Le 26 octobre, lors d'un déplacement à Dijon, le Président de la république, François Hollande a fait la déclaration suivante : «Ma tâche, mon rôle, mon devoir, c'est de réunir, de faire comprendre que nous sommes tous ensemble, que nous avons besoin de destin commun, de bien commun, de lien commun et de sens commun pour vivre ensemble. C'est ça, le message de la République.»
Cet appel au vivre-ensemble ne peut plus s'appliquer, désormais, à Rémi Fraisse. Rémi Fraisse ne pourrait pas, quand bien même le désirerait-il, accepter cette proposition de François Hollande, visant à conforter partout le vivre-ensemble, dans le même monde que celui du Président de la République. Rémi Fraisse est mort, abattu par la gendarmerie obéissant strictement aux ordres de François Hollande, la veille ou l'avant-veille du discours de ce dernier, appelant à consolider le vivre-ensemble. Rémi Fraisse, qui est mort, avait 21 ans. Lorsqu'il est mort, abattu par la gendarmerie obéissant aux ordres de M. Hollande, consistant notamment à faire respecter, coûte que coûte, les exigences du vivre-ensemble, Rémi Fraisse, lui, s'opposait à la poursuite de certain grand projet industriel, ravageur et absurde, tel qu'il s'en mène des milliers chaque jour sur cette planète, à l'initiative de tous les François Hollande du monde, dans une perspective de vivre-ensemble absolument instinctive et pas négociable. C'est la raison pour laquelle, par exemple, très ému, le Président de la République aura tenu à se précipiter, à fins de recueillement, près du cercueil d'un grand pétrolier français, décédé plus tôt dans le cours de la semaine précédente. Des gens comme Christophe de Margerie et MM. Hollande, Valls ou Sarkozy sécrètent toujours une idée fort voisine du vivre-ensemble, et cette idée passe toujours par l'importance décisive accordée à l'effectif, à ce qui fonctionne, à ce qui avance vaille que vaille, en dépit des obstacles, lancé sur la route de la nécessité, d'une nécessité objective ne pouvant être questionnée. La remise en cause de cette nécessité serait celle du vivre-ensemble lui-même, du vivre-ensemble ensemble, dans le même monde que MM. Hollande et de Margerie. Cette nécessité, qui est toute la vie de M. Hollande, selon l'expression qu'il employa récemment dans le but de se défendre d'un prétendu mépris des pauvres, à la télévision, aura été toute la mort de Rémi Fraisse, l'autre soir.
La gauche et la droite, ce n'est pas pareil, paraît-il. La gauche au pouvoir, clament les imbéciles impardonnables osant encore voter pour elle au nom de quelque mauvaise raison que ce soit, malgré tout ça change tout ! Car si l'on vote pour la gauche de M. Hollande, jappent encore lesdits imbéciles, c'est pour faire barrage à la droite et à l'extrême-droite. La gauche au pouvoir qui, justement, aime beaucoup les barrages, et le business, les aéroports et puis toutes ces choses de gauche, cette gauche au pouvoir des MM. Hollande, Valls et maintes autres raclures qui leur ressemblent, aura, en effet, il convient bien de le reconnaître, tout changé pour Rémi Fraisse, mort l'autre soir à 21 ans, atteint dans le dos par une grenade du vivre-ensemble, tirée citoyennement, à bout portant.
C'est clair, non ?
RépondreSupprimerEt pourtant, commentaire entendu dans la prise de parole "spont" qui précéda la manif "spont'" suite à un appel "spont'"ce soir à Toulouse : "Ne laissons pas notre colère se transformer en violence ?"
Combien de temps encore allons-nous subir cela ?
Bien à vous
J
Le temps ne change rien à l'affaire.
SupprimerQuand on est "spont", on est "spont".