« C’est
une erreur fatale de fonder la santé sur la partie animale de l’homme : la
résistance physique prend bien plutôt sa source dans la noblesse de l’esprit et
des mœurs. Si ce n’est pas toujours exact de l’individu, ce l’est d’autant plus
de la masse : la force d’un peuple est la conséquence de ses bons
sentiments, jamais l’inverse. C’est pourquoi Lindner avait donné un soin
particulier à l’éducation de ses frictions : il évitait la brutalité de
l’ordinaire idôlatrie virile et intéressait à l’opération l’ensemble de sa
personne en associant les mouvements de son corps à de beaux devoirs
intérieurs. Il abhorrait, en particulier, le culte dangereux de l’énergie qui,
venu de l’extérieur, devenait déjà l’idéal de quelques-uns de ses
compatriotes : l’un des premiers buts de ses exercices matinaux était de
l’en détourner. Il lui substituait avec mille précautions une attitude plus
politique dans l’usage athlétique de ses membres ; il accordait la tension
de la volonté avec d’opportuns relâchements, la victoire sur la souffrance avec
une intelligente humanité ; et lorsque son exercice final, destiné à
éduquer le courage, l’amenait à sauter par dessus une chaise couchée sur le
sol, il y mettait autant de circonspection que d’assurance. Un pareil
déploiement de possibilités humaines faisait de ces exercices physiques, depuis
quelques années qu’il s’y adonnait, de véritables exercices spirituels. »
Robert
Musil, L’homme sans qualités.
La femme sans qualités s’adonne parfois à résistance stérile, lorsque ses hormones sont en paix, mais ni les géniteurs, ni les produits génétiques ne donnent leurs assentiments – ils le font avec de bons sentiments- ;-)
RépondreSupprimerMax'