Afrin-city, Northern Syria, nowadays. From a « reliable » mainstream Turkish media...
The interviewed guy says in Kurdish : « Free Syrian Army militias are thieves, looters. They stole our belongings. They raped three girls ranging in age from 10 to 15. » But the turkish translation strangely goes : « YPG (kurdish militias) don't belong here. They stole our belongings and seized our houses. They killed our people. »
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Ci-dessus, la cité d'Afrine, récemment conquise par les troupes turques et leurs alliés djihadistes de l'Armée Syrienne Libre. Étant donné, donc, que la liberté a désormais céans très clairement triomphé du terrorisme mortifère (des YPG), en conséquence l'envoyé spécial d'une grande chaîne de télévision sérieuse-généraliste entreprend de déambuler librement au beau milieu de toute cette zone libérée peuplée de gens libres savourant librement leur liberté retrouvée. L'idée, bien entendu, étant d'interviewer quelques-uns de ceux-ci, sitôt que l'occasion s'en présentera, afin de faire partager au public le plus large possible ne serait-ce qu'un petit rien de cette liesse générale décidément indescriptible. C'est ainsi que notre courageux journaliste, liberté chérie en bandoulière, tombe sur (ou alpague, c'est selon) un habitant kurde lambda, dont il s'empresse de recueillir le témoignage. Papy, te voilà libre ! Libre, tu entends ! Les marxistes athées assoiffés de sang des YPG, du PKK, des FDS et autres vermines éternelles alliées de l'impérialisme américano-sioniste sont loin d'ici : ils ont fui la queue entre les jambes, ces rats, plutôt que de sacrifier virilement à leur cause indigne toute la population civile de la ville assiégée, comme on aurait pu l'attendre de vrais militaires dignes de ce nom. Ils n'iront pas loin. Mais en attendant de les faire pister, retrouver, traquer, exterminer un peu plus tard, un peu plus loin, par nos glorieuses forces de libération couvrant fraternellement les arrières de la très sublime Armée Syrienne Libre, plus rien à craindre, donc. Tu peux enfin clamer ton bonheur d'habitant libéré à la face du monde. Ne nous remercie pas. C'est cadeau. On est comme ça. Vas-y : lâche-toi !
En dépit de tout ce qu'on pourra constater ci-dessous, ce n'est certainement pas une bête et mesquine nuance, quasiment imperceptible, entre ce que déclare alors d'abord réellement le vieil homme dans sa langue natale, et puis ce qu'est devenu ensuite son témoignage prestement traduit en turc, qui pourrait gâcher la fête, tarir nos larmes de joie. Force restera à la loi (antiterroriste) et à la vérité (antiterroriste) comme à la beauté des choses (antiterroriste aussi)...
On vous la fait courte. L'interviewé, en kurde : « Les milices de l'Armée syrienne libre sont des voleurs, des pillards. Ils ont volé nos affaires. Ils ont violé trois filles âgées de 10 à 15 ans. »
Traduction en turc : « Le YPG n'a pas sa place ici. Ils ont volé nos biens, saisi nos maisons et massacré notre peuple. »
Merci de votre fidélité.
À demain, 20 heures.
Cher Moine, je pense depuis bien longtemps qu'il n'y a plus d'info, qu'il n'y a sur la Syrie que des récits arrangés par les uns et autres, et que les analyses politiques ont fait place pour tous à une politique d'exacerbation des passions polémiques. Si cet interview est réel, il ne fait qu'ajouter au dégoût pour cette propagande de guerre. Mais peut-on s'y fier ?
RépondreSupprimerÀ notre dégoût, vous voulez dire, cher André ? - Sans aucun doute !
SupprimerLe dégoût et la nausée sont nos dernières boussoles épistémologiques.
Ça existe encore un « “reliable” mainstream Turkish media... » ? Les médias turcs sont tellement muselés que ça pourrait paradoxalement passer pour un acte de résistance, le tout étant de savoir quelle est la chance pour le Turc moyen de comprendre le kurde et d'ainsi mesurer à quel point on se fout benoîtement de sa gueule.
RépondreSupprimerLe turc électeur d'Erdogan et celui qui se prend les coups de matraque de sa police ne sont évidemment pas les mêmes. Ca se joue à 50-50, cette histoire. Soit dit en passant, les loups gris laïques kémalistes ayant précédé Erdo lui en auraient sans doute remontré, question racisme anti-kurdes. Pour le reste, se faire foutre de sa gueule et le savoir, quoi de plus enthousiasmant, à l'aune des pulsions de mort et de soumission flattées par le capitalisme : " chacun n'est aussi intelligent que ce qu'il veut", disait Alain.
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