C'est un chauffeur routier allemand qui nous fit connaître ça, à l'âge de treize ans. Rien de sexuel, rassurez-vous. Quoi que. Nous n'avons jamais oublié son regard, à lui, devant la deuxième chaîne de télévision publique et - en l'espèce - son idole féminine du jour. Il se caressait le biceps gauche, alors, d'étrange et tremblotante façon. Ses poils saillaient. Son oeil mouillait. Et quant au nôtre, il errait, curieux et troublé, de lui à Pat Benatar, dessus l'écran jaunâtre. C'est de là, sans doute, et puis de quelques occasions semblables, que naquit en nous ce sentiment précis, suivant lequel tout n'est pas complètement perdu dès ce monde : que cette vieille histoire de l'idéologie ne faisant que refléter la substance d'intégrales misères ne peut tenir la route. L'idéologie - comme cristallisation réelle - contient, à l'évidence, son contraire en excès très utile. Cela peut aller vite, c'est vrai : être très furtif et subtil. Mais rien, aussi, que de très facile et très doux. Car comment refuser la beauté qui s'ignore juste encore de nom : la beauté possible ?
Ah ! La philosophie des Lumières. "We belong to the light, we belong to the thunder." Et ce Monoprix qui en dégoulinait de K7 impayables. D'où que notre sagesse ne viendrait jamais, puisque à la phrase menaçante commençant par "Si tu n'es pas sage..." on recouvrait la fin "... t'auras Pat Benatar".
RépondreSupprimerDiantre.
RépondreSupprimerAu Monoprix près (plutôt : "prisunic" en l'occurrence), serions-nous de la même génération (et corruption) ?
Aux dalles de Beaugrenelle, gloires de l'urbanisme pompidolien pluvialement infiltrées en à peine une paire de décennies, il me semble bien que le bazar à prix inscrits et à caissières était un des premiers Monoprix – filmé dans "Viens chez-loi j'habite chez une copine" (on peut vérifier). Pour les gâteaux, nos dérives croisaient plutôt Felix Potin, pour la plupart pas encore sous licence "arabe du coin". Mais bien sûr c'était encore les grandes heures de Prisunic.
SupprimerMoi, S., 13 ans (au printemps 79), ancien corrupteur et réparateur de K7 impayables.
Mmh...
Supprimer"Combien y a-t-il de skin-rock-reubeu, dans les sous-sols de Prisunic ?" (1979, tambien) ou encore : "Plus loin, dans la décharge publique, elle se croyait à Prisunic " (la mère noël)... Toute cette aliénation, qui façonne nos noms propres, nos soi-disant réflexes animaux. L'immédiateté est toujours un leurre. Seules comptent les médiations (historiques). Et sinon, "Viniprix", vous avez connu aussi ?
viniprix non mais la parisienne si mais c'était un magasin ou l'on ne vendait rien on y dansaient en roller à la lumière des stroboscopes.
SupprimerViniprix, mais pas ses caves... pas si affranchi, S. Je fais confiance à la taupe (génériquement aveugle et tellement entêtée).
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