Un grand merci à Sara Yukiko, pour ses précieuses traductions...
Dans un entretien accordé le 6 mai dernier au journal Libération, M. Michel Sapin – toujours vert – faisait la déclaration suivante : « Lors de mes déplacements, je ne ressens pas de violence à notre endroit. » Que M. Sapin incline à estimer suffisante la résistance, voire proche le redressement, dans l’opinion, du gouvernement auquel il appartient, la chose paraît bien compréhensible. Elle procède, à vrai dire, d’une politique d’auto-persuasion primitive adoptée, jusqu’à un certain point, relativement à la qualité intrinsèque des marchandises qu’ils proposent, par tous les commerçants de l’univers. Ainsi, du point de vue d’Ordralfabétix, par exemple, le poisson vendu par ses soins aux habitants de son village restera frais l’éternité entière. De même, pour M. Servier et ses amis, le Médiator aura toujours parfaitement honoré ses nobles fonctions de médicament. Et le temps nous manque, hélas ! pour évoquer, autant que nous le souhaiterions, d’autres produits du même genre, telles les succulentes lasagnes de la maison Findus ou les prothèses mammaires du célèbre docteur Maure.
Mais revenons, si vous le voulez bien, à M. Sapin.
Celui-ci,
donc, pour traduire ses propos cités plus haut en un langage quelque
peu populaire, nous livre au fond la confidence suivante : « Tout
marche comme sur des roulettes, vous avez vu ? Malgré ce qu’on leur fout
dans la gueule tous les jours, à ces cons-là, je peux même sortir dans
la rue sans me faire défoncer la bouche… »
Il est certain que M. Sapin jouit, dans les milieux autorisés, d’une solide réputation de visionnaire, voire de prophète. On dit souvent de M. Sapin qu’il sent bien les choses. Cette fois encore, son analyse de la situation – qu’il partage d’ailleurs avec moult membres éminents de la majorité au pouvoir – semble solide. L’impopularité massive frappant l’équipe gouvernementale à laquelle participe M. Sapin ne serait, au fond, que l’arbre cachant la forêt. La dépression, l’atonie complète, plutôt que la colère insurrectionnelle, rongeraient en réalité le pays. Et c’est précisément ce phénomène d’aboulie généralisée, de désespoir larvé, qui permettrait à M. Sapin, et à ses semblables, de sortir librement où bon leur chante par les temps qui courent…
Or, sans prétendre infirmer complètement cet astucieux diagnostic, nous ne saurions cependant trop inciter M. Sapin à la mesure, voire à la prudence. Il est en effet des situations où le désespoir, fût-il absolument parfait, n’entraîne pas comme seules conséquences nécessaires – inoffensives – la passivité ou l’indifférence publiques. Certaines nations, lors d’épisodes historiques demeurés célèbres, offrent même l’exemple rigoureusement inverse : le spectacle quasi-ininterrompu d’un déchaînement de violence aussi explicitement (formellement) politique – donc en théorie : optimiste – que basé sur le désespoir le plus irrémédiable, et nourri par lui. C’est ainsi à dessein que nous allons nous intéresser maintenant au Japon des années 1960-1970. Il s’agit de s’éloigner franchement de la situation française – et européenne – du moment pour vérifier, dans cet éloignement même, la permanence de certaines vérités et processus.
Il est certain que M. Sapin jouit, dans les milieux autorisés, d’une solide réputation de visionnaire, voire de prophète. On dit souvent de M. Sapin qu’il sent bien les choses. Cette fois encore, son analyse de la situation – qu’il partage d’ailleurs avec moult membres éminents de la majorité au pouvoir – semble solide. L’impopularité massive frappant l’équipe gouvernementale à laquelle participe M. Sapin ne serait, au fond, que l’arbre cachant la forêt. La dépression, l’atonie complète, plutôt que la colère insurrectionnelle, rongeraient en réalité le pays. Et c’est précisément ce phénomène d’aboulie généralisée, de désespoir larvé, qui permettrait à M. Sapin, et à ses semblables, de sortir librement où bon leur chante par les temps qui courent…
Or, sans prétendre infirmer complètement cet astucieux diagnostic, nous ne saurions cependant trop inciter M. Sapin à la mesure, voire à la prudence. Il est en effet des situations où le désespoir, fût-il absolument parfait, n’entraîne pas comme seules conséquences nécessaires – inoffensives – la passivité ou l’indifférence publiques. Certaines nations, lors d’épisodes historiques demeurés célèbres, offrent même l’exemple rigoureusement inverse : le spectacle quasi-ininterrompu d’un déchaînement de violence aussi explicitement (formellement) politique – donc en théorie : optimiste – que basé sur le désespoir le plus irrémédiable, et nourri par lui. C’est ainsi à dessein que nous allons nous intéresser maintenant au Japon des années 1960-1970. Il s’agit de s’éloigner franchement de la situation française – et européenne – du moment pour vérifier, dans cet éloignement même, la permanence de certaines vérités et processus.
Oublions donc un peu, quelques minutes seulement, MM. Hollande, Fabius ou Sapin.
Prenons de la hauteur.
Changeons complètement de sujet.
Évoquons plutôt le cas du socialiste japonais Inejiro Asanuma, et de
son assassinat sanglant – à coups de sabre – en 1960, devant des
millions de téléspectateurs.
Ci-dessus : Une fête de la Rose qui tourne au drame.
Difficile
d’imaginer une nation plus déboussolée que le Japon d’après-guerre.
Écrasé sous deux bombes atomiques américaines, soumis aux misères
indicibles et à la loi cruelle d’une défaite militaire complète (la
première de sa longue histoire), jusque-là simplement impensable
au plan cosmologique pour la majorité de ses habitants, le Japon doit
surtout, désormais, se plier à la violence plus insidieuse – quotidienne – d’une
sécularisation totale, organisée par l’occupant américain, de ses
représentations symboliques et politiques élémentaires. L’Empereur, sur
l’entourage duquel les groupes nationalistes les plus violents faisaient
pression (une quinzaine d’années auparavant, à peine !) afin de le
rendre plus divin encore (et autoritaire) qu’il n’était, à coups
d’assassinats politiques multiples et de tentatives de putsch, voit son
pouvoir fortement tempéré, c’est le moins qu’on puisse dire, de
parlementarisme et de démocratie. On refoule le passé, les habitudes
militaristes, la double voie du Samouraï : celle du Chrysanthème et du
Sabre, en oubliant cette bête possibilité que le refoulé s’en revienne
un jour. On déjaponise comme ailleurs on dénazifie. Wagner à
Bayreuth, les Arts martiaux à Tokyo passent sous la même tutelle
idéologique. Le Kendo (« voie du sabre ») demeure interdit jusqu’en
1949, avant que les Américains n’en autorisent une forme purement
sportive, pratiquée avec Shinai (bâton de bambou). Le Kabuki, théâtre
traditionnel, vecteur supposé privilégié du sentiment nationaliste,
reste lui-même proscrit durant des années, en dépit des efforts de
Faubion Bowers. Tout récit, roman, film, pièce dit Chushingura évoquant la légende guerrière des 47 rônins
est prohibé par les autorités. À l’issue de ladite légende,
rappelons-le, les héros ayant satisfait aux commandements de l’honneur,
vengé leur ancien maître et déposé sur sa tombe la tête de son assassin,
ils se suicident ensuite rituellement, suivant une exigence suprême de
mort, aux motifs autonomes, évidemment inaccessible aux représentations
américaines, encore tout imprégnées du souvenir incompréhensible des
kamikazes. Mishima, lui-même, on le sait, manifestera en actes cet amour
désormais rendu impossible de la mort pour elle-même, de cette désespérance envers les possibilités de la Vie, de cette conception amoureuse du suicide rituel – seppuku – par dévotion aux traditions, et à l’Empereur, maître suprême et pivot de toute réalité. Dans ses Chevaux échappés de 1969, l’écrivain fait ainsi répondre exactement la même chose à l’un de ses personnages auquel a été successivement demandé : « Que feriez-vous si vous faisiez quelque chose qui déplût fortement à sa Majesté Impériale ? », puis : « et si vous faisiez quelque chose qui lui plût ? » : - Seppuku ! Pourquoi ? « Parce que, de toutes les façons, rien de digne ne peut venir d’une personne aussi indigne que moi. » Et, de manière plus générale, ainsi que l’explique en substance Mishima dans sa préface au classique Hagakuré, de Yamamoto Yocho, lequel posait cette maxime universelle : « Entre la vie et la mort, choisis sans hésiter la mort » : «
Yocho ne fait ici que suivre le sens commun qui dit qu’en n’importe
quelle situation, l’abnégation vous garantit un minimum de vertu ».
L’attachement à la vie, pour elle-même, pousserait automatiquement à la
compromission, au déshonneur, autrement dit à l’ineffectivité. Le
désespoir systématique, au contraire, la préparation lucide et virile –
précoce – au passage de la mort constituerait la seule source d’action authentique possible. On comprend aisément pourquoi ce « sens commun » -là ne pouvait coïncider avec celui des vainqueurs de 1945.
Tout
sera donc fait, en somme, pour congédier et réprimer cette tradition
violente et guerrière imprégnant sans nuances, pour l’occupant, le
caractère japonais. Le corollaire bien connu : gagnant gagnant
(selon l’ignoble expression en vigueur chez tous les chefs d’entreprise
et traîtres syndicaux du monde) d’une telle laïcisation systématique des
mœurs sera évidemment l’augmentation moyenne significative du confort contemporain, l’accès généralisé du plus grand nombre possible aux produits de consommation courants, démocratie comprise. C’est ainsi que la Zengakuren,
par exemple, que l’on considère trop souvent en Occident comme une
organisation purement radicale débarquant à peu près ex nihilo dans
l’Histoire, procède à l’origine (juillet 1948), en tant que « Fédération d’associations étudiantes »
modèle, de ce nouveau cadre idéologique voulu par les Américains,
lequel inclut aussi bien le fonctionnement parlementaire ou syndical. En
sorte que le gauchisme japonais apparaissant au début des années 1960
se nourrit à deux sources de désespoir bien distinctes : le traumatisme
de la défaite de 1945, d’une part, et avec lui la sensation
quasi-physique, suprêmement angoissante, de la disparition des repères
traditionnels du peuple. En second lieu, la révélation s’impose aux
gauchistes de ce mensonge absolument moderne représenté par le
capitalisme d’inspiration libérale, armé idéologiquement de ses
prétentions débiles à en finir un de ces quatre matins avec la misère,
les inégalités, l’injustice et l’exploitation. On sait que certains
membres de l’Armée Rouge Japonaise, lorsqu’ils détournaient des
avions dans les années 1970, accompagnèrent parfois la chose de petites
coquetteries exotiques, comme de brandir, par exemple, des katanas au-dessus de leur tête, tout en hurlant, au plus fort de l’action. Sensation garantie. Et, pensera-t-on peut-être, simple question de folklore.
Ce qu’on sait moins, c’est quelle aura été l’enfance, guère rieuse,
dans l’immédiat après-guerre, de Fusako Shigenobu, la fondatrice de
ladite Armée Rouge, née quelques semaines seulement après les
bombardements nucléaires de 1945, dans une famille pauvre. Pour
justifier la haine particulière qui la poussera ensuite à
l’insurrection, Fusako Shigenobu évoquera dans moult interviews les
moqueries incessantes subies, durant ses brèves études (interrompues
pour raisons économiques), de la part de camarades plus fortunées, ainsi
que les humiliations ayant marqué, dans la foulée, la carrière de
danseuse topless qu’elle avait embrassée, faute de mieux, en
attendant son heure, parmi le somptueux paradis moderniste installé dans
le coin par les troupes du bon général Mac Arthur. On ajoutera ici que
le père de Fusako Shigenobu était membre d’un groupe d’extrême-droite
nationaliste : La Ligue du Serment du Sang.
L’un de ces Uyoku dantai (« groupe de droite »), précisément, auxquels appartenait le jeune assassin (17 ans) de l’alter ego japonais de M. Sapin en 1960.
Le désespoir peut donc mobiliser, durablement, quelle que soit la forme politique qu’il emprunte. Cette même année 1960 qui voit l’exécution d’Inejiro Asanuma est aussi celle de la montée en puissance, au Japon, et à la faveur de la contestation de l’AMPO (le traité d’assistance « mutuelle » américano-nippon), des groupes universitaires d’extrême-gauche, trotskistes en particulier, dont la violence ne le cède en rien à celle de leurs adversaires nationalistes. Peu de groupes auront, au vrai, autant excité l’imagination des gauchistes du monde entier, cela pendant deux décennies au moins, que les militants japonais zenkyôto (ce terme se trouvera expliqué plus loin) rompus au combat de rue – et de campagne – contre les forces de l’ordre. Il n’entre pas dans nos désirs, aujourd’hui, de livrer l’historique complexe de ces groupes. La chose a été ébauchée ailleurs même si l’attente d’un vrai travail éditorial sur la question se fait sentir.
Ci-dessus : Narita, un combat de vingt ans
Nous
nous bornerons ici à rappeler quelques dates et
événements témoignant de l’intensité de la lutte alors menée par ces
groupes contre l’appareil d’État :
- Juin 1960 : Contestant l’AMPO, 3000 étudiants brisent les cordons de police, donnent l’assaut au Parlement
et affrontent violemment, pour la première fois, la police. Suite à ces
premiers grands affrontements de rue, le président américain Eisenhower
renonce à sa visite officielle.
- 1965 :
Agitation dans les universités pour protester contre l’augmentation des
frais d’inscription. Mouvement d’opposition au traité de normalisation
Japon-Corée du Sud. Début du mouvement d’opposition à la guerre du
Vietnam (création du Beheiren : « Union pour la Paix », qui comptera jusqu’à 300 groupes sur tout le territoire).
- 1967
: Octobre : combats autour de l’aéroport de Haneda, visant à empêcher
la visite officielle au Sud-Vietnam du premier ministre Eisaku Sato.
Mouvement d’ampleur contre la guerre, auquel participent 1, 5 millions
de personnes dans tout le pays. Un manifestant est tué dans des
affrontements à Kyoto. En Novembre, de nouveau : combats autour de
l’aéroport Haneda, pour empêcher le premier ministre de se rendre, cette
fois-ci, aux USA. Membres des Zengakuren et Zenkyôto affrontent les forces anti-émeutes pendant près de dix heures.
- 1968-1969
: Période d’agitation et de radicalisation quasiment ininterrompue,
mobilisant des dizaines de milliers d’étudiants, et – parfois – des
millions de travailleurs (grande grève de Novembre 1969 impliquant 67
syndicats de l’Industrie, pour 4 millions de grévistes). Violents
affrontements avec la police : en Janvier 1968, pour interdire l’accès
du port de Sasebo au porte-avions américain Entreprise
(contraint, du coup, de s’amarrer au large). Début, en Janvier toujours,
de la lutte contre la construction du nouvel aéroport de Narita. Les
affrontements y associent pour la première fois, en Mars, étudiants
radicaux et paysans expropriés. Les violences gagnent peu à peu
inexorablement la capitale. En avril 1968, une loi d’exception est
votée, dite « anti-activisme destructif » à l’encontre, essentiellement,
de la fraction Chûkaku-ha (voir ci-après) de la Ligue Communiste Révolutionnaire.
Été 1968 : plus de 200 universités occupées ou en lutte. Octobre : Plus
de 4 millions de manifestants contre la guerre du Vietnam, exigeant
pêle-mêle la fin de l’occupation d’Okinawa, la fin de l’AMPO, etc. Sont
successivement attaqués et pris d’assaut, par des vagues d’émeutiers :
le Ministère de la Défense, le Parlement, l’ambassade américaine, la
gare de Shinjuku, point d’approvisionnement des tankers américains. Des
dizaines de milliers de personnes tiennent un meeting de masse autour de
la gare. Les deux syndicats nationaux de cheminots se mettent alors en
grève illimitée. Début de la « bataille de Tokyo ». Les luttes
universitaires culminent : À Nichidai, des milliers d’étudiants tiennent
la faculté pendant des mois, la faisant fonctionner en
autogestion tout en affrontant la police et obtenant finalement la
démission du Directeur, devant une assemblée générale-monstre de 35 000
personnes. Nichidai est finalement évacuée, ainsi qu’une autre
université, Todai, qui tombe, elle (en Janvier 1969) après trois jours
de combats acharnés opposant 8000 policiers à plusieurs centaines
d’étudiants barricadés dans les tours, et qui les accueillent à coups de
bouteilles d’acide, d’explosifs, de cocktails molotov. La lutte contre
l’aéroport de Narita se poursuit. Elle ne prendra formellement fin que
quelque vingt ans plus tard, après la construction du Terminal 2, lancée
en novembre 1986 : au début de 1987, le groupe Chûkaku-ha
organise encore la destruction simultanée, à l’explosif, des bureaux de
cinq sociétés impliquées dans cette nouvelle extension. Entre 1978 –
date officielle d’inauguration chaotique, dans une ambiance de guerre –
du premier tronçon de Narita, et cette dernière action à l’explosif que
nous avons citée, la lutte sera restée ininterrompue. Elle aura vu la
mort officielle de 13 personnes, dont 5 policiers, l’arrestation de 8000
étudiants et de 300 paysans expropriés.
Ci-dessus : émeutes à Sanrizuka (Narita), 1985.
Zengakuren, Zenkyôto…
Souvent, à l’étranger, la confusion domine au moment d’évoquer ces groupes.
Comme on l’a dit déjà, le premier terme de Zengakuren
renvoie simplement à une fédération d’associations étudiantes, dont
chacune pourra, bien entendu, s’affilier formellement à tel ou tel
courant de pensée politique, voire religieuse (bouddhiste, en
l’occurrence).
Zenkyôto désigne plutôt un comité de lutte étudiant autonome,
groupant affinitairement, autour d’un combat ponctuel commun, des
individus parfois membres ordinaires de sectes gauchistes différentes,
sinon rivales.
Enfin, un troisième terme – capital, lui aussi – est à connaître : Chûkaku-ha.
Il s’agit là d’une organisation immédiatement politique, d’inspiration
trotskiste quoique bien plus lucide que les mouvements trotskistes
habituels, sur la question, en particulier, de la nature réelle
des dictatures type Union « Soviétique », Corée du Nord ou Chine «
Populaire », alors en vogue sur le marché de l’aliénation militante. Chûkaku-ha est le produit d’un clash intervenu en 1963 (fin 1962, pour être précis) au sein de la Ligue Communiste Révolutionnaire Japonaise,
elle-même fondée en 1957. C’est de cette dernière organisation que les
situationnistes se déclarèrent proches dès le début des années 1960,
comme l’indique, entre autres exemples et sans attendre De la misère en milieu étudiant,
le document ci-dessous, tiré du numéro 8 de l’I.S. (janvier 1963). Cela
n’empêchera pas que, dans le n° 10 de la revue (Mars 1966), au sein de
l’article Les luttes de classes en Algérie, LCR et Zengakuren se trouvent encore maladroitement amalgamées. On peut d’ailleurs se demander quelle LCR
soutenait au juste l’I.S en Mars 1966, attendu que la scission de 1963
débouche vite sur un conflit extrêmement violent, souvent armé – et
durant encore à ce jour – opposant désormais ses deux tendances : Chûkaku-ha (« fraction centrale ») et Kakumaru-ha (« fraction marxiste révolutionnaire »), cette guerre inter-gauchistes occasionnant, au total, la bagatelle d’une vingtaine de morts.
Enfin, comment ne pas clore ce rapide aperçu sur une note de couleur, et même sur ce fameux « paradigme des couleurs – casques-bleus-rouges-blancs » relevé par Roland Barthes dans son Empire des signes, où l’excellent professeur jugeait également utile de noter : « Le combat Zengakuren, tout opératoire qu’il soit, reste un grand scénario de signes (ce sont des actions qui ont un public). »
Que ce combat eût été opératoire, certes, la chose paraît difficilement contestable. Il est, à notre avis, quelques policiers japonais et nervis stipendiés susceptibles d’en témoigner. Quant à la question des signes, indépendamment de la confusion entourant une fois de plus, ici, ce nom brandi de « Zengakuren », nous tenions, pour finir, à l’enrichir modestement par l’adjonction d’un soupçon de sens.
Que ce combat eût été opératoire, certes, la chose paraît difficilement contestable. Il est, à notre avis, quelques policiers japonais et nervis stipendiés susceptibles d’en témoigner. Quant à la question des signes, indépendamment de la confusion entourant une fois de plus, ici, ce nom brandi de « Zengakuren », nous tenions, pour finir, à l’enrichir modestement par l’adjonction d’un soupçon de sens.
Avant de saluer les camarades de Notre-Dame-des-Landes, qui vaincront.
Et cette belle plante de M. Sapin.
Et cette belle plante de M. Sapin.