Nos années de jeunesse, à l'espace Ornano, du côté de Simplon, en sortant de chez le gros Serge. Les Washington Dead Cats y avaient, par exemple, été précédés des Busters + Skarface au début des 90's : bon concert, ça, en l'occurrence (quoique un peu tendu dans les coins, si notre mémoire ne nous trahit) où un hommage avait été rendu par ces derniers aux vieilles tribus d'Angleterre (sic) mythologisées : à savoir les Teds, Skins, Punks et compagnie. Changement de ton, la semaine d'après, donc, dans la même salle, où on avait, comme il se doit, balancé force légumes défraîchis et farine poisseuse à la gueule de l'assistance juvénile réunie et réjouie. Mathias, des Wash, se faisait largement traiter de pédé, à l'époque, parmi cette scène psycho extrêmement conservatrice sinon réactionnaire, que nous fréquentions fort et dont certains très virils « chasseurs de skins antifascistes » (rires dans la salle) se revendiquaient volontiers. Nous n'avions, quant à nous, déjà, aucun problème avec les pédés : plutôt, à l'inverse, un rapport d'étrangeté très marquée, et incrédule, vis-à-vis de ceux (ou celles) que ces questions de désir homosexuel ne venaient jamais effleurer (prétendaient-ils ou elles). Nous en causions facilement. Nous étions bien les seuls (les gays clandestins - premiers concernés - mis à part, bien entendu, mais nous ne les connaîtrions tels, ceux-là, que bien plus tard, trop tard, hélas !). Déjà, en somme, la volonté de savoir absolument innocente, la rationalité froide et chaude et sa sincérité adéquate désarmante, sur ces questions comme sur toute autre, nous paraissaient naturellement salutaires et libératrices. Mais c'était là, faut dire, une tout autre période. Aujourd'hui, du chemin épistémologique a été parcouru, du temps a passé, du progrès a été effectué : la Terre est plate, comme vous savez, et il convient désormais de respecter toutes les « races ». Et, avec elles, tous leurs prophètes de malheur. Rideau.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire