« L’homme, en cette
existence terrestre, tout en étant capable de souffrir bien des maux,
ne peut les souffrir tous ensemble, attendu que l’un de ces maux sert
de palliatif et de réactif à l’égard d’un autre, comme il arrive qu’un
poison en combatte un autre. En enfer, au contraire, chaque torture, au
lieu de réagir contre une autre, lui prête une force plus grande ; en
outre, les facultés intérieures, étant plus parfaites que les sens
extérieurs, sont également plus susceptibles de souffrir. Tout comme
chacun des sens est torturé au moyen d’un supplice approprié, chacune
des facultés spirituelles est torturée aussi ; l’imagination par des
visions horribles ; la sensibilité par le désir et la rage alternés ;
la raison, l’entendement, par des ténèbres intérieures plus terribles
encore que les ténèbres extérieures de cette sinistre prison. »
James Joyce, Dedalus.
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