dimanche 21 août 2016

De la misère en milieu fasciste

« L'idéalisme allemand, dont la doctrine de Hegel représente l'apogée, professait que les institutions sociales et politiques doivent concorder avec un libre développement de l'individu. Au contraire, le système autoritaire ne peut maintenir son ordre social qu'en enrôlant de force chaque individu dans le processus économique sans tenir aucun compte de l'intérêt de cet individu. L'idée du bien-être individuel est remplacé par l'appel au sacrifice : " Le devoir de se sacrifier pour le tout ne connaît pas de limite du moment que nous considérons le peuple comme le bien suprême en ce monde" (O. Koellreuter). Le système autoritaire ne peut guère, surtout de manière permanente, élever le niveau de vie des individus, pas plus qu'il ne peut élargir le champ des satisfactions ni les moyens d'y parvenir : ces buts ruineraient la discipline indispensable et, en dernière analyse, ruineraient l'ordre fasciste qui, par sa nature même, doit empêcher tout libre développement des forces productives. Il s'ensuit que le fascisme "ne croit pas dans la possibilité du bonheur sur cette terre" et qu'il "nie l'équation bien-être-bonheur" (Mussolini). Au moment historique où toutes les conditions techniques qui permettraient une vie dans l'abondance sont réunies, les nationaux-socialistes "considèrent comme inévitable l'abaissement du niveau de vie" (Ernst Kriech) et se livrent à des apologies de la pauvreté. L'immolation intégrale de l'individu qui s'instaure a lieu au bénéfice exclusif d'une bureaucratie industrielle et politique, et on ne peut donc invoquer pour la justifier l'intérêt véritable de l'individu. L'idéologie nationale-socialiste affirme purement et simplement que l'existence humaine authentique se trouve dans le sacrifice inconditionnel, et que l'essence de la vie individuelle consiste à obéir et à servir - "un service qui ne s'achève jamais, parce que servir et vivre coïncident" (Der deutsche Student, août 1933). »

(Herbert Marcuse, Raison et Révolution)

1 commentaire:

  1. Je ne vous apprendrai rien, Ô vénéré, cependant:

    http://www.dailymotion.com/video/x6gv4w_la-meteo-du-futur_fun


    Hommages caniculaires depuis l'Orée.

    (Rien à voir avec Herbert, quoique...)

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