Au bout de la clope : J.-P. Manchette.
« 1 - La psychanalyse a été, dans le cadre de la culture bourgeoise, la découverte de l'importance absolue du désir et de sa répression dans la formation de la personne humaine - ainsi que, notamment, la création d'une technique de cure tendant à l'actualisation des désirs réprimés, après transformation.
2 - La psychanalyse a été marquée à plus d'un titre par son origine bourgeoise. Pour les freudiens, le désir est demeuré une chose mauvaise tant qu'il faisait obstacle au principe de rendement. La connaissance du désir n'a d'autre part pas dépassé le cadre de la psychologie, fût-elle de masse. Enfin, le freudisme n'a pas recherché de façon conséquente une technique curative autre que celle convenant au petit nombre des riches.
3 - Dans la période de contre-révolution triomphante qui a suivi la Première Guerre mondiale, la psychanalyse a été incapable de surmonter ses tares de jeunesse. La connaissance séparée du désir séparé est devenue de plus en plus un pessimisme. D'autre part, la société spectaculaire marchande s'est emparée de cette connaissance. L'acquit révolutionnaire du freudisme s'est mué en pure inquiétude. La connaissance du désir a donné lieu à une technique pour leurrer le désir, à une science des satisfactions illusoires.
4 - La psychanalyse, de par ses origines et ses conditions d'exercice, appartenait à la bourgeoisie, et personne n'était en mesure de la lui prendre, à cause du mauvais état du mouvement réel.
En conséquence -
a) La théorie psychanalytique s'est bloquée absolument à l'intérieur d'elle-même. Elle n'a su qu'accumuler des archives et se permettre des fantaisies. Incapable de désirer le changement, elle ne peut que constater son incapacité à changer le désir. À ses yeux, l'homme heureux n'existe pas, mais elle n'y peut rien. Elle confond base sexuelle de la personnalité et étiologie sexuelle des névroses. Elle ne veut connaître que le principe de réalité, qu'on ne peut changer, mais non la réalité que l'on peut changer. La différence entre l'Oedipe d'un pauvre et l'Oedipe d'un riche tombe en dehors de ses vues.
b) La pratique de la psychanalyse s'est généralement limitée aux entretiens individuels coûteux, et son efficacité ne dépend jamais que de la personnalité de l'analyste.
5 - Pour le patient, la psychanalyse pratiquée est demeurée une technique pragmatique pour connaître son désir.
2 - La psychanalyse a été marquée à plus d'un titre par son origine bourgeoise. Pour les freudiens, le désir est demeuré une chose mauvaise tant qu'il faisait obstacle au principe de rendement. La connaissance du désir n'a d'autre part pas dépassé le cadre de la psychologie, fût-elle de masse. Enfin, le freudisme n'a pas recherché de façon conséquente une technique curative autre que celle convenant au petit nombre des riches.
3 - Dans la période de contre-révolution triomphante qui a suivi la Première Guerre mondiale, la psychanalyse a été incapable de surmonter ses tares de jeunesse. La connaissance séparée du désir séparé est devenue de plus en plus un pessimisme. D'autre part, la société spectaculaire marchande s'est emparée de cette connaissance. L'acquit révolutionnaire du freudisme s'est mué en pure inquiétude. La connaissance du désir a donné lieu à une technique pour leurrer le désir, à une science des satisfactions illusoires.
4 - La psychanalyse, de par ses origines et ses conditions d'exercice, appartenait à la bourgeoisie, et personne n'était en mesure de la lui prendre, à cause du mauvais état du mouvement réel.
En conséquence -
a) La théorie psychanalytique s'est bloquée absolument à l'intérieur d'elle-même. Elle n'a su qu'accumuler des archives et se permettre des fantaisies. Incapable de désirer le changement, elle ne peut que constater son incapacité à changer le désir. À ses yeux, l'homme heureux n'existe pas, mais elle n'y peut rien. Elle confond base sexuelle de la personnalité et étiologie sexuelle des névroses. Elle ne veut connaître que le principe de réalité, qu'on ne peut changer, mais non la réalité que l'on peut changer. La différence entre l'Oedipe d'un pauvre et l'Oedipe d'un riche tombe en dehors de ses vues.
b) La pratique de la psychanalyse s'est généralement limitée aux entretiens individuels coûteux, et son efficacité ne dépend jamais que de la personnalité de l'analyste.
5 - Pour le patient, la psychanalyse pratiquée est demeurée une technique pragmatique pour connaître son désir.
6 - L'enseignement freudien demeure pour nous une source de connaissances critiques à condition que nous prenions en dehors de lui les moyens d'en modifier la fonction. Notamment, le tri doit être fait entre le nécessaire qui cause la personnalité et le contingent qui cause la névrose. La connaissance de ce contingent est la connaissance de la répression sociale au niveau le plus profond auquel elle s'exerce.»
(J.-P. Manchette, Propositions sur la psychanalyse in Journal, 31 janvier 1971).
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