mercredi 19 décembre 2012

Trésor


« Là où est ton trésor, là aussi sera ton cœur. »
 
Saint Matthieu 6, 19-23






lundi 17 décembre 2012

En la forest d'ennuyeuse tristesse 2



Charles d’Orléans avait 21 ans au moment de sa capture par les troupes anglaises, lors du désastre d’Azincourt (1415), dont tout le monde se souvient aujourd’hui, bien entendu, avec émotion en France. Après tout, il s’agit de notre patrimoine, autrement dit de notre être profond, et d’ailleurs, y en aurait-il un autre ?
Mais revenons à Azincourt.
Périrent en un clin d’oeil, dans cette considérable rosserie, environ 7000 hommes, dont une grande majorité de chevaliers comptant pour certains, tels le Connétable de Clisson, parmi les plus titrés du pays. Et dans la boue du lieu-dit, ce à quoi l’on assiste ensuite reposerait tout entier dans ces deux mots : massacre et barbarie. Fait exceptionnel, des soldats qui s’étaient rendus en masse se trouvent d’abord, en effet, consciencieusement exterminés sur place. D’autres, parmi lesquels, précisément, ce délicieux poète que fut Charles d’Orléans, lié à la maison d’Armagnac par son mariage avec Bonne, fille de Bernard le septième, se voient emmenés en un terrible exil, les fers aux pieds, sur le territoire hostile de leurs vainqueurs. Charles ne reverra jamais son grand amour. Bonne disparaîtra, quelque vingt ans après cette maudite bataille perdue, tandis que son homme subira pour longtemps encore son épouvantable destin d’otage et de prisonnier.
Quelle ignominie, nous direz-vous, que tout cela !
Certes.
Vous avez raison.
Au total, vingt-cinq ans de captivité. Oui ! Vingt-cinq années pour ce piteux engagement salement préparé, pour cette défaite annoncée, pour – en somme – cette dramatique erreur de jugement
Vingt-cinq ans de prison pour avoir, au fond, simplement répondu aux circonstances suivant ce que la norme, la conformation d’esprit du jour imposaient, pour avoir – comme mécaniquement, du point de vue de Charles d’Orléans – obéi à l’exigence du rang, du  serment, en quelque sorte d’un idéal, dont on peut bien penser ce qu’on veut (celui, en l’espèce, porté par son père, le malheureux Louis d’Orléans, déjà assassiné par ces mêmes Anglo-bourguignons responsables de la magistrale pilée d’Azincourt).
Torture inouïe ! Dégoûtante ! Bien digne, assurément, de notre redoutable Moyen-Âge. Mais tranquillisons-nous. Les temps ont changé, dame ! Heureusement.
Une telle rigueur dans la vengeance, une telle absurdité dans le ressentiment, contre le perdant lointain de luttes désormais obscures, dont les millions d’apôtres actuels de M. Prudhomme se fichent à peu près (selon sa délicate expression et car il faut, tout de même, redevenir un petit peu sérieux) comme de l’an quarante, oui ! une chose pareille, disons-nous bien, serait de nos jours devenue absolument impossible. L’État de droit actuel, dans cette sagesse qui l’enveloppa dès l’origine, lorsqu’il jugea, sublimement, d’en finir une bonne fois pour toutes – voilà deux siècles – avec l’odieux et barbare Ancien Régime, ne permettrait plus à ce genre d’ignominie de refaire surface.
Il convient de s’en réjouir. Hautement. La vengeance, ici, ne saurait plus trouver asile. C’est fini. La messe est dite. Place au Droit ! Place aux Lois ! Place à la Justice des hommes inspirés et magnanimes, délivrant des fléaux anciens, de la guerre, de l’arbitraire, et du chaos éternels. Vingt-cinq ans de prison pour une simple idée, et puis sa traduction, d’ailleurs courageuse, dans les faits ! O folie ! O tristesse ! Cela n’arrivera plus. Azincourt est tellement loin. Notre Constitution marque cette distance. Elle figure, dans son intégrité, cet éloignement même.
Bien sûr, certain fanatisme contemporain relevant hélas ! la tête, çà et là, de manière chronique, et avec cette tête hideuse, la sinistre bannière d’un retour ambitionné de l’obscurantisme et de la violence bestialement médiévale, le législateur ne saurait, de fait, laisser le moindre espoir, jamais, à ce type de prétention mauvaise. La rigueur, on le comprend bien, sera permise au Droit, contre tous ses ennemis.

C’est pour cela, au fond, pour cela exactement que M. Georges Ibrahim Abdallah, par exemple, se disant lui-même soldat et défenseur d’une cause ou d’un idéal fort obscurs, mais que l’État de droit, dans sa grande clairvoyance (qui se trouve aussi faire autorité) définirait plutôt comme un obscurantiste irrégulier, croupit maintenant depuis vingt-huit ans, en exil, dans une prison du pays de France. Et c’est pour cela, au fond, pour cela exactement, que voilà quelques jours encore, le Parquet du pays de France s’est opposé, automatiquement, ainsi qu’il le fait toujours en semblable occasion, à la remise en liberté de ce monsieur.
Il s’agit d’être ferme, comprenons-nous, et d’être impitoyable.
Il s’agit de vaincre le Moyen-Âge.

À ceux tentés de rapprocher en toute innocence des sorts aussi évidemment différents que ceux de M. Abdallah et de Charles d’Orléans (sans évoquer même celui de M. Rouillan, lequel passa pour sa part vingt-cinq ans en exil, dans une prison du pays de France, et confia un jour dans l’un de ses livres, à l’adresse de quelque magistrat de sa connaissance, avoir notamment perdu dans sa cellule jusqu’au souvenir de ce que pouvait être la chaleur tendre des cuisses d’une femme), à toute cette brassée de naïfs, donc, il est question de faire entendre, avec application, la simple chose suivante.

Dans la grande et merveilleuse histoire des nations du monde, certaines glorieuses batailles perdues servant, à intervalles réguliers, ce patrimoine inépuisable fournissant notre être profond (d’ailleurs : y en aurait-il un autre ?) seront connues et honorées. On fustigera volontiers, à titre d’édifiants exemples, toutes cruautés archaïques les ayant émaillées.
D’autres batailles perdues, en revanche, ne sauraient avoir eu d’existence.
On effacera, en conséquence, et en toute logique, pour des siècles et des siècles, jusqu’à la dernière trace infime qu’elles auront pu laisser.

Vingt-cinq ans pour une bataille perdue !
Rendez-vous compte.
Le Moyen-Âge, mes amis.


En la forest d'ennuyeuse tristesse 1



« En la forest d’ennuyeuse tristesse
Un jour m’avint qu’a par moy cheminoye ;
Si rencontray l’amoureuse deesse
Qui m’appella, damandant ou j’aloye.
Je respondy que par Fortune estoye
Mis en exil en ce bois long temps a,
Et qu’a bon droit appeler me povoye
L’omme esgaré qui ne scet ou il va.

En sousriant, par sa tresgrant humblesse,
Me respondy : « Amy, se je savoye
Pourquoy tu es mis en ceste destresse,
A mon povair voulentiers t’ayderoye,
Car ja pieça je mis ton cueur en voye
De tout plaisir ; ne sçay qui l’en osta.
Or me desplaist qu’a present je te voye
L’omme esgaré qui ne scet ou il va. »


« Hélas ! », dis-je, « souverainne princesse,
Mon fait savés, pourquoy le vous diroye ?
C’est par la mort qui fait a tous rudesse,
Qui m’a tollu celle que tant amoye,
En qui estoit tout l’espoir que j’avoye,
Qui me guidoit ; si bien m’acompaigna
En son vivant que point ne me trouvoye
L’omme esgaré qui ne scet ou il va. »

L’envoy :

« Aveugle suy, ne sçay ou aler doye.
De mon baston, affin que ne forvoye,
Je vois tastant mon chemin ça et la ;
C’est grant pitié qu’il convient que je soye
L’omme esgaré qui ne scet ou il va. »

Charles d’Orléans, Ballade soixante-troisième.


  
 Traduction :
« Dans la forêt de douloureuse tristesse,
il arriva qu’un jour, je cheminai seul ;
et rencontrai alors la déesse d’Amour
qui m’appela, me demandant où j’allais.
Je répondis que depuis longtemps
Fortune m’avait exilé dans ce bois,
et qu’à juste titre, je me pouvais nommer
l’homme égaré qui ne sait où il va.

Souriant, dans sa grande humilité,
Vénus me répondit : « si je savais
pourquoi on te mit dans une telle détresse,
je t’aiderais volontiers de tout mon pouvoir,
car voilà longtemps déjà, j’avais placé ton cœur sur le chemin
de tout plaisir, et j’ignore qui l’en a sorti.
C’est peine à présent que te voir
l’homme égaré qui ne sait où il va. »
« Hélas ! dis-je, Princesse souveraine,
Vous connaissez mon affaire, pourquoi vous la raconter ?
La mort, qui tous nous rudoie,
me prit celle que j’aimais tant,
en qui j’avais toute mon espérance. De son vivant,
elle m’accompagnait, si bien que je n’étais alors point
l’homme égaré qui ne sait où il va. »

L’envoi :
Je suis aveugle, je ne sais où aller.
De mon bâton, pour ne pas m’égarer,
je m’en vais tâtant le chemin par ci, par là :
quelle pitié que je doive être
l’homme égaré qui ne sait où il va.

vendredi 14 décembre 2012

Par effraction


« Le terrible et calme moine m’est entré rudement dans le cœur, par effraction. » (Georges Bernanos)
 

  
 

samedi 8 décembre 2012

Java des bons-enfants

« Voilà des mois et des années
Que j’essaye d’augmenter
La portée de ma bombe,
Et je ne me suis pas rendu compte
Que
La seule chose qui compte
C’est l’endroit où c’qu’elle tombe ! »

Boris Vian, La Java des bombes atomiques.







 

lundi 3 décembre 2012

Canopées abyssales

La guerre viendra, et elle aura tes yeux.
Elle les aura, tes yeux, et puis aussi tes dents et enfin toute ta gueule, à coups de flash-ball, de matraques ou de coupes budgétaires dans les crédits de santé autrefois concédés aux pauvres. Dans certains coins, il faut bien reconnaître que l’affaire a déjà commencé. À cela, il s’agit de se préparer, « d’être prêt », selon la simple exhortation d’un lointain poète oriental aux cheveux les plus courts du monde.


Ne relâchez donc point vos efforts à l’entraînement, quelle que soit, d’ailleurs, votre spécialité.
Mais tâchez également, ensuite, de vous détendre, sans cesser de cultiver, bien sûr, cette belle exécration du monde seule capable de vous maintenir en vie. Posez-vous toutes sortes de questions. Enfoncez tous types de portes. Et, tiens ! ci-dessous, confrontez-vous à deux petites fantaisies revigorantes, après ces litres de sueur martialement répandus sur le tapis de lutte ou le plancher du ring.

1) Laurent Diox, arboricole
Dans les canopées équatoriales, au sommet de ces arbres à contreforts pourvus de troncs fins, sveltes et blanchâtres, certains êtres vivants, trouvant là toute leur subsistance, ne descendent pour ainsi dire plus jamais à terre. Sous les mêmes latitudes, on trouve aussi des specimen végétaux de moindre hauteur, dont les racines aériennes, émises telles de gigantesques chevelures, s’épaississent dès qu’elles touchent le sol, s’y enfonçant afin d’y pomper les sels nourriciers, et deviennent sitôt fermement implantées de nouveaux troncs permettant à l’arbre tutélaire d’opérer une sorte de déplacement, insensible et horizontal. Un individu unique pourra ainsi en venir à constituer lui-même une variété de forêt profonde, comme ce Ficus benghalensis du jardin botanique de Calcutta, âgé de près de trois cents ans et couvrant aujourd’hui, de sa formidable ramure, un peu plus d’un hectare (12 000 mètres carrés, pour être exact). Cette forêt qui avance au-dessus de la Terre est le lieu d’élection typique de créatures étranges telles, par exemple, ce Laurent Diox, écrivain, auteur d’Henriette et le Bonhomme-Bobine, dont le rapport singulièrement ambivalent au plancher de nos vaches sacrées mérite d’être cité. 


Photographie : Franck Chazot

Traditionnellement perchée, donc, la créature en question, poursuivant au sein du feuillage sa pérégrination journalière (ou nocturne) inspirée, attentive et sensible au plus léger accident de relief, n’en persiste pas moins à vouloir scruter, d’un certain point de vue contourné, ce monde qui lui fait face autant qu’elle le surplombe. À la fois hors de portée et captivé par ce dernier, le Laurent Diox équatorial éprouve ainsi le besoin régulier de quitter sa branche de Ficus pour gagner la fraîcheur du sol, et goûter l’odeur caractéristique émanant de celui-ci, largement due aux décomposition et fermentation spéciales qui s’y jouent. Très vite, cependant, la nécessité de prendre de la hauteur se réimposant, la créature se hisse alors derechef, en un tournemain, jusqu’au niveau de frondaison supérieur, avant de redescendre et ainsi de suite, ses yeux, tels ceux de lémuriens omniscients malgaches, demeurant tout au long des opérations grand ouverts. L’impératif d’estimer une même réalité, triviale, certes, et naturelle, selon des perspectives différentes et opposées, semble chez elle absolu et non-négociable.
On pourra concrètement s’en assurer ICI !


 2) Ian Geay : Mobilis in Mobile
Après ce petit tour dans les arbres, gagnons maintenant, si vous le voulez bien, les profondeurs sombres et liquides, en un mot : les abysses. Accrochez-vous, pour cela, d’une main ferme, à la puissante nageoire dorsale de M. Ian Geay, qui se cache à l’eau – car ayant le dos fin – et, d’un simple coup de queue vous prenant par surprise, décide, suivant quelque désir impénétrable, d’effectuer l’un de ces redoutables sondages dont il a le secret.
En l’espèce, tâchons de suivre l’animal dans son exploration – en apnée prolongée – de la carrière d’un certain spécialiste moderne : le Docteur Brouardel, grand ponte de la Médecine légale française de la fin du dix-neuvième siècle.
Le quotidien de ce Monsieur, terré dans sa morgue ?
« Il prend soin de ces corps sans vie qui ne sont parfois plus que des amas indistincts de chairs viciées couverts de fistules suppurantes et d’abcès suintants. Des faces livides dévorées par des cancroïdes, des langues énormes et violacées qui pendent, limoneuses, de ce qui fut jadis des bouches, des membres pelés à vif rongés par la gangrène, des ventres salpêtrés et bleuis secoués par le bal morbide d’énormes larves blanchâtres voraces et nerveuses. Autant d’horreurs absolues que le médecin affronte avec délicatesse et technicité au milieu des liquidités humorales les plus répugnantes. »
Vous êtes toujours là ? Accrochez bien votre nageoire, mordez-la s’il le faut, mais suivez les évolutions marines de notre hôte. Car Ian Geay s’enfonce toujours plus avant, et l’objet entier de sa progression curieuse est bien celui-ci : découvrir la racine commune de la triple obsession, exhumée chez ce fameux Dr Brouardel (dont la forte influence sur Freud et Gide, entre autres, est évoquée) de l’hygiène, des honneurs académiques et de la belle écriture (à caractère scientifique autant que littéraire, quelque attaque que Brouardel puisse lancer à l’époque, d’un air de sage scandalisé, à l’encontre de ces pléiades d’écrivaillons décadents ne fréquentant sa morgue que pour en retirer, dans leurs livres, toutes sortes d’effets esthétiques morbides).
Cette racine commune n’est autre que celle de l’ordre : celle, prométhéenne, ou plutôt mégalomane – puisque égoïste et non-partageuse – d’une croyance en un triomphe final, sur le dérèglement, sur l’informe (que représenterait la décomposition des chairs et tissus) de cette possibilité de l’ordre. Ordre du discours (de l’écriture, du savant conférencier, du livre…) et de la raison technicienne, autrement dit bourgeoise. Pouvoir parler froidement de la Mort, voilà le rêve. Pouvoir lui assigner, à elle – traditionnellement, l’incarnation du désordre même – sa place soigneusement calculée.
Ian Geay, cependant, n’a pas que de la dialectique. Il a aussi du vice. Ce bon Dr Brouardel auquel il s’intéresse ne constituerait pour nous qu’une sorte de type, certes parfait, mais enfin tout de même rien qu’un pauvre type, une figure historiquement interchangeable avec d’autres, tout autant préoccupées que lui de domestiquer, à des fins également productives, l’étrange, le mystérieux ou l’indicible. Or, Ian Geay révèle aussi son crasseux itinéraire subjectif et particulier, ne procédant pas là, certes, à la manière d’un procureur ou d’un flic mais aboutissant tout de même à cette dernière vérité que Brouardel, légiste exemplaire, n’aura, de toute son existence, fait que dissimuler sa propre puanteur morale derrière celle des cadavres charcutés de sa main. Sa maniaquerie hygiéniste aura ainsi eu pour but essentiel de masquer l’épouvantable odeur émanant de sa propre carcasse, c’est-à-dire – le praticien faisant corps avec sa belle spécialité – sa magnifique carrière professionnelle. Et Ian Geay de nous exposer les divers mensonges et copinages crapuleux (avec Pasteur, par exemple, ou encore la bande d’escrocs de la tentaculaire affaire dite « de Panama ») ayant émaillé celle-ci. L’Argent, disait Marx, naquit peut-être au monde avec, sur la joue, une petite tache gluante. Le Capital, quant à lui, ajoutait-il immédiatement, y débarqua toujours assurément dégoulinant de sang et de boue de la tête jusqu’aux pieds.
Il est notable que les aseptiseurs de l’Univers aient pourtant réussi de longue date à nous asservir, nous attacher à leur idéal des bonnes odeur et saveur d’une existence moyenne convenable. Qu’est-ce pour nous, désormais, en définitive, qu’une vie réussie sinon celle qui se sera édifiée et dressée sur quelque gigantesque tas de cadavres – tas d’anciens concurrents vaincus – dont un furtif pschiiiiiit ! d’Air Wick Lavande idéologique suffit alors à évacuer, aussitôt, le pénible fumet ?

Mais il nous semble que vous avez récupéré, pour aujourdhui, assez d’oxygène. 
Il est temps de retourner à l’entraînement.

lundi 26 novembre 2012

Sur le Ring

                           
Le dieu Loge, par Arthur Rackham

Si vous n’avez pas d’enfants, tout va bien : continuez ! Persistez dans cet hommage rendu – le seul qui vaille – au génie propre à votre race et consistant, en particulier, à éteindre définitivement celle-ci, dont vous constituerez ainsi avec satisfaction l’ultime représentant.
Si vous avez des enfants, qu’il se soit agi là d’une erreur d’appréciation ou d’un accident mécanique également regrettables, voire même d’un certain ramollissement momentané de vos convictions profondes, lequel ramollissement se trouve désormais hélas ! solidifié sous la forme d’un tiers accusant, pour une petite poignée d’années encore, l’ensemble des caractéristiques du futur citoyen chômeur de masse, rassurez-vous, cependant. Apprenez ici, de notre fait, que décidément non ! tout n’est pas perdu !
Du nerf.
Des tripes.
Il convient à présent de s’atteler sérieusement à l’éducation de ce bout de chou que vous projetâtes autoritairement dans l’existence, auquel vous imposâtes cette fameuse corvée que l’on appelle la vie, lors que le malheureux, certes, baignant jusque-là dans son néant de félicité, ne demandait évidemment rien de semblable. Qui donne la vie donne surtout la mort, ainsi que chacun en a parfaitement conscience.
Comme vous le voyez, la tâche s’annonce des plus joyeuses.
Le Moine Bleu est là pour vous aider.
D’abord, les bases.
Culture et Morale.
La chance veut que nos métropoles grandioses regorgent d’institutions spectaculaires à caractère ludique entièrement dévouées au plaisir et à l’éveil des tout-petits (et des autres). Pourquoi, par exemple, ne pas accompagner ces jours-ci votre bambin à une représentation, par la troupe des Marionnettes de Salzburg (dont c’est le centenaire), de la célèbre Tétralogie de Richard Wagner, pièce accessible aux enfants s’il en est (au Théâtre Dejazet, jusqu’au 16 décembre) ?
La chose est simple et délicieuse.
Deux comédiens, évoluant parmi des pantins de bois gracieusement et savamment animés expliquent, en Français et entre deux séquences musicales, l’affaire dans ses grandes lignes. Dans ses très grandes lignes, même, puisque le Ring entier durant ordinairement, selon les interprétations, entre quatorze et seize heures, ici en quelque cinquante minutes ses deux premiers « actes » (soit L’Or du Rhin et La Walkyrie) se trouvent déjà expédiés. Cinquante minutes (on le comprend) durant lesquelles choupinou n’aura guère eu le loisir de s’endormir, ni même – phénomène appréciable – de casser les oreilles, les pieds et le reste, comme c’est aujourd’hui l’usage au théâtre, des autres spectateurs présents. Impossible en effet, pour lui, de couvrir de la tension de son jeune organe (nous parlons de sa voix) les terribles échos, par exemple, d’une forge sidérurgique (celle dans laquelle Siegfried a ses habitudes) ou encore d’une charge à cheval de Walkyries d’ailleurs transformées, en l’espèce – assez comiquement il faut bien l’avouer – par nos amis autrichiens, en un désarmant octuor d’hôtesses de l’air fanatisées.
Ajoutons maintenant qu’au plan des idées et de la fixation des cadres, comme disent les pédopsychiatres et les clients de chez IKEA, tout est là. Oui, tout est là ! Disponible et à la vérité offert à cette petite âme délicate et tellement impressionnable à laquelle seront donc tour à tour proposées  : une émouvante apologie de l’inceste, de l’incendie, de la destruction du pouvoir patriarcal, des traités et des lois à coups d’épée tranchante désinhibée, une exaltation sauvage de l’amour libre et de la fuite (le voyage de Siegfried sur le Rhin) suivant immédiatement toute consommation authentique de l’acte de chair, la dénonciation, enfin, bien sûr, des cupidité, bestialité et sottise crasse dont le pouvoir de l’Argent, ou son goût, souille toujours irrémédiablement cette société immonde dans laquelle, rappelons-le, vous avez autrefois choisi de plonger choupinou sans qu’il ait jamais eu là-dessus le moindre mot à dire. 
C’est dire, justement ! si la soirée aura été féconde. Car vous voilà à présent tous les deux (Brünehilde est restée à la maison) dans le métro, à cette heure charmante (vingt-trois heures douze) où l’harmonie de nos cinq sens a tôt fait de transformer ce lieu public anodin en l’antichambre du Walhalla (assurez-vous que le petit a bien retenu ce dernier terme).
« Et lui, là-bas ? chuchotez-vous alors au creux de l’adorable oreille, en désignant du doigt tel corps affalé devant vous, sur une sombre banquette collective, à qui te ferait-il songer, mon ange ? À Alberich ? Fafner, Günther ? Hein, quoi ? Wotan, dis-tu ? Sous forme de Wanderer ? Eh bien, quel tempérament optimiste, mon grand ! Ou à tout le moins tellement artiste…» S’ensuit là-dessus, sans autre forme de procès, un dépôt de baiser sur le petit crâne. Fin de la scène. Le métro hurle. Sans doute, à la prochaine station, les doux murmures de quelque forêt profonde succèderont-ils aux cris du dragon répandant son sang. L’odeur, en attendant, est bien celle de Nibelheim, dont les affiches publicitaires scandant partout à vos yeux émerveillés la joie triomphante du voyage rappellent aussi la prosaïque Constitution. De sorte que l’instruction civique se sera aussi trouvée honorée à la fin du jour, non moins que l’esthétique.
Choupinou semble content.
Vous êtes heureux.
Que vous importe qu’un peu plus tôt dans la soirée, le duo d’amour sublime de Siegfried et sa belle eût subi les plus larges amputations – et les sutures adéquates – ou qu’ait été abolie, plutôt passée sous silence, par les deux comédiens pédagogues des Marionnettes de Salzburg, la transition formelle de Siegfried au Crépuscule des Dieux. Cette transition, après tout, est largement elle-même injustifiable, à rester sur le seul chemin de ce tortueux récit tétralogique, et vous le savez pertinemment. Nietzsche et Bernard Shaw, entre autres, vous ont déjà longuement expliqué comment Wagner, de bakouninien enragé et émeutier qu’il était, s’en vint un jour fatal, une dizaine d’années plus tard, tandis que son travail n’était point achevé, échouer sur cet « écueil » du pessimisme schopenhauerien qui devait disloquer, pour jamais, toute la cohérence de cette œuvre splendide.
Reste en celle-ci, comme seule traînée de poudre continue et homogène, l’amour du feu – inchangé –, l’amour du feu pour lui-même, comme élément, comme menace et séduction absolues. Reste cette vérité que Boulez énonce quelque part avec sa proverbiale simplicité : « Le personnage principal du Ring ? 
– Loge, bien sûr ! »
C’est tout ce que choupinou avait besoin de savoir.
Fin de la leçon.


                        

dimanche 25 novembre 2012

Affections opportunistes : tentative de typologie

Chantre mou
Furoncle d'Armorique
Crête de coq
Mycose perdue

samedi 24 novembre 2012

La cabane dans la vigne

« Venait ensuite une zone d’abattis, avec des herbes graciles et des touffes de framboisiers ; en son centre, un cratère de bombe ouvrait sa cicatrice dans le sable blanc de la lande. Des roseaux verdoyaient déjà sur ses pentes, et des grenouilles s’ébattaient dans la flaque qui stagnait au fond.


De telles promenades apportent de merveilleuses consolations, nous  conduisant de l’événement et de sa surface aux profondeurs, au fourré, avec sa splendeur agissante et salvatrice. C’est là qu’est la terre natale, le pays indestructible. Je me suis dit, une fois de plus, que ce n’est pas forcément que nous voyons les images : elles s’ordonnent à l’humeur de notre âme. »

Ernst Jünger, La Cabane dans la vigne.

vendredi 16 novembre 2012

La chair et le marbre

Rodin, Faunesse à genoux
Le catalogue de l’exposition temporaire consacrée, au Musée Rodin et jusqu’au 6 janvier prochain, à l’artiste croate Ivan Mestrovic, présente deux caractéristiques principales.
Son prix, d’abord, est de 19 euros. Il est, ensuite, littéralement bourré de fautes d’orthographe et d’erreurs typographiques grossières. 
Sans doute cette dernière qualité s’explique-t-elle en partie par le fait que figurent au nombre des mécènes soutenant l’existence d’un tel document des personnalités aussi illustres que le redoutable M. Xavier Darcos, insubmersible analphabète de droite ayant jadis occupé les fonctions de Ministre de l’Éducation Nationale, pantouflant désormais à l’Institut Français – grassement (car, ainsi que le dirait Villiers de l’Isle-Adam, « on ne se paie pas de mots en République »), en attendant certainement de mettre les voiles, demain, vers quelque maroquin d’avenir civilisationnel en lien, par exemple, avec la marine marchande-solidaire, la réduction de la dette souveraine des maternités de la Creuse et, plus généralement, le devoir et les servitudes typiques qu’impose chaque jour cette guerre implacable devant être livrée aux parasites sociaux de tout poil. Le fait que ce catalogue d’exposition coûte ce qu’il coûte pourrait quant à lui se voir lié à ce phénomène notable que pas moins de quatre correcteurs professionnels semblent – à en croire les premières pages, introductives, de notre précieux document – s’être successivement échinés sur sa relecture finale. Cela, certes, nous paraît beaucoup, trop peut-être, pour un texte dont l’indigence intellectuelle fondamentale le dispute donc, par ailleurs, à l’illisibilité radicale. Ces correcteurs, cependant, qui ne servent à rien ou pas grand-chose, il convient bien de les payer.
D’où les dix-neufs euros demandés.
Entendons-nous bien.
L’absence d’orthographe, y compris grammaticale, ne nous dérange pas outre mesure. Elle peut même çà et là se révéler séduisante – et tel était le point de vue de Rimbaud – pourvu que l’apparition d’une pensée quelconque, sans parler même d’un concept ou d’une idée, daigne, au moment opportun, venir contraster avec elle. Pour les pédants ayant tôt fait, en revanche, de saillir à tout bout de champ, droit sur leurs ergots de suffisants spécialistes et stipendiés, du milieu de l’édition, du livre, ou bien de la politique éducative et citoyenne, nous confessons volontiers ici notre intolérance absolue.
Or, M. Xavier Darcos appartenait justement à une clique de ce genre (à claques), heureusement effondrée – quoique remplacée par les phénix que l’on sait – dont la marque de fabrique consistait en l’administration quotidienne, matin, midi et soir, à la France qui se lève tôt, et en particulier à ses mouflets turbulents, d’impayables leçons de civisme, d’incessants rappels à la loi (notamment orthographique) et à l’identité nationale (notamment linguistique). Il ne paraît donc pas inopportun de rappeler dès que nécessaire cette simple évidence que M. Darcos et ses semblables auront toujours, quant à eux, desservi, au terme de leur grandiose existence, et de quelque manière que ce soit, la cause du Savoir en général. L’incompétence que nous venons de mentionner, au sein de cette pauvre poignée de sbires culturels franco-croates relevant, entre autres, de l’autorité majestueuse de M. Darcos, ne fait jamais au fond qu’entrer dans un certain rapport de résonance – fort proche – avec la propre ineptie générale de notre ancien Ministre de l’Éducation, dont il n’est qu’à rappeler, par exemple, les sommets himalayens déjà atteints, en son temps, par sa vertigineuse débilité algébrique. Ces gens-là nous houspillent, tous les jours, et tous les jours nous disent quoi faire, et puis aussi comment penser, voire écrire. Ces gens-là, tous les jours, doivent se voir, de nous, intégralement méprisés.

Mais revenons à Ivan Mestrovic. À nos yeux – et ce ne sera pas une surprise – trois de ses œuvres surtout méritent l’intérêt, qui sont d’ailleurs fort commodément réunies dans le jardin. Ces trois œuvres (Laocoon de mes jours, dabord, et son incroyable saisie de lutte dont on ne saurait apprécier qu’ambulatoirement la complexité, la beauté et la tension, la Main droite d’Antée, et enfin Timor Dei) appartiennent à la période symboliste (1904-1908) de l’artiste, elles sont torturées et voluptueuses et n’accusent que peu de ressemblances avec celles, plus tardives, monumentales ou massives, évoquant parfois un Fernand Léger en toute petite forme (Les Accords lointains, Perséphone), que l’on pourra croiser un peu plus loin dans le beau jardin de l’Hôtel Biron.
Laocoon de mes jours
Timor Dei
L’histoire de Mestrovic (l’un des fondateurs, en 1904, du groupe d’artistes panslaves LADA, lequel n’a rien à voir avec une marque de bagnole ni même avec la division sonore d’une certaine nébuleuse à caractère lillois) nous rappelle que le panslavisme fut bien à une lointaine époque l’affaire – on a tendance à l’oublier – de certains croates dont le « nationalisme » anti-austro-hongrois, et farouchement, donc, yougoslave, se tournait également avec méfiance et ressentiment vers le souvenir d’anciennes défaites subies de la main et du sabre turcs. La fameuse bataille de Kosovo, perdue en 1389, et dont la célébration par Slobodan Milosevic, cinq siècles plus tard, ouvrit la voie aux événements que l’on sait, fournit ainsi à Mestrovic l’occasion d’un cycle entier de travail artistique, sobrement intitulé, justement, Kosovo, et qui fut présenté en 1910 à la 35 ème exposition de la Sécession de Vienne. Ce proche admirateur de Rodin et Bourdelle, cosmopolite accompli, et très tôt reconnu dans toute l’Europe, semble avoir pris ses distances dès la fin des années 1930, au propre comme au figuré, avec la réalisation effective de ses idéaux de jeunesse. Chassé de Croatie par les fascistes oustachis qui firent d’abord mine de vouloir l’exécuter, ce simulacre le traumatisant grandement, il finira son existence aux USA dans la peau d’un professeur d’Art, multi-médaillé académique, au début des années 1960. Faut-il préciser que nous l’avions lâché depuis un bout de temps ?

Ivan Mestrovic
                 
Le Musée Rodin est un lieu agréable, parfois même accueillant la plus grande beauté. L’exposition se tenant en même temps que celle consacrée au sculpteur croate que nous venons d’évoquer, et intitulée « Rodin, la chair et le marbre », est tout simplement ravissante, non moins que la visite, au premier étage de l’Hôtel Biron (les artistes, pour créer, ont besoin d’espace, de calme et de splendeur, ce en quoi ils se distinguent, par exemple, d’une caissière de supermarché ou de tout autre animal social, qui finirait certainement, à la longue, aveuglé par le vide, et puis l’absence d’éducation, par s’ennuyer ferme dans un lieu tel que l’Hôtel Biron), des diverses salles recelant les trésors des collections permanentes. Comment ne pas s’extasier, ainsi, encore et encore, devant les productions en onyx taillé et bronze (« La Vague ») ou onyx (« Les causeuses ») de la malheureuse Camille Claudel, dont l’essentiel du sublime travail ici rassemblé l’est – comble de la muflerie, du cynisme, de la vulgarité la plus démonstrative – dans une salle dite « des amis de Rodin ». Les amis de Rodin, à ce qu’il paraît, n’ont pas tous fini comme des merdes, emprisonnés dans des asiles pourris, sur ordre de ce répugnant catholique de Frère Claudel, que le non moins catholique Bernanos aura décidément bien fait de réduire en cendres puantes tout au long de son œuvre. 

Claudel et Pompon, La Vague

Camille Claudel, Les causeuses
Mais pour Rodin lui-même, au fait, la notion d’« ami » recouvra-t-elle jamais autre chose que celle de « collaborateur » facilitant – peu importe comment – le travail du glorieux créateur ? Sans doute. Il n’en reste pas moins que le bonhomme dirigeait à son profit, comme on le sait aujourd’hui, une véritable PME artistique, employant en permanence, dans divers ateliers parisiens, plus d’une cinquantaine de personnes. La taille du marbre, en particulier, dans laquelle Camille Claudel excellait tant, n’excédait peut-être pas les compétences théoriques de Rodin. La difficulté, cependant, de ce travail est telle, sans parler même du déploiement de force physique qu’il impose, que l’honorable maître, plutôt que de réaliser lui-même ses marbres – ce qu’on eût attendu à bon droit d’un artiste – se contentait de les penser, de les élaborer sous forme de petites maquettes en terre, avant de laisser ensuite se dérouler la grande suite laborieuse, certainement moins digne de sa grandeur, des tâches successives confiées chaque fois à quelque artisan spécialisé (au modeleur, d’abord, effectuant le passage du modèle en terre au plâtre et auquel succèdent bientôt un agrandisseur, un metteur aux points préparant le bloc de marbre brut et y plaçant les points de repère destinés à guider la taille prochaine, à laquelle s’atelle, enfin, le praticien, dernier exécutant).
De tous ceux-là, détail singulier ! l’Histoire retient moins facilement le nom, à l’exception, peut-être, des cas de Bourdelle ou de François Pompon, co-auteur cette fois reconnu, avec Camille Claudel, de cette sublime « Vague » dont nous avons déjà parlé. La vérité, c’est que le monde de l’Entreprise – comme dirait le premier François Hollande venu – exerçait sur Rodin une fascination certaine, avec son corollaire hideux et indispensable de la toute-puissante division du travail. Imparable. Au plan artistique, elle permet de s’en tenir aux sommets éthérés de la création pure (l’intuition du fameux inachèvement, du non finito rodinien) cependant qu’au plan économique, elle satisfait adéquatement la demande – massive. Remy de Gourmont a donc, en 1893, beau jeu de prendre ainsi sa défense : « Rodin ne fait pas reproduire ses œuvres industriellement. Les reproductions en marbre se font sous ses yeux et avec son intervention directe et constante ». Intervention, dites-vous. Fort bien. Une belle illustration de ce type « d’intervention » est apportée par le témoignage d’un de ses secrétaires, au sujet du Portrait de Mme Vicuña. Celui-ci ayant été réalisé par un dénommé Escoula, Rodin n’en était point satisfait, cette œuvre portant trop en effet, selon lui, « l’empreinte du marbrier supérieur qui l’avait exécutée. » Aline Magnien, Commissaire de cette exposition « La chair et le marbre » reconnaît, elle, sans aucun problème (dans un Hors-série récent de Beaux-Arts éditions consacré à Rodin) que « la répartition des tâches relevait, aux yeux du maître, du partage du travail au sens économique » avant d’enchaîner, avec malice, sur l’anecdote suivante : « Falguière, quand il recevait une visite, évacuait ses assistants (qui étaient d’ailleurs les mêmes que ceux de Rodin) et logeait des éclats de pierre dans sa barbe, pour donner une image de l’artiste aux prises avec son matériau et s’épuisant à la tâche ! »
Étrange comme les artistes – et les modernes, en général – se défient par moments de ce qu’ils encenseront, quelque temps après, avec la plus véhémente énergie intellectuelle. L’Économie bourgeoise resterait-elle cette maîtresse honteuse, ne le fût-elle que vaguement (telle Camille Claudel), au point qu’on doive soigneusement la cacher lorsque sonne l’heure de prendre la pose immortelle, après qu’on a pourtant, grâce à elle, de son fait de langueur technique, tant appris sur soi-même et ses immenses possibilités ? La chose fonctionne aussi en politique. Voyez notre misérable Couronne présidentielle. Pour s’élever, l’Économie. Et puis, une fois en haut, bien à cheval sur le tas de boustifaille : les grands projets. Enfin, la Poésie. Et l’Art. Mais hélas ! tout doit crouler un jour, et la chose se révèle. La boustifaille se rappelle à vous. Les artistes apparaissent alors – phénomène cyclique – tels qu’en eux-mêmes l’éternité les change.
En pleine lumière.



mercredi 14 novembre 2012

En dépit des rodomontades du Ministre de l'Intérieur...

... l'insécurité progresse !


Notre grand jeu-concours continue !

Rappel du règlement ici !
Oui.
Parce que le monde bouge.
Voilà.
Vers demain.
Oui.




Contribution de M. Emile H., Café Terminus, Paris.



lundi 12 novembre 2012

Premier de la classe

« S’ils avaient pas été là, si ça se trouve, aujourd’hui on serait allemands. »

Dante di Muzio, 10 ans, écolier lauréat du concours honorant les anciens combattants de 14-18, Valenciennes, 11 novembre 2012.



samedi 10 novembre 2012

Un 1O novembre, Louis Lingg...


« Lingg, Louis (1864–1887) : Anarchiste d’origine allemande, l’un des martyrs de l’affaire Haymarket (Chicago, 1886). Voit, à 13 ans, son père, ouvrier forestier, d’abord manquer mourir dans un accident du travail puis, resté gravement malade, licencié dans la foulée par son patron. Devenu charpentier, émigre vers la Suisse (où il fréquente les anarchistes locaux) puis vers les USA. Partisan indéfectible de l’action violente contre la bourgeoisie, versé dans toutes les techniques de confection de bombes. Après l’attentat et au cours du procès, est sans doute celui des accusés faisant preuve, vis-à-vis de ses accusateurs et juges, du plus grand mépris et de la haine la plus imperturbable. Condamné à mort, se suicide dans sa cellule en se faisant exploser, le 10 novembre 1887, dans la bouche une cartouche de dynamite (Adamic parle d’une « capsule explosive » fournie par sa compagne. Pour Howard Zinn (Histoire populaire des États-Unis), l’emploi de dynamite ne fait aucun doute. Mais Larry Portis évoque, lui, une mort « toujours pas élucidée » dans son ouvrage Le syndicalisme révolutionnaire aux USA).» 

Extrait de la notice biographique de Dynamite ! Un siècle de violence de classe en Amérique, de Louis Adamic, aux éditions Sao Maï.