mardi 22 mars 2016

Defending the underdog



Tandis que sort, ces jours-ci, aux éditions Sao Maï, notre traduction de la conférence donnée devant les taulards de Chicago par Clarence Darrow en 1902 (Crime et criminels), voilà l'occasion, ci-dessus et ci-dessous, de revisiter la carrière de cet étrange américain typique, dont le DYNAMITE ! de Louis Adamic, en particulier, rappelait nombre de faits d'arme judiciaires, liés aux violences de classes inimaginables imprégnant la société US des années 1900 - 1930. 
Big Bill Haywood (IWW) doit sans doute à Darrow sa vie, et son pote Eugene Debs, meneur en particulier de la légendaire grève Pullmann de 1894, sa liberté. Et tant d'autres : gangsters, noirs, assassins, terroristes révolutionnaires, syndicalistes (les frères Mac Namara - de l'AFL - responsables d'un des attentats les plus sanglants de l'histoire nord-américaine : le dynamitage de l'organe patronal Los Angeles Times, en 1910 - 20 morts)...
Bref, Darrow défendait les irrécupérables, les monstres, les hors-morale, et vomissait la prison comme elle le mérite toujours, en tant que l'absurdité et la cruauté bourgeoise suprêmes.
Au cinéma, Darrow fut incarné par Kevin Spacey (bof) mais surtout Orson Welles, dans Compulsion (en français : Le génie du mal). On entendra ci-dessous une partie (authentique) de sa plaidoirie dans l'affaire Leopold-Loeb : deux richards ayant un jour décidé d'assassiner un enfant par ennui, pour voir ce que ça faisait, en quelque sorte, et histoire de prouver leur supériorité intellectuelle. Monstrueux ? Mais il n'est pas de monstre. Rien de ce qui est humain ne m'est étranger. Voilà ce que raconte une certaine morale pragmatiste, américaine à son meilleur, ceci devant être rappelé, le cas échéant, aux anti-impérialistes indécrottables, tentés d'estimer entaché de vice a priori tout ce qui provient de l'autre côté de l'Atlantique. Il fut un temps, souvenons-nous-en, où l'avant-garde prolétarienne se la donnait justement aux USA, entre bombes anarchistes, Premier Mai, révoltes de masses à la ville comme à la campagne, expérimentations politiques, et utopiques, de premier ordre.
Darrow fut, à sa mesure, un produit de ce temps et de cette culture, notamment procédurière, dont la vermine judiciaire ordinaire qui pourrit ici-bas la vie des pauvres ne saurait néanmoins nous faire oublier qu'elle est aussi le produit du génie humain, et de sa tendance inflexible à la liberté, à la détestation rationnelle de l'autorité.  


2 commentaires:

  1. On attend donc ce livre avec impatience.
    Ne vous reste plus, cher moine, qu'à sonner les matines. Ou les mâtins.

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  2. Sûr que si c'est du calibre de Dynamite!, ça fait saliver.
    On se permet de rajouter une couche du criminologue Evaristo

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