vendredi 18 septembre 2020

dimanche 13 septembre 2020

Les aventures de la post-vérité au pays du matérialisme



«Certes, il ne peut s'agir, comme chez Foucault, d'admettre in extremis et du bout des lèvres que la matérialité des corps n'est pas une fiction, comme s'il s'agissait d'une concession à offrir à un sens commun en alerte. La stratégie butlérienne consiste plutôt à affirmer que cette expérience réelle est aussi une extériorité posée, produite, requise, dans le geste intra-culturel de désigner un pôle de référence stable et sûr. D'une certaine façon, c'est même la dialectique du genre (social) et du sexe (anatomique) qui constitue le paradigme du mouvement par lequel émerge en général le référent au sein de nos pratiques langagières ― une émergence en deçà de laquelle nous ne pouvons pas revenir.

Ce que je proposerais [écrit J.Butler] à la place de ces conceptions [ordinaires, vulgaires] du constructivisme, c'est un retour à la notion de matière, non pas conçue comme un site ou une surface, mais comme un processus de matérialisation qui se stabilise à travers le temps pour produire des effets de délimitation, de fixité et de surface que nous appelons matière. Le fait que la matière se soit toujours matérialisée doit, je pense, être pensé en relation avec les effets productifs et, à vrai dire, matérialisants du pouvoir régulateur dans le sens foucaldien du terme. Ainsi, la question n'est plus Comment le genre est-il constitué comme et à travers une certaine interprétation du sexe ?, mais plutôt : À travers quelles normes régulatrices le sexe est-il lui même matérialisé ? Et encore : Comment se fait-il que le fait de traiter la matérialité du sexe comme un donné présuppose et consolide les conditions normatives de sa propre émergence ? [sic]

Butler peut donc affirmer, sans aucunement chercher le paradoxe, que le bon sens qui insisterait pour partir de la préexistence du corps et de la matière (de la Nature, si l'on préfère) n'est pas du tout menacé par sa théorie. De son point de vue, le fait de compléter l'affirmation décidée de cette préexistence par la petite clause selon laquelle il s'agit d'une préexistence qui est toujours "posée ou signifiée en tant que première" ne devrait pas choquer le plus sourcilleux des matérialistes. Une position délicate, on le devine, et qui d'ailleurs au fil des pages de Bodies that matter [Ces corps qui comptent] finit par céder la place à un certain agacement devant la facilité qui consiste à invoquer de façon "matérialiste" le primat du corps et de l'anatomie dans les débats autour de la féminité et du féminisme. Dans un moment qui sonne foucaldien par son intention de dévoiler la complicité des adversaires apparents, elle rappelle ainsi à son tour que, dans la pensée occidentale, la notion de matière a tiré l'essentiel de sa crédibilité des connotations androcentriques qui lui étaient associées (la passivité opposée à l'activité, etc) ― ce qui rend en fin de compte hautement suspecte son utilisation dans l'argumentation philosophique ou sociologique. 

Dans quelle mesure [écrit J. Butler] lorsque nous invoquons la notion conventionnelle de matérialité, et même lorsque nous insistons sur le fait que cette notion fonctionne en tant qu'"élément irréductible", ne consolidons-nous pas et ne perpétuons-nous pas une violence constitutive faite au féminin ? Si nous prenons garde au fait que le concept même de matière préserve et réarticule une violence [...], nous courons le risque [en l'utilisant] de reproduire la violence que nous cherchons justement à dépasser».

(Stéphane Haber, Critique de l'antinaturalisme  

Aucune espèce d'importance

(source : Libération, 10-09-2020)

samedi 12 septembre 2020

Lutte libre

Navid Afkari نوید افکاری‎ 
(1993-2020)

Anti-monde vaincra !

vendredi 11 septembre 2020

Culture


«Une jeune femme a adressé une lettre ouverte au musée d'Orsay dans laquelle elle explique qu'on lui a refusé l'entrée, mardi après-midi, à cause de sa robe. Le motif avancé par les agents du musée parisien ? Un décolleté trop plongeant. Selon son témoignage, un agent de sécurité lui explique que "les règles sont les règles"». 

(La Dépêche, 10 septembre 2020 après leur origine du monde)

jeudi 10 septembre 2020

Mulan by Disney

mardi 8 septembre 2020

Beau comme du Virginie Despentes


«Les terroristes sont arrivés au moment où on sortait de l'immeuble." Chérif Kouachi l'attrape par le bras et la pousse dans la cage d'escalier, suivi par Saïd Kouachi. Ils referment la porte sur Angélique Le Corre, qui reste bouche bée. "J'ai pu sentir une force et une détermination qui émanaient d'eux. L'un s'est mis derrière moi avec son arme. Charb dessinait tellement bien les armes que je savais que c'était une kalachnikov"
Commence l'ascension de l'escalier. La cour d'assises monte dans les pas de Coco, dont la voix se brise. "Ils m'ont dit 'on veut Charlie Hebdo, on veut Charb'." Dans une "détresse absolue", la dessinatrice se trompe d'étage. "J'étais en incapacité de réfléchir. Pensant que cela me serait fatal, je me suis mise comme ça." Elle s'accroupit dans la salle d'audience, les mains sur la tête. "Je disais 'pardon, pardon'. J'ai pensé mourir exécutée ici au premier étage quand soudain ils ont dit 'pas de blague sinon on te descend'." Longue pause. "C'était l'effroi en moi." 
Coco finit par trouver le bon étage et compose le code permettant l'accès à la salle de rédaction. "Je sentais que les terroristes approchaient de leur but, je sentais une excitation à côté de moi, poursuit-elle, le souffle court. J'ai avancé comme un automate, un fantôme." 
J'ai entendu un tir, je me suis retournée, j'ai vu Simon [Fieschi] tomber de son siège. Ma première pensée absurde a été de me dire 'c'est nul le bruit d'une arme, ça m'avait l'air sec, tac tac'
La dessinatrice court se réfugier sous un bureau. La suite n'est que "bruit de chaises", éclats de voix, "tirs saccadés" ponctués d'"Allahou Akbar". Coco entend cette phrase lancée à sa collègue Sigolène Vinson : "Je ne te tue pas parce que t'es une femme et si tu lis pas le Coran…" Et puis plus rien. "Le silence, un silence violent." Coco se lève et découvre alors l'étendue du massacre. Le corps du correcteur Mustapha Ourrad, d'abord. Puis celui du garde du corps de Charb, Franck Brinsolaro. Dans la salle de rédaction, "j'ai vu les jambes de Cabu. Je les ai reconnues car des miettes sortaient de son manteau, il mangeait un morceau de pain." Le décompte macabre se poursuit. "J'ai vu Wolinski, j'ai vu Elsa [Cayat] et j'ai vu Charb. Le côté de son visage était d'une pâleur extrême." En tout, les frères Kouachi ont assassiné onze personnes dans les locaux du journal. Ils feront une douzième victime dans leur fuite, le policier Ahmed Merabet. 
Des blessés se manifestent. Il y a Riss. Coco, qui a pris des cours de secourisme, ne sait plus comment faire des points de compression. "Tout était blanc dans ma tête." Puis Philippe Lançon, assis au fond de la salle. "J'ai pensé 'il n'a plus de visage', mais je savais que ce n'était pas un point vital et j'ai pu garder un peu mon sang-froid. Il a essayé de m'écrire des choses pour que j'appelle sa mère, son frère."  
Coco voit arriver l'urgentiste Patrick Pelloux. L'entend crier "Charb ! Charb mon frère". Elle prévient la crèche et son conjoint. Elle ne pourra pas venir chercher sa fille. "Après ça, nous sommes allés au théâtre [où étaient accueillies les victimes]. Et puis voilà. C'est le talent qu'on a assassiné ce jour-là, c'étaient des modèles pour moi, des gens d'une extrême gentillesse, qui avaient un vrai regard sur le monde". 
Coco explique qu'après les attentats, elle a continué à dessiner pour Charlie afin de "s'occuper l'esprit" et parce que ce journal était "ce qui restait de plus précieux". "Quant à la vie privée, ça a été difficile, j'avais l'impression de ramener un monstre à la maison." Elle résume le tourment de nombreux survivants entendus avant et après elle mardi et mercredi : "Je ne suis pas blessée, je n'ai pas été tuée, mais cette chose qui m'a traversée est absolument effroyable et je vivrai avec jusqu'à la fin de mes jours." Le sentiment d'"impuissance" la hante encore, cinq ans après. Malgré tout, "j'ai mis du temps à le comprendre, ce n'est pas moi la coupable là-dedans. Les seuls coupables, ce sont les terroristes islamistes, les Kouachi, et leurs complices." "Plus largement, il y a des complices dans la société qui ferment les yeux devant l'islamisme et qui baissent leur froc devant l'idéologie, lance-t-elle. Si j'ai voulu parler à ce procès, c'est aussi parce qu'il y a un problème de société».

(Témoignage de «Coco», au procès du massacre de Charlie-Hebdo, France-Info, 8-9-2020)

dimanche 6 septembre 2020

jeudi 3 septembre 2020

Covid 19 : vers la généralisation du port du masque pendant les rapports sexuels ?

L' Intelligence Artificielle Totale


An english version here...

«Un néologisme a fait son apparition sur l'Internet chinois, version abrégée de l'expression "gouvernance intelligente" ― en mandarin : zhineng guanzhi ou智能管治, populairement raccourcie en zhizhi (智治) ― que nous pourrions simplement traduire ainsi : la "gouvernance par l'IA" (Intelligence Artificielle). Cette expression englobe nombre des approches nouvelles que nous avons observées en Chine, relatives au contrôle social et politique, utilisant les technologie de surveillance et les données informatiques (le Big Data). À l'origine de ce néologisme, on trouve nul autre que Chen Yixin (陈一新), directeur de la Commission Centrale des Affaires Légales et Politiques du Parti Communiste Chinois, qui supervise au niveau national la bonne application des dispositions législatives. Chen Yixin est un créateur de slogans extrêmement prolifique au service du Parti : on ne lui doit rien de moins, excusez du peu ! que les vocables de la "Nouvelle Ère" introduite par Xi Jinping. En 2018, c'est ainsi qu'il lança les fameuses "Six Emprises", groupe de termes symbolisant l'idée que les autorités devaient désormais se montrer bien plus agressives dans six domaines décisifs, liés au maintien de l'ordre et au respect de la loi. Le 21 mai de cette année 2019, Chen introduisit la notion des "Cinq Gouvernances" ― ou wuzhi (五治) ― comprenant la politique (政治), la force de loi (法治), la gouvernance morale (德治), l'auto-gouvernance (自治) et la gouvernance par l'IA (智治). "Nous devons [expliqua Chen Yixin] conduire des politiques puissantes, assurer les protections via toute la domination et la force de la loi, gouverner les mœurs, [encourager] l'auto-gouvernance et [employer] l'Intelligence Artificielle". 
Les quatre premières "emprises gouvernementales" de cette liste étaient déjà, à dire vrai, largement familières au public, et guère connues autrement que comme des clichés anciens, des expressions administratives toutes faites : la "force de loi" renvoyant, par exemple, évidemment non à quelque protection légale [dont bénéficieraient éventuellement les citoyens] mais plutôt à l'instrumentalisation pure et simple de la loi pour assurer le contrôle du Parti. "L'auto-gouvernance", elle, ne désignait pas une quelconque forme d'autonomie mais plutôt le renforcement imposé de la discipline politique, du respect absolu de la ligne dans tout comportement. Mais le cinquième de ces concepts ― la fameuse gouvernance par l'Intelligence Artificielle ― représentait, lui, une vraie nouveauté. Cette formulation synthétisait, en réalité, toutes les options innovantes de pouvoirs de contrôle privilégiées par le Parti. Lors d'une session de travail récente, organisée à destination des cadres législatifs et portant sur le thème des politiques locales, Chen Yixin fit à ce sujet la déclaration suivante : "Nous devons placer le processus de gouvernance par l'Intelligence Artificielle à une position encore plus importante, l'élever au rang de moyen de contrôle décisif. Nous devons promouvoir la gouvernance par l'IA en tant que moyen de contrôle social et comme mécanisme opérationnel dès l'échelon municipal, comme moyen de restructurer tous les processus de travail intelligent (sic). Nous devons accélérer la modernisation du contrôle social dès le niveau municipal". Chen Yixin exprimait ainsi la conviction qu'en s'en remettant à la technologie en vigueur, le Parti pourrait de manière effective et forte identifier tous les risques, alerter de tout signe inquiétant au niveau local et, de cette manière, appliquer en temps utile des réponses efficaces, en termes de management du risque. Un tel travail, dit-il, se concentrera sur les "lieux et districts prioritaires" (重点区域部位), ainsi que sur les "secteurs industriels critiques" (重点行业领域). (...) Un tel processus pourrait s'appuyer sur des infrastructures-clé, telles que le Projet Oeil-de-Lynx (雪亮工程), visant à connecter à un réseau national une surveillance vidéo digitale totale. Comme une recherche sur Google Images suffit à s'en convaincre, le terme de "rayons X" renvoie largement en Chine, dans l'imaginaire, à l'idée de violation de la vie privée. Or, Chen Yixing évoque précisément cette gouvernance par l'IA en employant ce genre de métaphores : parlant par exemple des Big Data et de l'IA comme de "microscopes", de "rayons X", de "téléscopes" tout entier dédiés à la sécurité publique, autant d'outils permettant de promouvoir une scientificité nouvelle du maintien de l'ordre et de la stabilité dès le niveau municipal. La référence aux rayons X représente métaphoriquement toute l'extension (à laquelle le Parti prétend) de son futur accès possible au moindre aspect de la vie et des activités des Chinois, rendant celles-ci absolument transparentes, à fin de contrôle intégral. Encore une fois, la moindre recherche sur Google l'atteste, cette image des "rayons X" ne renvoie à rien de moins, du point de vue des Chinois, qu'à leur nudité complète de citoyens en regard de ces technologies appliquées. Tel est donc, en Chine, l'état des choses et de cet objectif à long terme du pouvoir, consistant à atteindre la précision et l'efficience les plus extrêmes dans le maintien de la stabilité globale (un but, d'ailleurs, pas si récent, remontant aux années 1990, incluant la surveillance de la société et la gestion des contestations). Ces "innovations" (un terme, c'est l'occasion de le rappeler, jamais positif en lui-même, ni en lui-même porteur de progrès) se trouvent activement développées par le Parti depuis 2013. Et maintenant, grâce à Chen Yixing ― vieux camarade de Xi Jinping, et qui servait sous ses ordres lorsqu'il était secrétaire de la province de Zhejiang (il devrait vraisemblablement intégrer le Politburo d'ici trois ans), nous en possédons le lexique parfait».   

Chen Yixing, à droite, trinquant avec l'assassin socialiste de Rémi Fraisse (à droite également), 2013.
       
(David Bandurski, in China Media Project, 27 juillet 2019)

#Résilience2022

Les deux meilleures nouvelles de la semaine !


mercredi 2 septembre 2020

De la contradiction


Note : Sur la parfaite compatibilité des deux attitudes logico-ontologiques, celle d'Aristote et celle de Hegel, à raison de la pertinence de leur choix d'objets respectif, voir notre récent billet ICI...

«L'histoire de la philosophie connaît deux brèves périodes pendant lesquelles la querelle du principe de contradiction a animé les esprits : l'une est liée au nom d'Aristote, l'autre à celui de Hegel. Aristote formula le principe de contradiction comme loi suprême de la pensée et de l'être [1°) au plan ontologique : "Il est impossible qu'à la fois quelque chose soit et ne soit pas", in Métaphysique B2 ; 2°) au plan logique : "Le principe le plus sûr de tous est celui qui établit que deux jugements contradictoires ne sont pas vrais à la fois", in Métaphysique Γ6 ; et enfin au plan psychologique : "Personne ne peut croire qu'une même chose est et n'est pas comme, selon certains, disait Héraclite, car celui qui parle ainsi ne doit pas croire ce qu'il dit", in Métaphysique Γ3]. Dans une polémique acharnée, empreinte parfois de colère et de mépris, il fustigea tous ceux qui se refusaient à l'admettre : Antisthène et son école, les éristiques de Mégare, les partisans d'Héraclite, les élèves de Protagoras. Il remporta cette bataille ; la force de ses arguments étant telle, ou peut-être la cause défendue si juste que, durant des siècles, personne n'osa contredire ce principe suprême. Il fallut attendre Hegel pour ressusciter les idées qu'Aristote avait enterrées, et nous faire croire que la réalité est à la fois rationnelle et pleine de contradictions. Il rétablit le respect pour les sophistes grecs et inclut les principes d'Héraclite dans son système logique. De nouveau, ces enseignements suscitèrent une discussion passionnée dans laquelle la parole d'Aristote devait servir à confondre Hegel (...). Si les sciences exactes ont connu un développement très importants, la science générale qu'Aristote avait appelée "philosophie première" était restée loin derrière. Elle se proposait d'étudier non pas les êtres particuliers, mais l'être en tant que tel et ses propriétés essentielles, son passé et son avenir, son commencement et son destin. Il faut admettre ouvertement que cette "philosophie première", appelée plus tard métaphysique, a failli outrepasser les fondements posés par le Stagirite. Aussi, depuis Kant, nous répète-t-on que les questions métaphysiques dépassent les facultés cognitives de la raison humaine. 
Le doute subsista un instant : est-ce l'insuffisance de notre raison ou plutôt l'inefficacité et maladresse dans notre façon de traiter les problèmes ? Certes, les questions métaphysiques subtiles requièrent une approche subtile ; la logique aristotélicienne, aussi utile soit-elle pour la connaissance des faits, semble un outil trop grossier pour faire apparaître, dans le chaos des phénomènes, la contradiction fine et précise du monde des essences. Telle fut l'idée de Hegel, qui croyait en la puissance de la connaissance, et que les conclusions sceptiques du criticisme kantien consternaient. Or, Kant soutenait que l'esprit humain, dans son examen du monde en tant que totalité, se précipite immanquablement dans des antinomies et s'enferre dans des contradictions. Hegel se rangea à ce constat, mais n'en conclut pas pour autant que l'essence du monde était inaccessible. Il reconnut pourtant l'existence réelle des contradictions en y voyant un élément de vie et de mouvement. Il créa ainsi une "logique métaphysique" qui ne s'appuyait plus sur le principe de contradiction.»

(Jan Lukasiewicz, Du principe de contradiction chez Aristote

Cours, Forrest !


Gabola Gabola Hey !

«Fondée en 2017 par Tsietsi Makiti pour attirer ceux qui auraient de toute façon été rejetés par les églises catholiques et évangéliques opposées à une trop forte consommation d'alcool, l'église Gabola célèbre généralement ses messes dans des pubs ou des restaurants." Jésus nous a enseigné à pêcher là où il y a du poisson. Ce sont dans les tavernes, les shebeens (bars), qu'on trouve des enfants de Dieu rejetés des autres églises à cause de leur amour pour l'alcool", explique à l'AFP M. Makiti, 54 ans. "Nous accueillons tous ceux qui aiment l'alcool", ajoute-t-il, affirmant que l'église a trouvé des fidèles à l'étranger, au Canada, en Suisse, en Allemagne ou encore au Brésil. Dans la pièce qui tient lieu d'église, les chaises sont espacées d'un mètre, conformément aux protocoles imposés par l'épidémie. Et les fidèles sirotent leur boisson en écoutant le sermon. La chaire improvisée est décorée de bouteilles de gin et de bière. La mitre noire et or du fondateur du mouvement est ornée de deux bouteilles miniatures de whisky et d'Amarula, une liqueur populaire en Afrique du Sud. "Maintenant que l'interdiction de la vente d'alcool est levée, tout est si joyeux. Nous faisons la fête!", lance Tsietsi Makiti, "pape" autoproclamé. "L'alcool est la seule chose qui nous relie à Dieu, car si je suis sous l'influence de l'alcool, je suis sous l'influence du Saint-Esprit", explique-t-il avec le plus grand sérieux. L'interdiction de la vente d'alcool a été une "pilule amère à avaler pour l'église Gabola", qui n'est pas membre du Conseil sud-africain des églises (SACC). "Nous ne reconnaissons pas Gabola comme une église de Jésus-Christ dans l'Esprit Saint. Il existe de nombreuses organisations qui se proclament elles-mêmes églises", relève Mgr Malusi Mpumlwana, secrétaire général du SACC. À Gabola, qui veut dire "boire" en tswana, une des langues officielles en Afrique du Sud, on ne lit pas la Bible. Le fondateur de cette église affirme être en cours d'écriture de sa propre bible. Il n'y a pas non plus d'offrande, ni de quête pendant les offices, les fidèles doivent simplement apporter de quoi boire.
Portia Nzimande a quitté sans regret l'église orthodoxe pour rejoindre la communauté Gabola. "Seul Dieu peut nous juger. Ce que nous faisons ici, c'est notre vie. Nous ne devons aucune explication à personne", assure-t-elle. "Nous nous amusons parce que nous prions et buvons en même temps". Pour certains, ces rassemblements sont juste un prétexte pour boire. Mais "nous avons des membres ici qui ne boivent pas", souligne Siphiwe Mafunisa, 42 ans, "archevêque" de l'église Gabola. "C'est juste une église, une église normale, mais nous l'appelons Gabola parce que la plupart d'entre nous boivent", explique-t-elle. Et pour Ephraim Seliane, restaurateur de 37 ans, "rien ne vaut Gabola, parce que vous êtes parmi des gens qui vous permettent d'être vous-mêmes."»
(source : L'Obs, 2 septembre 2020)

«Au-delà de ces deux propositions»


«L’expertise psychologique ordonnée par le tribunal a conclu à l’absence de pathologie mentale chez l’accusé, tout en notant sa "désempathie". Quant à savoir si les regrets de "Douch"étaient sincères ou de circonstance, les experts ont estimé que cette question "serait une impasse, la réalité se situant au-delà de ces deux propositions".»
(Le Monde, 2 septembre 2020)

«Car il porte l’enfer en lui et autour de lui»
(Milton, Le Paradis perdu

mardi 1 septembre 2020