≪Je suis un sale bonhomme. Je remarque toutefois une chose : un homme qui, le matin, n'est pas dans son assiette et, le soir, déborde de projets, de rêves et d'énergie, ça c'est un très mauvais homme ; mal fichu le matin, en pleine forme le soir : voilà qui ne trompe pas. Mais dans le cas contraire, s'il est plein d'allant et d'espoir le matin et complètement à plat le soir, là, c'est franchement un pauvre mec, un mesquin et un médiocre. Pour moi, c'est une ordure. Je ne sais pas ce que vous en pensez, mais moi je trouve que c'est une vraie ordure.
Bien sûr, il y a aussi ceux qui se plaisent autant le matin que le soir, qui sont aussi heureux quand le jour se lève que quand il se couche. Ceux-là, ce sont tout bonnement des fumiers, et ça me dégoûte rien que d'en parler. Quant à celui qui n'est jamais bien, pas plus le soir que le matin, alors là, les mots me manquent : c'est le roi des cons et le dernier des salauds.»
(Vénédict Erofeiev, Moscou-sur-Vodka)
Comme quoi.
RépondreSupprimerSi j'en crois le résumé, ça a l'air sacrément barré comme bouquin, ça vaut le coup (de se noircir au rouge)?
Juste un sommet de la littérature universelle.
SupprimerRien que ça.
Je conseille également ses "Carnets d'un psychopathe" avec, par exemple :
SupprimerEh ! Eh! On dirait qu'il y a du prrrogrès !
Du progrrrès dans le choix des compliments !
Le 6 octobre :
"S-s-s-salaud!", en traînant de manière cauchemardesque sur la première sifflante, une crispation inimaginable et une expression de terreur absolue perceptible même dans l'obscurité la plus totale...
Le 9 novembre :
"M-mi-sérable!", en restreignant quelque peu les possibilités de la mimique et avec un tremblement émouvant de la voix...
Le 27 novembre :
"Vaur-rien!", accompagné du passage traditionnel à la position verticale, d'un regard assassin et de quelques pas en direction de la porte...
Le 6 décembre :
Un simple et laconique "Gredin!", les pupilles rétrécies par la colère.