dimanche 28 février 2016

La fille aux joncs

La fille aux joncs, Ernest Hébert (1871).



vendredi 26 février 2016

Godfather Ferenczi


« Vous n'avez pas fait un secret du fait que vous embrassez vos patientes et que vous vous laissez embrasser par elles ; cela, je l'ai d'ailleurs entendu dire par mes patients, via Clara Thompson (1). 
Alors, quand vous voudrez donner un compte rendu détaillé concernant votre technique et ses résultats, deux voies s'offrent à vous. Ou bien vous en parlez, ou bien vous le taisez. Vous pensez bien que ce dernier parti n'est pas digne. Ce qu'on fait en matière de technique, on doit aussi le soutenir publiquement. D'ailleurs, les deux voies vont converger très vite. Même si vous n'en parlez pas vous-même, ce sera rapidement connu ; je le savais avant que vous m'en fassiez part.
Cela dit, je ne suis certainement pas celui qui, par pruderie ou par égard pour les conventions bourgeoises, proscrirait de telles petites satisfactions érotiques. Je sais aussi qu'au temps du Chant des Niebelungen le baiser était une forme de salutation anodine, accordée à tout visiteur. Je pense également que l'analyse est possible même en Russie soviétique, où l'état autorise une pleine liberté sexuelle. Mais cela ne change rien au fait que nous ne vivons pas en Russie et que, chez nous, le baiser représente une intimité érotique sans équivoque. Jusqu'à présent, dans la technique [psychanalytique], nous nous en sommes tenus fermement à la thèse : les satisfactions érotiques sont à refuser au patient. Vous savez aussi que là où des satisfactions plus généreuses ne sont pas possibles, les caresses plus insignifiantes peuvent très bien en reprendre le rôle, dans les relations amoureuses, sur la scène, etc.
Maintenant, imaginez quelle sera la conséquence de la publication de votre technique. Il n'y a pas de révolutionnaire qui ne soit surpassé par un plus radical encore. Un certain nombre de penseurs indépendants, en matière de technique, se diront : pourquoi en rester au baiser ? On pourrait certainement obtenir encore davantage en y ajoutant le pelotage qui, après tout, ne fait pas non plus d'enfants. Puis il en viendra de plus hardis encore, qui feront le pas supplémentaire jusqu'à regarder et montrer ; et bientôt nous aurons inclus dans la technique de l'analyse tout le répertoire de la demi-virginité et des flirts avec, pour conséquence, un accroissement considérable de l'intérêt pour l'analyse chez les analystes et les analysés. Mais le nouveau collègue sera facilement amené à exiger une trop grande part de cet intérêt pour lui-même ; nos collègues les plus jeunes trouveront difficile de s'arrêter, dans les relations nouées, au point fixé au départ, et le Godfather Ferenczi se dira peut-être, en contemplant la scène animée qu'il a créée : j'aurais peut-être dû arrêter ma technique de tendresse maternelle avant le baiser. (...)
Dans cette mise en garde, je ne crois pas du tout vous avoir dit quoi que ce soit que vous ne sachiez vous-même. Mais comme vous jouez volontiers le rôle de la mère tendre envers d'autres, alors peut-être aussi envers vous-même. Il faut donc que vous entendiez, par la voix brutale du père, le rappel que - d'après mon souvenir - la tendance aux petits jeux sexuels avec les patientes ne vous était pas étrangère dans les temps préanalytiques, si bien qu'on pourrait établir un rapport entre la nouvelle technique et les errements d'autrefois. C'est pour cela que, dans une lettre précédente, j'ai parlé d'une nouvelle puberté, d'un démon de midi chez vous ; et maintenant vous m'avez obligé à être clair, sans détour.
Je ne m'attends pas à vous faire impression. La condition préalable pour cela fait défaut dans votre relation à moi. Votre besoin têtu de vous affirmer me paraît plus puissant chez vous que vous ne le reconnaissez vous-même. Mais, du moins, j'ai fait mon possible pour tenir fidèlement mon rôle de père. A présent, à vous de poursuivre.
Vous saluant cordialement
votre
Freud. »

(lettre à Ferenczi, Vienne, 13 décembre 1931)

*** 

1) Clara Mabel Thompson (1893-1958), psychanalyste américaine, est considérée comme la disciple la plus influente de Ferenczi (par qui elle fut analysée) aux USA. Elle aura notamment fondé, avec Erich Fromm, le William Alanson White Institute à New York et la Washington School of Psychiatry. Pour une présentation générale du rapport dissident, et douloureux, de Ferenczi le « fils maudit » à Freud-le-père, on pourra éventuellement se rapporter à notre ancien article Freud, pessimisme et révolution.




Noirs et Blanche


« [Vers 1880] si, comme le croyaient généralement les Blancs, la  cocaïne était une incitation à la violence des Noirs contre les  Blancs dans le Sud, cela donnait quelque sens à leur réaction contre  ses utilisateurs. La peur du Noir sous cocaïne coïncida avec une recrudescence du lynchage et de la ségrégation légale ; on vota des lois, toutes faites dans le but de lui retirer tout pouvoir politique et social. La peur de la cocaïne a pu augmenter la crainte que le Noir ne quitte son rang ; elle témoigne aussi à quel point la cocaïne donnait libre cours au défi et à la vengeance. Jusqu'ici, les faits n'ont pas encore prouvé que la cocaïne provoqua une vague de crimes, mais plutôt que le pressentiment de la rébellion noire suscita la terreur blanche. Des anecdotes se tissaient souvent autour de la force, de l'adresse et de l'efficacité surhumaines qui résultaient de la prise de cocaïne. Une des superstitions les plus terrifiantes à son sujet était qu'elle améliorait fortement l'adresse du tireur d'élite. Un autre mythe soutenait que la cocaïne rendait les Noirs insensibles aux simples balles de calibre 32 ; on dit que ce mythe fut cause de l'abandon des revolvers chambrés en 32 par les polices du Sud, qui leur préférèrent désormais le calibre 38. » 

(David F. Musto, The American disease : Origins of Narcotic Control)

mercredi 24 février 2016

Et moi et moi et moi...


« Ceux qui espèrent obscurcir notre combat en insistant sur les différences ethniques aident au maintien de l'exploitation des masses, c'est-à-dire des Blancs pauvres, des Noirs pauvres, des Hispaniques, Indiens, Chinois et Japonais pauvres, bref de l'ensemble des travailleurs (...). Nous ne combattrons pas l'exploitation capitaliste par un capitalisme noir. Nous combattrons le capitalisme par le socialisme. »

(Bobby Seale, Seize the time. The story of the Black Panther Party and Huey P. Newton)

vendredi 19 février 2016

Juste milieu


« Les psychiatres appellent la grande gaieté euphorie ou, en allemand, dépression gaie, comme s'il s'agissait d'un gai malaise, et ils ont montré que tous les paroxysmes, ceux de la chasteté comme ceux de la frivolité, ceux de la cruauté comme ceux de la compassion, débouchent dans le pathologique. L'idée de la vie saine aurait dès lors bien peu de sens, si elle n'avait pour but qu'un compromis entre deux excès ! Et son idéal serait bien mesquin s'il n'était réellement que le refus d'exagérer ses idéaux. »

(Robert Musil, L'homme sans qualités)


mardi 16 février 2016

Nora et Racquel

Yasmine

vendredi 12 février 2016

Arlene Gottfried


ARLENE GOTTFRIED
L’INSOUCIANCE D’UNE ÉPOQUE
 9 JANVIER– 5 MARS 2016
Du mercredi au samedi de 14h à 19h et sur rendez-vous
Galerie Les Douches
5 RUE LEGOUVÉ - 75010 PARIS
(entrée libre)










mercredi 10 février 2016

Ça se présente bien...


«Quelle que soit l'action que l'individu ou le groupe entreprennent contre la totalité dont ils font partie, cette action est contaminée par ce que la totalité a de mauvais, et celui qui ne fait rien ne l'est pas moins. A cet égard, le péché originel s'est sécularisé.»

(T. W. Adorno, Dialectique négative).

mercredi 3 février 2016

Pourquoi viens-tu si tard ?