lundi 28 février 2022

≪Tout est sur la table !≫ (Vladimir Poutine)

 Tu m'étonnes...

Ça sent le crabe pour les oligarques !

(L'article complet en espagnol ICI !)

À mains nues ?


L'État ukrainien publie aujourd'hui (voir ci-dessus) son bilan officiel des pertes russes depuis le début de ≪l'opération spéciale de neutralisation et dénazification≫, selon les termes en vigueur au Kremlin. Lequel Kremlin, de son côté, annonce très sérieusement.... un mort (1) et une poignée de malencontreux blessés (sur près de 200 000 soldats engagés au total). Chacun se fera donc une idée de la réalité, en suivant, bien entendu, son espérance subjective et inductive. Ce qui semble objectivement établi, en revanche, c'est un niveau de résistance insoupçonné du côté de Moscou. Une résistance pas complètement ≪à mains nues≫, donc. De l'eau, du sang, de la bière Pravda et tous autres liquides concevables semblent décidément avoir coulé sous les ponts depuis les événements de Maïdan. En 2014. 

dimanche 27 février 2022

Météo : temps pluvieux en perspective sur l'Ukraine (Pravda !)

De la Pravda, en veux-tu en voilà ! 
(il est inscrit Poutine, Dickhead ! sur la bouteille). 
≪Dans une zone industrielle de Lviv, principale ville de l'ouest de l'Ukraine, les employés de la brasserie Pravda ont arrêté la bière. Face à l'invasion de leur pays par la Russie, ce sont désormais des cocktails Molotov qu'ils produisent. «Il faut attendre que le chiffon soit bien imbibé. Quand il l'est, ça veut dire que le cocktail Molotov est prêt», explique en souriant un jeune homme, épais anorak rouge et casquette sur la tête, tout en enfonçant profondément un torchon dans une bouteille de bière remplie d'un mélange d'huile et d'essence. À côté de lui, deux autres employés de la brasserie répètent méthodiquement et dans la bonne humeur les mêmes gestes. Quelques dizaines de cocktails Molotov prêts à l'usage sont posés sur des tréteaux, protégés de la neige tombant en flocons légers. Face aux chars russes que les habitants de Lviv craignent de voir arriver dans leur ville, un bastion de l'identité ukrainienne, ces engins incendiaires pourraient sembler dérisoires, mais l'affaire est on ne peut plus sérieuse pour Iouri Zastavny, le propriétaire de Pravda, qui présente son initiative aux journalistes. «Nous faisons ça car quelqu'un doit le faire. Nous avons les compétences, nous sommes passés par une révolution de rue en 2014 (le mouvement proeuropéen du Maïdan, ndlr), quand nous devions faire et utiliser des cocktails Molotov», explique-t-il à l'AFP, précisant que l'idée était venue de ses employés, dont plusieurs avaient pris part au mouvement. Les employés de la brasserie ont commencé samedi à produire ces cocktails Molotov destinés à la défense territoriale ukrainienne, des réservistes ayant répondu à l'appel du président du pays Volodymyr Zelensky à prendre les armes. Les postes de contrôle érigés aux entrées de la ville de 720.000 habitants, où policiers, militaires et volontaires contrôlent strictement le passage de chaque véhicule, en sont déjà largement équipés≫.
(source : Le Figaro, 27 février 2022)

Dieu est Amour


≪Le patriarche orthodoxe russe Kirill a qualifié les opposants à Moscou en Ukraine de "forces du mal" qui veulent briser l’unité historique entre les deux pays, au quatrième jour de l’invasion du pays par la Russie. "Que Dieu nous préserve de ce que la situation politique actuelle en Ukraine, pays frère qui nous est proche, soit utilisée de manière que les forces du mal l’emportent", a déclaré Kirill lors de son sermon dominical, cité par l’agence Interfax. En 2012, ledit patriarche avait proclamé que la présidence de M. Poutine était "un miracle de Dieu"≫.

(Source : Le Monde)

samedi 26 février 2022

mardi 22 février 2022

Fin de l'occident

Au pot de départ du stagiaire (détail)

≪Le monde occidental se déshonore à chaque sourire adressé aux meurtriers du Kremlin, avec lesquels il serait en très bons termes si seulement ceux-ci n'avaient pas une attitude aussi menaçante. Ce même monde occidental périra de préférer ses propres affaires matérielles à la protection de l'humanité, de ce côté-ci des frontières ou de l'autre.≫

(Max Horkheimer, Notes critiques, 1956-58)

lundi 14 février 2022

vendredi 11 février 2022

Un point de vue de curé sur les anarchistes et la science

Ci-dessus : un scientiste grossier (détail)

≪ On doute de tout en France, on ne respecte rien, il y a des gens qui méprisent la religion, la patrie, l'État, les tribunaux, la propriété, l'art, enfin toutes choses ; mais leur mépris s'arrête devant la science. Le scientisme le plus grossier n'a pas d'adeptes plus fervents que les anarchistes. Le Dantec est leur grand homme. Les "bandits tragiques" de Bonnot y puisaient leur inspiration, et celui d'entre eux qui était plus que les autres un héros aux yeux de ses camarades était surnommé Raymond la Science.≫

(Simone Weil, L'enracinement)

jeudi 10 février 2022

Lorsque nous sommes entrés dans le troquet (ce soir)


Sorti ce soir, pour se soûler après le travail, tranquillement. Perturbé dans ce projet, par un trio intempestif de gauchistes, à la table d'à côté. Conversation hystérique. Et bruyante. Les références sont de mise. Ça fuse. Look queer mainstream et idéologiquement de type chimérique : mi-lundi-matin, mi-ex-léniniste d'ouverture (bordiguiste ? trotskiste ? va savoir !), mi-Théorie Communiste (horreur !), concédant pragmatiquement (pour le dernier tiers inclus en question) à ses deux camarades certaines vertus pratiques : des résultats [sic !] incontestables en matière de manifs, d'agitations, de pauvres micro-scandales, bref, en termes de rendement spectaculaire (quoi d'autre, de toute façon, depuis ces Thèses sur Feuerbach qui nous font tant de mal depuis tous ces siècles, avec tous ces cons et leur obsession praticiste ?). Pour la substance des choses, ces gens (faut l'savoir, hein !) sont littéralement, qu'on le sache, obsédés par les nazis et leur activité concrète du moment : les nazis contemporains groupusculaires, donc, les Zouaves, leurs conflits, leurs scissions, leurs (Z)emours et ainsi de suite.  Babillage très pénible, par exemple (table distante de moins d'un mètre de la nôtre, on le précise ! Bonjour la discrétion des échanges blanquistes conspirationnistes...) concernant les dernières bastons en cours et toutes les autres, prévues (ces trois maigrichons frustrés, tu parles, ça doit pas s'entraîner souvent, tout ça). Alors ? Qui gagne, ces temps-ci ? Qui est le plus fort ? La Jeune Garde de M. Raphael Arnault ? la bande de M. Bernanos et de ses camarades ? La section pro-ukrainienne de Ouest Casual ou plutôt les grand-russes ? Et pourquoi, au juste ? Et qui couche avec qui ? Soral fréquente-t-il vraiment les backrooms aussi régulièrement qu'on le prétend ? Serge Ayoub vaut-il à ce point le coup ? À quels antifas peut-on parler, exactement, sans risquer de s'en manger une ? Plutôt bourrés, pas bourrés ? Quels sont, de manière générale, les antifas les plus accessibles ? Les moins accessibles ? Que faire ? (comme disait l'autre) et avec qui ? Surtout : comment s'organiser ? Comment monter des réseaux ? (les fascistes disent, eux : des équipes). Voilà. Voilà de quoi parlent les gauchistes aujourd'hui. Voilà ce qui les tient. Et voilà (ce qui est beaucoup plus grave) ce qui nous gave, ce qui nous gâche nos débuts de soirée dans des bars pourtant choisis (du moins le pensions-nous niaisement) avec pertinence pour leur remarquable impersonnalité. Ensuite, les mecs enchaînent sur leur projet de thèse, à Saint-Denis. Pendant un quart d'heure. Sans déconner. Non mais vous imaginez le cauchemar ? Débarquer dans un bordel pareil alors qu'on y était entré juste pour boire un godet ? À vous faire regretter les Trotskids, décidément, et leurs patrons de bistrot bretons à l'ancienne (du temps où Zemmour gisait presque encore à l'état de projet dans les couilles de son père, du côté de Montreuil). Ces patrons de bistrots, fantasmés ou pas, mettaient au moins un peu d'ambiance dans le refus de vous accueillir et de vous aimer, en dépit de vos thunes proposées. Ceux d'aujourd'hui sont dramatiquement tolérants. Va falloir trouver d'autres lieux. Mais ça n'existe pas.

mercredi 9 février 2022

L'avenir de la bourgeoisie

≪Le socialisme était conçu par Marx comme la phase supérieure de la société, dans laquelle tout ce qui s'était développé au cours de la phase bourgeoise devait être dépassé, c'est-à-dire à la fois dépouillé de son absolutisation et sauvegardé. En Russie, les éléments de la préhistoire sont présents mais on les trouve au contraire en morceaux et déformés jusqu'au gigantisme. C'est dans les procès que cela saute aux yeux le plus nettement. Si ce fut la gloire de la bourgeoisie de laisser à l'individu, en principe du moins, fût-il accusé ou suspect, la liberté de se reconnaître coupable ou non coupable, et si l'État avait le devoir de lui prouver la vérité, à lui comme à la société, les tyrannies soviétiques, pour leur part, reconnaissent bien ce principe, sauf que l'État, véhicule radieux de la clique la plus rouée qui soit, réduit l'individu à néant. L'épave intellectuelle qui est ici contrainte d'avouer, c'est l'image grimaçante de l'être humain que la bourgeoisie — pour ses plus proches intérêts et non par inspiration, mais toutefois avec une réelle insistance — voulait respecter et accomplir. Ce qui s'est déroulé dans les caves des commissariats de police de ses grandes villes se présente maintenant à elle, dans le prétendu socialisme, comme sa propre caricature, et la mauvaise conscience — qui en des jours meilleurs faisait que les gens convenables détournaient les yeux de tels défauts d'aspects — a aujourd'hui le regard fixé sur le miroir grossissant à l'Est. Si, voyant ces conséquences, la bourgeoisie ne fait pas un retour sur elle-même, si de la poutre dans le miroir elle ne conclut pas au moins à la paille dans son œil à elle, la caricature russe du socialisme constituera le modèle pour la dernière phase de la société bourgeoise. Hitler et ses collègues méditerranéens ont déjà fait les premiers pas. ≫

(Max Horkheimer, ≪L'avenir de la bourgeoisie≫, 
in Notes critiques, 1953-1955)

mardi 8 février 2022

Tu le vois, là, le problème ?


(Alain Soral, ou l'un de ses employés, félicitant sur le site officiel de l'entreprise E&R 
les auteurs du Manifeste Conspirationniste, 24 janvier 2022)

lundi 7 février 2022

Working-Class Éros


Il est notable que Shiva, représentant dans l'Hindouisme le Dieu de la destruction du voile de l'ignorance, désigne plutôt, dans le petit cosmos du capitalisme français, une entreprise de ménage et repassage à domicile donnant, à en croire certaines affiches placardées ces jours-ci dans le métro parisien, ≪toute satisfaction à ses clients depuis plus de 20 ans≫. Shiva a donc décidé récemment de magnifier le prolétariat qu'il emploie, dont on ignore s'il pratique, quant à lui, le Yoga après le travail. Shiva étant en effet aussi le dieu du Yoga, cette activité d'épanouissement martial semble surtout renvoyer ici, dans le monde bien contemporain du Spectacle, à une certaine capacité de souplesse et d'énergie productive appréciable, matérialisée, comme chacun sait, chez son sujet divin, par la possession de quatre bras, ce qui s'avère ma foi extrêmement utile pour nettoyer de fond en comble un duplex bourgeois en un temps record, afin que ses propriétaires puissent s'adonner, eux, en toute sérénité, sitôt la journée de labeur numérique abattue et les enfants enfin extraits de l'école, catholique ou Montessori, au Yoga, précisément, à moins que ce ne soit au Taï Chi Chuan, au Feng Shui ou à la méditation pleine conscience, entre deux séances Netflix. 

Tout dépend donc, dans la vie, de quel côté du Yoga et de la sérénité l'on se place. Question de karma, sans aucun doute. Cela méritait bien un petit ≪dépoussiérage≫ symbolique du métier de femme de ménage, associé traditionnellement, va savoir pourquoi, dans l'inconscient collectif (comme dirait Carl Jung, grand spécialiste de l'Inde mythologique, lui aussi) à l'exploitation la plus éhontée et méprisante qui soit de la force de travail. Ce toilettage bourgeois du Prolétariat montre cependant assez vite ses limites. Dans le métro, passe encore ! Le voyageur pressé aura, certes, tout loisir d'y méditer la bonté d'âme du groupe Shiva, capable d'offrir, grand seigneur, à ses employées, un sublime portrait des célèbres studios Harcourt. Il est vrai qu'il en faut si peu pour satisfaire une femme. Faites-lui croire qu'elle est une star, une princesse, une vedette de cinéma et le tour est joué. Las ! Le spectateur désabusé, néanmoins, volontiers amer et ressassant un vieux fond de mauvais esprit critique, aura tôt fait de constater, s'étant préalablement renseigné plus avant sur les conditions de travail régnant chez Shiva, que la magnificence se paie là, comme toujours, au prix fort. Femme de ménage, cela semble bien vouloir dire, encore et toujours, soumission extrême à des exigences très prosaïques de ≪productivité, rapidité, souplesse, flexibilité, etc≫, tous concepts n'évoquant rien moins que réalisation ou développement personnels, selon le lexique en vigueur chez les clients réguliers (et satisfaits) du groupe Shiva, lesquels possèdent, par exemple, le pouvoir permanent de contrôler, via une ≪appli≫ bien pratique l'activité en temps réel de leur employée de maison préférée. 

(source : site internet Shiva)

On notera aussi, sur le site de l'entreprise, une représentation graphique de l'employée plus conforme à ce que l'on attendait, c'est-à-dire qu'elle apparaît là interchangeable, impersonnelle (quoique, évidemment, majoritairement féminine), simple exemplaire sans visage d'une force de travail en vérité très classiquement conçue.

En ce qui nous concerne, donc, les prolétaires peuvent bien, à l'occasion, arborer un beau regard transfiguré sur les affiches noir et blanc de propagande métropolitaine, ≪dépoussiérer le statut antédiluvien sous lequel on les fait survivre quotidiennement en toute hypocrisie risque de s'avérer plus compliqué que prévu. On a toujours tort d'être fier de son métier. Il n'y a pas de beau métier en ce monde-là. C'est notre petit doigt qui nous le dit et cela vaut, entre autres, pour les employées de chez Shiva. Nous réserverons d'ailleurs, dans la foulée, un certain autre de nos dix doigts, prolongeant chacun de nos deux pauvres bras (n'étant hélas ! pas, quant à nous, des divinités multibrachiales respirant la félicité cosmique) aux très heureux propriétaires et clients (voir ci-dessous) de l'officine susmentionnée. Afin de leur faire passer ici même un chaleureux message de bienveillance et d'amitié transcendantale.   

Moïse Kabagambe