lundi 29 novembre 2021

Grosse paire de clowns

«Ce jeune baryton-décorateur aimait à se donner des airs de monsieur pas commode. Il n'était pas grand, ce qui me parut nuire à sa carrière, mais il marchait comme une terreur, c'est-à-dire avec un balancement des épaules capable de donner à sa tête un élan irrésistible. Tout son corps n'était que catapulte quand on le voyait venir au bout de la rue Saint-Vincent au rendez-vous de la bande. En réalité il était peu combatif et se contentait de disparaître quand la bagarre s'annonçait.

Ci-dessus, à l'extrême-droite : pipe scoufflaire «tradi»(détail).

Quand je l'ai connu il était lié par l'intérêt et la camaraderie de costume à un grand garçon blond et diabolique, flegmatique et spirituel, que l'on appelait P... P... pouvait fumer une pipe Scoufflair [sic] pendant près d'une heure sans la laisser s'éteindre, c'est dire à quel point il parvenait à dominer ses mouvements et ses émotions. Il se promenait avec C... et tous deux ressemblaient à une paire de clowns lâchés en liberté...»

(Pierre Mac Orlan, Villes)

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