On pourrait discuter à l'envie de ce que dit Marcuse mais, ce qui m'a frappé au premier abord, c'est la capacité des deux journalistes à penser et à s'exprimer correctement - ce dont sont incapables nos médiatiques actuels. Autre temps, autres moeurs...
Merci pour ce moment qui, quand même, ravigote un tantinet.
Sans parler du look Inspecteur Derrick, qui vous installe comme rien une délicieuse et désuète convivialité. De la conversation, du calme, de la fumée de cigarette, une bouteille émergeant sur un fond noir, d'absolu, et de pensée. L'inverse de la CAMERA SILENS, en somme, à laquelle les Allemands de l'époque s'entendaient également fort bien.
Je joins mes louanges aux vôtres : l'abêtissement et le désarmement de la critique sociale par les french theoreticians et autres nouveaux philosophes n'apparaissent que plus clairement à l'écoute de cet interview !
Et vous aurez noté, André, que ladite interview s'arrête pile au moment de s'enquérir de l'état des partis " communistes " européens. Qu'en aurait dit Herr Doktor ? Suspense...
Il y répond, avec son étrange et encourageante mise en lumière de ce qu'il y a d'émancipateur dans ces partis comme dans la social démocratie, où on ne penserait pas devoir chercher cela. Peut être faut-il y reconnaître une application de son art de la lecture, dont il précise plus loin qu'il l'a appris de Heidegger.
Prudence, tout de même. La participation militaire directe du jeune Marcuse à la révolution spartakiste l'aura vacciné - une fois pour toutes - contre les séductions social-démocrates. Ce qui ne fut évidemment pas le cas des purs universitaires Adorno-Horkheimer. Ni même de Bloch, pour d'autres raisons, et suivant un autre parcours.
Bien entendu, ce qui me plaît le plus, dans cet interview, c'est cette capacité, aujourd'hui où tout ce qui se présente comme nouveauté révolutionnaire prétend remplacer Marx par des thèses d'inspiration foucaldienne et par des lectures biaisées de Gramsci, à faire entendre la théorie comme marxisme vivant.
Nous, ce serait plutôt le passage où il précise que jamais quelque " minorité " que ce soit ne saurait se substituer à la classe ouvrière en tant que sujet de l'histoire. Le pessimisme auquel on aboutit, de fait (vu l'intégration aliénée de ladite classe ouvrière au système répressif marchand) ne changeant rien à cette réalité, ni à l'exigence suprême de lucidité théorique. Va t'en raconter ça à un " marxiste " d'aujourd'hui...
On pourrait discuter à l'envie de ce que dit Marcuse mais, ce qui m'a frappé au premier abord, c'est la capacité des deux journalistes à penser et à s'exprimer correctement - ce dont sont incapables nos médiatiques actuels. Autre temps, autres moeurs...
RépondreSupprimerMerci pour ce moment qui, quand même, ravigote un tantinet.
Sans parler du look Inspecteur Derrick, qui vous installe comme rien une délicieuse et désuète convivialité.
RépondreSupprimerDe la conversation, du calme, de la fumée de cigarette, une bouteille émergeant sur un fond noir, d'absolu, et de pensée.
L'inverse de la CAMERA SILENS, en somme, à laquelle les Allemands de l'époque s'entendaient également fort bien.
"Sans parler du look Inspecteur Derrick, qui vous installe comme rien une délicieuse et désuète convivialité."
RépondreSupprimerC'est vintage j'te f'rais remarquer
Vous êtes sans pitié.
RépondreSupprimerJe joins mes louanges aux vôtres : l'abêtissement et le désarmement de la critique sociale par les french theoreticians et autres nouveaux philosophes n'apparaissent que plus clairement à l'écoute de cet interview !
RépondreSupprimerEt vous aurez noté, André, que ladite interview s'arrête pile au moment de s'enquérir de l'état des partis " communistes " européens.
SupprimerQu'en aurait dit Herr Doktor ?
Suspense...
Il y répond, avec son étrange et encourageante mise en lumière de ce qu'il y a d'émancipateur dans ces partis comme dans la social démocratie, où on ne penserait pas devoir chercher cela. Peut être faut-il y reconnaître une application de son art de la lecture, dont il précise plus loin qu'il l'a appris de Heidegger.
SupprimerPrudence, tout de même. La participation militaire directe du jeune Marcuse à la révolution spartakiste l'aura vacciné - une fois pour toutes - contre les séductions social-démocrates. Ce qui ne fut évidemment pas le cas des purs universitaires Adorno-Horkheimer. Ni même de Bloch, pour d'autres raisons, et suivant un autre parcours.
SupprimerBien entendu, ce qui me plaît le plus, dans cet interview, c'est cette capacité, aujourd'hui où tout ce qui se présente comme nouveauté révolutionnaire prétend remplacer Marx par des thèses d'inspiration foucaldienne et par des lectures biaisées de Gramsci, à faire entendre la théorie comme marxisme vivant.
SupprimerNous, ce serait plutôt le passage où il précise que jamais quelque " minorité " que ce soit ne saurait se substituer à la classe ouvrière en tant que sujet de l'histoire. Le pessimisme auquel on aboutit, de fait (vu l'intégration aliénée de ladite classe ouvrière au système répressif marchand) ne changeant rien à cette réalité, ni à l'exigence suprême de lucidité théorique.
SupprimerVa t'en raconter ça à un " marxiste " d'aujourd'hui...