mercredi 11 janvier 2012

Paradisea




« Il existe dans la nature des graphies diverses ; l’oeil exercé à discerner leurs traits les plus subtils reconnaît en elles le caractère d’un continent, d’une île, d’une chaîne alpine, de même que l’initié sait lire le caractère de l’homme dans son écriture.
Parmi l’une des plus belles familles de papillons, les ornithoptères « aux ailes d’oiseau », Staudinger a décrit en 1893 l’espèce Paradisea qui mérite ce nom. Outre ses couleurs précieuses, elle porte, parure qui lui est propre, un fanion, un prolongement de l’aile postérieure, à laquelle il s’agrafe. Lorsqu’on voit cet animal au sein d’une collection, la ressemblance avec un paradisier s’impose d’emblée. Impression confirmée par le lieu de la découverte : la Nouvelle-Guinée, dont les forêts impénétrables hébergent et l’oiseau et le papillon – l’un, peut-être, traquant l’autre, mais tous deux accordés à la même tonalité. Il est également étrange que des éléments anatomiques tout différents produisent des formes à ce point semblables. En quoi se dévoile la primauté de l’apparentement spirituel sur les liens du sang. »

Ernst Jünger, Chasses subtiles.

 





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