« L’exposition EUROPUNK redonne un crédit artistique
à toute une culture visuelle spécifique qui s’est pourtant bâtie en totale
opposition à l’art. »
(revue Cité musiques n°72)
(revue Cité musiques n°72)
Il
faut toujours prêter la plus grande attention à ce que disent les commissaires
d’exposition. La chose peut se révéler profitable, au cas où la
compréhension du monde qui vous entoure – ou plus exactement : vous
digère –
représente à vos yeux un objectif valable. Certaines de ces bonnes natures sont
d’une sincérité désarmante. Elles s’y mettent, d’ailleurs, à
plusieurs pour vous désarmer d’une manière ou d’une autre, vous dépiter, vous
stupéfier, vous détruire l’optimisme à force de coalitions invincibles ne
doutant de rien, ou plus grand-chose. Ainsi du commissaire Éric de Chassey, préposé ces
temps-ci au punk réfrigéré à la Porte de Pantin, et qui se répand longuement,
au sein de l’organe central n°72 de la Cité de la musique, afin de définir culturellement avec faste, documents et
même musiciens de soixante piges à l’appui, cette chose que nous considérions,
étant plus jeunes, une simple et magnifique saillie sans phrases, n’accusant aucune trace
suspecte, ô malheureux ! d’une prétention super-structurelle quelconque.
Nous n’y eussions point alors, vous pensez ! mêlé aussi niaisement notre joie enthousiaste. Celle-ci était de révolte, assurément. Elle n’était
même que ça. Nous avions autant à découvrir qu’à haïr. En sorte que nous
étions, sinon nombreux, du moins quelques-uns à ne nous soucier que très misérablement de la
mode des néo-dandys de mes deux frayant avec Vivienne Westwood, ou des ouvrages graphiques de Jamie Reid désormais consacrés. Nous nous extasiions
davantage, par exemple – imbéciles – au retour de tel refrain calamiteux de Peter
and the test tube babies. Le temps passa. Nous vieillîmes. Les punks ne disaient toujours
rien qui fût susceptible de les identifier, d’une
bande et d’une tribu à l’autre. Le terme persistait à ne rien signifier. Il eût fallu, pour lui, se montrer tellement plus précis, donc intolérant. Certains punks affirmaient n’être point morts. D’autres proféraient, furieusement, que si tel était bien le cas, qu’ils n’étaient en effet point morts, ils méritaient de l’être, recouverts de leur bêtise et de toutes sortes de tares annexes, par eux si fièrement arborées. Mais
les punks sont vivants. Nous sommes en 2013. On les dit, dans les musées, artistes. Notre mal véritable gît dans cette pensée pertinente qui est la nôtre, chaque
fois que nous nous estimons confrontés à un monde exclusivement peuplé
d’ennemis.
astérix ou barbarie
RépondreSupprimerles aventures continuent
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