Lola Miesseroff, Voyage en outre-gauche,
chez Libertalia.
Présentation de l'éditeur :
De 1968 en France, on ne retient en général que des clichés chocs ou chics : les barricades au Quartier latin, les voitures qui brûlent, des slogans («il est interdit d’interdire», «sous les pavés la plage»), la pénurie d’essence, les soixante-huitards baba cools et ceux qui, passés «du col Mao au Rotary», ont fait depuis de «belles» carrières. On oublie que mai 68 n’a été que le point culminant d’un mouvement de révolte des ouvriers et des jeunes qui avait débuté bien avant et s’est prolongé largement au-delà, que ce mouvement a été très actif loin de la capitale et que les étudiants ou les groupuscules maoïstes et trotskistes n’en constituaient que les composantes les plus visibles. C’est une autre vision de cette période que l’auteure donne à connaître et à comprendre, celle d’une mouvance hétérogène, «l’archipel outre-gauche», qui va des anarchistes indépendants à l’ultragauche en passant par les situationnistes. Des témoignages de trente individus qui se trouvaient alors à Paris, Nantes, Angers, Lyon, Chambéry, Strasbourg, Toulouse, Bordeaux ou Marseille, elle tire un récit choral subjectif, fait de vécu et de théorisation, d’anecdotes et de réflexion, d’espérances et de désespérance, sans oublier une bonne pincée d’humour et même un peu de sex, drugs, free jazz and rock’n’roll.
Bonus : bel entretien biographique accordé par Lola Miesseroff à DDT 21, concernant notamment son engagement au sein du Front Homosexuel d'Action Révolutionnaire (FHAR), au début des années 1970. C'est LÀ !
Bonus : bel entretien biographique accordé par Lola Miesseroff à DDT 21, concernant notamment son engagement au sein du Front Homosexuel d'Action Révolutionnaire (FHAR), au début des années 1970. C'est LÀ !
La faiblesse de ce récit choral subjectif tient dans le fait que les témoignages de ces trente individus restent anonymes, avec quelquefois l'apparition d'un nom – par exemple Claude Besson (p. 224) parce que celui-ci écrit… Pour ma part, cet anonymat relève d'une certaine coquetterie, quarante à cinquante ans après les faits. Il eut été plus claire, plus simple (et moins confortable ?) de les nommer comme le fait Claire Auzias dans son livre "Trimards 'Pègre' et mauvais garçons de Mai 68". En bref, certaines réflexions anonymes ne sont pas clairement assumées et passent pour ainsi dire en contrebande. C'est gênant.
RépondreSupprimerUn ouvrage salutaire qui diffère dans la méthode mais pas dans la perspective (retracer ce que fut cette aventure foisonnante hors des clichés parisianistes) de celui de Claire Auzias paru voici peu à l'Atelier de Création Libertaire : Trimards - « Pègre » et mauvais garçons de Mai 68.
RépondreSupprimerPas étonnant d'ailleurs, quand on sait qu'un certain Arthur relie Lola à Claire.
Salutaire, vous avez raison. Ça change de Lundi-Matin et du Comité Invisible.
RépondreSupprimerÀ vrai dire, on s'en fout un peu que les témoins et acteurs d'époque restent anonymes si ça leur chante.
RépondreSupprimerPar contre, ce trop court bouquin nous a appris pas mal de choses sur Nantes et Bordeaux.