vendredi 10 octobre 2014

Ali Saïdane sur le Mézoued



Ali Saïdane est un grand artiste et intellectuel tunisien, doublé d'un très exquis compagnon de banquet et de libations en tout genre. Nous aimerions bien lire in extenso l'ouvrage alléchant dont sont extraites les quelques lignes ci-dessous, et portant titre de La saga du Mézoued : plus d'un demi-siècle de chanson de Mézoued en Tunisie. Mais ce livre mystérieux est-il seulement disponible ou achevé ? Mystère. Nous attendons d'éventuelles informations de sa part à ce sujet. Spécialiste de la culture populaire systématiquement travestie, en Tunisie comme ailleurs, en folklore à usage touristique,  en l'espèce par les débiles élites issues du progressisme ambiant des années de la dite décolonisation (confirmant, en réalité, le plus souvent le point de vue idéologique du colon français prétendument déchu), Ali Saïdane aura au cours de son existence, entre autres multiples projets littéraires et dramaturgiques, beaucoup travaillé sur la production artistique spécifique des très farouches et rebelles mineurs de Gafsa, auxquels il n'est pas exagéré de dire que l'attache, depuis des décennies, une véritable fascination. 
Allez donc lire la suite de ces coruscantes considérations (trop courtes, hélas !) sur son blog, parfois accessible (heureusement pour nous, ignorants que nous sommes !) aux non-arabophones. 
On en profite, en toute subjectivité, pour lui dispenser mille baisers et affections. 
Salut, l'ami !

« L'intelligentsia tunisienne au lendemain de l'indépendance n'était pas monolithique et entièrement homogénéisée, elle est issue de différentes écoles de formation et de courants de pensées et de cultures divers. Les écoles coraniques, les écoles Franco-arabes, et les écoles françaises ont participé chacune dans les zones et régions de son influence à la formation des générations des hommes qui vont avoir la charge de l'édification de la nation nouvelle, dans l'enseignement, la justice, l'administration, l'équipement, l'industrie, la culture, l'information etc.… Ces élites vont contribuer à leur tours et parfois avec l'assistance des coopérants étrangers à la formation des jeunes écoliers de 1956.
Entre les Sadikiens, les Zeytouniens, ceux de " l'Arabe médiocre de Carnot", ceux qui revenaient du proche-orient et ceux qui rentraient d'Europe, l'attitude  de l'intelligentsia vis-à-vis des expressions populaires était pratiquement identique : il s'agissait pour eux au meilleur des cas de manifestations folkloriques et au pire d'un état d'arriération et de sous-développement. Ces " tares " sociales sont appelées à disparaitre avec le développement et le progrès du pays. Les élites se retrouvent sur une même position de déni des expressions populaires soit d'un point de vue moral ou bien du point de vue du progrès et de la modernité. »

(Ali Saïdane, La saga du Mézoued : plus d'un demi siècle de chanson de Mézoued en Tunisie.)

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