« Le
monde est une poupée russe. Vous ne me croyez pas ? Écoutez. En mai 68,
barricades et tout ça, un pote apprend, dans une chambre d’hôtel, que l’on se
bat dans Paris contre la police. L’homme plonge vers sa valise.
« Allons-y », dit-il. De sa valise, il tire un flingue. Il veut
sortir. Il veut descendre quelques flics, comme essaient de faire, dans le
moment où j’écris, d’autres « irresponsables » (dixit le Nouvel
Observateur)
en Lorraine. Nous calmons l’homme. En France, ça ne se passe pas comme
ça, disons-nous. C’est trop tôt. L’homme soupire et range son flingue.
Il attendra la fois prochaine. L’homme, amis poteaux, était Nicholas Ray. Qui,
à présent, est plus vieux de dix ans, et borgne. Le monde, amis poteaux, est
une poupée russe qui commence à me porter sur les nerfs. »
(J.-P.
Manchette, Charlie mensuel n°125, juin 1979).
« Il
existe un western appelé Johnny Guitar dont tout le début est une frappante
illustration de la dérive, et même, de l’avis de Michèle [Bernstein] et moi,
image d’un personnage qui te ressemble assez dans la rencontre. Après un tiers
environ, le film continue en aventure conventionnelle ».
(Guy
Debord, conventionnel - à un tiers - 30
avril 1963).
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