lundi 3 mars 2014

Ode à Michel Sapin en pentamètres iambiques, avec inversion (à l’anglaise)

Michel Sapin, hyperboloïde.
 Note 1 : D’aucuns nous feront sans doute observer que, dans le cas de M. Sapin, le vers blanc (« blank verse ») se fût révélé le plus indiqué. Refusant cette facilité, nous avons estimé que le système dit du « couplet héroïque » (des vers rimant deux à deux) rehausserait ici l’intérêt du pentamètre iambique, toujours malaisé à apprécier en Français attendu que ce n’est point, quant audit pentamètre, le nombre de syllabes qui fait le pied mais plutôt la succession, à cinq reprises, d’une syllabe atone et d’une autre, accentuée. Le pentamètre iambique est de longue date fort prisé de nos amis anglais, notamment des voyous lettrés, depuis Shakespeare (« A horse, a horse, my Kingdom for a horse ! » - Richard III) jusqu’à Ian « Lemmy » Kilmister (« Wait and see, I’m a real good lover, Can’t judge a book by the cover » - Shine, Motörhead, 1983). Le Français étant traditionnellement reconnu une langue peu, voire pas accentuée, on nous accordera ainsi, par convention expresse, au début de chaque vers, la justice de nos choix et déterminations syllabiques. Ayez confiance. Entrez dans l’espérance.

Note 2 : Il va de soi qu’en dépit du sujet particulier dont il sera ici question, l’inversion dont nous parlions en titre n’est point (encore) celle d’une certaine courbe statistique devenue fort célèbre (et désormais, pour tout dire, attachée pour des siècles et des siècles au seul patronyme de M. Sapin). L’inversion trochaïque qui nous intéresse, variation propre à la versification anglaise, substitue, elle, ponctuellement en début de vers une syllabe accentuée à la syllabe atone, un « iambe » devenant alors « trochée ». Au cas ordinaire : « sa-PIN » succèdera par exemple, ça et là, « MICH-el ».  


ODE À MICHEL SAPIN 

De l’arbre piquant, les mâle et haute ramure
Et résine d’or baignant ton front d’azur,
De l’hivernale saison, les froides tempérances,
Et du sombre Caton, la sage gouvernance,
Du caillou dégarni, la prestance de ton Chef
Et dessous lui – ce Chef ! – une tempête, et la Nef
De l’esprit, par ta guidée conduite,
Vers ce Graal trois fois saint : la fin des déficits,
Et l’envolée des taux : croissance, d’abord,
Produit national brut, encore !
Mais réduction des charges, o vilenie tartare !
Antique scélératesse, diluvienne, barbare…
Moscovici, ton frère, au crâne solidaire,
Tenu au sacerdoce de la finance, austère,
À l’amour des riches tant uniment donné,
Méprisant l’assisté de toute éternité !
Michel, Michel, ô sagace Michel !
Sapin – oui – de Janvier à Noël :
La courbe, jolie, de ton rêve infini :
Ces gueux trimant partout, soumis… Souris !
Vois : elle s’avance, la courbe, vois, là !
Qui baisse, ami, qui s’infléchit déjà !
Tes efforts, tes soucis, ta rude épreuve
S’achève, bientôt, dans la boucle du fleuve
Alphée, rinçant d’Augias l’ordure nombreuse
Et, telle la main d’Hercule généreuse,
La vertu de ton front, noble Hercule
D’aujourd’hui, tout gorgé de calculs,
Donne son congé, tranquille, sûr, certain,
Devant nous, foule de méchants vilains,
Aux chienlits, aux dépenses, aux autres vils frais,
Grevant, hier comme demain, la beauté des budgets.


8 commentaires:

  1. Ca sent aussi le michel sapin pour lemmy à part ça...

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  2. Ce blasphème-là ne vous mènera nulle part, TK : vous êtes jaloux de sa belle verrue, voilà tout.

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  3. Au cas ou vous l'auriez raté,

    I look like a farmer but I'm a lover!
    Can't judge a book by looking at the cover
    Bo Diddley, Chess, 1962.

    http://www.youtube.com/watch?v=Lch0o4wwGyw

    Après si Lemmy trépasse, y a toujours Jean-Paul Huchon comme supersub(vention).

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  4. On voyait plus Jean-Louis Borloo, comme personnalité d'ouverture, pour remplacer Lemmy.

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  5. Huchon est un fan déclaré de Hard Rock et de Métal.
    Borloo, je le vois plus radoter avec ce qu'il reste de Dylan, façon spoken word.
    Une gueule de Hobo, une sèche et un harmonica, et vas-y que je te les fait avaler mes salades de rénovation urbaine.
    Après, les goûts musicaux...

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  6. Oui, mais Borloo et Lemmy partagent une même appétence pour le pace-maker, et bien d'autres choses encore (ceci expliquant cela). Le goût de l'excès systématique ne manque pas de charme et forge le caractère.

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  7. Jean-Louis, Lemmy and the pace-makers, je m'incline.
    Permettez, je garde Jean-Paul comme roadie. En logistique, il se pose là.
    Heart of stone
    Unchain my heart
    y a de quoi faire.
    Gare aux interférences tout de même.

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  8. Bien vu : Jean-Louis, Lemmy and the pace (sociale)-makers : "stone dead for ever !!!"
    Pour Huchon, il est vrai que le gars n'est pas né d'hier, avec toute cette expérience au sein des STIFF little Fingers.

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