« Des théoriciens comme Theodor Adorno et Herbert Marcuse ont émis des doutes sur le potentiel libérateur de la musique populaire en déclarant que le maintien d'une libération apparente est un point essentiel de la répression socioculturelle dans la société capitaliste. Vu la souplesse et la capacité d'adaptation du système capitaliste, toute création négative de la culture capitaliste est immédiatement privée de son caractère critique par le processus de commercialisation. De telles productions culturelles ne sont donc aucunement censurées, à condition de rester des articles de consommation et de contribuer ainsi au fétichisme généralisé de la marchandise qui est l'antithèse de la libération culturelle.
Depuis de nombreuses années, certains théoriciens de la culture ont avancé qu'il était trop schématique de construire des polarités typologiques comme le fait Adorno qui oppose le «kitsch» à l'«avant-garde» et le «profit» à la «culture». Adorno a un a priori en faveur de ce qu'il considère comme des formes transcendantes de l'expression esthétique (les formes européennes de musique symphonique) et cela est compréhensible en raison des conditions historiques qui existaient en Allemagne pendant ses années de formation, mais réduit en même temps plus qu'elle ne facilite l'étude de la culture et de la conscience populaires. Il est insuffisant, par exemple, de qualifier le jazz de «musique de danse qui a tenu trente ans et qui a maintenant capitulé devant les demandes du marché». La caractérisation de la consommation de la musique populaire comme un plaisir sensoriel maximisé, opposée à la «bonne musique» susceptible d'impulser une prise de conscience, est à nuancer. Il n'est pas aisé, contrairement aux déclarations d'Adorno, de distinguer «le sentiment qui anime le travail artistique» du «sentiment qui l'excite».
Des études récentes reprennent les analyses d'Adorno et de Marcuse pour décrire et expliquer une relation bien plus complexe entre formes culturelles et classes sociales. L'étude de la culture populaire en Grande-Bretagne a fourni notamment une explication historique plus complète sur les divertissements populaires. L'analyse montre en effet leur insertion dans la culture capitaliste tout en étant l'expression culturelle et esthétique de groupes sociaux spécifiques, avec ses intérêts et ses termes de références. »
(Larry Portis, Musique populaire dans le monde capitaliste)
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Note du Moine Bleu
L'article, dont provient l'extrait ci-dessus, est à retrouver ICI dans son intégralité. Par ailleurs, pour ceux qui lisent l'anglais, les camarades de DIALECTICAL DELINQUENTS ont mis en ligne l'intéressant chapitre du même Larry Portis issu de son livre French Frenzies, et consacré à ce qui expliquerait, selon lui, la pauvreté spécifique du rock'n'roll français.
Toute la musique que j'aime...
Vous devriez ressentir avec le coeur moins avec la tête
RépondreSupprimerC'est pourtant très sympa, vous savez, de ressentir avec la tête.
SupprimerVous devriez essayer.
Il existe un documentaire, sur le génial écrivain allemand Arno Schmidt, intitulé "Le coeur dans la tête".
RépondreSupprimerArte l'a diffusé il y a quelques temps et on peut se le procurer sous la forme d'un DVD (qui est, je crois hélas pour le piètre germaniste que je suis, pas traduit).
Nous avons là, vous en conviendrez cher Moine, un tout autre programme que celui de l'émouvant Lorenzo.
Bien à vous
Merci à vous.
RépondreSupprimerMerci cher monsieur §
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