires, de son champ culturel, intellectuel, philosophique. Ce champ est un champ de ruines. Commençons par le reconnaître.

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    1. Désolé, l'ami bleu, mais je ne trouve pas ça très dialectique d'opposer État(s) et Abaaoud(s) comme s'ils n'étaient pas du même monde. C'est faire comme si l'économie n'avait pas, en trois siècles, unifié la planète entière autour de sa dynamique. Les ultra-gauchistes de 1920 le disaient déjà, Kurz et ses amis l'ont répété : plus le capitalisme ( et son bras armé étatique) s'impose totalitairement partout et à tous, plus il faut lier ce qui se passe sur cette planète à tout le reste. Personne - ni ici ni au NPA - ne dira plus de bien d'Abaaoud que de l'État français, mais ne pas voir que le capitalisme plus ou moins d'État restructure les sociétés de telle sorte qu'en sortent des Abaaoud, c'est pour le coup refouler toute dialectique et retomber dans la sommaire opposition bourgeoise entre Bien civilisé et Mal religieux.

      "Mais les princes de la terreur, les guerriers de Dieu et les milices claniques ne sont pas seulement des forces que l’Occident a instrumentalisées de l’extérieur et qui commenceraient maintenant à lui échapper. Leur état d’esprit n’est pas « moyenâgeux » mais post-moderne. Les ressemblances structurelles entre la conscience de la « civilisation » libérale et la conscience des terroristes islamiques ne surprennent guère, quand on sait que la logique du capital constitue une fin en soi irrationnelle, qui n’est rien d’autre qu’une religion sécularisée. Le totalitarisme économique régnant divise, lui aussi, le monde en « fidèles » et « infidèles ». La « civilisation » de l'économie libérale est incapable d'analyser rationnellement la terreur car, alors, elle devrait se mettre elle-même en question. Ainsi l’Occident, prétendument éclairé, en vient-il à définir l’islamisme comme « œuvre du diable », tout comme l'islamisme le fait avec l'Occident. Les images dichotomiques et irrationnelles du « Bien » et du « Mal » se ressemblent jusqu'au ridicule."

      Permettez que je cite encore cet article de Kurz écrit en 2001, il dit ça mieux que moi :

      " Des intellectuels occidentaux en émoi décrivent sans rougir le terrorisme comme l’expression d’une conscience « pré-moderne » qui aurait raté le coche des Lumières, ce qui l’obligerait à « diaboliser » en bloc et par des actes de haine aveugle cette merveilleuse liberté occidentale qui prône « l’auto-détermination de l’individu », le libre marché, l’ordre libéral, bref tous les bienfaits de la civilisation occidentale. Comme si l'on n'avait jamais réfléchi à la « dialectique de la raison » et comme si, dans l’histoire catastrophique du XXe siècle, la notion libérale de progrès ne s’était pas couverte de honte depuis longtemps, nous assistons dans la confusion provoquée par cet acte de folie d’un nouveau type, au retour du fantôme aussi arrogant qu'ignorant de la philosophie de l’histoire bourgeoise des XVIIIe et XIXe siècles. Dans sa tentative désespérée d’attribuer la nouvelle dimension de la terreur à une entité étrangère, le raisonnement occidental démocratique tombe définitivement en dessous de tout niveau intellectuel. Mais le fait que tous les phénomènes de cette société mondialisée soient intimement liés ne se laisse pas balayer à coups de redéfinitions : en réalité, après cinq cents ans d'histoire coloniales et impérialiste sanglante, cent ans d’une désastreuse industrialisation bureaucratique et de modernisation de rattrapage, cinquante ans d’intégration destructrice dans le marché mondial et dix ans sous le règne absurde du nouveau capital financier transnational, il n’existe plus d’Orient exotique que l’on pourrait percevoir comme étrange et extérieur. Tout ce qui se passe aujourd’hui est un produit, soit direct soit indirect, du système mondial unifié par la force. Le One World du capital est le sein qui enfante la méga-terreur."

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    2. Le colonel Kurtz n'a peut-être pas perdu la raison, mais il a sans doute perdu la mémoire, ce qui, au plan dialectique, revient certes au même. " Les Lumières " dont il parle ne sont pas purement occidentales de naissance mais arabo-persanes : ce sont celles d'Avicenne et d'Averroès, interprétant Aristote dans un sens crypto-matérialiste bientôt propice à la réfutation des pouvoirs transcendants du Divin (avant que la scolastique chrétienne réactionnaire n'y mette bon ordre), raison pourquoi on brûla leurs oeuvres (dès le vivant d'Averroès) de même qu'on brûle, aujourd'hui, épisodiquement, les mécréants dans les rues de Paris. La dialectique jouait, dès cette époque (et savez-vous, d'ailleurs, qu'il existe encore des communistes arabes aujourd'hui ?) à plein au sein du monde " islamique " lui-même, dès lors qu'on associe au point de vue " dialectique " une préférence de parti pour un camp plutôt que pour l'autre. Réfléchir dialectiquement, ça n'est en effet précisément ni voir du nouveau partout, ni tirer un signe d'équivalence entre phénomènes contemporains, mais établir partout des médiations, y compris entre le présent et les promesses partout non-acquittées du passé. Toute autre attitude relève plutôt, à nos yeux, du relativisme culturel, de cette " lâcheté " sociologique (comme disait Ernst Bloch fustigeant l'éminent professeur Mannheim). La vérité est simple : la république bourgeoise d'aujourd'hui vaut ÉVIDEMMENT, elle est ÉVIDEMMENT d'une valeur incommensurablement supérieure à tout fanatisme théocratique n'intervenant contre elle que comme aberration, comme reflet pathologique, non-viable pour le capitalisme (qui l'écrasera ou plutôt : l'intégrera bientôt) du nihilisme individualiste fondant ce dernier système. Penser dialectiquement, c'est ce que Marx faisait quand, contestant auprès des Juifs que l'émancipation politique leur apporterait l'émancipation humaine, il défendait pourtant concrètement, politiquement l'extension de leurs droits. C'est ce qu'il faisait quand, apercevant parfaitement que les victoires des nordistes aux USA signifierait l'extension de l'esclavage salarié, il défendait malgré tout contre l'esclavagisme sudiste la modernité libérale industrielle. Pour vous faire une idée de l'exact contraire de semblable attitude dialectique, allez lire LUNDI MATIN et tous ceux qui renvoient simplement abstraitement dos-à-dos (quand ils ont la chance d'en avoir encore un) les massacrés des terrasses et les jihadistes à la même substance contemporaine " misérable-nihiliste". Combien de fois faudra-t-il répéter que le communisme est héritage, pas table rase ? Quant à cette très pénible Dialectique de la raison, à laquelle le colonel Kurtz fait également allusion, je vous renvoie à mon article sur Pierre Eyguesier, Lacan, etc : vous y apprendrez peut-être des choses intéressantes sur le comportement et les faits et dits d'Horkheimer-Adorno relativement, et pendant les bombardements " de la raison occidentale " sur le Vietnam, dans les années 60.
      Apocalypse Now.
      CQFD.

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    3. "Réfléchir dialectiquement, ça n'est en effet précisément ni voir du nouveau partout, ni tirer un signe d'équivalence entre phénomènes contemporains, mais établir partout des médiations" : nous sommes entièrement d'accord. Le colonel Moutarde va sans doute un peu vite (les esprits sont tous échauffés) mais j'ai le sentiment que c'est ce qu'il essaie précisément de faire.

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  11. Je suis complètement d'accord. Tu apportes, à mes propos quelque peu fébriles et approximatifs, des précisions élémentaires. La dialectique, bordel!

    salutations!

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  12. Si même des journaleux parisiens en viennent à être plus lucides que n'importe quel gauchiste post-moderne... C'est vraiment la H'chouma!
    http://www.slate.fr/story/110065/vos-guerres-nos-morts
    Bon, je vais prendre mes calmants, une verveine et au lit

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  13. Ah ouais, "Politis", quand même...
    Il serait peut-être bon que ces gens-là lisent, par exemple, la position d'Orwell sur l'engagement du Royaume-Uni durant la Seconde (cf les "Essais", chez Ivrea). Déjà, son point de vue "dialectique" ne fut pas compris et lui valut de solides inimitiés dans la mouvance socialiste.

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  14. Tout comme je pense que la racialisation et le libéralisme sont intrinsèquement liés à leurs supposés dévoiements (voir mon billet « PIR to pire »), je pense que « l’extrémisme » religieux est inhérent à l’essence même de la religion. Aussi n’aurais-je pas ôté un mot de ce texte. En revanche, j’en aurais – malheureusement – ajouté un. En effet, parmi les joyeusetés citées, il y en a une qui a été oubliée, et elle n’est pas des moindres : il s’agit du viol. Alors, si les fous de dieu sont tombés du ciel, nombre d’« anars » du XXIème siècle sont – quant à eux – bel et bien tombés sur la tête…


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  15. Remarque, rien moins que subsidiaire, en passant. Même si je suis d'accord avec l'essentiel de ce texte, l'attribution aussi péremptoire (dans le "chapeau", reprise dans le corps du texte) de l'attentat d'Ankara (voire, dans une moindre mesure de celui de Beyrouth...) à Daesh me paraît un peu problématique. Vu les antécédents. Vu le contexte "géo-stratégique" (merde, encore lui !).

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    1. Il eût fallu, mon cher, que vous précisassiez les choses, votre hypothèse à vous, en l'occurrence : si ce n'est pas Daesh qui tue les camarades, à Ankara, alors qui ? Erdogan, les Loups Gris ? Y aurait-il complète hétérogénéité entre ces raclures-là et les autres ? Non, bien entendu. Et c'est précisément l'objet, intéressant, de ce texte par ailleurs non-exempt de défauts, certes, que de lier, de manière polémique, les fondamentalismes " actifs" et "passifs", la religion " en soi " et " terroriste ". Tous les monothéismes sont des terrorismes.

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    2. Oui, bien sûr, Erdogan, les Loups Gris, c'est bien à eux qu'on pense.
      Je pencherais quand même pour l'AKP : Suruç, Ankara permettent à Erdogan de terroriser les soutiens de gauche à la question kurde dans l'ensemble de la société turque (il paraît même que des régions à majorité de peuplement kurde, acquises au HDP, ont voté pour la "paix armée" imposée par Erdogan).
      Ça leur permet aussi de conditionner leur bonne volonté vis-à-vis leurs alliés lors des réunions de l'OTAN (deal : on veut bien réguler un peu ce qui se passe à nos frontières avec DAESH, mais laissez-nous écraser les Kurdes comme on l'entend) et d'asseoir leur emprise sur la région ( rêve d'une Grande Turquie qui naît sur les ruines de l'empire perdu, cultivé depuis les Jeunes Turcs, repris par l'AKP) : Don't fuck with us ! (on peut être aussi pénibles qu'un Poutine.)
      Bref, un coup politique à l'intérieur des frontières, un coup au dehors.
      Je pense que personne n'est dupe dans les chancelleries occidentales.

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  16. Une déconstruction de Butler, simple et efficace :
    https://lmsti.wordpress.com/2015/11/24/judith-butler-a-paris-ou-limpasse-du-bataclan-2/

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